14
Isolée dans ma chambre, je ressasse cette journée plus que mouvementée. Seule dans mon grand lit emmitouflé dans une bonne couverture et dans le silence le plus calme, mes pensées s'éparpillent. Pour beaucoup le silence est peut-être oppressant mais pour moi il est sécurisant. Toujours une oreille aux aguets, par pur réflexe, le calme est un avantage personne ne viendra me récupérer. En analysant cette journée, je ne sais pas encore si je suis heureuse ou triste. Cela peut paraître bizarre de dire cela mais cette journée si riche en rebondissements m'a complètement vidée et perdue. La rencontre avec tous ce petit groupe m'a remplie de bonheur. Chaque personne a essayé tant bien que mal de m'inclure dans leur groupe. Leur intérêt sur ma vie passé, leur marque d'attention et leur gentillesse m'ont énormément touché. Même si je ne les connais pas (pour l'instant) je me sens beaucoup plus à l'aise dans cette nouvelle vie, avec ces parfaits inconnus par rapport à mes amitiés que j'avais sur Lyon. Je ne dis pas que tout est gagné, oh non, loin de là. J'avance à mon rythme. Un pas après l'autre. Chaque pas franchie me rend plus optimiste et plus sereine.
Après une longue collation ponctuée de rire et d'anecdote sur tout le groupe, j'ai dû commencer mon poste de serveuse et dire par la même occasion au revoir à Anna. Je ne sais pas ce que je m'imaginais, qu'elle allait rester toujours auprès de moi, me secourir à la moindre crise de panique. J'ai commencé à paniquer à son annonce mais son sourire chaleureux et ces mots réconfortants m'ont permis de prendre sur moi. Elle m'a serré dans ces bras et soufflé un seul mot "courage".
Pour elle, je me devais d'y arriver, ou du moins d'essayer. Pour moi le courage ne s'acquiert pas il s'apprend et ma première leçon je devais l'apprendre aujourd'hui. Ana m'a montré le chemin à suivre, à devenir une personne indépendante et surtout libre. Je ne dois plus être la fille solitaire qui buvais chaque parole de son compagnon. Oublié les mots blessants que Nathanael a pu glisser dans chaque conversation entre nous ou avec nos amis et notre famille, comme quoi je n'étais rien sans lui. Pour lui je n'étais rien, je n'étais personne et à sa merci. C'est surtout pour lui, que je me dois d'être un minimum courageuse et lui montrer qu'il se trompait.
Malgré tous mes encouragements, la journée ne s'est pas déroulée comme je l'aurais rêvé. Je ne sais pas comment Ana m'a vanté au près du groupe mais ils ont vite compris que j'étais nul en tant que serveuse ou si nous devons rester optimiste, débutante. À tout moment je m'attendais à des cris ou qu'on me malmène de mes erreurs, or je fus soulagée, à chaque fois je les entendais rire de ma maladresse. Chaque plateau tombé, chaque verre renversé, j'étais mortifiée, honteuse. Mon nouveau petit groupe était quant à eux hilare tandis qu'ils recommençaient inlassablement mes commandes.
J'ai bien essayé plus d'une fois de me dérober, en leur demandant de me confier des missions de plus faible envergure comme la plonge ou le nettoyage mais je n'ai eu que des refus de la part de Julen. Il avait demandé une serveuse, je devais faire ce pourquoi on me payait.
En parlant de lui j'ai du mal à le cerner, avant que j'apprennes qu'il était mon patron, il était prévenant et toujours avec ce sourire charmeur qui ne quittait jamais son visage. Depuis que j'ai commencé mon poste, il restait dans un coin à observer chacun de mes faits et gestes. Il n'a pas bougé d'un pouce quand je me suis cassé la figure, n'a même pas esquissé un sourire et je ne sais pas comment analyser ces réactions. Je dois surement être une malédiction pour lui. Il ne doit pas pouvoir me virer par rapport à ses parents alors il doit vouloir que je perde patience et démissionne.
C'est mal me connaître, en changeant de vie, j'ai décidé de ne plus abandonné et de tous faire pour y arriver. Je Ne Reculerais Plus Jamais. Je suis peut-être son petit caillou qui coince tout le mécanisme de son travail mais je ne baisserais pas les bras.
La mécanique de se bar est bien huilé, chaque personne tient son rôle et personne ne vient empiéter sur le poste de l'autre. On dirait un ballet, une chaine chacun jouant son poste avec brio. Les jumeaux derrière le bar et Camille en serveuse. Enfin je devrais dire Camille et moi. Je ne peux réellement pas me compter en tant que serveuse puisque Camille à le temps de faire trois commandes le tant que j'en serve une (cinq si j'ai renversé la mienne).
