chapitre 92 : funérailles au soleil

Le soleil brillait grandement sur le cimetière ce jour-là, tout le monde était venu en ce 20 février 2036. Une minute de silence fut faite devant la trentaine de tombes qui étaient revenus du Nigéria, il y avait rarement autant de rapatriement de corps, surtout pas en aussi peu de temps. Nala eut beaucoup de peine à reconnaître ses compagnons de Régiment, propres et recousus... elle eut du mal à accepter des vêtements propres sur son corps encore bien endolori par les blessures et le reste. Ils étaient une petite centaine à être là, en demi-cercle autour des tombes couvertes de drapeaux Texans, accompagnés de leur photos de service officielles. Nala baissa les yeux vers ses gants blanches et joua avec le bout de sa fourragère, ce n'est pas qu'elle s'ennuya mais elle ne voulait pas être là, tout ceux qui rappelaient constamment cette horrible vérité sur la mort... Jordan à ses côtés, gardait la tête haute durant l'Amazing Grace, la plaie en forme de carré sur sa gorge, recouverte d'un bandage blanc, comme les autres membres de l'unité qui s'étaient fait piéger dans le bunker.

Une fois la cérémonie terminée et les cercueils mit en terre, la foule se dissipa peu à peu, les larmes des familles endeuillées furent essuyées dans des mouchoirs brodées de dentelle et ils rentrèrent tous. Nala n'avait pas osé venir revoir la mère des jumeaux Baker, elle n'avait pas le courage d'expliquer quoi que ce soit, de lui annoncer qu'elle avait laissé son fils mourir. Elle enleva ses gants de cérémonie et fit un tour parmi les croix blanches et les pierres tombales du cimetière militaire, elle remarqua que presque tout le monde faisait parti du Régiment de Halley, au moins 200 morts depuis ces 3 dernières années, c'était une catastrophe. De grands chênes taillés sillonnaient les côtés des chemins de passage et elle se promena à côté d'eux, le regard en l'air, voyant le soleil percer l'épais feuillage des arbres. Des oiseaux fredonnèrent doucement des mélodies enchanteresses tandis qu'ils voletaient à travers les branchages et la jeune femme rejoignit la lignée de tombes fraîches où figuraient celles de Colt et Bashille avec le vide dans l'âme. Elle s'arrêta devant et fouilla dans sa poche pour saisir la lettre que Colt lui avait écrite mais la rangea rapidement lorsqu'elle entendit quelqu'un s'approcher doucement d'elle.

- est ce que tu veux que je te raccompagne chez toi ?

La jeune femme tourna le regard vers Shayne qui était accompagné de Jay qui avait les mains enfoncés dans ses poches et les yeux baissés.

- ça va aller, je vais prendre le prochain bus.

Le lieutenant-colonel hocha la tête et après un léger tapotement sur son épaule s'éloigna de la rangée, sans que son cadet ne le suive.

- vous êtes finalement rentré ? Ça vous fait quoi ?

Demanda Nala avec pas beaucoup de volonté, comme si ses mots n'avaient pas d'importance ni la force de sortir de sa bouche.

- tu croyais que j'allais rester là-bas ? Mon unité s'est fait massacrer.

La jeune femme sillonna du regard la tombe où était marqué "Ci-gît Colt Terence Baker, compatriote, frère, fils, RIP" et Jay déboutonna avec difficultés sa veste de cérémonie mortuaire.

- quand t'étais toute seule dans ce désert... Tu croyais qu'il nous arriverait quoi exactement ?

- j'en sais rien... Je sais juste vous y étiez pas.

- quand ils nous ont trouvé, j'étais avec Maxsim.

Nala le fusilla du regard et gronda

- Vous n'aurez jamais du nous faire séparer... On aurait tous été vivants.

- Tu es en train de me dire que c'est ma faute ?

- Je dis juste que vous avez toujours été... Vous.

Nala avait jeté son dernier mot comme si c'était du poison et le capitaine ferma les yeux un instant mais quand il les rouvrit on put y voire toute la douleur du monde.

- arrête de penser que je suis qu'un connard, si je l'ai été ce n'était pour vous protéger et je peux te promettre que ça me fait autant mal qu'à toi d'avoir perdu autant. Pas qu'eux, mais beaucoup d'autres aussi, on a permis à ces fils de pute de nous prendre nos frères d'armes et on a perdu une immense bataille si ce n'est pas la guerre... Tu peux m'en vouloir autant que tu veux, qu'est-ce que j'en ai à foutre ? Mais je t'interdis de croire que ça me fait rien. J'ai perdu, autant que toi.

Nala ravala un sanglot et décolla ses yeux des pierres tombales.

- vous allez y retourner, peu importe qui vous perdez, d'ici 2 jours vous aurez tout oublié mais y'a un truc que vous n'oublierez jamais, c'est que vous étiez le seul dans toute cette prison américaine a vraiment mériter d'y être.

Jay l'attrapa par le col de son uniforme et menaça d'une voix froide.

- j'ai jamais frappé une femme de ma vie mais je serai bien tenté de le faire maintenant...

- allez-y, qu'est-ce que vous attendez ? Vous le ferez pas de toute façon, vous êtes un lâche ! Faites-le, vous êtes juste comme votre père.

Il la relâcha et recula d'un pas, choqué, Nala regrettait d'avoir dit ça dans un sens, Jay était très loin d'être comme son père mais elle était si en colère contre lui...

- est ce qu'un lâche aurait sauté d'un hélico de combat pour te rattraper ? Est-ce qu'un lâche aurait pu planifier toute l'évasion de cette maudite prison ?

- cette évasion a coûté la vie de plus d'hommes que si on aurait...

- Si on aurait quoi ? Attendu ? Tu crois qu'on aurait tous survécu un jour de plus comme ça ? Colt savait très bien ce qui l'attendait, il avait pris le risque autant que les autres, on savait tous dans quoi on s'embarquait.

Nala vit rouge et se retourna brusquement vers lui et le gifla de toutes ses forces laissant une marque rouge sur sa joue.

- C'est tout ce que tu as ?

Elle retenta son coup mais il attrapa sa main avant qu'elle n'ai eu le temps d'atteindre sa peau, il saisit son poignet et serra fort, la rage dans les yeux.

- Je te déconseilles très fort de ne pas continuer...

- Lâchez moi, vous me faites mal...

- C'est moi celui qui fait mal maintenant ?

La jeune femme se dégagea en retirant son poignet de son emprise et après un instant où elle le regarda desserrer sa cravate ce qui indiqua encore des grandes marques au niveau du cou, elle murmura.

- je vais rentrer.

Après qu'elle lui ai jeté un dernier regard, la jeune femme ravala sa douleur et tourna les talons pour se diriger vers la sortie du cimetière militaire. 

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