chapitre 8 : ascension carcérale

Quelques semaines après le Yémen, prison de Hutchin's State, Dallas, Texas.

JAY

- détenu 23-D, en rang !

Jay ouvrit les yeux avec beaucoup de difficultés et se leva de son lit. Il remit son écharpe et son autre chemise pour tenir ses 2 bras et avec un pas lent alla se mettre en rang devant sa cellule. Jay avait été déclaré coupable pour crimes de guerre contre la Nation représentative du Texas et incarcéré dans la prison Hutchin's State de Dallas en attendant sa salvation. Il ne pouvait ni dormir sur le dos, ni sur le devant de son corps ni sur les côtés alors il se contenta de rester assis et d'observer son camarade de cellule ronfler. C'était un gamin, un petit maigrichon blanc avec des des tatouages un peu partout, il avait l'air stupide, il tentait d'avoir l'air fort avec ça mais il faisait juste pitié. Un surveillant passa devant lui et s'approcha

- quelque chose à déclarer, détenu ?

Jay leva doucement les yeux vers le surveillant et dit

- absolument rien.

- tu cacherais pas quelque chose dans tes brassières ?

- c'est pas des brassières et non. 

- tu oses me répondre, détenu ?

Le surveillant détacha les chemises avec violence ce qui arracha un cri de douleur au capitaine qui s'écroula par terre. Son épaule gauche se remit à saigner quand il essaya de protéger son épaule droit et la barre de métal qui encourageait sa clavicule à pousser. 

- rien. Maintenant on va voir ce que tu caches...

Le surveillant rentra dans la cellule et commença à tout enlever, son matelas, son oreiller... Jay ravala ses cris et se releva contre le mur avec beaucoup de difficultés. Il ouvrit les yeux et vit les détenus de l'autre côté du couloir lui sourire et rigoler, ce qui déclencha une rage folle dans son coeur. 

- rien. T'as de la chance détenu...

Le surveillant le prit violement par le col de sa tenue orange et murmura à son oreille

- mon père était agent au Yémen. Tu l'as tué espèce de fils de pute... Et cette prison se sera pire que ta cave yéménite, ça tu peux me croire. Allez lève toi, maintenant !

Jay se retint de lui cracher au visage et avec ses jambes se poussa debout.

- voilà... C'était pas si compliqué ! Maintenant range ta cellule détenu, c'est un vrai bordel.

Jay remit doucement et avec beaucoup de difficultés ses chemises sous le regard malveillant de toute la prison.

Il passa sa journée a tenter de se reposer mais tout ce qu'il fit c'est de tenter d'arrêter le saignement de son epaule avec sa serviette. Son codétenu le regardait avec un sourire malsain et finit par lui demander.

- c'est quoi ton histoire, l'écorché ? 

- j'ai baisé ta mère et on m'a dit que j'allais représenter un risque sanitaire pour le monde, on m'a enfermé ici alors.

L'homme perdit tout de suite son sourire et se leva

- tu vas bien fermer ta gueule l'écorché, ici on me respecte...

- on te respecte ? Toi ? Bah putain...

Jay enleva sa serviette et put voir le sang qui s'était arreté, il avait coulé partout sur son thorax. Les soutures ouvertes, le jeune homme pouvait entrevoir la barre de métal qui tenait les morceaux d'os. Il grimaça de douleur tandis que son codétenu s'approcha avec le même sourire malsain.

- je m'appelle Anthony, mais tu peux m'appeler Tony.

- j'y tiens pas. Je tiens pas à t'appeler tout court d'ailleurs.

- je peux t'aider à supporter la douleur tu sais... Y'a des moyens...

Le dénommé Tony fit des gestes sur ses bras et Jay plissa les yeux

- mais c'est quoi ton problème ?

- je sais que t'étais un junkie. Ça se voit sur tes coudes.

Jay se leva et enleva son t-shirt taché de sang ce qui horrifia Tony qui s'assit avec tâtonnement sur son oreiller

- j'ai passé 3 mois dans une cave yéménite, à me faire ouvrir les veines une a une, à me faire frapper, à voir mon frère se faire torturer...

Les bandages étaient remplis de sang coagulé et de pourriture, après plusieurs semaines de non soins, ses pectoraux barres, les abdominaux déchirés, des plaies immenses montant jusqu'au cou et le dos... Le dos était une charcuterie.

- je suis pas un putain d'écorché mais un survivant, alors ta merde mal coupé tu peux te la garder.

Tony hocha frénétiquement la tête d'un air choqué et lui tendit son t-shirt

- tu devrais... Aller voir un médecin.

Jay rigola en l'arrachant de ses mains

- bien sûr. Bien sûr. 

Jay décida de sortir enfin se sa cellule après plusieurs jours et à son passage beaucoup d'hommes sifflaient. Un homme tatoué lui fit un baiser en forme de coeur et tous rirent. Mais le jeune amarillain les ignora et alla voir un surveillant, un homme de petite taille qui était entrain de manger un bagel à la moutarde.

- j'ai besoin de voir un médecin.

