chapitre 16 : conscience troublée
Nala passa une semaine dans la tente de Sarah sans décrocher le moindre mot à peu importe qui, allongé dans les draps blancs, une piqûre de glucose implanté dans le creux de son coude. Betty était venue s'installer à côté du lit de la jeune femme qui de temps en temps caressa sa tête lorsqu'elle geignait. Tous ses amis avaient essayés de venir la rassurer, lui demander si elle allait bien, tout le monde sauf Jay. Tant mieux, pensa t elle, elle ne voulait voir personne de toute façon, elle voulait juste s'infiltrer de plus en plus dans ce lit et disparaître de la surface de la Terre. Elle était blessée au plus profond d'elle même, touchée d'une telle façon que seules les mères pouvaient l'être, certes elle ne savait pas du tout qu'elle était enceinte et en plus c'était à peine un ftus qu'elle avait perdu, pas un enfant qu'elle avait élevé mais même. Le jour succéda à la nuit et la nuit succéda au jour, les passages se firent nombreux dans la tente, Colt venait tout les jours malgré qu'il savait que ce n'était pas lui le père. On ne lui avait pas dit, mais il le savait, il n'était malgré tout, pas du tout en colère, au contraire, très inquiet. Il avait beau lui parler, lui tenir la main, Nala ne bougeait même pas d'un sourcil, alors il partait, la mort dans l'âme. Sarah disait rarement quelque chose quand elle venait changer ses poches de glucose, elle lui rappelait juste de manger et de bien boire et de lui signaler si elle avait mal, elle paraissait très inquiète pour elle mais tenait à la respecter. Shayne était venu une fois, mais il était très maladroit et d'une mauvaise blague à une autre, il s'était enfoncé dans un gouffre de propos profondément désobligeants et déplacés, la docteur avait du le virer à coup de gants. Nala n'avait pas touché un semblant de nourriture depuis toute une semaine et ne buvait que rarement, elle commençait à perdre ses couleurs et ses yeux devinrent ternes. On disait que ceux qui revenaient d'une tentative de suicide avaient des petites poches noires sous les yeux ou juste une ombre qui collait la couleur de l'iris, quelque chose était marqué dans le regard ce qui était le cas de Shayne, il avait un regard plus sombre que Jay hormis la couleur. Nala n'était certes pas revenue du tunnel mais elle avait déjà de larges poches sous les yeux. Une nuit, lorsqu'elle observa le plafond, elle entendit des petits pas s'approcher d'elle et elle releva la tête vers le nouveau venu. Jay... Il était là, les mains dans les poches d'un pantalon cargo noir, sa ceinture de service tintillait à chaque pas, un pan de son t-shirt blanc le recouvrait. Il se contenta de s'asseoir sur un tabouret à côté de sa chaise, les mains sorti de ses poches, il les croisa sur ses genoux et dit d'une voix douce, d'une telle douceur qu'on ne croirait même pas que c'était lui qui parlait.
- je vais rester assis ici, sans boire, sans manger, sans parler, exactement comme toi et je le ferai à condition que toi, tu le fasses. Je te laisserai pas seule.
Nala tourna les yeux vers lui un instant mais ne dit rien et se remit sur son côté en lui tournant le dos.
Jay tenait promesse, les 2 prochains jours où elle ne but même pas une gorgée d'eau, ne mangea pas un quignon de pain, il fit de même. Sa barbe avait commencé à pousser au niveau de sa gorge et montait avec douceur sur le haut de ses joues, il avait l'air d'un ourson mal léché par sa mère, ses cheveux caramel plus long de son front étaient en piques sur sa tête ce qui relevait des petites cicatrices d'enfance, sûrement les coups de son père. Nala refusait encore de faire quoi que ce soit mais bientôt le vide son âme fut remplacé par l'irritation, elle n'aimait pas qu'il soit juste là assis entrain de rien faire. Shayne et le colonel Cole essayèrent de lui faire entendre la raison mais il s'obstinait à rester. Une nuit, Nala pensa pour la première fois à Nash et se posa la question "est ce que ça en a au moins valu la peine ?" Non. Voilà la réponse, ça en avait pas du tout valu la peine, elle voulait juste oublier Colt et voilà ce que ça lui a donné. Nash... Ce prétentieux... Pourquoi est ce qu'il avait absolument voulu venir ? Nash, Nash, Nash... La jeune femme serra le poing qui craqua sous l'effet de l'effort. Elle se détestait, se détestait d'être tombée dans le piège de son charisme, ce maudit sourire de business-man qu'il devait utiliser pour de très nombreuses choses. Jay enleva ses lacets trop serrés de ses bottes militaires noires grâce au faisceau de lune qui s'infiltrait et enleva sa ceinture pour la poser sur l'une des chaises à côté, faisant miroiter le canon de son arme de poing. Le natif d'Amarillo se rassit dans sa chaise, les jambes croisés sur une autre et se gratta la barbe avec ferveur lorsque Nala se tourna vers lui et pialla son premier mot.
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