15
Je me réveil en sueur, tremblante de peur, le cœur battant et la respiration saccadée. J'essaye de reprendre contenance en m'habituant à la faible clarté dans ma chambre. Mes hurlements m'ont cette fois tiré de mon cauchemar, trois fois cette nuit, mais celui la fut pour moi le pire. Nathanael m'avait retrouvé et je payais chèrement les conséquences de ma disparition et du temps qu'il avait perdu en me cherchant.
Je soulève mon t-shirt et ne découvre aucunes nouvelles marques sur mon corps, tous ces coups qu'ils m'assénaient ne font pas partie de la réalité mais bien de mon cauchemar. Les larmes coulent et je ne peux les retenir tellement la souffrance que j'ai ressenti est atroce.
Comment peut-il me faire encore autant de mal alors qu'il est à des centaines de kilomètres de moi et qu'il ne sait pas où je suis ?
Ses cris résonnent encore dans ma tête, mon cuir chevelu me brûle à force d'avoir été tiré, mon corps me lance à cause des nombreux coups... mon estomac se révulse et je cours jusqu'au toilette pour vomir tous ce que je peux, c'est à dire pas grand-chose.
Je me redresse et m'asperge le visage d'eau froide, pour tenter de retrouver un semblant de calme. Me forçant à me regarder dans la glace, je ne découvre aucune nouvelle marque, aucune nouvelle rougeur, tout me confirme que tous ce que je ressens n'est pas réel et faisait bien partie d'un énième mauvais rêve.
Un songe peut-il faire autant de mal ?
Le cauchemar et la réalité se sont tellement bien mélangé qu'aucun des deux ne se dissocie clairement. Un coup d'œil à mon réveil, il n'est que six heures du matin, je m'habille rapidement d'un leggins et d'un t-shirt et sors rapidement de la maison. Je sens poindre une nouvelle crise d'angoisse, je ne sais pas si mes hurlements n'ont pas déjà réveillé toute la maisonnée et je ne veux pas les découvrir avec des yeux de pitié ou de désespoir. Chacun son fardeau à porter. Ces personnes sont les plus gentils et elles sont toujours là à m'aider. Je ne peux en plus leur rajouter mes cauchemars et mes visions permanentes, lorsque je m'imagine ce que je recevrai si Nathanael me retrouverais.
De toute manière ce n'est pas de parler que j'ai besoin à ce moment précis, me rendormir m'est impossible mais me dépenser, évacuer tous ce stress emmagasiné me fera le plus grand bien. Je dois me vider l'esprit pour commencer cette nouvelle journée, si je n'arrive pas à évacuer ces images jamais je ne tiendrais une nouvelle journée.
Après avoir déposé un mot sur la table de la cuisine pour prévenir de mon absence, je mets mes écouteurs sur mes oreilles, lance la première musique que je trouve et m'élance au pas de course. Je ne sais pas vraiment ou je vais mais je suis les panneaux en direction de la plage, un kilomètre, c'est peu mais je pourrais toujours poursuivre en courant sur la plage.
Mes premières foulées sont hésitantes, mon corps est toujours agité de tremblements, la musique two steps from hell, me permet d'oublier ou du moins d'éviter de trop y penser. Sans m'en rendre compte je suis arrivée au pont qu'Ana c'était arrêter la veille. L'envie de m'arrêter est forte mais si je le fais je ne sais pas si je pourrais me relever. Mon cauchemar est encore trop présent en moi alors je poursuis ma route en redoublant d'effort et en accélérant ma foulé.
Mes jambes sont de moins en moins tétanisé et s'adaptent de mieux en mieux à la cadence que je leurs imposent. Chaque pas je me sens de plus en plus libérée du poids qui m'oppressait, la musique pulsant dans mes oreilles me galvanise et l'horreur de se mauvais rêve se dissipe quelque peu mais ma peur redouble d'intensité. Je suis consciente, c'est mon subconscient qui a pris le pas, même endormi et je redoute de plus en plus ce qu'il pourrait me faire s'il me retrouvait.