- y'avait pas un médecin dans ta grotte yéménite ? Circule ! 

- si vous m'emmenez pas maintenant chez un médecin je vais finir par tuer tout le monde dans cette prison avec l'odeur. 

- comme tu as tué tout ces agents ?

Jay soupira et sentit sa tête tourner, une sueur coula de son front et il commença à voir trouble.

- s'il vous plaît... Emmenez moi chez un médecin.

- on raconte que le plus dur c'est le PTSD. Tu vas bientôt descendre de ton nuage de morphine et commencer à comprendre ce que t'as vraiment fait. Je t'ai dit de circuler !

Il essuya la moutarde de son bagel et posa une main sur son arme de service et Jay se rapprocha avec difficultés 

- j'ai porté des armes toute ma vie, je suis l'un des meilleurs tireurs d'élite de tout le Texas... On m'a prit mes bras, mon frère, ma dignité... Je sais à quel point c'est facile de coller une balle dans la tête de quelqu'un sous prétexte de se sentir supérieur. Vous vaudrez pas mieux que moi si vous me laissez pas voir un médecin. J'ai toute... J'ai... Toute ma vie pour regretter ce que j'ai fait. Si vous voulez me faire payer, me laissez pas mourir maintenant d'infection.

Le surveillant le regarda un instant, posa son bagel et passa un appel à la radio.

- détenu 23-D en visite médicale.

La porte métallique s'ouvrit avec un claquement bien trop violent pour l'état de Jay qui trébucha avant d'y aller. 

- voiiiiilà, tout est arrangé, tout va bien maintenant, je vous ai aussi donné des anti inflammatoires ce qui va vous aider à supporter ce que tu traverses.

Le docteur Lloyd essuya les soutures avec de l'iso-bétadine et enroula presque l'entièreté de son corps avec une bande blanche chaleureuse. La douleur était un peu parti après le nettoyage et la coupure des peaux nécrosés. Le médecin était un homme d'une cinquantaine d'années avec des grandes oreilles et des lèvres tout à fait inquiétantes. Une calvitie laissait que quelques petits cheveux blancs sur le sommet de son crâne ce qui surlignait ses sourcils sombres et denses.

- votre clavicule... Vous vous sentez comment ?

- comme si elle était coupé en 2.

- elle a pourtant commencé a se ressouder. C'est excellent ! Le taux d'adrénaline dans votre corps fait le travail à votre place ! D'ici quelques jours vous allez rechuter très durement et les premiers symptômes psychologiques vont apparaître, des troubles de reconnaissance, des insomnies... Ce qui va guider aux névroses et possiblement un PTSD. Vous allez devoir avoir un suivi, un très bon suivi... J'ai recousu 6 plaies dans votre dos, notamment la plus grande dans votre colonne vertébrale, je vous déconseille de dormir allongé, évitez tout contact avec l'eau, lavez vous à la main et gardez bien vos chemises de soutien.

Le docteur enleva ses gants et dit d'une voix plus basse et malsaine

- si vous voulez, je peux vous donner de quoi dormir en échange de...

Le docteur porta ses mains à sa ceinture en se pourléchant les lèvres ce qui dégouta Jay qui grimaça

- je préfère mourir.

Il fronça les sourcils et jeta les gants dans la poubelle à côté de lui.

- c'est vrai ? Pourtant j'ai lu votre dossier, vous aimez beaucoup l'héroïne non ?

Jay remit ses cheveux en place qui commençaient à devenir longs sur son front et le dégradé de son cou commençait à repousser.

- comme je l'ai dit, je préfère crever que ne serait ce que voir vos coudes. 

- à vous de voir. Vous pouvez partir maintenant, un surveillant vous raccompagnera. Sanchez ? Raccompagnez Carter dans sa cellule.

Le surveillant Sanchez était un homme énorme et barraqué qui n'arrêtait pas de tenir un petit élastique rouge sur lequel il tirait de temps en temps, il avait une carrure qui rappela quelque chose à Jay qui plissa les yeux. Il remit son t-shirt avec bcp de précautions et sortit dans le couloir sous le regard malsain du docteur Lloyd. Le nouveau détenu gratta sa barbe mal rasé qui poussait sur son cou et rejoignait ses cheveux sur ses joues, il n'y avait que lui et Sanchez dans le couloir, marchant doucement vers le bloc C où il était enfermé. Jay descendit les yeux vers le Glock 37 à sa ceinture et sentit un petit fourmillement d'excitation dans son ventre, ou peut être que c'était juste les soutures qui l'irritait.

- je faisais parti de l'armée vous savez...

Jay releva la tête et plissa les yeux.

- toutes mes condoléances.

- pourquoi ça ?

- parce que faire partie de l'armée c'est une belle connerie, voilà pourquoi, ils finissent toujours par te poignarder dans le dos ou vous laisser dans une grotte yéménite.

Sanchez l'arrêta d'une main et dit

- j'ai servi sous les ordres du Colonel O'hara, au Mexique. Vous étiez la et j'ai vu que vous étiez pas un lâche encore moins un traître et je sais que il n'y a rien à blâmer pour ce que vous avez fait, même si c'est une vrai tragédie.

