Seaside
Romance | PWP | Nouis | Lemon | UA
Je n'ai pas besoin de l'entendre pour savoir qu'il n'est plus très loin de moi. Je ne sais pas vraiment comment il parvient à faire ça, mais tel un chien renifleur, même dans la pénombre, il arrive toujours à me débusquer ; alors même que je suis silencieux et assis dans une étendue de sable dans la nuit noire.
Alors qu'il s'approche de moi, je l'entends baragouiner dans sa barbe inexistante, c'est sa manière à lui de briser ce silence qu'il semble craindre. Partout où il va, le silence plie face à lui, même lorsqu'il dort il trouve le moyen d'être agité.
Une part de moi voudrait sourire à son arrivée et l'autre râle déjà car sa présence perturbe ce moment de calme dont je faisais la quête depuis quelques heures. Je veux juste être tranquille, avoir un instant rien qu'à moi, être face à mes pensées, et au vide. Quelques minutes de solitude quotidiennes nécessaires à chaque être humain. Mais c'est un sourire qui étire mes lèvres lorsque je perçois sa chute dans les dunes, je masque mon rire en tirant sur ma cigarette et détournant le regard vers l'étendue d'eau salée qui se déchaine contre les rochers en contrebas.
- Faut toujours que tu te tires en plein milieu de la soirée ! Tu sais pourtant que c'est le meilleur moment pour s'amuser ! Non, bien sûr, toi t'as rien compris, t'es là au début, quand il se passe rien et à la fin pour ranger. Je ne te comprends pas !
Je l'écoute râler d'une oreille distraite et ne lui adresse aucun regard pour lui montrer que je me soucie peu de ses paroles, que je connais de toute manière par cœur. Pas que je n'aime pas ce genre de célébration mais il m'arrive effectivement de m'arranger de temps à autre pour les fuir. Il exagère franchement, ça n'est arrivé que quelques fois mais c'est tout Niall, toujours à plonger dans les extrêmes. Je me tire uniquement quand, comme ce soir, je m'emmerde ou que j'aspire à un peu de paix.
Ça fait deux semaines qu'on est là tous ensemble, dans cet endroit empli de jeunes, à faire la fête jour et nuit, à manger, boire, coucher, et vomir alors ouais j'ai besoin d'une pause. Seul. Mais il semble qu'être seul soit impossible. Ça doit sans doute le faire chier d'avoir quitter la fête pour venir à ma recherche, mais je pense que c'est aussi un prétexte car il n'a pas obtenu ce qu'il voulait ardemment : cette jolie blonde qu'il a dragué tout l'après-midi et qui s'était pourtant montrée très intéressée. Il m'exaspère et pourtant j'apprécie sa sollicitude et cette manière bourrine qu'il a de se soucier de moi comme personne d'autre, il est sans doute le seul à avoir remarqué mon taux d'alcoolémie trop élevé.
- Tu pouvais pas aller t'isoler dans le parc ? Ou dans une chambre ?
J'hausse à nouveau les épaules pour seule réponse, il ne s'attend de toute manière pas vraiment à ce que je lui réponde quelque chose de sensé, je suis bourré, et telle une bouteille jetée en pleine mer, c'est un peu par hasard que j'ai échoué ici. Le cul dans le sable, les orteils gelés parce que je me suis plu à les tremper dans l'eau et la peau frissonnante malgré le fait que contrairement à lui j'ai pris le temps d'enfiler des vêtements plus adaptés au temps.
Le silence s'installe et prend à nouveau part de nous, je me laisse bercer par le bruit des vagues et l'iode qui emplit l'air, quelque peu étouffant ; il fait froid cela n'empêche que je me sens entravé, un peu, pas beaucoup mais suffisamment pour me déranger ; sans doute est-ce du au fait qu'il ne cesse de trembler à mes côtés. Allongé dans le sable il a enfin fini par se taire, et je soupire, parce que même si c'est ce que je voulais, cela n'est que le signe qu'il y a un réel problème. Il y a des gens plus ou moins bruyants et il fait partie de ce « plus ». Je sens sa jambe nue tressauter contre la mienne dans un mouvement régulier.
- Ça va ?
Je me sens contraint de parler car il ne le fait pas. Il grogne en signe d'assentiment, du moins je suppose, et j'hoche la tête en réponse alors même qu'il ne peut me voir. Le temps passe doucement, aussi lentement que le sable s'égraine dans mon poing serré. Sa jambe s'appuie à nouveau contre la mienne, elle tremble, il a froid ; peut-être plus que je ne l'avais d'abord pensé. Je m'allonge à mon tour, un bras replié derrière ma tête en guise de soutien et après quelques secondes je passe mon autre bras derrière lui, de manière à lui permettre de se fondre dans ma chaleur, ce qu'il n'hésite pas à faire.
Il ne dit rien et se laisse rouler sur son flanc, son corps se colle au mien et sa tête se pose sans aucune délicatesse sur mon épaule, il calle une de ses jambes nues entre les miennes et son bras rejoint mon ventre alors glissant sa main jusqu'à son avant bras dans la poche ventrale de mon sweat. Il serre le tissus entre ses doigts se souciant peu de pincer la peau tendre de mon abdomen par la même occasion. Je me retiens de râler parce que je me sens bien, mieux.