Je ralentis ma foulée en arrivant sur la place des landais et marche d'un pas rapide sur la plage, les embruns salées chatouillent mes narines et le bruit des vagues m'apporte la dernière pièce au puzzle pour me sentir à nouveau plus apaisé. La plage est déserte à cette heure-ci et cette place ne comportant que des bars, tous ont les portes closes. N'étant pas fatiguée je décide de continuer mes efforts en poursuivant mon footing sur la plage en décidant de longer un peu plus loin espérant par la même occasion faire une boucle pour retourner à la résidence d'Ana et d'Anton. Je ne suis pas très mauvaise en orientation, je devrais me retrouver assez aisément.
Forte de cette conviction, je ne réfléchis pas plus et commence à m'élancer sur le sable. Cette fois je décide de couper ma musique, le ressac des vagues est une si belle musique qu'il serait trop bête de ne pas en profiter.
Après un bon kilomètre, je décide de ralentir le rythme ne voulant pas être trop gourmande. Courir m'apporte un certain plaisir de liberté mais je ne dois pas oublier qu'en forçant trop, les courbatures apparaîtront et je souffrirais à mon travail. Je ne m'en sors déjà pas, avec des courbatures supplémentaires je ne sais pas ce que cela donnerait et si je tiendrais le coup. Je ne pensais pas qu'être serveuse pouvait être autant physique. Perdue dans mes pensées, j'ai juste le temps de me décaler quand j'aperçois un projectile arriver droit sur moi et un cri :
- Attention.
Je remarque à mes pieds une balle de tennis que je ramasse par réflexe. Geste que je n'aurais jamais dû faire quand j'aperçois un chien accourir dans ma direction en pleine vitesse. Je ne sais pas ce que je dois faire : partir en courant, lui jeter la balle pour qu'il se sauve dans une autre direction ou rester planter la en priant qu'il n'ait pas vu que j'avais ramasser sa balle ? Tétanisée par la peur, je fais la chose la plus stupide, je pris pour qu'il ne m'arrive rien en restant figé. Je suis projeté en arrière contre le sable surement pas le molosse car je sens une truffe toute humide me renifler tout le corps à la recherche de sa balle.
- Sam, méchant chien, tu vas laisser la dame tranquille ? Au pied Sam.
La sensation de poids est automatiquement supprimée face à l'appel de son maître. La balle toujours logée dans ma main, je n'ose plus bouger de crainte que le molosse est décidé de revenir à la charge pour découvrir où se cache sa balle. Une main se tend vers moi et mon monde s'arrête de tourner un court instant quand je découvre qui est le maître du chien.
Quand j'habitais à Lyon, il pouvait se passer des semaines avant que je ne croise mes voisins. Je fais tous pour l'éviter un maximum et me voici face à lui, la main tendue vers moi. Ces beaux yeux me transpercent et mon cœur rate plusieurs battements.
- Julen ?
- C'est bien moi Pandora.
Comment fait-il pour se trouver toujours sur mon chemin ? Et plus précisément toujours quand je suis au plus bas ? Il doit avoir un aimant collé sur lui pour rechercher les personnes à problème ou les personnes à secourir.
- Qu'est-ce que tu fais la ? A part bien sur utiliser ton chien comme gardien de la plage.
Il me relève avec aisance et je commence à enlever tout le sable mouillé qui est rester collé sur moi. Il éclate de rire face à ma remarque et c'est le plus doux et le plus beaux des sons après le mutisme qu'il m'a offert hier.
- J'allais te poser la même question ? mes parents sont au courant que tu es ici ?
- Primo, tes parents me logent le temps que je trouve un appartement ce ne sont pas mes baby-sitter. Et secundo j'ai quand même le droit de courir un peu.
- Doucement, calme-toi.
Pourquoi, me suis-je emportée déjà ? Fermant les yeux, j'inspire et expire trois fois pour me calmer. Lorsque je me décide d'ouvrir les yeux, mon regard est aussitôt aimanté par le sien et je me sens défaillir à nouveau. J'essaye malgré tout de reprendre une contenance.