Étonnamment les gens ici, ne s'offusque pas de ma malchance et ri avec les employés. J'ai même gagné quelques pourboires, même si cela était donné par pitié, ce fut mes premiers et ces quelques pièces jaunes m'ont remplies de bonheurs. A la fin de la soirée j'ai voulu remettre les cinq pauvres euros que j'avais obtenu à Julen pour réparer un peu la casse que j'avais occasionné. Mais sans un regard envers moi, il les a refusés et m'a dit de les garder.
A vingt-deux heures, nous avons fermé le bar. J'avais réussi à tenir la journée, pour moi c'était une étape de franchit un exploit. Le petit groupe ma serrer, encore dans leur bras, en me souhaitant une bonne fin de soirée. Camille m'a presque sauté au coup en me disant à demain, puis se tournant vers Julen, de ne pas faire de bêtise avec moi.
Je me suis giflée mentalement, je n'avais pas réfléchi à l'éventualité de rentré. Ana n'allait pas venir me récupérer aux vues de l'heure avancée et je n'ai pas encore tous mes repères pour pouvoir rentrer à pied. La tâche ingrate, que je devais représenter, était incomber donc à nouveau à Julen.
Je remue une énième fois à l'évocation de ces derniers souvenirs, il faut vraiment que demain je trouve une solution à mon problème de déplacement. Je n'ai pas encore les moyens de me payer une voiture et je ne me vois pas leur emprunter la leur pour mes déplacements. Il faut donc que je réfléchisse à une solution qui n'empiète pas sur la vie des autres.
Je me repasse ce court instant, ces quelques minutes ou nous nous sommes retrouvés à nouveau seul à seul. Personne ne c'est parler. Je m'attendais à tous de sa part : des remarques sur mon incompétence, des blagues sur ma maladresse mais surtout pas à se silence. Tous le trajet ces beaux yeux ne m'ont pas regardé et sont resté rivé sur la route. Ces mains sont restées crispé sur le volant. Arrivé devant ma nouvelle demeure, je suis sortie de la voiture, après l'avoir remercié d'avoir fait ce détour pour me ramener. Je ne m'attendais pas à une réponse de sa part donc j'ai commencé à rentrer, mais sa voix m'a stoppé.
Me retournant dans sa direction, je suis restée statufier devant son regard. Tellement d'émotions sont passé dans celui-ci mais il ne m'a pas laissé le temps de comprendre la cause, ni d'analyser. Il m'a simplement demandé de me tenir prête pour neuf heures, je n'ai pas eu le temps de répondre qu'il était déjà parti.
Je suis restée planté devant l'entrée seul, cherchant à le comprendre, le bar n'ouvrant pas avant onze heures.
Il est maintenant deux heures du matin et je ne trouve toujours pas le sommeil, me tournant et me retournant dans mon lit, cherchant à comprendre l'impossible.
Mon manque de sommeil est dû à Julen, cet homme m'intrigue autant qu'il me fait peur. Je ne pense pas qu'il fait partie de la même catégorie que Nathanael, je ne le vois pas levé la main sur une femme mais je pensais la même chose concernant Nathanael. La peur que je ressens au fond de moi me permettra toujours de rester sur mes gardes mais mon envie de percer le mystère du personnage que représente Julen devient de plus en plus grande. Chaque jour je découvre une nouvelle facette et je ne sais pas encore celle que je préfère : l'artiste dans sa bulle, le protecteur face à mes angoisses, le chevalier me sauvant de mes galères ou l'homme mystérieux retranché dans son silence.
Je ne sais pas ce que me réserve demain et encore moins l'avenir mais je suis quand même fier de moi, j'ai pu barrer une nouvelle case dans mon agenda, une journée de plus sans Nathanael et une journée de plus ou je n'ai pensé que par moi-même.
Ma journée n'a pas été une grande réussite, mes erreurs sont encore nombreuses et mes angoisses trop ancrées profondément en moi. Mais je garde espoir qu'avec le temps elles faiblissent de jour en jour. Sur ce regain d'espoir je m'endors priant intérieurement être libérée quelques heures. Nathanaël n'est plus présent dans ma vie mais il est omniprésent dans tous mes cauchemars.
Le succès n'est pas final, l'échec n'est pas fatal : c'est le courage de continuer qui compte. Winston Churchill
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Coucou, j'essaye de poster toujours un chapitre par semaine et cela fait 15 jours que je ne l'ai pas fait. J'ai baptisé ma fille ce week-end et ces dernières semaines ont donc été vraiment la course (désolé de vous raconter ma vie).
Je vais tous faire pour poster un chapitre de plus aujourd'hui ou demain.
Même s'il est un peu plus court, j'espère que vous avez aimez ce chapitre.
Le comportement de Julen ?????
Merci de me lire.
Si vous aimez n'oublié pas le petit vote et n'hésitez pas à commenter.
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