Sa respiration est lente et heurte mon torse, le réchauffant même au travers du coton épais. J'observe le ciel quelques minutes, tentant vainement de deviner le nom des astres qui nous surplombent dans ce long manteau noir qui recouvre le ciel. Ça fait longtemps qu'on a pu se repaitre d'une telle vue ; en ville l'air est tellement pollué qu'on a même pas pu assister à l'éclipse alors espérer voir les étoiles ne traverse même plus nos esprits de citadins. La seule chose qu'on regarde encore est bien l'endroit où l'on met nos pieds alors oui je veux profiter de la tranquillité que nous offre ces lieux plutôt que de subir une énième fête qui ressemble tant à ce qu'on fait chez nous. Pourquoi voyager si c'est pour conserver le même mode de vie que d'habitude ? Je suis en vacances et farniente est mon mot d'ordre. Je veux juste respirer, profiter et le faire pour une fois sans trop d'excès car je n'ai rien à oublier, pas de vie pourrie, pas de notes en chute libre, de factures en attente de paiement ou le stress des examens. Ici il n'y a que moi et l'environnement sain, et lui, contre mon flanc.
De ma main libre j'extirpe la boite qui renferme ma dernière cigarette améliorée et l'allume sans trop de difficultés grâce à mon briquet tempête qui ne m'a jamais été aussi utile que depuis que j'ai posé le pied dans cette ville côtière. Je ne retiens pas un sourire et le bien être qui s'empare de moi lorsque la nicotine mêlée à l'herbe envahit mes poumons et ma tête, titillant chaque nervure de mon être, jusqu'à la moindre cellule ; j'en frissonne même. Je tire lentement, rallumant chaque fois que c'est nécessaire le bout de ma feuille qui plie face au vent fort. L'effet se fait bien trop vite sentir à cause de l'alcool que j'ai ingurgité avant de quitter cette fête ennuyeuse. Je perds un peu pied et la présence salvatrice de mon ami est certainement la seule chose qui m'empêche de me lever et courir jusqu'à l'étendue d'eau et fendre les vagues pour me jeter tête la première dans l'océan glacé.
Je souris comme un idiot à cette idée grotesque. Pourquoi avons-nous toujours ce besoin de courir vers le danger, pourquoi nous attire-t-il alors qu'on sait pertinemment ce qu'on risque ? Je ne suis pas immortel et pourtant, comme chaque individu, je crois que je ne me sens jamais autant en vie que quand je fais des folies sans penser aux conséquences. Il remue contre moi et je baisse mon regard vers lui, mes pupilles désormais habituées à l'obscurité ambiante me permettent d'apercevoir sa silhouette.
Sa joue est collée à mon torse, je pourrais le croire endormi s'il ne jouait pas de ses doigts avec les coutures de ma poche dans laquelle sa main est enfoncée. Ses yeux sont clos, je ne le vois pas parfaitement mais les quelques lampadaires épars m'aident à distinguer ses traits que je crois connaître par cœur. Je n'aurais pas cru que ce fut le cas avant ce soir, car même dans le noir je devine son visage à la fois mur et juvénile, imberbe, son nez droit, ses pommettes qui se révèlent lorsqu'il sourit ou qu'il fait la moue, ses cheveux bruns méchés de blond depuis ses douze ans et cette fossette au menton qui m'avait intriguée, ne la trouvant pas très jolie à l'époque, fait pourtant partie de son charme maintenant.
Et puis son sourire, absent à cet instant, ses lèvres sont légèrement écartées parce qu'il semble qu'il ne puisse pas fermer la bouche pas même pour respirer. Il n'a rien de spécial, physiquement parlant, il n'est pas de ces beautés qui font tourner la tête, qui forgent l'admiration et attisent envie et jalousie. Il n'est pas beau mais le charme qui l'habite est sans limite. Sur les photos, on ne le remarque que parce qu'il fait le pitre et non pour son physique, bien qu'il ait bien évolué de ce côté aussi en dix ans, mais lorsqu'on se trouve face à lui c'est autre chose. On se sent comme enveloppé par son aura. Dès qu'il entre dans une pièce, on se tourne vers lui, pas seulement parce qu'il est terriblement bruyant mais parce qu'il est accessible et ouvert. Comment tourner le dos à une porte ouverte d'où se dégage une odeur alléchante de gâteaux à peine sortis du four ? Il est un peu cette porte vers laquelle on se sent attiré, qui fait mille promesses et qui en plus de cela les tient presque toujours. Niall est ami avec tout le monde mais je me suis toujours fait la réflexion que l'ami de tous n'était l'ami de personne, c'est bien la raison pour laquelle je ne le considère pas comme tel. Il n'est pas la personne sur qui je compte, ou à laquelle je pense, sa présence ne me gêne nullement mais je ne la recherche pour ainsi dire jamais ; j'ai un meilleur ami pour ça, et une famille et lui, il représente finalement ce bonus qui vient un peu au hasard selon sa propre convenance, un bonus pas toujours bienvenu mais duquel on s'accommode assez facilement.
Il fait du bien, car il est attentionné et sait donner à chaque personne cette impression d'être important à ses yeux. Il est honnête et gentil, et trop bruyant ce qui le rend parfois aussi très exaspérant. Pourtant ce n'est pas le cas à l'instant. Je tire une nouvelle fois sur mon joint, reprenant le tracé de son biceps du bout des doigts, je sais qu'il apprécie et même si ce n'est pas mon but, c'est comme une sorte d'automatisme. Je repose ma tête au sol avec un petit soupir alors qu'une bourrasque de vent m'envoie du sable sur le visage, que faire contre la nature ? Rien, après tout c'est un peu nous les perturbateurs.
Hors du temps c'est ainsi que je me sens. Mes pieds touchent terre ; ils sont d'ailleurs enfoncés sous le sable mais ça n'empêche pas ce ressenti ; celui de planer. Ce n'est pas du à l'alcool, à l'herbe, ou à la nicotine, je crois plutôt que c'est dû à la situation. Au fait que je sois là, ici, et avec lui, posé, au calme, pour la première fois depuis bien longtemps, peut être même depuis toujours. Je n'ai pas envie de réfléchir à cela et pourtant mon esprit semble me l'ordonner comme si j'avais perdu la faculté de décider, je n'ai plus de libre arbitre, alors je plie et laisse mes pensées s'envoler vers lui. Sa main sur mon abdomen pèse de plus en plus comme s'il s'endormait et s'abandonnait entre mes bras ; j'aimerais pouvoir faire de même mais je ne crois pas que dormir ici soit très intelligent. D'abord parce qu'on se les gèle, ensuite car l'endroit est isolé malgré les nombreuses maisons en bord de route et il n'y a donc personne pour nous venir en aide s'il nous arrivait quoique ce soit.
