Chapitre 38 : Un inconnu bien famillier

Lucy Heartfilia

Je ne veux pas le rencontrer.

Je ne veux pas voir son visage, connaître son nom, apprendre à me faire gérer par lui. Je refuse. Je refuse catégoriquement toute forme d'entente, d'amitié ou plus encore avec lui. Je ne veux même pas le connaître. J'aurais voulu qu'il ne vienne pas au monde, qu'il ne me rencontre jamais, ainsi, je pourrais vivre normalement. Je pourrais garder mon quotidien, mon coeur ne souffrira pas. J'ai besoin de travailler, grandir, mûrir, mais, ne le suis-je pas suffisamment ? N'ai-je pas l'âge où je devrais vivre seule, avec mes propres moyens ? N'ai-je pas l'âge où je devrais commencer à aller de l'avant ?

Dix-neuf ans, j'ai dix-neuf ans aujourd'hui. Alors pourquoi me laisser entre les mains de cet énergumène, cet être indigne de confiance. Je ne le connais pas. C'est un homme en plus. Comment voulez-vous que je veuille le rencontrer ? Je n'ai pourtant jamais eu aucun mal à me faire des amis, ou même à vivre avec des inconnus. Mais cet homme, dont je n'ai jamais vu le visage, à qui je ne pourrais jamais faire confiance, ne pourra pas être traité comme un ami.

Je ne veux pas revoir un autre homme que Natsu. Je l'ai déjà attendu un an et demi, et j'attendrais plus encore s'il le faut.

"Il est là~ ! Sourient les filles en choeur."

Mirajane, Reby, Jubia, Wendy et Erza se sont incrustées chez moi et ont déclaré qu'elles avaient inviter un autre garçon pour que je puisse vivre avec un autre homme quelques temps.

Quelle idée idiote !

Et c'est pas la première fois qu'elle me font le coup...

"Qu'il aille s'occuper d'une vraie femme en détresse va. Soufflais-je.
-Jubia ne voit pas la différence. Lâche la femme d'eau."

Énervée et légèrement frustrée, je décide d'ignorer sa remarque et de monter le son de ma musique dans mes écouteurs et d'aller m'enfermer dans ma chambre, boudeuse. La douce et mélodieuse voix de Tetsuya Kakihara me berce et réussit à me faire oublier mes soucis. Une voix aussi pure, aussi douce aussi belle que le cristal. Rien ne pourrai être plus beau que ses notes en hauteur. Sa voix est telle que tout ce dont j'ai pu douté n'étais qu'un mirage, une sorte d'impression, un simple rêve.

"Il monte te rejoindre. Hurle Mirajane. À plus tard, Lucy, Haru !"

Alors il s'appelle Haru ?

Et puis de toute façon, je m'en fous. Je compte rester enfermée dans ma chambre à double toute la soirée. Je ne verrai même pas son visage. Je ne veux rien de lui, que soit son nom ou son âge. Je veux être indépendante, alors pourquoi aurais-je besoin d'un autre homme que Natsu ?

Je ne comprend pas les filles.

"Lucy, tu peux ouvrir ? Demande une voix masculine.
-Non ! Laissez moi !"

Je monte encore un peu le son, ce qui masque le bruit des toquements de portes et des tentatives d'entrée de l'inconnu.

Je ferme doucement les yeux, tandis que la playlist continue. Maintenant, j'écoute une chanson dont je ne connais ni le titre, ni le nom du chanteur. En tout cas, cette chanson à le même effet que la voix de Tetsuya Kakihara sur moi.

Aussi douce que la sienne. C'est la même tonalité de voix.

"Je peux écouter ?"

Je sursaute et jette un coup d'oeil devant moi. Ce mec...qu'il est énervant ! Mon coeur rate un battement quand je vois la couleur des yeux de cet homme. Deux pupilles couleur vert émeraude me font face et je repousse la tête de l'individu avec un cousin, déstabilisée.

