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Un mois plus tard

Je raye un nouveau jour sur mon agenda, trente jours, pour beaucoup ce n'est rien et ne représente rien sur une vie mais pour moi cela est exceptionnelle. Jamais je n'aurais cru tenir aussi longtemps sans que Nathanael me retrouve.

A-t-il arrêté ces recherches ? Est-il passé à autre sujet ?

La seule chose qui me blesse ce sont mes parents et ma famille. Pourquoi ne m'ont-ils, eux, pas retrouver ? Je ne dois pas être naïve, s'ils m'avaient retrouvé, ils m'auraient rendu à mon bourreau en me demandant d'arrêter de faire l'enfant. J'ai tellement vu de reportages sur les personnes disparus, les familles passant des messages à la télé, à la radio ou placardant des photos. Rien de tous cela n'a été fait pour moi. Je ne devais pas beaucoup compter pour eux. Je dois me faire une raison.

Je connaissais le prix de ma fuite, je devais renoncer à mon passé. Jour après jour, je me reconstruis et je me dis que ce sacrifice n'était pas cher payé pour être libre. Je ne dis pas que tous est gagné, que la vie est pour moi plus facile, j'ai toujours cette crainte qui me ronge de l'intérieur. Je surveille toujours les alentours, vérifiant sans cesse les portes de secours. On ne sait jamais su un jour j'en ai l'utilité.

Un pas après l'autre, voir le verre à moitié plein et non l'inverse. Apprendre chaque jour sur moi-même est très libérateur. Je m'habitue petit à petit à faire mes propres choix et essaye de moins en moins à demander l'avis des autres en prenant mes propres décisions. Ce n'est pas tous les jours gagnés mais rien n'est acquis, à force de persévérance je de vrais y arriver.

Ludivine me manque énormément et je suis certaine que tous seraient plus simple si je l'avais dans ma vie. J'ai réussi, par l'intermédiaire d'Ana, de l'avoir au téléphone. L'appel m'a paru beaucoup trop court, les oreilles indiscrètes sont de partout, je dois toujours me méfier, rester éternellement aux aguets.

Encore une fois je ne me plains pas, je n'en ai pas le droit de toute façon, chaque jour que je vis est un pur bonheur. Je me suis fait des amis, oui moi... en la personne de Camille sans oublier les jumeaux Ivan et Adrian. Chacun a trouvé sa place dans mon cœur et met devenu indispensable même si cela fait peu de temps que je séjourne ici.

Adrian est sans conteste le comique de la bande, toujours le mot pour rire, mes idées sombres s'effacent automatiquement quand il est proche de moi. A l'inverse Ivan est toujours présent pour me faire revenir à la réalité, pour que je ne sombre pas et m'évitant par la même occasion un bon nombre de crise d'angoisses en moins. Camille est sans conteste mon coup de cœur dans cette incroyable aventure qui est ma vie. Toujours présente, continuellement à mes côtés, elle ne me force à rien même si elle a des doutes (ce que je suppose) elle ne me force pas à lui révéler ce que je ne voudrais pas. Elle se tient là le jour où je serais prête.

En parlant d'être prête, il y en a un autre qui attend sagement ce jour, je parle bien sûr de Julen. Il m'a dit qu'il serait patient et me le prouve chaque jour. Sans relâche il reste toujours auprès de moi surveillant tous ce qui est autour de moi, tous pour m'éviter une crise d'angoisse. Sans cesse je lui rabâche de s'occuper plus de son travail que du mien (qui s'est nettement améliorer après des cours assidus avec Camille) mais constamment il me rappelle que je suis sa priorité numéro un. Je ne le comprends pas mais je ne vais pas me plaindre, je me suis réellement habituée à ces attentions. Je sais que je ne devrais pas, qu'une relation me compliquerait la vie mais mes remparts s'abaissent de plus en plus en plus.

Il ne faillit pas à sa promesse, tous les soirs en me ramenant chez ses parents il me demande de sortir avec lui ce que je m'empresse de refuser. Je ne sais plus maintenant s'il est véritablement sérieux ou si cela est un jeu pour lui. L'inaccessible est toujours le plus prisé et je me demande fréquemment s'il me désir pour ma personne ou pour le goût du défi ? Je ne sais pas si je veux réellement la réponse, j'aurais trop peur d'être déçu. Si je suis un minimum honnête avec moi-même, j'aurais facilement craqué si je n'avais pas connu Nathanael. Maintenant pourrais-je redonner ma confiance aussi rapidement ?

