16

Nous marchons l'un à côté de l'autre, nos corps se frôlant sans se toucher, comme-ci une barrière invisible était dressée entre nous. Un seul regard de sa part et une part de mes défenses ont commencé à tomber, la prise de sa main dans la mienne et la douceur de ces petits cercles dans ma paume m'ont permis de ne pas avoir peur.

Ne deviendrais-je pas courageuse ? Ou audacieuse par cet acte ?

J'essaye en vain de réfléchir mais cette douceur et ces petites pressions m'en empêchent, me ramenant toujours au présent. Je contemple nos mains entrelacés cette façon qu'il a de me la tenir n'est ni possessive ni autoritaire mais je n'y entrevois que de la tendresse avec ces petites rotations qu'il effectue. Je devrais me sentir agitée, avoir peur, mon corps devrait avoir un mouvement de recul face à ce contact étranger mais c'est tout le contraire qui se produit.

J'aimerais être plus proche de lui, savoir la sensation que l'on peut ressentir d'être dans ces bras. Me sentirais-je encore mieux qu'à cet instant ? J'ose un regard en coin et je suis bouleversée par son regard qui lui ne m'avait pas quittée. Je n'ai pas la présence d'esprit de baisser les yeux, je me noie dans son regard, mon tumulte intérieur grandit tandis que lui reste imperturbable. A l'intérieur de moi, je suis en ébullition, j'oscille entre l'envie de succomber au charme de Julen, l'apaisement qu'il me procure et le bien-être évident que je ressentirais d'être protégée par un homme comme lui. D'un autre côté mes craintes, mes peurs et mes doutes sur la nature en elle-même de l'Homme m'enlève toute assurance que j'aurais pu acquérir.

- Arrête de réfléchir.

Si facile à dire mais à en mettre en application beaucoup moins. J'inspire un bon coup pour lui répondre, je sais que d'une certaine manière je peux être moi-même avec lui. Il me l'a assez prouvé, depuis que je l'ai rencontré, que tous ce que je pouvais lui dire n'aurait pas d'incidence sur moi.

- Tu ne veux pas changer de disque ? (Devant son air perdu, je poursuis.) Tu ne répètes que ces mots, Arrête de réfléchir.

- J'ai beau me répéter, toi non plus tu n'écoutes pas.

- Réfléchir n'est pas nocif que je sache.

- Pour certain non, en ce qui te concerne oui.

Je suis déconcertée face à ces propos et j'essaye de les assimilés. Pourquoi réfléchir me nuirait à moi ou à qui que ce soit d'autres ?

- Tu vois, tu recommences. Il suffit que je dise une simple phrase pour que tu te renfermes et parte loin dans tes pensées.

- C'est l'habitude... désolé.

- Tu penses que j'irais trop loin en te demandant pourquoi tu agis comme cela ?

- Je ne sais pas c'est un mécanisme, j'ai besoin toujours d'analyser ce que les gens me disent et cela me permet de bien réfléchir à ce que je pourrais répondre sans avoir peur des conséquences.

- Quelles conséquences ?

Et merde.... Moi qui me suis toujours vantée de toujours mesurer ce que je disais, pourquoi je n'y suis pas arrivée avec lui ? L'aisance que j'ai avec lui m'enlève une à une mes barrières et j'ai soudain peur de ce que je serais prête à lui révéler. Je devrais lui faire confiance, c'est le fils d'Antton et Ana, mais une part de moi me dit toujours de me méfier peut-être que ces parents ont pensé que leur fils n'était pas assez digne de confiance. Un flot de pensées noires ressurgies sans que je ne puisse rien y faire pour les retenir. Sa main sous mon menton me relève la tête pour que nos regards ne se perdent plus. Je peux lire dans le sien qu'il est soucieux, pour moi ? J'aimerais être courageuse et le prendre dans mes bras, j'ai le pressentiment que dans ceux-ci je serais bien et que rien ne pourrait m'arriver.

- Ne te réfugie pas à nouveau dans tes pensées, parle-moi Pandora ? De quelle conséquence me parle-tu ?

Je tourne la tête et regarde n'importe où sauf dans sa direction. Je ne veux pas que ces beaux yeux pleins de tourments, que je lui aurais causé, me demande de lui raconter mon histoire. Ne serais ce même qu'une partie. Je ne suis pas prête et comment réagirait-il ? Serait-il comme ma famille à me dire que je devais encore exagérer ou que je ne faisais pas assez d'efforts. Ou pire verrais-je de la pitié ? Je ne veux pas qu'il change pour moi, son regard doit rester inchangé, je n'étais personne, j'apprends aujourd'hui à devenir quelqu'un. Mon passé ne doit pas entrer en interférence avec mon présent. Jamais.

