10

              Je me réveille en sursaut, je suis perdue, je mets plusieurs minutes à réaliser ou je suis. Dans les brumes de mon sommeil, les souvenirs de la veille me reviennent en mémoire. L'aide de Ludivine, ma fuite, le voyage en train, la rencontre avec Julen et sa mère. Une journée qui me paraît être mille, j'en est le tournis rien que d'y penser. Une nouvelle journée m'attend, encore une fois surchargée. Ne dit-on pas que l'action permet de ne pas réfléchir. Le meilleur moyen d'oublier mon passé et tous ce que j'ai quitté est d'avoir toujours des journées bien complète. Sans envie j'arrive à m'extraire de mon lit. En général je ne suis pas une marmotte mais dans ce lit et dans cette chambre j'arrive à tous occulter. Je trouve cette chambre inconnue rassurante et sécurisante ne ressemblant en rien à mon ancien chez moi. Tous en ouvrant ma fenêtre et mes volets je me dits que ma petite bulle de bien être doit continuer de grossir et non m'éclater en plein visage. Pour aller dans mon sens, le soleil me transperce et me réchauffe le corps et les quelques pensées noires qui murissaient dans mon esprit disparaissent. Il fait bon de vivre ici, bercé par ce calme environnant ponctué par les quelques grésillements de grillons. On se croirait dans le sud.

- Tu es bien matinal ?

              Je sursaute entendant un inconnu s'adresser à moi, prise dans le cours de mes pensées et du calme environnant je n'avais pas vu une personne s'approcher et se mettre sous ma fenêtre. Mon cœur s'accélère, ma respiration devient de plus en plus rapide, je sens poindre la crise de panique. Calme-toi, s'il est dans la propriété c'est qu'il n'est pas dangereux. Il faut vraiment que tu apprennes à te calmer, comment veux-tu arriver à travailler si chaque fois qu'une personne s'approche de toi tu panique. Ma conscience n'a pas tort, il faut vraiment que je me calme. Si je suis dans cette ville c'est que je peux être en sécurité.

- Tout va bien ? Excuse-moi si je t'ai fait peur, ce n'était pas le but mais je ne savais pas comment me présenter (puis plus bas pour que je n'entende pas), je ne sais jamais y faire... je suis vraiment trop bête.

              J'ai tout entendu et c'est ces dernières phrases qui me touche le plus. Le fait qu'il est eu envie d'entrer en contact avec moi et qu'il se triture les méninges pour y arriver. Ce doit être forcément quelqu'un de bien et j'en déduis par l'âge que ce doit être le mari d'Ana. Il me fait penser à un fermier avec sa tenue (salopette, chapeau de paille et son arrosoir à la main) et malgré son aire rustre je peux y déceler un énorme cœur. Je vois les coins de ces yeux ridés par les années se plisser dû à l'inquiétude que j'ai due lui causer face à mon début de panique.

- Vous êtes Antton ?

- Oui c'est ça, ma femme ta parler de moi ? (Un grand sourire franc apparaît).

- Bien sûr (son sourire fait écho au mien), je suis enchanté de faire votre connaissance et je vous remercie aussi de m'avoir invité chez vous.

             D'un air de conspirateur, il me parle beaucoup plus bas comme s'il avait peur que quelqu'un apparaisse à ses côtés.

- Tu as de la chance que ma femme ou une autre personne ne soit présente, pas de vous je te rappel. Je sais que ce n'est pas une situation facile pour toi mais notre couverture ne doit pas filtrer. Je te rappel que nous sommes des amis.

- Je suis vraiment désolé (je me maudis intérieurement), mais c'est tellement dur (je chuchote presque).

- Ne t'inquiète pas je te comprends, tu veux un secret ? (Je hoche simplement la tête ma curiosité ayant repris le dessus.) Si tu as peur de te mélanger entre le tutoiement et le vouvoiement, trouve un stratagème pour ne jamais avoir à devoir le faire. La langue française est vaste pour peu que tu creuse un peu.

- Je ne sais pas si ça marchera, mais tous les conseils sont bon à prendre.

- Au pire si mon conseil ne marche pas, tu auras réfléchi et pour les jeunes gens de votre âge cela ne peut pas vous faire grand mal.

             Nous voyons arriver en furie Ana, qui d'ailleurs n'a pas remarquer ma présence du haut de mon perchoir. Je suis fasciné par sa crise, pourtant elle à l'aire vraiment furieuse mais je ne lie aucune inquiétude dans les yeux de son mari et Ana ne craint aucune représailles de lever la voix sur son mari. Cela doit être cela une vraie relation de couple. Un couple ou on peut tous se dire, bon ou mauvais, sans crainte. Même si Antton ne fait pas le malin devant sa femme, cette simple scène me rend rêveuse.

- Te voilà enfin, mais qu'est-ce que tu fiche ici ? Tu veux réveiller Pandora ou lui faire peur ? C'est ce que tu cherches ?