Sans connaître mon passé, il me connait mieux que personne. Il sait apaiser mes angoisses, oublier mes angoisses et faire taire cette voix intérieure. Tous cela sans jamais me forcer à me dévoiler. Chaque fois qu'il passe ces bras autour de moi je me sens chez moi et je me sens idiote d'avoir ce ressentis. Il se donne comme mission de me sauver mais fréquemment je n'arrive pas à me décider si je le laisse faire ou si je me noie. J'espère de tout cœur qu'il a perçu mes faiblesses à travers ses murs que j'ai pris soin d'ériger entre le monde et moi. Je ne comprends pas pourquoi il voudrait être avec moi, je n'ai rien pour moi, à part une multitude de problème.

Qui pourrait m'aimer avec ce passif que je traîne tel un boulet ? Mais si je me laissais convaincre, si par chance je donnais une chance au bonheur d'entrer dans ma vie n'y aurait-il pas des répercussions néfastes. Mon passé pourrait le faire souffrir sans que je puisse ne rien y changer, mes doutes et mes craintes constante ne pourront jamais le rendre heureux, cela est une certitude. Je suis nostalgique d'une relation qui n'a pas commencé mais où j'entrevois parfaitement la fin.

Il faut que je me bouge, sinon ma déprime matinale prendra le pas sur ma journée. Je sors de mon lit et commence à ouvrir les volets de ma chambre. J'ai à peine ouvert un pan que je suis aveuglée par la luminosité extérieure. Un beau soleil me réchauffe le visage, pas un nuage à l'horizon, mon moral suit et je soupir de bienêtre. La vie c'est un peu comme la météo. Il y'à des jours de grand soleil, des éclaircies, des nuages et des jours sombres aussi. Ce qu'il faut que je garde à l'esprit c'est que le soleil reviendra toujours. Quelques coups à ma porte attirent mon attention.

- Pandora, si tu n'es pas levée, il serait préférable que tu te dépêches, tu vas finir pas être en retard.

- J'arrive Ana.

Un regard à mon horloge m'indique qu'il est déjà neuf heures et demi et que j'ai rendez-vous avec Camille au centre-ville. Tout en m'habillant, à la hâte, je ne peux m'empêcher de mesurer la chance que j'ai de loger dans une maison aussi paisible mais en même temps assez proche du centre-ville pour éviter de prendre un véhicule. Hier j'ai reçu ma première paye, en liquide bien sûre, cela a étonné un peu Julen que sa mère veuille absolument me remettre ma fiche de paie en main propre. J'ai essayé tant bien que mal de le rassurer en lui expliquant que cela était beaucoup plus simple vu que nous vivions sous le même toi. Je ne sais pas s'il m'a cru mais il n'a plus fait de commentaire. Nous devons rester sur le plan de base que Ludivine et Ana ont monté ensemble, Julen ne fait pas partie de la confidence, moins de personnes seront au courant moins nous courons de risque.

Moi qui espérais faire quelques économies, ce n'est pas le but de Camille pour ce matin. Nous ne travaillons pas avant seize heures aujourd'hui et elle s'est mise en tête de bien dépenser mon argent en vêtement et accessoires. Ne connaissant pas mes antécédents, elle s'est souvent plainte de mes tenues durant ce moi passée ensemble. Ne voulant pas lui révéler que ce n'était que ce que je possédais je l'ai laissé partir dans son idée que je n'avais aucuns goûts. D'un autre côté, je ne peux lui donner tort, je n'ai jamais eu l'opportunité de décider ce que j'aimerais porter. Bien évidemment je choisissais comment je m'habillais mais les achats de bases, les modèles ou même les couleurs avait été choisis et payés par Nathanaël. A force son engouement et son excitation m'ont contaminé peu à peu et je fus étonnée moi-même de m'imaginer dans ces magasins prenant pour une fois ce qui me ferait plaisir.

J'avance, un pas après l'autre, mais tant de chose si simple me sont totalement inconnu et c'est avec joie que je les découvre petit à petit. Ne peut-on pas comparer la vie à un livre ? Un livre qui s'écrit chaque jour : une nouvelle page, un nouveau chapitre... J'ai appris une chose notre avenir n'est pas tracé, si on le souhaite, tout peut être bouleversé du jour au lendemain.

