Chapitre 6 : Près de moi
Natsu Dragneel
Depuis son réveil, Lucy avait été particulièrement étrange. Aucun mot n'était sorti de sa bouche depuis qu'elle avait pleuré dans mes bras ce matin. Je n'avais aucune idée de ce qui lui prenait, mais elle semblait réellement bouleversée. C'était la première fois que je la voyais comme ça, comme si elle venait de perdre une partie d'elle-même. Rien n'arrivait à la faire réagir, et très rapidement, cela avait commencé à m'inquiéter beaucoup plus que prévu. J'avais essayé plusieurs fois de lui parler, de mettre les choses au clair et comprendre, mais rien à faire ; Lucy n'était plus que l'ombre d'elle-même.
Elle n'allait pas bien. Pas bien du tout.
Je m'étais donc contenté d'être présent pour elle, ne pas être trop bruyant ou encombrant pour la mettre à l'aise au moins pour la journée. J'étais vraiment tracassé pour demain ; nous allions rencontrer des représentants d'Isenberg pour qu'ils nous donnent des informations concernant ce Yukio, mais en la voyant comme ça, je sentais qu'elle était clairement trop anxieuse pour ce genre de mission pour le moment.
Lorsque la soirée arriva finalement, Lucy n'avait pas touché à son repas et s'était précipitée vers sa chambre. Erza, Wendy et Grey avaient aussi clairement remarqué que quelque chose n'allait pas, mais ils semblaient aussi s'être mis d'accord pour éviter de trop l'embêter aujourd'hui. Après un court soupir, je pris finalement sur moi pour me lever et aller la rejoindre dans sa chambre.
Celle-ci était réellement minuscule, et contenait juste assez d'espace pour un lit simple et un bureau de travail. L'ambiance de la pièce était plus sombre que ce à quoi je m'attendais en rentrant ici. Lucy, elle, était installée sur la chaise de bureau. Elle était accoudée à la table, le regard vide. Elle ne semblait même pas avoir remarqué mon entrée.
Au moment où je l'interpelle, elle relève les yeux vers moi. Ses prunelles chocolats me fixent longuement, et pendant qu'elle me dévisage, je reste simplement silencieux et m'installe sur le lit près du bureau.
"Est-ce que tu veux en parler? Demande doucement ma voix."
Son regard s'adoucit, elle sourit légèrement et secoue la tête en me remerciant. Et je déteste ça. Je déteste qu'elle ne me dise rien, qu'elle me cache ce qu'elle pense, ce qu'elle ressent et ce qui la tracasse. Tout ce que je peux faire, c'est l'aider, c'est la faire se sentir mieux, la rassurer et être là pour elle...
Mais si elle me bloque l'entrée, je ne peux plus rien faire. Je ne sers plus à rien.
"Lucy, je commence posément en la fixant du regard, tu n'es pas obligée de me dire ce que tu as ou ce que tu penses. Je ne peux pas te forcer à te confier. Mais j'ai...merde. J'ai juste peur, je suis inquiet quand je te vois comme ça."
Dans un soupir, je grommèle encore quelques injures et passe ma main dans mes cheveux, très frustré de la situation. Lucy, quant à elle, se contente de me fixer avec un petit sourire. Mais elle ne se moque pas de moi ou de ce que je ressens : son sourire est doux et réconfortant, et je me sens déjà mieux en voyant qu'il est plus honnête que le premier qu'elle m'a adressé.
La constellationniste saisit mon autre main, et un frisson parcourt mon corps, comme toujours lorsqu'elle me touche. Elle caresse le dos de celle-ci avec son pouce, l'air perdue dans ses pensées.
"Tu sais Natsu...parfois j'ai peur de trop compter sur toi. Je fronce les sourcils, prêt à la couper mais elle ne m'en laisse pas le temps. Dès que quelque chose ne va pas, dès que je suis en danger ou que je ne me sens pas bien, je viens toujours te demander de l'aide. A chaque fois, je compte sur toi et j'ai peur de t'embêter, d'être un poids trop lourd à supporter. J'ai peur de ne pas te donner assez en retour. D'être tout le temps la fille insupportable qu'on doit tout le temps sauver, la demoiselle en détresse. Elle souffle légèrement. Je me rends compte que je ne suis rien sans toi, tu es vraiment une part de moi Natsu...et j'ai le sentiment que ça prend encore plus sens aujourd'hui...depuis ce rêve, je-"
Elle s'arrête soudainement en plein milieu de sa phrase, et fronce les sourcils. Elle semble encore être en train de traiter les informations qui lui viennent en tête.
Ses mots se mélangent dans ma tête, et je ne suis pas d'accord avec ce qu'elle dit mais je peux la comprendre. Après tout ce qu'on a vécu elle et moi, après toutes les épreuves difficiles et les aventures folles, les hauts et les bas, elle pense trop dépendre de moi sur certains points, que ce n'est pas égal, que ce n'est pas juste...
Mais ce n'est pas vrai.
"Tu ne te rends même pas compte... Je souris tout doucement, serrant aussi sa main. La guilde et toi, tout particulièrement toi, vous êtes ce qui me rend fort, ce qui me permet de rester debout. Lucy, tu penses être de trop, mais c'est tout l'inverse. Lorsque tu es là, tu es à ta juste place. Près de moi."
Je déplace sa main à mon torse, la plaque contre mon cœur. Elle rit doucement et je souris tendrement.
"C'est très niais ce que tu viens de dire. Se moque la blonde.
-Et alors? Je soulève un sourcil en souriant. C'est la vérité, c'est doux et t'es pas contente?"
Rapidement, elle plonge dans mes bras et me serre fortement contre elle, ce qui me pousse à écarquiller les yeux.
"J'ai vraiment de la chance de t'avoir, vraiment Natsu...
-Mh? Qu'est-ce que tu as dis? Je la taquine, la serrant fortement contre moi en retour.
-Oh tais-toi... Elle rit doucement, emplissant mon cœur de joie."
Elle me relâche doucement et se redresse, puis me lance un sourire. Mon regard tombe rapidement sur ses lèvres et je déglutis, me sentant devenir rouge. Je remercie mentalement l'auberge d'avoir une ambiance si obscure, elle ne doit pas voir que je rougis pour si peu.
Merde...
Juste le fait qu'elle soit si proche de moi, qu'elle soit si belle me donne envie de l'embrasser. Je meurs d'envie de la prendre contre moi et de lui dire à quel point elle est exceptionnelle, à quel point elle est sublime et qu'elle ne devrait pas s'inquiéter de quoi que ce soit, que je serai toujours là pour qu'elle soit heureuse et en sécurité.
Cependant, au moment où son regard se pose sur mes lèvres, je sens mon corps tout entier s'embraser. L'atmosphère entière de la chambre se transforme. En une seule seconde, le sombre triste et terne passe au tamisé. La faible lumière orangeâtre des lampadaires dans les rues se pose sur la jeune femme et moi-même. Comme tout droit sortie d'un fantasme, la femme qui me fait face s'installe de part et d'autre de mes cuisses, déposant ses délicates mains au niveau de ma mâchoire. Elle se penche vers moi, et je recule un peu sous le choc, m'appuyant sur mes avant-bras. Elle me regarde d'une façon différente, son regard maintient le mien. Tout semble irréel, mais rien n'a jamais été aussi authentique de toute ma vie.
Sans aucune hésitation, elle plaque ses lèvres contre les miennes et m'entraîne dans un baiser langoureux.
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