chapitre 17 : Docteur Carter
- pourquoi vous restez ?
Jay tourna la tête vers Nala et souleva ses épaules avec un geste désinvolte.
- t'as vraiment du mal à comprendre ? Mon unité, mes responsabilités.
La jeune femme sourit avec faiblesse et cala sa tête sur l'oreiller pour mieux le voir.
- c'est la seule raison ? Parce que vous voulez bien faire votre métier ?
- je... Non, évidemment que non.
- pour quelles autres raisons alors ?
Le jeune homme bailla et finit par dire après un court instant.
- parce que je trouve que c'est vraiment dommage de gâcher ton potentiel.
- vous êtes un vrai connard.
- je sais, c'est pour ça que je suis plus gradé que toi. Regarde moi bien, j'ai l'air d'un type sain mentalement ? Absolument pas, mon dossier psychologique est plus long que le casier judiciaire d'un détenu de Guantánamo.
Nala fronça les sourcils et sentit la même haine monter à l'égard de lui que la première fois elle a eu à faire avec lui.
- vous vous croyez supérieur ?
- pas du tout. Ni plus intelligent, ni plus fort que le moindre con dans ce monde. Mais contrairement aux autres, il me manque quelque chose.
- ah ouais quoi ?
- tu veux vraiment savoir ?
Nala releva un peu la tête et il dit avec une légère pointe de douleur.
- moi, on m'a enlevé ma vie, mon âme. J'ai rien qui me lie à cette Terre ce qui fait de moi un excellent combattant, parce que j'ai rien de plus à perdre. tu comprends ?
- non.
- peu importe. Toi, en revanche, tu t'attaches à cette vie et aux gens qui t'entourent, ce qui te donne une faiblesse, tu as des points de colère, tu te bats pour des causes dans lesquels tu crois, comme tu crois te battre en ce moment même pour quelque chose qui vivait dans ton ventre. Plus tu nies, plus tu deviens faible et tu ne survivras pas dans ce monde.
- vous êtes entrain de me dire que je suis faible parce que je suis touchée par le fait d'avoir perdu mon bébé ?
- non. Ça ferait de moi le pire des connards, non ?
- je commence à le croire très très fort.
Gronda Nala en plissant les yeux avec menace et il s'avança en essayant de remettre en place ses cheveux devenus gras.
- c'est bien de se battre pour des causes, c'est bien d'être fort, c'est bien de ressentir quelque chose... En revanche il faut séparer les choses entre elles. Si tu es vraiment blessée par le fait que tu ai fais une fausse couche et si t'as besoin d'aide, retourne au Texas, près des gens qui peuvent t'aider et on comprendrait tous. Si tu veux continuer à te battre pour les causes dans lesquelles tu crois, restes et on sera tous là pour t'aider. Mais attendre jusqu'à ce que tu prennes racine dans ce lit... N'arrangera absolument rien ni personne. Prendre une décision, c'est ça le plus dur à faire dans la vie, j'en fais tout les jours et chaque fois je me couche ma conscience vient bousiller mes nuits parce que je prends la décision de tuer des gens le lendemain. On vit en enfer, Nala, à nous de rendre l'enfer un peu plus agréable à vivre.
La jeune femme se releva jusqu'à être assise et se protégea les jambes avec la couverture.
- à votre avis, je dois faire quoi ?
- j'ai pas le droit de te dire quelque chose comme ça, tu dois prendre cette décision toute seule. C'est très dur mais on dit que boire ça éclaircit les idées.
Le capitaine lui tendit une bouteille d'eau avec un sourire et après une hésitation, Nala prit une petite gorgée et il fit de même après elle.
- je sais pas où j'en suis.
- je m'en doute. Prends le temps de bien réfléchir.
- c'était peut être même pas un vrai enfant mais rien que l'idée... J'en sais rien.
- si tu en parlais au père ?
Nala tourna un regard assez surpris vers lui et secoua la tête.
- il n'est pas ici.
- ça je sais, mais tu devrais lui en parler.
- et lui dire quoi ?
- encore une fois, à toi de voir.
- je veux plus jamais lui parler ou entendre parler de lui.
- très bien, ton choix. Mais en parler ça fait toujours du bien.
- je veux rester ici, je veux me rendre utile, je veux pas m'apitoyer sur mon sort.
- t'es sûre ?
- oui.
- bon et bien tu resteras. J'ai entendu que les cons de la SCI ont des psys, si jamais tu ressens le besoin de parler, tu pourras aller en voir.
Nala sentit son coeur se réchauffer lorsqu'elle le vit sourire, qui aurait cru que Jay était le genre de personne à la faire sortir de son vu de mort...
- marché conclu.
- Dors maintenant, tu vas en avoir besoin.
Après un dernier petit regard vers Betty qui dormait tranquillement au pied du lit, Nala ferma les yeux et s'emporta presque immédiatement dans le monde des rêves où elle, malheureusement, vit Nash.
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