Il frissonne quand mes doigts fureteurs remontent l'arrondi de son épaule et glissent sous le tissu fin de son t-shirt avant de redescendre sur son biceps bien plus musclé qu'en début d'année. Je connais Niall depuis longtemps maintenant, sans pour autant parvenir à dire quand exactement. On s'est rencontré au lycée, ou peut-être au collège, il était déjà ce bout en train souriant et charmeur, mascotte de tous les clubs et plus particulièrement de l'équipe de foot du lycée dont j'étais le meilleur butteur. Nous n'étions pas réellement proches mais notre présence au sein du même établissement et certaines de nos activités scolaires communes nous amenaient à nous rencontrer souvent, voire même quotidiennement.
Il fait partie de mon cercle, de mon environnement, en dehors de chez moi mais également à l'intérieur. Il est le meilleur ami de mon frère, et pourtant c'est ma présence qu'il recherche chaque fois qu'il est sous le joug de l'alcool qu'il ne sait boire avec modération. Je me demande même s'il sait ce que « modérer » veut dire ? Je ne crois pas. Niall est tout en extrême, qu'il s'agisse d'excentricité ou non. Mais il est aussi tout en contradictions ce qui m'empêche encore aujourd'hui de parvenir à le cerner. Je ne sais pas réellement qui il est, s'il y a un autre lui au fond qu'il ne montre pas et je ne m'en soucie pas vraiment. Car il est là, en permanence, avec ses humeurs, son rire tonitruant et ce sourire avenant qui fait de lui l'un des étudiants les plus populaires de la fac toutes sections confondues.
Je suis également populaire de par mon poste de capitaine de l'équipe de football et l'avenir prometteur qui se profile devant moi. Je ne suis pas un élève modèle mais j'ai des notes respectables et je suis le genre de rebelle gentil qu'on craint sans pour autant être terrifié par lui. Je casse les règles sociales, car si je suis populaire, ça ne m'empêche pas de trainer avec ceux avec qui j'ai de réelles affinités, comme mon artiste marginal de meilleur ami ou encore ma lesbienne de meilleure amie à la réputation sulfureuse de salope facile. Je m'en fous, j'ai une grande gueule et je la ferme rarement, n'hésitant jamais à jouer de mes poings. Les règles sociales qui régissent la sphère des presqu'adultes fait qu'en tant que capitaine j'ai mes groupies et mes potes attitrés que sont les autres sportifs et les fans. Mais contrairement à Niall, je ne suis pas quelqu'un d'accessible. Je sais faire preuve de sociabilité, cependant je n'aime pas les gens et les contacts que j'ai avec eux ne sont que superficiels, je m'en fous de leur vie et ne m'y intéresse aucunement. Hormis s'il s'agit de mes proches, ceux qui me connaissent et en qui j'ai confiance et bien sûr l'exception qu'est Niall.
Mon frère Liam adore Niall, il ne jure pas que par lui, certainement parce que Niall a su être là à un moment propice de sa vie et lui a permis d'assumer son identité et sa différence. Il a su être l'ami que je doute qu'il puisse être pour tout le monde et c'est peut-être la raison qui fait que je le tolère auprès de moi. Car Niall est une bonne personne, une vraie bonne personne, pas de ceux qui font semblant parce qu'ils vivent au travers des gens, mais parce qu'il est sensible et que le bonheur des autres l'importe. Je trouve ça con, et stupide mais il est ainsi et je n'ai pas de temps à perdre dans une tentative vaine de le changer ou même de le comprendre.
Liam est mon petit frère et pourtant même si la ressemblance fut frappante durant notre enfance il n'en n'est plus de même aujourd'hui. J'ai toujours pensé que la personnalité influait sur le physique, preuve en est. Je suis un footeux, rebelle et tatoué, les cheveux à peine coiffés et la tenue vestimentaire plus ou moins négligée. On a pas le même style même s'il m'arrive de lui voler quelques fringues et inversement. Nous avons les mêmes inspirations sans avoir le même rendu, lorsqu'on sort le week-end il est vrai qu'on peut croire que nous partageons plus qu'un nom, des parents et une maison, tant notre apparence est semblable, même si son allure de Bad Boy est plus marquée et travaillée chez lui quand moi je parais juste négligé et je m'en-foutiste. Quant il s'agit de la fac, Liam joue sur différents tableau, parfois on dirait un jeune américain et d'autres il se plait à cultiver un style d'hipster complètement décalé.
Liam est en réalité doux, attentionné, calme et discret. Mon frère est cet énergumène, la tête en permanence plongée dans ses bouquins quand il n'est pas en train d'aider quelconque élève en difficulté. Il n'a aucune ambition dans la vie, juste ce désir d'être présent et de ne laisser personne derrière lui. J'ai longtemps cru qu'il marchait dans mon ombre ou dans celle de Niall parce qu'il était trop idiot que pour suivre son propre chemin, mais non, apparemment c'est sa façon à lui d'aimer vivre. Si moi j'ai des bonnes notes, les siennes passent de l'excellence à la médiocrité sans que je n'arrive à comprendre la raison ; quand moi j'ai trouvé en le football mon domaine de prédilection lui est bon en tout sans être doué en rien. Ou peut-être que si, je ne sais pas vraiment finalement, parce que lui et moi on n'est pas vraiment proche et la seule chose qui nous lie hormis notre famille c'est Niall. Et je suis peut être le seul à le savoir.