- Nos regards se croisent et nous partons dans un vrai fou rire. Je ne veux pas rire d'Ana, en sachant que je la connais si peu. Mais c'est tellement libérateur de rire et de faire comme si la vie était si simple. Dans les yeux d'Antton, je trouve une complicité naissante et qui me promet beaucoup de fou rire. Le regard d'Ana est passé par tous les émotions, comme son fils avec moi, de la colère envers son mari à l'attendrissement lorsqu'elle me découvrit à ma fenêtre.

- Bonjour Pandora, j'espères que ce vielle ours ne t'a pas réveillé ni embêter ?

- Non pas du tout, bien au contraire.

- Bon, si tu es debout tu veux venir déjeuner, on pourra discuter un petit moment pour programmer notre journée.

- Bien sûre j'arrive.

            En quelques heures j'étaient devenu un membre à part entière de cette famille. Une larme coule sur mon visage mais pour une fois je ne l'essuie pas car celle-ci est de bonheur. La première. Jamais je ne m'étais sentie aussi bien, pas de trop ni pas à ma place. L'espoir grandit en moi, avec eux à mes côté, l'échec m'est impossible. Leur regard, leur attention, leur bienveillance me montre qu'ici je suis à ma place. Je partage mon fardeau, mon combat est devenu le leur et je suis délester d'un poids. Cela fait tellement de bien d'avoir trouvé des personnes comme eux. Je serais et deviendrais une personne courageuse avec et grâce à eux. Bonne trêve de pensées, je ne veux pas me laisser désirer.

           Quelques minutes plus tard je les rejoins dans la cuisine, habillé simplement d'un t-shirt marin à manche trois quart et d'une jupe évasée m'arrivant au genou bleu marine. Je découvre devant moi un vrai festin de roi. Ce n'est pas un petit déjeuner, je suis impressionnée par la quantité de nourriture disposé sur la table, viennoiserie, pain, beurre, confiture, céréale, divers jus de fruits... on se croirait dans un vrai palace. Si j'avais un doute sur mon acceptation dans cette famille, ceux-ci se sont envolés. Anna est aux fourneaux tandis qu'Antton est assis à table buvant une tasse de café en lisant le journal. Il me regarde et me comprends automatiquement devant mon air ahuri.

- Tu croyais que j'allais faire peur à cette gamine mais à mon avis c'est plutôt toi.

- Mais qu'est-ce que tu racontes (toujours à ces fourneaux elle ne m'a pas encore découverte) je veux quelle se sente comme chez elle.

- Mais tu ne crois pas que c'est pas un peu trop ? (Il rit de la situation ce qui me fait sourire.)

- Rien n'est jamais trop. Pandora le mérite, elle n'a pas eu la vie facile, je me dois de la lui rendre plus belle.

- Et c'est avec une quantité de nourriture astronomique que tu la gagneras à ton cœur ?

- C'est un bon début, tu ne crois pas ?

            Elle se retourne avec sa cuillère en bois toujours à la main. Lorsqu'elle m'aperçoit celle-ci tombe au sol et répand une sauce au sol, je me précipite à genou pour l'aider. Je lis dans son regard son embarra, ces paroles sur mon passé, elle pense m'avoir blessé ou que cela ne la regardait pas. Mais elle ne comprend pas que c'est son aide et son soutient qui me permettra de me reconstruire. Je lui fais un bisou sur la joue et lui fais le sourire le plus beau espérant que celui-ci et mes yeux la remercie pour tous ces biens faits. Nous nous relevons et elle me fait signe de m'installer à table tandis qu'elle retourne à ses fourneaux, pour m'éviter ? Je ne veux pas qu'elle est de gêne avec moi, tous avaient si bien commencé entre nous.

- Thé ou café ? (Antton vient au secoure de sa femme, ils se complètent parfaitement.)

- Café, merci.

- Un autre point commun, on va bien s'entendre (ponctué par un clin d'œil).

           C'est à ce moment qu'Anna décide de me faire face, je vois dans ce regard qu'elle est en plein doute et que son cerveau doit tourner à mille à l'heure pour chercher la façon de réamorcer la conversation d'un ton beaucoup plus léger. Elle inspire un bon coup et se lance :

- Pardonne-moi, je n'aurais pas dû évoquer ton passé devant Antton et de toute façon cela ne me regarde pas. Je n'aurais pas dû exprimer à haute voix mes pensées.

- Il ne faut pas s'excuser (je regarde Antton), j'ai réussi Antton.

- Bravo, ma belle mais je n'en doutais pas.

           Il me sourit tendrement tandis qu'Anna est incrédule face à nous ne comprenant pas mon revirement de conversation et du rapprochement que je pouvais avoir avec son mari. Toutes ces questions sont aux bords de ces lèvres mais elle ne veut pas aller trop loin encore une fois, alors elle se force à s'abstenir. Mais je ne veux pas la laisser dans le doute, elle ne le mérite pas.

- Ce matin j'ai vouvoyé Antton et il m'a rappelé les règles. Je lui ai expliqué que cela était très dur pour moi, il m'a donné quelques conseils.

- Tes conseils ont marché pour une foi ? (Elle me sourit, la voilà rassurer.) Tu as de la chance Pandora habituellement ses conseils sont très souvent à côté de la plaque mais cela ne nous empêche pas de l'aimer.