Jay ricana et se rappela

- Caporal Grover Sanchez... Bien sûr... Vous aviez ordonné à vos soldats de prendre soin de chaque enfant dans les camps de réfugiés. 

- j'ai fait que mon travail.

Jay hocha la tête et lui tapota le bras d'une main valide

- vous aviez raison, très bon travail caporal.

Mais il s'arrêta et s'excusa

- Surveillant Sanchez.

- vous en faites pas. Merci capitaine Carter. 

- il n'y a plus rien qui fait de moi un capitaine.

La porte du bloc s'ouvrit avec un bruit automatique sec pendant que le surveillant demanda

- pourquoi vous pensez ça ? On a tous le droit de faire une erreur...

- regardez où on est. Vous êtes libre et moi... Je purge ma putain de peine.

La porte se referma et Jay rejoignit sa cellule sous le regard de tout les prisonniers.

- c'est quoi ton nom, le survivant ? Tony n'avait pas perdu son intérêt pour Jay mais avait commencé a le regarder avec plus de crainte

- Jimson.

Jay avait reçu aucune dose de morphine et l'adrenaline dans son corps baissait de minute en minute ce qui le fit voir trouble de douleur.

Il était assis sur sa paillasse observant avec indifférence un trafic d'armes blanches juste en face de sa cellule. Pathétique. 

- Jimson hein... C'est joli comme prénom.

- c'est un prénom de merde.

Piqué au vif par l'ennui, Jay se tourna vers son camarade de cellule et demanda

- t'es la pourquoi toi ?

- prostitution sur voie publique et outrage à officier, j'ai prit 2 ans.

Jay ricana et soupira

- putain de ricain.

- comme tu sais ça toi ?

Dit il vexé en fronçant les sourcils.

- parce que t'as l'accent du Kansas.

- t'es raciste envers ton propre pays toi ?

- Texan pur souche, jamais souillé depuis que mon ancêtre a baisé une indienne.

Au moment où Tony allait répondre un petit groupe d'hommes musclé d'origine latine entrèrent dans la cellule, dont le dirigeant se montrait menaçant

- t'as mon fric Tony ? 

- je l'ai juste ici, Thiago.

Il alla chercher une petite liasse d'argent qui était caché dans la taie de son oreiller et lui tendit en échange un petit sachet.

- c'est tout ? 

- t'as eu un retard de paiement la dernière fois alors t'en as moins cette fois ci.

Gronda Thiago. Jay soupira et se gratta la tête contre le mur sans l'usage de ses mains. 

- t'es allé chez le docteur, 23-D ? Tu lui a léché les...

- non, j'ai pas fait ça.

Le chef des latinos s'était rapproché du blessé avec un sourire et finit par en rire.

- quand moi je suis arrivé ici j'avais le bras cassé, la douleur était... Horrible ! C'était mon père qui me l'avait pété pour avoir baisé sa copine du moment, j'y pouvais rien, les colombiennes me rendent dingue ! Je suis allé chez ce malade et il m'a dit que pour une petite pipe il me donnerait des oxy. S'il te pose des problèmes, 23-D, je lui ferai ce que je lui ai fait à ce moment là et il t'embêtera plus jamais.

Jay plissa les yeux et demanda

- en échange de quoi ?

- qu'est ce qui te fait croire que je veux un truc en échange ? 

- on est en prison.

- le Mexique... ce que toi, t'as fait pour ma famille je l'oublierai pas.

Thiago tendit la main vers lui et continua

- merci, capitaine.

Jay sourit faiblement et secoua la tête

- je peux pas trop te serrer la main là mais j'y penserai si je survis.

- tu veux quelque chose pour ça ? J'ai tout ce qu'il te faut.

- je tiens pas à retourner dans ce trou là. 

- t'es sûr ? 

- ouais. je souffrirai comme je dois souffrir, je suis responsable de mes actes.

Le coeur de Jay se serra tellement fort qu'il cligna les yeux pour faire évaporer les larmes qui sillonaient ses paupières. L'alarme qui indiquait le repas du midi sonna et Thiago l'invita

- viens manger à notre table, tu y seras là bienvenue.

Jay avait été le seul blanc respecté dans le clan des latinos durant encore 4 mois et demi avant d'avoir eu une visite du Major Abrahams qui lui avait promis de relancer le procès. Après 2 jours au Tribunal, passé tout les arguments en revu et les débats lancé, Nolan avait redonné la liberté à Jay, le jeune homme avait recouvert toute sa mobilité et sa clavicule s'était remis en place, il avait suite à ça suivi un immense programme de réeducation qui l'avait certes épuisé mais remis à neuf. Nolan lui avait dit ce que Shayne avait fait mais il était déjà reparti en mission, au Gabon, à la signature des Traités d'Afrique. Jay s'etait battu pour sortir de tout le choc aussi physique que mental mais il n'avait qu'une seule idée en tête : la vengeance et le prix du sang, alors après une demande de deploiement, il fut envoyé au Nigeria.

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