- C'est ton chien ?
Sans comprendre pourquoi, je le sens déçu de ma question, comme si j'avais raté quelque chose mais quoi ? Mystère.
- Oui, il est jeune encore c'est pour cela qu'il est très impulsif. J'essaye de l'éduquer quand j'ai un peu de temps mais c'est pas évident avec nos horaires.
Je contemple la boule de poil face à moi et je ne peux que me sentir idiote de la réaction que j'ai eue. Face à moi ce trouve un Golden Retriever, assis au pied de son maître il n'est plus aussi impressionnant et je ressens même le besoin de le caresser et le câliner. Sa queue frétille d'envie et je remarque que ce chien à compris mes intentions. A genou, j'attends patiemment, je ressens toujours cette peur tapie en moi mais je me rassure en me disant que le chien n'est-il pas le meilleur ami de l'homme ? Comme s'il avait compris le message, ledit Sam regarde son maître et après un signe de tête pour signifier son accord s'approche doucement de moi. Je n'avais pas imaginé qu'un animal pouvait être aussi prévenant envers un humain. Sa truffe me renifle petit à petit, les jambes, les bras, le ventre et lorsque sa truffe se rapproche dangereusement de mon visage, je ne peux retenir mon corps d'avoir un mouvement de recul. Sans comprendre ce qu'il m'arrive une grosse langue humide me lape tout le côté du visage.
- On dirait qu'il t'aime bien ? (Tiens je l'avais oublié celui-là.) Habituellement, il ne familiarise pas aussi vite avec les gens, il faut croire que tu as quelque chose que les autres n'ont pas.
- Tu en doutais ? (On retrouve nos taquineries et j'en suis soulagée). Chez moi j'étais dresseuse de chien.
- Ça je n'y crois pas un mot.
Il part dans un grand fou rire et je ne peux m'empêcher de sourire face à mon gros mensonge.
- Vu la peur que tu as eue quand tu la vue, permet moi d'en douter.
- Il m'a surprise c'est tout.
Sans poursuivre, il se met à ma hauteur récupère la balle toujours logée dans ma main et l'envoi le plus loin possible.
- On devrait être tranquille quelques minutes.
Son sourire charmeur est de retour et ce n'est plus la personne qui ma raccompagnée la veille. Face à ce changement constant d'humeur, je ne sais pas qui je vais trouver devant moi. Sa main se rapproche trop rapidement de mon visage et je ferme les yeux attendant ce qu'il va faire, ma respiration se coupe et mon cœur pulse à un rythme effréné.
- Pandora, ouvre les yeux.
Sa voix est très douce et je dois presque tendre l'oreille pour pouvoir l'entendre. J'aimerais tellement accéder à sa demande mais pourquoi les ouvrir ? Pour m'apercevoir que je m'étais tromper sur lui aussi, qu'il est comme tous les autres hommes. Ou aurais-je peur de découvrir de la pitié dans son regard.
J'entrouvre les yeux, ma grand-mère disait toujours que les yeux sont le miroir de l'âme. Dans ses yeux j'y trouverais peut-être mes réponses.
- Je ne sais pas si c'est de moi que tu as peur ou de tout le monde mais sache que je ne te ferais jamais de mal.
Il replace une mèche de cheveux derrière mon oreille et se simple geste m'électrise. Je baisse les yeux par pure réflexe mais lui ne veux pas couper le contact posant délicatement sa main sur ma joue et me forçant à le regarder dans les yeux. Je me noie dans son beau regard et une béatitude que je ne connaissais pas s'infiltre en moi tandis que son pouce effleure délicatement ma joue.
Souhaite-t-il me montrer qu'il est toujours là ? Veut-il me rassurer ou simplement que je ne parte pas dans mes pensées ?
- Je ne sais pas ce que tu as vécu et tu n'es pas obligé de m'en parler mais si tu veux le faire, sache que je suis là.