Fin prête, je dévale les escaliers quatre à quatre et je retrouve Ana en bas des marches, une tasse de café dans une main et une brioche dans l'autre. Un grand sourire s'affiche à ma vue et je réalise la chance que j'ai d'avoir cette femme dans ma vie. Ce mois n'a pas été de tout repos pour elle, elle a dû batailler avec moi et j'ai dû rendre les armes afin d'abaisser mes barrières. Passé les premières nuits elle a osé rentrer dans ma chambre, a été là pour me réconforter, m'apaiser et surtout m'écouter. Elle ne m'a pas jugé, ni donné de raison à mon comportement quelques fois un peu naïf. Certaines nuits, tellement prise dans mes cauchemars, je ne pouvais pas ouvrir la bouche, je n'arrivais pas à aligner quelques mots cohérents alors elle à agit comme seul une mère peu le faire, elle m'a entouré de ces bras, m'a caressé simplement les cheveux pour me détendre et m'a chanté des airs que je ne connaissais pas. Après mettre endormi dans ces bras, sereine, je me réveillais seul dans mon lit. Je pense qu'elle voulait éviter que je me sente mal à l'aise, cependant certaines nuits je me demandais si elle était vraiment venue ou si je l'avais rêvé aussi car elle n'en parlait jamais devant moi.

- Je récupères la tasse et la bois presque d'une traite, en grimaçant quelque peu sentant la chaleur descendre dans ma gorge.

- La patience Pandora, tu ne pouvais pas attendre trente secondes. Heureusement que je te connais bien et que je l'avais fait couler en avance sinon tu te serais bien brûler.

Rougissant je lui fais un baisé sur la joue. En un mois j'ai appris à considérer Ana comme une mère car son comportement va dans ce sens et je la sens heureuse de pouvoir toujours m'aider. J'aurais aimé avoir une mère comme elle, la mienne n'a jamais été très démonstrative et à toujours prôner l'autonomie. Elle fut très heureuse en apprenant que je partais m'installer avec Nathanael, je n'étais plus une charge pour elle.

STOP...STOP

J'ai appris grâce à Ana à repousser ces idées noires ayant refusé d'aller en parler avec un psychologue. Je ne suis pas encore prête de parler, de m'analyser face à un inconnu. Donc la nuit Ana fait office de pansement et de déversoirs de toutes mes pensées sombres. Elle m'a initié au yoga que nous pratiquons ensemble au minimum deux fois par semaines, je cours toujours autant et je finis aussi mes courses par un yoga sur la plage avec le lever du soleil. Le yoga m'a permis de réduire mon stress et de vivre un peu plus sereinement. Il m'aide à reprendre confiance en moi, d'être plus présente envers moi et face au monde en améliorant ma concentration. J'aurais bien aimé m'inscrire dans un cour d'autodéfense mais après renseignement, il faudrait rempli un dossier d'inscription et je ne peux pas leur fournir de papier officiel.

STOP, reste dans l'instant présent.

Je commence à sortir, se mettre en mouvement, pour ne pas réfléchir est le seul remède à mon bien être.

- N'oublie pas ta brioche.

- Tu comptes me gaver comme une oie ?

- T'engraisser ne te ferais pas de mal, je sais de quoi tu as besoin, alors arrête de te poser milles et une questions.

Sans le savoir, elle cite mot pour mot son fils. Les deux font bien la paire, un dernier sourire et je m'éloigne. Pour eux je réfléchis trop, me pose trop de questions, mais comment leur faire comprendre que c'est un mécanisme de défense que j'ai adopté il y'à de nombreuses années et que les habitudes ont la vie dure.

La patience, voilà ce qu'il me reste avec l'espoir. Chaque jour à sa peine et chaque jour je grandis un peu plus. Plus les jours défilent plus je commence à croire à cette nouvelle vie et à espérer un avenir quel qui soit. Je ne suis pas encore très courageuse mais j'ai bonne espoir que plus mes repères seront stables plus je pourrais l'être.

Pour l'instant je dois retrouver mon amie et j'ai hâte. Cette journée consacrée entre fille ou je ne vais penser qu'à moi (croisons les doigts) car ce soir j'ai pris une grande décision, la première depuis que je suis ici, la première marque de courage. J'ai accepté une sortie avec tous mon petit groupe dans une discothèque après la fermeture du bar. J'espères tenir jusqu'au bout ma résolution et ne pas me défiler avant la fin. Je vais me montrer courageuse et insouciante comme toutes les filles de mon âge, en souhaitant du plus profond de mon âme que pendant cette soirée rien n'arrivera.


Le courage, c'est l'art d'avoir peur sans que cela paraisse. Pierre Véron


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A votre avis :

Le comportement de Julen : est-ce un un simple défi pour lui ou une réalité ?

Arrivera t-elle à passer une bonne journée avec Camille ?

Tiendra t-elle sa promesse en acceptant de sortir avec ces amis ? Ou se défilera t-elle ?



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