J'avais cru, l'instant d'une seconde...

Je recule jusqu'au bord de mon lit, retire mes écouteurs et hurle sur l'intrus.

"Que faites-vous ici ?!"

Hilare, l'homme aux cheveux noirs cendres se contente simplement de me renvoyer le cousin bleu en pleine face. J'envoie le malheureux cousin à l'autre bout de la pièce et jette un regard noir à l'idiot.

"Je suis venu ici pour m'occuper de toi. Lance l'homme au regard amusé.
-Je n'ai aucunement besoin de vous. Dis-je sèchement.
-Eh bien, il se trouve qu'on me paye pour m'occuper de toi. Donc, je dois le faire.
-Vous n'avez qu'à regarder la télévision en bas, ou vous faire un sandwich. Je m'en fiche. Laissez moi juste tranquille.
-Nous avons presque le même âge Lucy, alors ne me vouvoie pas."

Je fronce les sourcils et décide de lui lancer un autre cousin.

Sa manière de prononcer mon nom...

"Laisse moi ! M'écriais-je.
-J'ai dis qu'on me payait pour m'occuper de toi, alors laisse moi le faire.
-Non, laisse tomber.
Je soupire. Je n'ai besoin de personne, encore moins d'un baby-sitter.
-Ce terme n'est pas approprié pour ce que je vais être avec toi.
-Ah oui ?
-Appelle moi Haru, et considère moi comme un ami et non comme un baby-sitter. Je n'aime pas ce terme.
-Moi non plus, Haru."

Je le regarde alors droit dans les yeux.

"Mais je n'ai pas besoin d'un ami !
-Tu es dure, tu as blessé mon pauvre coeur d'ami du soir. Franchement, je me sens vide. Je vais me suicider, au revoir Lucy, j'étais heureux de te connaître."

Quel hypocrite...

Il s'approche de mon lit et saisit mon téléphone portable. Il met mon casque et je roule les yeux, désespérée.

"Ce...C'est Tetsuya Kakihara ! Dit-il, étonné. Tu écoutes du Tetsuya Kakihara ?
-Tu connais Tetsuya Kakihara ?
Je demande, en écarquillant les yeux."

Je n'arrive pas à y croire : il aime le même chanteur que moi. Tetsuya n'est pas connu, il est même presque inconnue dans notre pays, il est étranger. Le fait de connaître quelqu'un d'autre aui connaît Tetsuya ici, c'est comme une chance inouïe.

"Oui, je...je ne pensais pas rencontrer quelqu'un qui le connaissais. Me répond-t-il, surpris.
-Whoaw ce, c'est incroyable."

Il m'envoie un sourire sincère.

"C'est juste un forceur !" Hurle mon subconscient.

Je souffle longuement et, exaspéré par cet odieux personnage, décide de sortir moi-même de ma chambre et d'aller au grenier aménagé en bureau. Évidemment, l'autre me colle toujours aux basques.

"Tu écoutes quelle chanson, Lucy ?"

J'ignore cette phrase, puis celle qu'il pose après, et l'autre, puis l'autre jusqu'à ce que j'explose.

"Ferme-là ! M'exclamais-je
-Whoaw, tu t'énerves vite dis-donc.
-Dit plutôt que c'est toi qui est chiant."

Je soupire bruyamment et m'assois sur la chaise de bureau noire en face du grand bureau qui est l'objet maître de la pièce. Haru, lui, semble s'amuser en me voyant aussi exaspéré.

Pourquoi est-ce qu'il ne veut pas juste descendre et regarder l'écran comme tous les autres ?

"Je crois que j'en ai déjà marre de toi. Dis-je.
-Tu vas encore devoir me supporter longtemps."

J'avais totalement oublié qu'il était censé rester ici durant presque deux semaines.

Horrible, absolument horrible.

C'est le pire de tous. C'est le plus insistant, le plus collant... Et je peux dire que j'en ai vu passer des coriaces, au moins une bonne vingtaine. Et celui-là est le plus familier et coriace de tous. Tout à coup, mon ventre gargouille ; je commence à avoir faim.