- Et la prochaine fois tu ferais bien de m'écouter j'ai quelques fois de bonnes idées ou c'est peut-être la gamine qui m'inspire.

- Je pencherais pour la seconde hypothèse (lui répondit-elle en riant)

- Je vous remercie de l'accueil que vous m'offrez et de votre aide. Ana il ne faut pas te plier en quatre pour moi même si j'ai quelques fêlures. Mais j'avoue que cela fait du bien. Il faut me traiter comme tout le monde.

- J'ai toujours rêvé d'avoir une fille alors j'en profite, tu as quelques années de moins que mon fils, tu pourrais donc l'être.

- J'en aurais été honoré. Et ne t'empêche pas de dire ce que tu penses que ce soit sur ma vie ou mon passé. Vous êtes tous les deux au courant cela ne sert à rien de se cacher et cela fait du bien de trouver des personnes qui me croit.

          Antton tape son poing très fort sur la table ce qui me fait sursauter. Je peux lire dans son regard de la colère mais de la peine aussi.

- Bien sûr que nous te croyons.

- Ne lui fait pas peur (elle lui jette son torchon à la figure ce qui nous fait tous rire).

- Enfin bref, tout ça pour dire que nous sommes là comme je te l'ai dit hier.

- Merci encore.

- Arrête de nous remercier, t'avoir à la maison nous change de notre quotidien et notre fils passe rarement à cause du boulot. Tien en parlant de cela quand tu seras prête je t'emmènerais à ton futur travail pour que tu fasses un peu de repérage des lieux car comme tu le sais tu commences ce soir.

- OK. Mais je suis prête, nous pourrons y aller quand vous voulez.

- Pardonne-moi... Je ne veux pas critiquer tes choix vestimentaires, mais...

            Je me contemple de haut en bas, ma tenue est assez banale. Elle n'est pas provocante, plutôt sage vu que la jupe ne relève même pas mes genoux et je n'ai pas de décolleté ayant un col bateau. Je suis désemparé, je ne vois pas ce que j'ai fait de mal. Devant mon égarement, elle vient à mon secoure, je comprends de qui tient son fils de toujours vouloir aider les autres.

- Tu es très jolie n'en doute pas mais...

- Ça c'est sur elle est toute mimi la gamine

- Mais nous allons en bord de mer et il va faire très chaud aujourd'hui, sans compter que tu vas travailler ce soir. Tu n'as pas plus tôt un t-shirt. C'est pour toi que je dis cela, j'ai juste peur que tu es un peu chaud, mais si tu te sens bien il n'y a aucun problème pour moi.

- Je ne peux pas, mettre plus court... je suis désolé (mes yeux se baisse je retiens obstinément mes larmes. Je ne veux pas qu'ils voient ma tristesse.)

- Ce n'est pas grave alors. Tu es très belle.

- ...J'ai encore des marques (je chuchote), c'est l'habitude je ne veux pas qu'on me pose des questions au moins je n'ai pas le besoin de mentir.

             Ma révélation les a rendus muet, il ne s'attendait pas à cela. Je me dois de les rassurer, cela fait partie de mon passé. Mon passé est écrit sur mon corps comme une encre indélébile. Il me permettra de ne jamais oublié par quoi je suis passée.

- Ne vous inquiétez pas pour moi s'il vous plait, vous m'avez sauvé et ces marques que je porte sur ma peau appartiennent au passé, elles me rappellent pourquoi je me suis sauvé.

- Tu es si forte et si courageuse (Antton m'attrape la main et je vois du coin de l'œil qu'Anna s'essuie rapidement le coin des yeux).

- Je ne suis ni l'un ni l'autre m'ai j'espère le devenir. Ces derniers jours plusieurs personnes m'ont appris ce qu'étais le courage. J'espère de tout cœur le devenir, pour l'instant je ne suis qu'une victime en fuite.

- Crois-moi tu es courageuse (antton me serre brièvement encore la main et retourne à la lecture de son journal comme si de rien n'était)

- Mon mari à raison sur ce point, je suis heureuse d'avoir écouté Ludivine tu es une jeune fille extraordinaire qui méritait d'être connu. Tu ne penses pas être courageuse moi je pense que si mais si tu ne le pense pas tu es sur la bonne voie. J'espère qu'ici tu trouveras ce que tu cherchais.

             Je finis mon déjeuner en silence savourant chaque bouché, en découvrant de nouvelle saveur avec les confitures et les jus de fruits. Pour la première fois le silence ne m'oppresse pas. Les silences des personnes autour de moi ne sont pas malsain mais bienveillant. Même si chacun feint d'être plongé dans sa tâche je sens leur regard en coin. Ils dégagent de ces deux personnes tellement d'amour, de confiance et ils croient tellement en moi que ma bulle d'espoir grandit encore un peu plus. Ils pensent que je suis courageuse moi je ne le pense pas mais je le serais bientôt je leur en fait la promesse.

Le courage est le prix que la vie exige pour accorder la paix. Amélia Earheart. 

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