chapitre 99 : une preuve compromettante

LAÏTHAN

Le Colonel avait la tête couché sur son bureau, du sable venait le couvrir car la porte de sa tente était à moitié ouverte. Il se redressa avec la marque de la pile de dossier sur la joue et vint se mettre à côté de la porte, les bras croisés derrière le dos. Son Régiment... La chose dont laquelle il était le plus fier, ressemblait plus à un camp de fantôme à présent. Le sable vint tout frapper comme s'il essayait de tout faire balayer, c'était quelque chose de terrible à voir. Il prit une grande inspiration car il sentait des larmes monter à ses yeux, tout allait mal dans sa vie, si terriblement mal... Sa femme venait de refaire une grande crise due à sa sclérose et sa fille paralysé annonçait qu'elle se faisait harceler au collège, sans parler du bordel dans lequel il était personnellement. Un Major gradé dans la spécialité informatique s'approcha du Colonel avec une clef USB, il enleva ses lunettes avant de se présenter respectueusement et de lui expliquer

- Colonel, voici ce que vous avez demandé, c'est tout ce que j'ai pu récupérer de la vidéo-surveillance du Bunker, j'ai eu du mal à tout trouver mais...

- c'est bon, ça me suffira amplement, juste de quoi savoir globalement ce qui s'est passé dans ce foutoir. Vous pouvez disposer, Major Ferguson.

il garda un instant la clef dans ses mains et après un dernier coup de vent il rentra à nouveau pour venir s'asseoir devant son ordinateur.

Laïthan passait déjà plusieurs heures devant l'écran mais il ne vit pas grand chose à part quelques ombres dans des couloirs tout aussi perdus les uns que les autres. Il décida d'avancer un peu et tenta de se gratter la barbe mais il dut très vite appuyer sur pause car les caméras venaient de changer de point de vue, ils indiquaient à présent un couloir qui donnait sur l'extérieur. On y voyait pas grand chose mais le Colonel Cole revint sur la vidéo et se rapprocha de l'écran, il y avait des reflets et des ombres à travers la porte, et il reconnu pendant un instant le corps de Jay et celui du Général Carter, puis soudainement un flash se fit et quelqu'un tomba au sol. Laïthan se rassit dans son siège avec lenteur tandis que la vidéo se brouilla après une explosion, il ne pouvait pas croire ni comprendre ce qui venait de se passer. Il ferma le clapet de son ordinateur et posa une main sur sa bouche, Jay avait tué son père... Non, pas tué, exécuté... Le Colonel regarda avec panique la porte et se leva en vitesse, ce qui fit tomber sa chaise, il se rua vers le quartier des génies d'informatiques, malgré l'heure, de toute façon, ils étaient toujours les derniers à dormir. L'officier manqua de peu de mettre à terre un jeune sergent et accourra dans la seule tente où il y avait encore de la lumière. Il vit le Major Ferguson assis devant plusieurs ordinateurs qui se leva lorsqu'il vit son supérieur essoufflé à sa porte.

- Colonel ? Qu'est ce que vous faites ici ?

- Major... à propos de ces images... Dites moi qu'ils ne sont pas partis au Texas...

Le concerné enleva ses lunettes un peu étonné et secoua la tête

- si, c'est parti il y a déjà une demi journée, les Services ont demandé tout ce qu'il fallait pour la mort du Général, il y a toute une investigation en cours ! mais ils n'ont pas grand chose, ça va demander des mois avant qu'ils craquent une preuve.

Le colonel retrouva son souffle en posant ses mains sur sa taille et demanda

- vous avez vu ce qu'il y avait sur ces images... Est ce qu'il va lui arriver quelque chose ?

- comme je vous l'ai dit, ça va prendre des mois à craquer ce que je leur ai envoyé.

un petit sourire vint se poser sur les lèvres du Major qui mit ses mains dans ses poches et Laïthan plissa les yeux d'incompréhension.

- je n'ai pas compris...

- c'est simple, je leur ai envoyé du boulot à faire, même le meilleur des agents de craquage vont mettre un bout de temps.

- pourquoi vous avez fait ça ?

- parce que c'est une bonne chose qu'il l'ai fait. Personne n'a le droit de nous faire ce que le Général nous a fait. Je n'ai pas le droit de ne pas leur envoyer les faits, mais le moins que je puisse faire c'est d'au moins ralentir l'inévitable.

Laïthan prit une grande inspiration et sourit en tendant la main vers lui.

- Le monde manque d'hommes comme vous. Loyaux.

Le Major serra la main du plus grand officier du Régiment et continua avec un sourire humble.

- je ferai tout pour mon pays et mes frères d'armes. C'est normal. De plus, j'en ai perdu certains lors de l'attentat sur la route nationale d'Abuja moi même, que justice sois faite.

Une fois à nouveau dehors, le colonel ne put s'empêcher de voir à quel point tout était calme et magnifique, à quel pont ce pays, une fois plongé dans le noir, était la plus belle chose qu'il ai vu. Les étoiles passaient dans le ciel comme une pluie de météores, c'était si reposant, si beau... La pleine lune brillait au dessus de lui comme une boule géante de lumière, et Laïthan n'arrivait pas à croire que sous d'aussi beaux cieux, les pires crimes pouvaient être commis. Malgré le retardement, Jay aurait des problèmes, très très vite, et pour la première fois depuis longtemps, le Colonel ne savait pas comment protéger ses hommes.

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