Chapitre 13 : Moï, le destin (Partie I)

Lucy Heartfilia

Sans trop savoir pourquoi, un sentiment désagréable m'envahissait. Rien n'était clair dernièrement. J'étais une personne qui adorait avoir le contrôle de la situation, tout planifier jusqu'aux moindres détails ; on pouvait dire que j'avais les pieds sur terre et que j'avais conscience de ce qui était possible et de ce qui ne l'était pas. Mais dernièrement, la situation était tellement hors de contrôle que je me sentais spectatrice de ma propre vie. Tout m'échappait et j'avais l'impression de ne rien comprendre. Comme si tout était mélangé, comme si quelque chose n'allait pas, comme si quelque chose n'avait juste pas lieu d'être.

Isenberg aussi, semblait agité. Depuis notre arrivée, des murmures inquiets semblaient s'intensifier au fur et à mesure des jours, et la barrière de la langue ne nous empêchait pas, d'au moins, comprendre ça. Erza semblait insister sur le fait que nous devions partir plus tôt ; elle sentait l'arrivée d'un conflit interne dans le pays. Je connaissais déjà la situation politique catastrophique que subissait les habitants d'Isenberg, sous la direction conflictuelle de ses leaders. Certaines parties du pays formaient déjà des alliances, d'autres semblaient préparer des provisions et des armes, juste au cas où. Les derniers priaient les Déesses pour que tout aille bien. Et nous, nous étions au beau milieu d'un pays étranger où nous ne connaissions ni la langue, ni la culture. Il semblait être impossible pour nous de partir tout de suite, les gens semblaient trop occupés pour se charger de la transportation et du tourisme.

Tout ce que je savais, c'est que c'était une question de pouvoir. Chaque leader de chaque région qui composait le pays semblait être prêt à se sauter à la gorge pour en avoir la direction définitive. Les choses allaient visiblement rapidement s'enchaîner ici, et nous n'étions pas capables de réellement pouvoir agir. 

Nous étions coincés, et notre mission me semblait impossible à réaliser. Tout au fond de moi d'ailleurs, je ne voulais pas qu'on y arrive. Je voulais juste rentrer chez moi et faire comme si tout ça n'avait été qu'un grotesque cauchemar.

Mais la réalité semblait rapidement me rattraper. Comme je l'ai dis, je n'avais aucun contrôle sur ce qui se passait et nous devions vite trouver une solution à cette situation.

Natsu Dragneel

"On veut être ensemble, mais on ne peut pas parce ce qu'on ne doit pas."

Pourquoi est-ce qu'on ne doit pas?

Parmi toutes les choses que m'avaient expliquées Yukio, celle-ci semblait être la moins claire. "On ne doit pas"...pourquoi on ne doit pas?

Concrètement, qu'est-ce qui nous sépare réellement, elle et moi?

Ces pensées me tourmentaient sans cesse depuis ce matin, et rien ne semblait avoir de sens autour de moi non plus. Le monde entier avait l'air de se déconstruire, suivant le rythme particulièrement alertant de mon esprit.

Isenberg, le pays de glace, était à la limite d'éclater pour se transformer en un bûcher.

Nous avions passé la journée dans les bureaux administratifs de la capitale. Erza tentait tant bien que mal de nous faire sortir de ce pays, et nous faire nous éloigner de tout ces problèmes. La situation était tendue, et je savais que je devais éloigner Lucy de Yukio et de ce pays merdique où rien ne semblait jamais aller.

Tapant du pied avec agacement, je patientais dans la salle d'attente pendant que mes camarades essayaient de négocier un départ pour Fiore. Il faisait froid, même à l'intérieur des salles ici, et je le savais rien qu'en observant la fumée qui sortait de mes narines à chaque respiration. 

J'entends alors un soupir et sursaute légèrement. Une femme était assise sur le banc d'attente face à moi, et elle y était manifestement depuis un bon moment. Je pensais être seul pourtant? Quand est-elle rentrée au juste?

Je l'observe rapidement de la tête aux pieds, inconsidérablement dérouté par sa présence et son aura que je ne fais que remarquer. Comment n'ai-je pas pu la remarquer? Elle émane une forte essence qui englobe tout l'espace et surpasse de loin Yukio ou tout ce que j'ai pu ressentir jusqu'ici.