- Pourquoi étais-tu aussi froid avec moi hier ?
Ma question le surprend et je sais qu'il ne s'attendait pas du tout à cela. Son cerveau tourne à mille à l'heure, cherchant la bonne réponse, dans ces yeux je pourrais lire s'il me dit la vérité ou non.
- Je réponds à ta question à une condition.
- Laquelle ?
- Si je fais ce que tu me demande et je le ferais très honnêtement, en échange je veux que tu sortes avec moi.
- Non.
- Aïe, tu aurais pu prendre au moins deux minutes pour réfléchir, pense à mon ego d'homme.
Je ne peux que rire à sa remarque, est-il possible de se sentir aussi à l'aise, aussi en sécurité face à un quasi inconnu ?
- Je suis sûre qu'il y a des tas de filles qui veulent sortir avec toi.
- Certainement.
- Modeste à ce que je vois.
- Pourquoi le serais-je ? Que je sache c'est à toi que j'ai demandé et pas à une autre.
- Je ne te comprends pas.
J'ai exprimé tous haut ce qui me trottait dans la tête, pourquoi choisir la complication avec moi alors qu'il trouverait beaucoup plus simple avec d'autres filles.
- Pourquoi toi et pas une autre ? C'est ça que tu veux savoir réellement ?
Je hoche simplement la tête car lui demander de se justifier me met dans tous mes états. Lui demander ouvertement ce qu'il pense de moi n'est pas une chose facile et je ne suis pas habituée à attirer l'attention.
- Sincèrement tu n'es pas comme toutes les autres filles. Et depuis que l'on s'est rencontré la personne que tu es m'intrigue. Tu es aussi très belle, adorable quand tu travail, surtout quand tu casses toute ma vaisselle. (Je ris de plus belle face à son petit discours improvisé.) Tu veux que je continue ?
- Non c'est bon j'ai compris.
- Alors ?
- Non, je ne veux pas sortir avec toi.
- Je ne suis pas surpris mais je garde courage.
- Ce n'est pas de courage que tu aurais besoin mais d'un miracle.
- Je suis capable de croire en tout si en échange j'ai un rendez-vous avec toi.
- Super.
- Je suis persuadé qu'au fond de toi, tu es déjà en train de craquer mais tu ne t'en rends même pas compte.
A-t-il raison ? je ne peux nier que cet homme m'intrigue et que je ne peux expliquer pourquoi je me sens si bien quand je suis auprès de lui mais de là à dire qu'il m'attire ou quoi que ce soit d'autre. Non, on est loin des sentiments ou quelque chose d'autre dans ce genre.
- Arrête de réfléchir, viens je te ramène, on continuera notre discussion en allant chez mes parents.
Nous poursuivons notre chemin mais cette fois ensemble. Mon état d'esprit a pris un virage à cent quatre-vingt degrés. La personne terrorisée et angoissée de simplement penser à disparu et la personne sereine avec une vie normale et banale est de retour. Je ne suis pas prête pour une relation quelle quel soit mais je ne veux pas à avoir à lui dire que je veux qu'il s'éloigne de moi. Sa présence en si peu de temps m'est devenu nécessaire.
Je suis beaucoup plus sereine quand il est auprès de moi, comment lui avouer sans lui dévoiler mon passé ? Mon passé ne doit pas entacher mon présent et surtout pas mon avenir.
L'avenir est encore loin, restons juste sur le présent et profitons.
Parfois le courage, c'est juste de serrer les dents contre la souffrance, et de s'efforcer d'avancer au jour le jour, lentement, vers une vie meilleure. Divergente de Véronica Roth
---------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------J'espère que ce chapitre vous a plu ....
Vous retrouvez vous dans le personnage de Pandora, quand vos cauchemar prennent le pas sur la réalité ?
Vos avis sur le rapprochement de Julen vers Pandora.
Comme toujours votre avis est important pour moi alors n'hésitez pas et la petite étoile
Merci de me lire
Virginie
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top