Malgré tout, la nature s'est plu à nous donner à chacun des signes distinctifs, tels la couleur de nos yeux, les miens sont bleus, les siens sont marrons, de même la position de nos tâches de naissance respectives n'est pas la même. La sienne orne sa gorge quand la mienne trône fièrement sur le haut de ma cuisse. Le reste n'est qu'accessoire et apparence et nous cultivons avec ténacité nos différences. Il est plus grand que moi, d'à peine quelques centimètres et est aussi bien mieux bâti que moi. Et pourtant c'est moi le sportif ; mais ça ne l'empêche pas de passer de longues heures dans une salle d'entraînement à parfaire ses techniques et compétences en arts martiaux ce qui lui confère un corps musclés au bras et aux épaules puissantes. Notre mère dit souvent qu'il est la force lorsque je suis l'agilité et la rapidité.
Je ne l'envie pas, nous sommes bien trop différents pour cela, et bien trop complémentaires à la fois ; une entente implicite et fraternelle qui nous rapproche parfois tout comme elle nous éloigne d'autre fois. Je ne suis pas meilleur que lui et il ne l'est pas plus que moi. Mais nous avons chacun un rôle à jouer, une partie de l'iceberg à couvrir pour forger une différence inexistante. On est pareil au fond, tous deux sportifs et intelligents, tous deux soucieux de l'autre et désireux de réussir, mais nous ne voulons pas être identiques, nous ne voulons pas qu'on se trompe de nom lorsqu'on nous parle ou que l'on confonde nos préférences ou nos passe temps. J'adore mon frère mais j'aurais préféré que nous ne naissions pas de la même union. Alors on s'est éloigné avec le temps, on a perdu cette complicité et cette innocence qui nous caractérisait, on a fini par être ce que l'on avait créé de toute pièce à force d'habitude. Je suis la teigne, la grande gueule, le sale gosse qui se bat dehors et rentre à la maison la lèvre ouverte, je n'hésite pas à me montrer dur et insolent quand je ne suis pas sur mon terrain de foot ; quand lui est doux, attentionné et tempéré, il agit avec tact, conscient qu'un mot aussi bien qu'un acte peut blesser et qui se décharge de toute sa retenue sur le ring et même parfois sur les parkings lors de combats illégaux. C'est mon frère, l'autre part de moi, celle que je n'assume pas en public, celui que je chéris en silence et à distance.
À la fac, on a beau suivre une partie des cours ensemble, hormis Zayn, mon meilleur ami et Niall, personne ne sait pour notre gémellité, comment le deviner quand physiquement nous n'avons plus rien d'identique, comment deviner quand il a choisis de prendre le nom de notre père pour creuser plus encore le fossé qui nous sépare ? Je ne lui en veux même pas. Après tout, nous vivons ensemble, dans la même maison et partageons plus qu'une assiette et des couverts. Mais c'est notre secret à nous.
Zayn est mon meilleur ami, celui qui m'a initié aux tatouages, à l'herbe et aux nocturnes dans le parc à boire de la bonne bière et parler de tout et de rien. Il a été une échappatoire salvatrice quand je me sentais étouffé par la recherche de ma propre identité et l'éloignement de mon frère. Il n'est à l'aise qu'avec moi, je suis son seul ami, car si moi je vis la popularité, lui la subit clairement. Ça le fait chier, et il s'arrange toujours pour se tirer dès qu'il en a l'occasion. Il assiste aux matchs, et vient aux fêtes, mais il fuit en se bourrant la gueule et se réfugiant entre les cuisses de la première venue. Il connaît Liam et l'apprécie, je ne sais rien des relations qu'ils entretiennent et je m'en contrefiche car Zayn est un mec bien et je lui confierais ma vie, et donc mon frère les yeux fermés.
Et puis il y a Niall. Ce garçon qui semble consolider cette mêlée, quand il n'est pas dans mon champ de vision je sais qu'il veille sur mon frangin d'une manière étrange. Je comprends même pas comment ils peuvent être ami et pourtant Zayn et moi sommes également deux personnalités distinctes et différentes, ça ne nous empêche pas de nous adorer et d'être cette paire d'inséparables. Je ne sais pas comment est née leur amitié, juste qu'un jour Niall était sur le terrain de foot et dans les couloirs de l'école et qu'un jour il était à la bibliothèque en train de bailler puis dans mon canapé en train d'apprendre à Liam à jouer à Assassins Creeds jusqu'à partager notre petit déjeuner le lendemain.