Elle me fixait aussi de ses yeux d'un bleu cristallin, sans aucune gêne. Son regard et ses bras croisés m'indiquait qu'elle aimait contrôler la situation ; elle n'avait pas l'air commode, et elle était aussi évidente qu'un livre ouvert et illisible à la fois. Quelque chose n'allait pas, quelque chose n'était pas à sa place et je n'aurai pas su dire quoi.

"Il fait froid, tu ne trouves pas? Elle lance la conversation sans préavis.
-Je ne sais pas, je ne ressens pas vraiment le froid. J'hausse les épaules, elle continue à me fixer.
-Quelle chance..."

Elle tremblait visiblement, mais très légèrement. Elle portait des vêtements clairement très peu épais et ne semblait pas habituée à la température glaciale d'Isenberg. Ses longs cheveux blancs semblaient être sa seule protection face au froid.

"On parle la même langue...donc tu viens de Fiore, c'est ça? Elle me lance alors qu'un petit sourire se dessine sur son visage."

Je ne fais que le remarquer, puis hoche la tête. Elle me dévisage calmement, l'air de m'analyser. Un long silence s'installe pendant qu'on s'observe mutuellement, puis elle intervient à nouveau:

"Les cheveux roses, c'est naturel?
-Euh...Oui..?
-Je ne juge pas, j'ai déjà vu ça ailleurs disons...
Elle continue de me toiser, l'air intéressée. C'est quoi ton nom?
-Tu poses beaucoup de questions...
-J'essaye de faire la conversation, j'ai rien de mieux à faire de toute façon et toi aussi je suppose.
Dit-elle en désignant la porte du service administratif qui prenait bien son temps.
-C'est vrai... Je souffle légèrement puis me redresse un peu. Natsu, et toi?
-Enchantée, Natsu...je m'appelle Moï. Je pense qu'on se connait, tu te souviens de moi?
-Euhh..."

Pas du tout.

Je prends mon temps pour essayer de recoller son visage à une personne que j'aurai déjà vu, mais rien ne me vient à l'esprit. Je n'ai aucune idée de qui est cette femme.

"Ca ne m'étonne pas si tu ne t'en rappelles pas. Disons que c'était il y a un bout de temps...
-C'est-à-dire?
-Eh bien..."

Au moment où elle semble vouloir commencer à me raconter son histoire, Erza ouvre la porte qui provoque un bruit fracassant en se heurtant sur le mur. Elle a l'air très sérieux, voire même un peu énervé, lorsqu'elle s'approche de moi d'un pas lourd et pressé, Grey à ses côtés.

"Allons-y Natsu, ils ne peuvent absolument rien faire pour nous ici... Lance Grey.
-Des incompétents... Grommèle la mage en se dirigeant vers la sortie du bâtiment avec mon autre ami."

J'aperçois ensuite Lucy sortir de la salle à son tour, l'air aussi abattu que mes deux autres camarades. Je me lève et m'approche d'elle, lui prenant les mains. Elle se contente de me lancer le même regard déçu que Grey.

"Nous ferions mieux d'aller se mettre à l'abris au plus vite...je dois faire quelque chose rapidement, je vous rejoindrai juste après.
-Fais attention..."

Elle me sourit affectueusement, relâche mes mains et sort avec précipitation de la salle. Je souffle et adresse un regard à la mystérieuse Moï, qui me lance un sourire inamovible. 

"Restes sur tes gardes. Le reste de cette histoire risque de se compliquer à partir de maintenant... Elle croise les bras, l'air immuable. Si je peux te donner un seul conseil, ce serait d'empêcher la petite blonde d'aller là où elle compte se rendre...
-Comment ça?
Je fronce les sourcils.
-Oh eh bien...je peux voir que son esprit n'est pas très clair en ce moment...elle semble pratiquement, je dis bien pratiquement, coincée quelque part dont elle ne pourra plus sortir. Elle marque une petite pause, puis termine en se levant et se dirigeant vers la sortie. Mais bon, de toute façon, ce n'est pas comme s'il existait un moyen de s'opposer au destin, n'est-ce pas?"

Destin. Encore ce maudit mot.

"En tout cas, ce fut un plaisir, Haru."

Et elle disparue.


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