- Laisse tomber, j'ai parlé sans réfléchir.

- Regarde-moi (je n'y arrive pas), Pandora s'il te plait.

Mais comment lui résister ? Il n'a pas levé la voix et même dans son appel je ressens son inquiétude. Après une grande inspiration j'accède à sa demande et je suis ébranlée par ce que je découvre, ces yeux ce sont assombris par la tristesse. Son inquiétude me touche mais comment le rassurer quand je n'y arrive pas, sur moi-même ?

- Je n'ai pas réfléchi, oubli s'il te plait.

- Je préfère quand tu ne penses pas au moins tu dis les choses tel que tu les penses et non ce que les autres aimeraient que tu dises.

- C'est facile à dire pour toi (je rie face à sa remarque)

- Viens on va s'asseoir je te trouve un peu pale ?

- Et Sam ?

- Ne t'inquiète pas pour lui, il a l'habitude de se balader sur la plage, quand il n'y a pas de touriste, il en profite. Je l'ai bien élevé, il reviendra quand je l'appellerais mais ne change pas de sujet, même si ta sollicitude me touche beaucoup.

Malgré la conversation que je tente à tous les coups d'éloigné, je trouve un certain apaisement de me trouver ici. Installées confortablement sur un banc face à l'océan. Nous sommes les seuls spectateurs pour l'instant et je me trouve chanceuse. L'océan est pour moi un signe de liberté, il avance il recule, même selon les marrés il fait ce qu'il veut. Il peut détruire tous sur son passage comme être le phénomène le plus apaisant. Personne ne peut le maîtriser, les vagues sont audacieuses et leurs sons est enchanteurs. Qui aurait pensé, il y'à quelques jours, que je me sentirais si bien ici ? Retourner dans ma ville ? Non jamais, même sans Nathanael dans les parages, je ne pourrais plus. Je veux être libre, courageuse et audacieuse.

- J'aime quand tu souris même si je n'en connais pas la cause, les francs comme celui que tu viens de faire, c'est .... Juste magnifique.

Je me sens rougir par ce compliment, même s'il est habilement bien détourné.

- Merci, mais je souris souvent.

- Oui, c'est vrai je l'ai remarqué mais ce sont des sourires tristes. Si tu te voyais tu verrais la différence, comme si même tes sourires étaient toujours calculés, sauf celui que tu viens de faire.

- On dirait que tu passes ton temps à me regarder, si tu analyses le moindre de mes faits et gestes je vais me méfier de toi et rester plus attentive.

- Non, surtout pas, j'aime quand tu es au naturel. Je veux que tu puisses dire ce que tu penses ou fasse ce que tu veux.

- Pourquoi penses-tu que je ne le fais pas déjà ?

- J'ai des doutes.

- Les partageraient tu avec moi ?

Ce n'est pas possible, soit cet homme à des supers pouvoirs et il peut lire en moi comme dans un livre ouvert ou... je ne sais pas. Il faut que je sache exactement ce qu'il pense, pour avoir la possibilité de l'orienter ailleurs, loin de mon passé, des ombres néfastes qui me suivent continuellement et qui sont présent même à plus de sept cents kilomètres.

- Tu es sûre ?

- Je ne te demanderais pas sinon, alors ?

- Simple supposition mais tu es censée être la nièce de Ludivine ? Je l'ai bien connu pendant quel vivait avec nous chez mes parents, sa famille est ici elle n'a pas de famille à Lyon. Donc qui es-tu pour elle ? Mes parents aiment aidés les autres mais ne m'ont jamais expliqué les causes. Je sais juste que Ludivine était une de ces causes, je l'appréciais beaucoup et du jour au lendemain elle est partie sans même me dire au revoir.

- J'en suis désolé, je lui en parlerais quand je l'aurais au téléphone, elle doit avoir une bonne raison mais je peux te rassurer sur un point c'est bien ma tante.

- Soit mais je ne sais pas pourquoi j'ai l'intuition que Ludivine et toi vous vous ressemblez sur beaucoup de points. J'étais jeune quand elle est arrivée mais je me souviens qu'elle était comme toi, souvent perdu dans ces pensées et tous ce qu'elle faisait, pour elle, avait des conséquences. Ce sont tes propres termes. D'où ma question qu'elles sont ces conséquences que tu redoute tant.

Ses doigts entourent délicatement les miens et je n'ai qu'un très faible sursaut à son contact. Devrais-je en avoir peur ou me sentir plus sereine ? Mon corps acceptant autant le contact de Julen.