Je baisse d'ailleurs à nouveau mon regard sur lui, cet électron libre qui n'obéit à aucune règle, à la fois doux et fort. Chaque être est censé être unique et pourtant je trouve qu'on se ressemble tous un peu, on ne se sert juste pas de nos atouts et de nos faiblesses de la même manière. Je ne sais pas qui est Niall, c'est ce que je dis et pourtant je crois le connaître parfois mieux que moi-même. Il est doté d'une capacité d'adaptation dont j'ignore l'étendue mais qui me laisse parfois béat d'admiration aussi bien que d'exaspération. Il est capable de se tirer de n'importe quelle situation sans même le vivre comme une contrainte ; moi ça me ferait chier de devoir m'occuper de gamins qui ne sont pas de ma famille ; je vivrais comme une corvée d'aider cette vache de caissière qui me regarde de haut à porter ses courses jusqu'à sa Renault familiale ; pire, il me serait impensable même d'aller aider les petits vieux à bouffer à la maison de retraite. Et je sais que sous son sourire Liam le vivrait certainement de la même manière. Donc moi je le ferais pas, Zayn non plus et enverrait se faire foutre quiconque lui demanderait de l'aide, Liam le ferait donnant l'impression qu'il y prendrait du plaisir et puis il y a Niall. Ce bouffon du roi qui le ferait, et le fait, avec un gigantesque sourire sincère. Cet idiot fait tout avec bonté et générosité sans même donner l'impression que c'est une bonne action, il fait tout avec plaisir, ça me rend dingue et me donne envie de le frapper. Mec ! Une nana se fait larguer en public, tu n'es pas forcé d'aller t'occuper d'elle et de la faire rire, on s'en fout ! Mais non Niall est gentil. Sauf quand il s'agit de son assiette. Là il semble que Niall ait oublié jusqu'au mot partage, personne ne touche à la bouffe de Niall, tout comme personne ne touche à Liam ou à sa petite sœur. Niall est l'ami de tout le monde, mais il n'a qu'un ami, et si je n'avais pas Zayn je crois que je pourrais être jaloux. Je n'ai pas de quoi l'être, Zayn est tellement désagréable qu'au moins je n'ai à le partager avec personne puisqu'il ignore même les midinettes qui se pavanent devant lui autrement que pour les baiser sans aucune considération.
C'est la première fois que je me prends à tant penser à lui, à ce que qu'il est peut-être au fond et sans doute aurais-je oublier ces réflexions à l'aube lorsque mon corps sera assaini après une purge nécessaire et quelques aspirines. Mais c'est comme si sa proximité et sa présence agissaient en guide sur mes pensées. Oui, il est toujours là, à trainer dans mon environnement, mais pas dans mon espace. Pas ainsi. Ou du moins je me force à le croire parce que ces moments qu'on partage arrivent de plus en plus fréquemment, des instants volés qui surgissent dans ma mémoire et me font me sentir différent. C'est un autre Niall qui me rejoins la nuit, cet autre avec qui je me prends parfois à discuter sans barrière car je sais que lui sera amnésique le lendemain.
Je ne sais pas s'il dort, s'il est conscient de l'endroit où il se trouve et avec qui. C'est toujours pareil, je bois, il boit, je me tire, il me suit, me colle jusqu'à s'endormir et je me sens obligé de le ramener ou de me retrancher lorsqu'on est pas dehors. Le lendemain, il ne se rappelle de rien et moi je me souviens chaque fois que quand les autres croient que je passe mes nuits de beuveries à baiser, je les passe de manière innocente avec le meilleur ami de mon frère.
Il dort, ou pas, je m'en fous, je n'ai pas envie de bouger. Je me sens bien là, avec mon pote de beuverie, un Niall inconnu des autres, calme, et silencieux. D'habitude il parle, il est bruyant même quand je ne réponds pas, alors même pour moi ce comportement est suspect. Néanmoins je sais qu'il ne dort pas, il est calme, mais pas apaisé pour autant. Sa main se serre toujours convulsivement dans la poche ventrale de mon sweat signe de sa nervosité. Je me redresse un peu, mon bras bloqué par le poids de sa tête sur mon épaule, je n'ai pas envie qu'il se relève et s'en aille mais je veux comprendre. Je jette mon mégot au loin d'une pichenette et me penche sur lui alors que j'expire la fumée sur son visage lui soutirant une grimace.
Ce qui caractérise Niall en plus de sa gentillesse et son dévouement, c'est bien son sourire. Ce sourire avenant et communicatif, qui dévoile ses dents parfaitement alignées depuis qu'il a enlevé son chemin de fer ; ce sourire qui le rend charmant et attirant ; ce sourire qui plus d'une fois lui a permis d'être pardonné pour ses gaffes, qui lui a permis d'attirer un bon nombre de nanas dans son lit ; ce sourire absent ce soir. Ses cils clairs reposent délicatement sur ses pommettes, sa bouche forme une mince ligne rosée qui contraste presque sur son visage pâle qui ne supporte pas le soleil. J'appuie de mon index sur sa joue, il bouge à peine, alors je tire sur le coin de sa lèvre pour former un semblant de sourire, mais je le sens résister et je reste immobile les sourcils froncés.
- Qu'est ce qu'il y a ? Murmuré-je doucement. Ma voix est rendue rauque par le whisky et les substances que j'ai fumées, encore un détail que je ne partage pas du tout avec Liam qui a la voix bien plus grave que moi. Il se niche un peu plus contre moi, comme s'il pouvait se fondre en moi. J'appuie sur son épaule pour qu'il se recule.
- Oh ! Niall, c'est quoi le souci là ? J'suis pas ton doudou hein. Dis-je sur le ton de la plaisanterie, l'air taquin comme si on partageait un secret. C'est le cas, un secret qu'il garde bien mais qu'il m'a confié un soir où il était particulièrement éméché. Niall dort avec un putain de doudou et même si j'ai trouvé ça ridicule sur le moment, je ne peux m'empêcher d'y voir maintenant là une preuve du fait qu'il ne soit pas ce roc solide et intouchable qu'il montre. Je n'ajoute rien face à son silence mais ne bouge pas pour autant conservant cette même position inconfortable. Je tire une nouvelle cigarette et la cale entre mes lèvres, je cherche mon briquet du regard et l'attrape difficilement, le corps un peu entravé par mon ami du soir. Je ne le quitte pas des yeux, espérant que le poids de mon regard le forcera à réagir. J'en suis à la moitié de ma clope quand il ouvre à demi les yeux et d'un geste rapide me vole mon tube de nicotine. Je le laisse tirer et tousser comme un gosse la fumée blanchâtre. Je laisse échapper un rire avant de plonger mes prunelles bleues dans les siennes, si semblables aux miennes, si différentes de celles de Liam. Comment peut-il me suivre moi, me trouver peu importe le temps et l'endroit où je me trouve lorsque nous ne faisons que partager des nuits qu'il fini toujours par oublier ? Alors qu'il passe ses journées avec mon frère auquel il semble si attaché quand ma présence le laisse habituellement de marbre.