"Tu as faim ? Tu veux quelque chose ?"

Sa voix avait l'air sincère alors que son visage était rempli d'hypocrisie. Je ne l'aime pas du tout.

"Non, je n'ai pas faim, c'est mon estomac qui crit famine, nuance !"

Il sourit vivement, dévoilant des dents blanches et des pommettes.

"J'adore cette partie de toi. Sourit doucement Haru. Tu ne te laisses pas faire.
-Malheureusement pour toi, mon cher Haru, je ne t'aime pas du tout, moi."

Je lui envoie le sourire le plus hypocrite que je puisse faire.

"Je vais te faire à manger."

Il saisit ma main et me force à me lever. Il descend les escaliers et je le suis à contre-coeur. Arrivés dans la cuisine, je le regarde.

"Laisse moi te faire à manger et je te laisse tranquille pour aujourd'hui."

Devant son air plus que sérieux, je décide d'arrêter de faire ma difficile alors qu'il se donne du mal. Je le laisse faire un truc pour moi, c'est tout. Comme ça, il arrêtera de le soûler et tout le monde sera content.

"Fais-moi à manger, Haru. Dis-je sans sourciller."

Il perd subitement son air sérieux pour aborder un grand sourire.

"Okay ! Compte sur moi Lucy !"

Je roule des yeux mais sourit quand même discrètement. Il est vraiment incorrigible. Idiot, bête, imbécile, mais pourtant sérieux, sincère et considérablement insistant. Presque plus que moi. Mais bon, même s'il est assez mignon, si on me demande qui est celui qui est le plus chiant, je dirais que c'est lui. Je me demande quel âge il a, je pourrais comparer mes connaissances et les siennes, si je le savais.

Je m'intéresse un peu trop à lui, je ne devrais pas. On ne deviendra même pas amis, je le sais.

"Prêt !! S'exclame le cuisto en me servant un morceau de poulet et des pâtes."

Je lui souris tout de même, parce que ça a l'air bon. Je prend ma fourchette et amène un morceau de poulet à ma bouche.

"Alors ? Demande-t-il."

Je le regarde dans les yeux, la fourchette dans la bouche et dit de manière provoquante.

"Goût normal, mais bien assaisonné et épicé, manque d'originalité, à approfondir. Sept sur vingt. Je souffle. Oh et, j'aime mon poulet cuit."

Je lui montre la viande à moitié cuite et il fait les yeux ronds.

"N'en parle jamais à personne, okay ? Ça n'a jamais existé..."

Il prend les cuisses de poulet et enflamme alors sa main pour faire cuire le poulet.

Ses flammes sont si semblable aux siennes...

"Mange plutôt tes pâtes, Lucy."

Je prend une bouchée de pâtes en ignorant ma dernière pensée.

"Trop cuites, ratées, pas de goût, je te donne la moyenne.
-Désolé Luce."

Il a dit Luce...

Il me fait un grand sourire et je continue de manger mes pâtes trop cuites, les sourcils arqués.

Après mon repas, Haru ne m'a plus adressé la parole, comme promis. Tout le reste de la soirée, je l'ai passée dans ma chambre, à écouter de la musique.

Étrangement, je suis assez déçue. Je m'attendais à plus de forçage de la part d'Haru. Je pensais qu'il me collerait encore un peu, pour tester mes limites, m'embêter, me faire chier. Je m'attendais à plus de sa part et, ça me fait rire de voir à quel point il monopolise mes pensées sans même être là.

"C'est juste un gars comme les autres Lucy, il n'a rien d'extraordinaire. Dans deux semaines, il ne fera plus parti de ta vie." Me souffle mon cerveau.

Mais je ne suis pas idiote, je sais à quel point c'est faux...

Parce que ce garçon, à la personnalité explosive et au sourire idiot, ne peut être que Natsu Dragneel.

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