Ces paroles tournent en boucle dans ma tête et mon esprit cherche une solution, comment lui donner une réponse sans lui énoncer la vérité ? Il est beaucoup trop observateur, même ces parents ne doivent pas s'en douter car ils m'auraient eu même dit de faire attention. La pression monte de plus en plus en moi, je suis dos au mur, je sais que je n'ai plus d'alternative, il possède beaucoup trop d'éléments. Il n'a pas la clef mais il à trop d'informations pour me percer à jour s'il s'en donnait la peine.

Ma respiration est de plus en plus saccadée, une nouvelle crise d'angoisse est entrain de m'emporter. Si seulement elle pouvait me prendre et annihiler mes sens, combien de fois ai-je prier cela ? Chaque coup que Nathanael m'assénait, je priais tous les dieux que le prochain m'envoi dans l'inconscience et qu'il me tue une bonne fois pour toute. Beaucoup de gens se battent pour vivre, j'ai supplié tellement de fois de faire un échange contre quelqu'un qui souhaitait vraiment rester sur cette Terre. La vie est quelque fois injuste ou Nathanael était top intelligent, il savait où frapper et ou était mes dernières limites. Me laisser inconsciente ne lui faisait pas peur il savait que je me relèverais quelques heures plus tard.

Une larme roule sur ma joue et je n'ose l'effleurer de peur que Julen le remarque ou que cette unique soit l'annonciatrice d'un torrent de larme à venir que je n'arriverais pas à endiguer. Mais c'est mal le connaître qui à mon premier soubresaut de panique à déjà passé son bras autour de mes épaules, de manière autoritaire mais avec une certaine délicatesse a réussi à m'incliner de façon à ce que je sois couché sur lui, mon oreille collée tous près de son cœur. Son rythme est assez rapide et je ne comprends pas la cause, j'aimerais me redresser pour en comprendre la raison mais sa main s'attarde sur mes cheveux, enlevant ma barrette, il commence à passer ces doigts dans mes cheveux, effectuant un doux massage.

Son cœur ralenti en même temps que ma respiration redevient régulière. Je n'ose plus bouger d'un millimètre, mon intuition était la bonne, je savais que dans ces bras rien de mal ne pourrait m'arriver, j'étais sûre d'y trouver le réconfort que j'avais tant besoin. Nous restons un long moment sans parler, je suis à la limite de la somnolence entre le bercement de sa respiration et le doux son des vagues.

- Je ne te forcerais jamais à rien Pandora, mais sache que je suis là, si tu en as besoin. Je serais toujours présent, si tu as besoin de parler ou pour un gros câlin.

- Je ne pense pas que cela soit une bonne idée (ma voix n'est pas très convaincante face à ce que je lui exprime).

- Et pourquoi pas ? On n'est pas bien tous les deux ?

- Ne me fait pas dire ce que je n'ai pas dit. Je dis juste qu'il ne faut pas oublier que tu es mon patron. Tous cela n'est pas saint.

- Pourquoi ? Nous sommes deux adultes consentant que je sache et je ne perds toujours pas espoir d'avoir officiellement ton numéro et un rendez-vous.

- Euh... je n'ai pas encore eu le temps de penser à ça... Je vais bien être obligée de te le donner, tu es mon employeur.

- Tu n'as que ce mot à la bouche ? Ici là maintenant je ne suis que Julen un ami et plus si tu l'acceptais. Je veux que tu me le donne parce que tu le veux bien et pas sous la contrainte.

Comment fait-il pour trouver les mots aussi justes ? Il ne m'impose rien, ne m'oblige à rien et il me laisse prendre mes propres décisions. N'est-ce pas cela la liberté ? Je me sens si bien dans ces bras que j'aimerais que ce moment ne s'arrête jamais. Être en couple est pour moi une utopie, je ne veux pas retourner dans le même cercle vicieux dans lequel j'étais tomber même si je suis persuadée maintenant que Julen n'est pas Nathanael. Il me faut apprendre l'indépendance, la vie quoi... celle que j'ai laissé de côté au profit de celle de Nathanael. Un raclement de gorge me ramène à la réalité et son cœur reprend une allure folle, je sens que quelque chose ne va pas. Je me redresse à regret pour voir ce qu'il a pu se passer.

- Hum... hier je t'ai dit que je passerais, et...

- Dis-moi pas que tu voulais me virer ? Je sais que je suis nulle mais j'apprends vite ou tu peux me mettre à un autre poste.

- Calme-toi, ce n'est pas ça. Pour le travail, on n'est pas encore en pleine saison je suis certain que tu vas y arriver. On apprend en faisant des erreurs. Tu peux même demander à Camille de t'aider ou moi, je serais ravi de passer plus de temps avec toi pour te dévoiler mes talents.

- Alors pourquoi voulais-tu me voir ?