Il tousse contre mon pull, tourne son visage vers moi et j'observe ses grands yeux humides. Le sien paraît si clair sous la lumière pâle du ciel, le mien est bien plus sombre. Je passe un doigt hésitant sur les rougeurs qui apparaissent sur sa joue et je me sens étrange. Mon regard accroche sa langue qui parcourt ses lèvres trop lentement, presque lascivement et l'air se fait soudainement électrique et je ressens le froid non plus comme un caresse mais comme des picotements vifs et lancinants, comme si les éléments eux-mêmes se mettaient à troubler mes pensées. Le bleu de ses yeux se fait dense et se trouble, et je n'ai pas l'impression qu'il s'agisse d'un effet dû à l'alcool. Rien dans son attitude est habituel. Et encore moins cette empreinte de sensualité qui se dégage de lui lorsqu'il se redresse à peine, en appui sur ses coudes. Mon souffle se fait court. La distance entre nos visages se réduit et je le remarque à peine, haletant, pressé même. Car je ne fais rien. Rien de rien. Aucun mouvement de recul, juste un ahanement brusque qui le fait soupirer lorsque mon souffle chaud percute sa peau. Cette promiscuité me fait l'effet d'une chute, longue et intense. De celle qui fait se soulever le cœur à tel point qu'idiots nous portons une main sur nos poitrines comme pour l'empêcher de quitter sa place initiale, sauf que là, la seule chose à laquelle vient se retenir ma main quand il pose ses lèvres sur les miennes c'est à sa nuque.
Le torrent d'émotions qui s'éprend de moi est trop fort, fulgurant et presque douloureux. Je retiens un halètement quand je le sens se redresser vers moi. Chaque cellule de mon corps semble percevoir avec une acuité aigue ses mouvements. J'ai l'impression de m'enfoncer dans le blizzard, de perdre pied et quelque chose d'inattendu, de fou. Ce danger avec lequel nous aimons tant flirter bien à l'abri derrière des barrières qui nous sépare du vide, j'y plonge pieds et poings liés, sans retenue. Car lorsqu'il se recule le souffle lourd et les lèvres humides de nos salives mêlées, j'agrippe sa nuque d'une main ferme et attire son visage pour fondre aussitôt sur ses lèvres.
Il gémit, de douleur à la dureté de ma bouche sur la sienne, mes dents ont percutés ses minces lèvres et je me dégage tout aussi soudainement que je l'ai tiré à moi, le souffle court et bruyant. Et ce con, ce putain de con me sourit. Il sourit, et je ne comprends pas. Pas plus quand c'est lui qui initie une nouvelle union de nos corps. Il pose cette fois sa bouche avec douceur sur la mienne, ses doigts pincent la peau de mon ventre, il rit contre mes lèvres alors que je fronce les sourcils. C'est un rire qui m'est inconnu, tout en souffle et en tendresse. Lorsque je reste figé sans même lui répondre, il mordille ma lèvre inférieure et sa main presse encore mon ventre comme pour me faire réagir, mais je suis trop perdu pour ça. Du moins jusqu'à ce qu'il se recule à nouveau et que la perte de sa chaleur et de sa présence me fassent prendre conscience que je ne veux qu'une chose : me laisser aller et tomber dans le vide. Et je tombe, durement, dans un nuage doux et bienfaisant lorsque je le surplombe et qu'il me laisse faire.
La boule de chaleur qui avait pris naissance dans mon ventre se diffuse dans la totalité de mon corps alors même que je l'observe et que la fièvre nous parcourt tous deux. Mes mains enfoncées dans le sable encadrent ce visage que je croyais connaître. Lui aussi m'observe de ses prunelles bleues incandescentes ; ses paupières plissées et ses cils clairs lui confèrent un air coquin et atrocement adorable qui me fait languir et déglutir. Son sourire est doux, simple et je n'ai qu'une envie, le lui voler. Il est encore temps de me dégager, de me redresser sur mes genoux avant de me lever et de me tirer et pourtant je me baisse sur lui et de ma bouche je parcoure son visage.
Je ne sais pas ce qu'il me prend et je m'en fous. De tout. Du froid et du vent, du fait qu'on soit sur la plage soumis aux regards de quiconque pourrait s'aventurer ici. Je me fous de tout, sauf de Niall sous moi, offert, la respiration hachée, les joues rougies. Ses mains glissent de mon dos à mes hanches, nos bassins écrasés l'un contre l'autre. Je gémis comme un putain d'adolescent lorsqu'il s'arque sous moi, nos sexes se rencontrant au travers de nos vêtements. J'halète, ses mains glacées se glissent sous mon pull et remontent en une caresse brûlante le long de mon échine jusqu'à mes épaules sur lesquelles il tire pour qu'encore je me penche sur lui. Il attrape mes lèvres des siennes et m'entraine dans un baiser fougueux. Jamais je n'ai été embrassé ainsi, avec tant d'abandon et de plaisir, ses soupirs sont autant de signes de son envie de moi et de plus. Je me redresse un peu et il geint enfonçant ses doigts dans ma chaire me faisant grogner.
- A- Attend.. Je.. Il gémit et se relève pour joindre nos lèvres, encore, toujours plus. Ni..Niall.. Il râle et me fusille du regard et je déglutis. Je ne l'ai jamais vu ainsi, jamais. Il semble possédé. Le désir gronde en moi. Je lâche un son de surprise quand il me pousse dos au sol et m'enfourche de ses fines cuisses pâles que je sais musclées. Ses mains s'attèlent à me dévêtir, je n'ai plus froid, je bouillonne, j'ai chaud, je brûle. Je me laisse faire et lève même les bras pour faciliter le passage de mon pull, je le laisse s'asseoir sur mes hanches et je réponds à chaque baiser, chaque caresse avec fougue.
