chapitre 71 : BOUM

JORDAN

La déception était ce qu'il y avait de plus insupportable durant les prochains jours qui ont suivis le nettoyage de Bemmin Kebbi. Laïthan avait envoyé plusieurs troupes sécuriser Abuja, le siège de Needle-Town avait commencé, tout les petits villages alentours avaient été évacués, et des remparts avaient été construits autour de la ville. C'était une chose que de trouver les mines, c'en était une autre que de s'en prendre à la capitale du pays, le fait qu'ils les trouvent ce n'était plus leur souci principal. Le temps avait changé, c'était comme si les nuages étaient tombés sur leur tête, laissant le ciel gris et menaçant à longueur de journée, il était très difficile de respirer et il était encore plus insupportable que de ne plus savoir quoi faire.

Un après midi pesait sur la base de Halley qui devenait un peu plus fortifié chaque jour. Tout le monde s'était rendu dans la grande bâtisse de contrôle d'aviation de l'Armée de l'Air, une grande mission se présentait pour les hommes de Nikaïl Grover qui couvait les écrans de contrôle avec un regard protecteur, les bras croisés sur son torse très serré dans sa chemise militaire. Jordan se glissa à travers toutes les personnes qui observaient les rangs d'ordinateur et l'écran immense qui reflétaient les données. Il aperçut Bashille, une jambe assise sur l'une des tables, regardant comme les autres ce qui allaient se passer dans quelques instants et vint le rejoindre.

- Hey, où sont les autres ?

- J'en sais rien, pas ici.

Le jeune homme se tourna vers l'écran, d'où sortaient les voix des pilotes qui dirigeaient la mission, un peu à l'est du pays, en bordure de jungle et du désert. On vit les caméras surpasser des avions de chasse surpasser des terrains vierges, presque innocents, ainsi que le désert qui envahissaient peu à peu les troncs d'arbre asséchés. Jordan baissa le regard vers son anneau de mariage et demanda à Bashille

- Je peux te parler à propos d'un truc

- Dis-moi ?

Fit son ami sans toutefois quitter l'écran des yeux.

- Kaïa a enfin pu m'atteindre, elle était en panique après avoir vu tous ces trucs à la télé.

- Merde, je suis désolé... Elle a du être terrifiée, ça fait combien de temps que t'as pas pu lui parler avec toutes les restrictions ?

- Ça va faire un mois.

- Elle va bien ?

- A ton avis ?

Bashille pencha sa tête d'un côté pour suivre l'une des embardées des avions et après un court instant où on entendit l'un des pilotes donner l'information à propos de sa localisation il se tourna enfin vers lui, un sourire rassurant sur ses lèvres.

- Je suis vraiment désolé d'entendre ça.

- Je crois qu'elle veut en finir.

- Quoi ? non tu peux pas dire ça, je pense que tu es parano.

- Elle arrête pas de parler de ce gars qui la soutient...

- Elle veut te rendre jaloux, ça c'est clair, il faut pas que tu t'imagines des trucs. Après tout je la comprends, tu viens, tu lui dis que tu veux rester avec elle et que tu quittes l'armée, tu te maries... Puis ensuite tu repars quand même. Au dernier moment qui plus est !

- Je sais que c'était pas super malin, mais j'avais pas les couilles de tous vous laisser dans cette merde et apparemment j'ai eu raison !

Fit Jordan en indiquant l'écran du bout du menton. Bashille se mordit la lèvre en décroisant les mains de sa jambe assise sur le bureau et soupira

- Tu dois pas t'en faire, tu vas revenir bientôt de toute façon, d'ici un mois on a le droit de revenir au Texas, tu prendras une décision parce qu'elle va t'en faire imposer un.

- Et si je peux pas choisir ?

- T'es un mec, évidemment que tu peux pas choisir entre ta carrière et ta femme. Mais sur ce point là je peux juste te dire que tout ce que l'armée te propose c'est des risques, des risques qui éventuellement vont s'arrêter car tu seras trop vieux, trop abimé. Ta femme, c'est ta vie, quelqu'un dont tu as juré devant Dieu de prendre soin d'elle jusqu'à ce que tu chies dans des couches avec des rides pleins la peau.

- Tu penses que je dois quitter l'armée alors ? Pour de bon ?

Bashille soupira en le regardant avec un léger doute mais finit par lui expliquer, avec un sourire

- Je pense avant tout que si tu restes, tu vas te faire beaucoup plus de mal que tu ne le crois. Pire, tu vas devenir comme Jay.

Jordan esquissa un petit sourire et les deux camarades rirent de bon cur.

- Merci, Bashille, ce mec est mon idole de toute façon

- Pour qui il ne l'est pas ?

- Euh... Mon jumeau ?

- Colt ?

- J'en ai beaucoup des jumeaux ?

- Non, je veux dire...

Bashille lui fit signe de se retourner et après un petit regard surpris il vit son frère parler avec l'une des pilotes, une jeune femme qui, admettons le, était très belle. Des beaux cheveux bruns foncées et bouclées, un teint légèrement matte, typiquement latin et de grands yeux verts. Jordan fronça les sourcils et Bashille demanda

- C'est quoi ce bordel ?

- J'en sais rien, il passe peut-être à autre chose, c'est bien, non ? C'est ce qu'on lui a tous dit de faire...

La jeune pilote avec qui il parlait, plaqua une main sur sa bouche pour éviter de s'esclaffer de rire et Bashille gronda en soufflant sur l'une des mèches de ses cheveux.

- Je ne l'aime pas.

- Parce qu'elle rigole à ses blagues ?

- J'aime pas quand on exagère, Colt n'est pas si drôle que ça.

- Vous êtes là, on vous cherchait !

Nala et Maxsim les rejoignirent à ce moment précis et Jordan indiqua l'écran pour éviter que la jeune femme regarde dans la direction de Colt

- Vous arrivez pile à temps ! ils sont arrivés.

Les caméras indiquèrent une place fortifiée au sein des arbres et le chef des troupes de l'armée de l'Air, le Major Nikaïl Grover se pencha en posant ses deux mains à plat sur la table et sans quitter l'écran des yeux, ordonna dans le micro.

- Larguez.

Au moment où il le dit, une bombe vint s'abattre sur la place fortifié et tout le monde applaudit, certains en sifflaient même. Jordan tourna la tête un instant pendant que tout le monde salua l'adieu du dernier refuge de Boko Haram registré sur le territoire Nigérian, il vit Jay s'éloigner les mains dans les poches et la tête si basse que ses mèches se pendaient au sol comme une cause perdue. Pourquoi il était toujours aussi maussade même dans les seuls petits moments de bonheur accordé ?

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