Il sort la main de sa poche, je découvre une boite noire et il me la tend. J'ouvre la boite sans le regarder m'attendant à tous. Serait-il prêt à m'acheter pour m'obtenir comme a pu le faire Nathanael ? Arrête Nathanael n'est pas Julen. Compare ce qui est comparable. J'ouvre précautionneusement la boite :

- Oh.... Un portable, mais ...

- Avant que tu ne panique ou que tu ne refuses, c'est un vieux téléphone que je gardais en cas de secours. Il est à carte tu n'as plus cas acheté des unités pour qu'il fonctionne.

Comment lui dire que ce geste me toucha plus que cela n'aurait dû ? Même si je n'avais personne à contacter, n'ayant pour l'instant aucuns amis, c'était pour moi un retour à la civilisation dans le monde ou on vivait actuellement. Ne pouvant s'empêcher de penser que son acte était peut-être intéressé. Arrête voir le mal partout. Oui, comme Julen avait insisté, il fallait vraiment que je cesse de réfléchir à tous. Ce téléphone était vraiment une aubaine pour elle, pas d'abonnement, pas de traçabilité, elle resterait en sécurité et en cas de besoin elle pourrait téléphoner... Mais à qui ? Les idées moroses revenaient, je le sentais, mais je les chassais rapidement en me reconcentrant sur la conversation.

- J'accepte ton cadeau si c'est un prêt, quand je pourrais m'en offrir un nouveau, je te le rendrais.

- Pas de soucis, y parait que le patron paye bien . Tu as de la chance car je ne suis pas certain que tu amasseras beaucoup de pourboire aux vues de tes talents de serveuse.

Le fou rire nous emporta quelques instants et je me sentis un  peu vexée qu'il reconnaisse ouvertement que je n'étais pas très douée dans ce métier.

- C'est méchant.

- Allez trêve de plaisanterie je te ramène, il se fait tard je laisserais Sam à mes parents. On ira ensemble au bar et je te ramènerais ce soir.

- Ne t'en sens pas obligé.

- Arrête tu vas me vexer. Par contre je vais être obliger de te demander ton numéro maintenant que je sais que tu as un portable.

- Pourquoi me le demander, c'était le tien tu connais le numéro ?

- Oui je le connais et même par cœur (il me lance un clin d'œil), mais c'est le tien pour l'instant, donc si tu me dis que tu ne veux je ferais comme si je ne l'avais pas.

- Non c'est bon prend le.

- Yes, les bras en l'air il mima sa victoire, j'ai gagné.

- Gagner une victoire ne signifie pas la guerre (quand je veux je peux être joueuse moi aussi).

- Je sais être patient.

Tout en marchant, à travers son regard il me fit comprendre que ces mots n'étaient pas dits en l'air. Il m'avait regardé le plus sérieusement du monde et je ne pouvais lire en lui que de l'honnêteté.

Ne pas réfléchir, ne pas réfléchir, il est malin lui. Ce n'est pas si facile. Je me fis la promesse d'approfondir plus tard et de profiter encore un peu de cette petite escapade avec Julen.

Qui aurait cru quand je suis partie de chez ses parents en colère, paniqué et en pleine crise que je me sentirais si bien, si sereine et .... Heureuse quelques heures plus tard ?

Un inconnu, qui plus est, me fait ressentir des sensations que j'avais perdu depuis de nombreuses années. Quand il est près de moi, l'espoir renaît. Dans ces moments-là ma promesse tient tous son sens, j'ai la conviction que je peux y arriver. Je suis bien entourée et j'ai tous pour être heureuse, il faut juste que je trouve une solution pour ces fichues crises d'angoisse.

Un pas après l'autre... Apprendre à marcher avant de courir.

Julen quelques pas devant moi se retourne et perçoit mes doutes rien que dans mon regard et avec son sourire angélique me tend la main. Je ne devrais pas, je dois être forte, mais ma force je l'obtiens avec son aide.

Je réfléchirais plus tard, je veux juste profiter. Au contact de nos deux peau, mes doutes s'envolent et le bien être se réinstalle en moi, une petite flamme grandit en moi qui réchauffe toute la froideur qui était logé en moi.

Mon intuition me dit de lui faire confiance, ais-je raison ? Mes dernières grandes décisions ne m'ont apporté que du malheur, est-il bon de continuer ce cercle infernal ?

Ne pense plus.

Et c'est ce que je décide de faire, j'analyserais quand j'aurais le temps.


Ayez le courage de suivre votre cœur et votre intuition. L'un et l'autre savent ce que vous voulez réellement devenir. Le reste est secondaire. Steve Jobs


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Est-il possible de faire confiance à un inconnu ?

Faut il écouter son intuition ?

A votre avis, comment réagirait Julen s'il était au courant de son passé ?




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