Ses mains d'homme parcourent mon ventre d'une manière si pleine de dévotion que j'en gémis de bien être. Je rejette la tête en arrière quand sa bouche dévore la peau de ma gorge, la marquant de ses dents et de sa langue. Mon sexe s'éveille à une vitesse fulgurante, dur dans mon caleçon ; mon désir transparait dans chacun de mes gestes, reflet de celui qui s'est épris de mon partenaire d'une nuit. Il descend sur mes jambes, assis désormais sur mes cuisses, je pose ma main sur sa joue attendrit par sa mine concentrée alors qu'il défait le bouton de mon jean. Je n'ai pas envie de le laisser faire ça, je veux qu'il prenne le temps de réfléchir, car le garçon au dessus de moi me fait l'effet d'un enfant curieux et je ne veux pas n'être qu'une expérience. Il me fixe, interrogatif, et semble comprendre mes doutes car il me sourit et se penche pour m'offrir un doux baiser.
- J'ai envie de toi. Sa voix brise le silence et envoie valser toutes les barrières que j'érigeais inconsciemment entre lui et moi. Dans mon regard, une seule question subsiste tout de même, celle de savoir s'il est sûr. Il sourit et joue de son nez contre le mien avant de laisser sa bouche trainer jusqu'à mon oreille et d'en mordiller le lobe. Je me tends contre lui, agrippant ses hanches et ses fesses, enfonçant mes doigts dans sa chaire nue. Il couine, mon sang bat dans mon sexe au son de sa voix suppliante. Je flatte sa peau, à peine, bien trop pressé. Il lèche mon oreille puis cet endroit qui signe la jointure entre mon épaule et ma gorge avant de mordre durement ma clavicule en même temps qu'il entame une friction entre nos sexes gonflés et humides. J'ai-envie-de-toi.. Il ponctue chaque mot d'un baiser me ramenant à la raison. Une raison ivre et passionnée.
Je reprends le dessus et ne fait qu'une bouchée de lui. Je me sens fébrile et gourmand, je soulève son t-shirt sur son torse sans lui retirer, je ôte son short et son caleçon d'un geste vif et expert. Mes mains et mes yeux se repaissent de son corps partiellement dénudé, sa peau est pâle, presque translucides, les muscles de ses cuisses sont tendus sous l'effort et sa cage thoracique se soulève fort et rapidement. De mes pouces je trace des cercles sur les os apparents de ses hanches avant de flatter de mes doigts ce torse fin, sans une once de gras pas vraiment développé. Impulsivement mon bassin cogne le sien sous le plaisir de l'avoir là, sous moi, et il s'arque, ses yeux se révulsant. Son corps sensuel se meut à l'unisson avec le mien, la friction de nos sexes nus exacerbe mon désir et mon impatience. Sa voix est rauque et je me repais de ses soupirs, de son regard brillant qui quémande plus qu'un simple frottement. Mes doigts sur lui n'ont plus rien d'hésitant, je le caresse avec fièvre, cajole de ma langue ses pointes de chair rosées et dures pour moi avant de parcourir son ventre plat jusqu'à parvenir à son pubis.
J'échappe un sourire à la vue de son érection luisante et dressée pour moi. Il s'impatiente, ses hanches basculent en avant, son sexe frotte ma joue et je pose un baiser sur la tête de son érection avant de mordiller la peau tendre de son aine et de caresser de mes doigts fureteurs la toison claire qui orne son pubis et entoure l'expression de son désir. Il râle. J'ai toujours apprécier dominer et prendre le contrôle dans mes ébats, mais avec lui cela prend une autre tournure, je veux lui faire perdre la tête, déployer toutes mes aptitudes afin qu'il aime ce que je compte lui faire. Il tire sur mes cheveux, non pas pour que je prenne son sexe dans ma bouche mais pour que je remonte jusqu'à lui et qu'il puisse cueillir encore mes lèvres des siennes. Ses jambes s'ouvrent plus encore pour moi. Il amène mes doigts à sa bouche et les humidifie avec un gémissement douloureux.
- J'ai envie de toi. Répète-t-il encore une fois en enserrant mon sexe de son autre main. Mon cerveau explose, j'ai la sensation de perdre toute notion, toute logique, et à l'envie de lui faire du bien se substitue le besoin d'être en lui. Maintenant. Il ne m'en faut pas plus pour m'atteler à le préparer. Sommairement. Ses gémissements ne m'aident pas à être calme ou même patient et lorsqu'à nouveau il me témoigne son envie de moi je me laisse guider par mon cœur et le fais mien avec force et tendresse. Comme jamais encore je n'ai aimé un amant. Je tente d'être doux lorsque je m'enfonce dans ses chairs, il me rassure de son sourire unique, celui que je n'ai encore jamais vu adressé à quelqu'un d'autre qu'à moi ce soir, je me fais violence pour ne pas aller et venir immédiatement. J'aime son étroitesse et sa chaleur, mais aussi cette douleur et cette acceptation sur son visage, et le plaisir dans ses yeux. Son visage rejeté en arrière, il semble feuler de bien être, par le simple fait de m'avoir dans son antre si chaude.
