chapitre 81 : le visage d'un traître

JAY

Jay le sentait, ils allaient les sortir de là d'un moment où l'autre, il le savait. Il venait de passer tout son temps à observer chaque petit détail qui l'entourait, de sentir, d'attendre, d'écouter... Ce n'était pas facile avec les crises de panique de son unité qu'il devait gérer comme une bande d'enfants. Il profitait donc du temps de leur sommeil et faisait semblant de faire la même chose mais c'est là qu'il sentait le courant d'air qui apportait du sable, un sable fin et blanc... Le désert du Sahara. Il savait maintenant où il pouvait approximativement être, l'ennemi ne pouvait pas les avoir emmené si loin et avec le temps et le changement climatique, le désert s'était étendue jusqu'au sud est du Niger. Il savait comment sortir, il connaissait le bâtiment par cœur malgré le fait d'être confiné comme une souris, il fallait juste que l'ennemi fasse l'erreur de les questionner. Il regarda son unité dormir à poings fermés et s'interrogea... Comment cela faisait qu'ils dormaient aussi bien ? L'air se faisait drôle depuis quelques instants et même lui sentait ses paupières s'alourdir. C'est quand sa tête toucha le sol qu'il réalisa qu'on les faisait endormir dans leur cellules pour les faire sortir sans qu'ils se fassent voir.

Jay se réveilla d'un jet d'adrénaline sursautant sur place en haletant comme s'il venait de courir un marathon, accroché à une chaise, les mains et les pieds liés au meuble.

- Putain, ma vie est un constant déjà vu...

Il y avait trois personnes qui se tenaient, cagoulés devant lui, l'un d'eux était une femme, vu les courbes, c'était elle qui avait un Epipen dans la main, mais ils portaient tous des uniformes non marqués, c'était inutile, il savait de qui il s'agissait. Une odeur plus que familière vint l'effleurer et Jay continua en plissant les yeux.

- Tu peux porter trois mille cagoules, je sentirai ton odeur de pourri jusqu'à l'autre bout du monde... enlève ça, tu vas t'étouffer.

L'homme rit à son tour et fit un signe aux deux autres de partir de la pièce, ce qu'ils firent en claquant une lourde porte en métal. Jay rit aux éclats et pencha la tête en arrière.

- Je savais que t'allais nous faire un coup de pute hein... Mais ça ? tu prends des risques. T'es si désespéré à ce point ?

L'homme enleva sa cagoule et souriait en la jetant à terre.

- Pas désespéré, juste prêt à tout pour parvenir à mes fins.

- Donc, désespéré.

Jay regarda son père droit dans les yeux mais étrangement il avait vraiment l'air désespéré, mais comme si il essayait de protéger quelqu'un et c'était une grande première pour cet homme qui n'avait jamais ressenti une seule émotion. Nate ébouriffa ses cheveux gris et se rapprocha de son fils, le bruit de ses bottes parfaitement cirées retentissait à travers toute la pièce dans un écho assourdissant.

- Tout ce que je fais, c'est pour nous.

- Nous ?

- Mon pays. Appelle moi traître, appelle moi meurtrier, mets moi sur la chaise... Mais j'en ai rien à foutre. L'indépendance a causé tout ça...

Jay plissa les yeux d'incompréhension, il n'arrivait pas à suivre ce que disait son géniteur, mais il avait le sentiment que tout allait très mal se passer.

- Devenir libre est une grosse connerie, ça ne fais que diviser les pays. Personne n'a compris qu'on est arrivé à la fin de notre existence, personne à part moi et je dois venir en aide.

- Qu'est-ce que tu racontes ?

- Il n'y a plus assez pour tout le monde sur cette terre, se diviser ne fera qu'augmenter les tensions ! Pearson et Julian ont eu tort de croire que c'était ce qui allait améliorer notre situation, se baser sur l'économie de notre pays n'était pas une bonne idée, les caisses sont vides depuis longtemps ! Ils ont tout donné pour déchirer les conventions d'unité entre Etats ! Jimson si tu crois que l'amusement entre vous et les connards de Nixon c'est une guerre, tu te trompes, tu n'as encore jamais... jamais connu la guerre. Ne t'en fais pas, grâce à votre petite bande d'amateurs vous allez tous très vite pouvoir découvrir ce que c'est, mais si celle d'avant s'était arrêté parce que l'homme à leur tête a senti le pouvoir lui monter bien trop à la tête, cette fois ci se sera la Terre qui s'occupera de tous nous achever.

- T'es en train de me dire que tu veux des diamants pour sauver le monde ? Toi qui a tué ta propre femme et envoyé ses fils à la mort ?

La haine revint dans les yeux de Nate qui sortit un couteau dentelé de sa ceinture.

- Tu étais une erreur et tu as tout détruit... Tu n'aurais jamais du naître, trop tendre pour ce monde... Tu étais comme ta mère, pas assez comme ton frère, mais même lui m'a déçu en voulant te protéger... vous êtes ce qu'il y a de plus nocif sur cette terre, vous n'y avez aucune place... j'ai fait ce qu'il fallait, quand il le fallait.

- Tu as tué... Ma mère...

Jay sentit une colère noire l'envahir, si puissante qu'elle lui donna la force de briser trois de ses liens en plastique solidifié, celui de sa main droite et ceux de ses pieds ce qui lui permit de se lever et de frapper son paternel avec la chaise, mais il répliqua vite en le manquant de peu et avec son couteau le força à se rasseoir. Nate lui refit ses liens, doublement plus serrés et une fois assis, Jay s'aperçut que le couteau avait tranché sa joue sur quelques centimètres vers l'il.

- Et tu vas me tuer aussi ?

- Je laisserai quelqu'un d'autre faire ça, j'ai pas envie de me fatiguer avec toi, tu es plus qu'inutile.

Nate remit son brushing de George Clooney en place et se dirigea vers la porte en continuant sa menace

- Ne t'en fais pas, tu ne seras plus inutile pour longtemps.

Jay attendit que la porte se claqua derrière lui et soupira

- En effet, parce que je serai parti avant que tu n'ais eu le temps de faire quoi que ce soit...

Il sortit le couteau de la manche de sa chemise militaire, qu'il avait réussi à prendre lors de son altercation avec son géniteur et commença à couper ses liens malgré l'impossibilité des mouvements.

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