- Viens... Un seul mot, qui me fait gémir. Je me mets en mouvement, d'abord avec prudence, puis de plus en plus fort. Mes genoux s'enfoncent dans le sable, mes mains s'accrochent désespérément à ses hanches qui chaque fois viennent à la rencontre de mon bassin. Il est si réceptif, si demandeur, si désirable, nu et offert sous moi que je ne peux rien retenir. Son intimité palpite pour moi, semblant prendre la mesure de mon sexe pour s'adapter à lui et rendre notre union brûlante et délicieuse. Il gémit, et couine, et vocalise si fort son plaisir que je suis forcé d'aspirer chaque son de ma bouche sur la sienne pour amoindrir leur portée. Nos peaux claquent, la sueur forme un voile transparent sur sa peau d'albâtre que j'ai envie de lécher. Ses ongles marquent mon dos et mes épaules et putain j'aime ça. J'aime la rudesse de ses gestes, la masculinité de son corps et la chaleur de ses reins. Ses talons s'enfoncent dans mes fesses et il m'en demande toujours plus.
Je n'ai qu'une pensée alors que mes dents s'acharnent sur sa gorge pour y laisser ma trace et que mon sexe percute sa prostate, c'est que la prochaine fois je veux le dévêtir avec lenteur sous une lumière vive pour découvrir son corps. Sa voix est excitante, aphrodisiaque ; ses doigts enserrent ma nuque, tirant sur mes cheveux avec passion, et cette douleur est si bonne. J'aime faire l'amour à ce garçon qui est ce contraste entre force et faiblesse. Il se cambre tant contre moi que je crains qu'il se brise, ses épaules touchant à peine le sable sous nous. J'enferme sa taille d'un bras pour attirer son ventre contre le mien et approfondir mes vas et viens en lui. Je me sens venir, mes coups de bassin se font moins rapides mais plus puissants, heurtant de plein fouet sa prostate lui coupant le souffle. Il se laisse aller en arrière, expirant fort et tire sur mes bras, mon torse percute le sien et je m'abandonne dans se cœur à cœur. Mon visage niché dans sa nuque, je m'emploie à m'enfoncer en lui avec ferveur et passion. Il dévore ma gorge et mon épaule, son souffle heurtant ma peau sensible. Nos peaux humides de sueur glissent l'une contre l'autre, son sexe enfermé dans notre étreinte suinte de ce plaisir qu'il ne peut s'empêcher de vocaliser.
- Je.. je.. Son regard est fou, ses lèvres gonflées et abîmée par ses dents. Je me sens épuisé, je me sens venir, et j'empoigne son érection d'une main ferme, m'activant sur son sexe dur et rougeoyant. Il geint, et je calque mes mouvements de poignet sur ceux de mes hanches. J'ai envie d'être partout à la fois, en lui, sur lui, prendre sa bouche et son sexe. Il se redresse brusquement lorsque l'orgasme le fauche, il éjacule en de longs jets sur son ventre et son torse partiellement recouvert par son t-shirt relevé alors même qu'il mord brutalement mon épaule me faisant gronder sous le plaisir et la douleur mêlés. Le resserrement de ses chairs sur mon sexe me fait à mon tour venir et la jouissance me dévaste. Il se laisse aller en arrière, contractant ses muscles internes alors même que je viens en lui, mon bassin est pris de soubresauts sous ce délicieux traitement. Il caresse mon torse, griffe mes tétons et jamais un orgasme ne m'a paru si long et intense. Si brutal.
La tête rejetée en arrière, l'esprit embrumé, les yeux fermement clos je me délecte de ces quelques minutes qui succèdent l'orgasme.
- Oh putain Niall c'est.. c'était.. Je soupire incapable de m'exprimer et écrase mes lèvres sur les siennes avant de me laisser tomber à ses côtés, essoufflé et exténué. Je me sens vidé. On partage un regard et son rire doux s'échoue sur la peau brûlante de mon épaule nue. Nos respirations se calment peu à peu et je puise dans mes réserves d'énergie pour enfiler mon pull et remonter caleçon et pantalon alors qu'il fait de même à mes côtés sans un regard pour moi. Le silence se fait soudainement lourd et la tension parcourt mes épaules. Je suis assis, lui allongé. Sa main caresse furtivement mes reins, puis mon dos et s'échoue sur mon biceps qu'il presse.
- J'avais envie de toi. Je souris et porte mon regard sur le ciel sombre, soudain pensif. Je sens sa main attraper la mienne et je laisse nos doigts se lier dans une délicatesse qui contraste avec notre étreinte précédente. Enfin mes sens s'apaisent et l'environnement prend à nouveau place. Le bruit des vagues, le souffle fort du vent et le froid mordant. Je me sens frémir, non plus de fébrilité ou d'impatience mais d'autre chose. De érénité peut-être. Ou de fatigue. Je laisse mon dos percuter le sable, il vient à nouveau se nicher contre moi, dans une position similaire à celle qu'il affectionne ; sa tête sur mon épaule, son bras dans la poche de mon sweat et une jambe entre les miennes. Comme avant. Comme si rien n'avait eu lieu.
J'ouvre la bouche dans le but de m'exprimer, mais encore une fois les mots me manquent. Le sommeil l'emporte, je le sens se détendre et s'alourdir. Son visage gracile est apaisé, et comme plus tôt ses cils clairs reposent délicatement sur ses pommettes, sa respiration est calme et tout son corps pèse agréablement contre le mien. Sa chaleur bienfaisante m'engourdi et à mon tour je me laisse attirer au creux de l'étreinte de Morphée, mes pensées brumeuses balayées par cette sorgue onirique d'été.
De toute manière, son réveil oubliera notre nuit. Comme chaque fois. Sauf que cette fois, aux maux de tête et aux nausées, les doutes risqueront de semer le trouble et faire chanceler mes certitudes.
The end.
Voilouuuuuu... bon normalement y a une suite mais elle n'est pas vraiment terminée ou même indispensable..ou peut-être qu'elle pourrait donner un certain sens à tout cela.. i don't know :(
Si les mots me viennent et s'enchainent je suppose que je posterais :)
ps : Merci à Fadingls pour le titre :)
K.
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