Chapitre 1
Astrid
J'ai toujours trouvé cette maison magnifique, mais ce soir, sous les rayons de soleil rasant sur l'horizon, elle est juste splendide : la toiture vert olive, au bardage de bois, prend des teintes dorées sur les bords, tandis que le grand saule qui jouxte le flanc gauche semble avoir pris feu, tant ses feuilles flamboient sous la lumière du couchant.
Je monte les trois marches qui grimpent jusqu'au perron, évitant la rampe que Fox a installée voilà sept ans, quand lui et Hope ont acheté la propriété. Une vaste exploitation de pommes, comme il en existe des centaines dans le Vermont, et qu'ils ont retapée au cours des années qui ont suivi leur mariage.
Fox est paraplégique. Pourtant, il n'a pas ménagé ses efforts pour en faire un havre de paix pour la famille qu'ils ont fondée peu de temps après, en mettant au monde le petit Jonah. Un bel exemple de courage et de résilience, que je ne peux qu'admirer.
Souvent, je me dis que je serais incapable d'en faire autant. Et en contemplant ma propre vie, je me rends compte que c'est le cas.
Qu'est-ce que j'ai fait, moi, depuis sept ans ? Certes, j'ai repris mes études, ai obtenu un diplôme d'enseignement et exerce enfin un métier qui me plaît ; mais à part ça, qu'est-ce que j'ai accompli dans ma vie personnelle ? Rien.
Sous le porche, quelques jouets, laissés à terre au hasard, sèment mon parcours de quelques obstacles qui me font autant sourire qu'ils ne me serrent le cœur.
Dans mon existence à moi, il n'y a pas d'enfant. Pas de mari, même pas de copain. Aucune présence masculine, si on excepte mes amis Fox et Marcus. Les autres ? Voilà sept ans que je les évite. Sept ans. Bon sang, une éternité, somme toute. Pourtant, dans ma tête, l'événement qui m'a fait renoncer à la gent masculine me semble si proche, si frais, que j'en frissonne d'effroi. Ouais, définitivement, je suis bien sans mec.
Des enfants, je ne dis pas. Les larmes me montent aux yeux d'ailleurs, quand je pense qu'il aurait presque six ans. Mais je balaie cette idée d'un revers mental, aussi vite qu'elle est apparue. Non, ce n'est vraiment pas le moment.
— Eh ! Salut, Astrid ! On n'a pas entendu ta voiture !
Je souris, heureuse de cette dérivation fortuite. Il faut que je me concentre sur autre chose.
— Salut Fox, réponds-je avec un sourire. Dis donc, ça sent bon !
Le porche, qui court tout autour de la façade, déboule sur une grande terrasse arrière en bois. Devant un barbecue aussi long qu'une voiture se tient le mari de ma meilleure amie Hope. Ashley, aussi appelé Fox depuis son passage dans l'armée, remue quelques saucisses encore crues qu'il vient sans doute à peine de placer sur la grille.
Rien ne le différencie de n'importe quel amateur de viande au feu de bois, qui s'occuperait de faire quelques grillages en ce samedi soir. Sauf que pour Fox, se tenir debout tient presque du miracle : il a perdu l'usage de ses jambes il y a de cela huit ans, quand il a sauté sur une bombe. Et si aujourd'hui il est capable de se tenir droit comme un i devant son barbecue, c'est au prix d'une volonté de fer : rééducation, exercices, remise à niveau physique, il a tout fait.
Pour elle, sa femme ; pour lui, son gamin.
Mon cœur se serre, devant ces sacrifices auxquels il a consenti pour eux. Personne n'en a jamais fait la moitié pour moi. Personne n'en fera le dixième.
Ravalant un sanglot, je claque une bise sonore sur sa joue piquante, puis m'avance vers Hope, occupée à disposer assiettes et couverts sur sa table de jardin. Levant le nez vers moi, elle se redresse, une main sur ses reins et me balance un sourire fatigué qu'une grossesse de sept mois épuise.
— Salut ma belle ! la salué-je en l'enlaçant. Bordel, encore quelques centimètres de plus, et je ne vais plus pouvoir en faire le tour !
Je mime sa taille impressionnante en gonflant les joues, ce qui la fait soupirer aussitôt.
— Oh, je sais. J'ai l'air d'une baleine !
— T'es une baleine magnifique ! lance Fox.
La façon dont Hope hausse un sourcil me fait presque rire et je plaque une main sur ma bouche pour ne pas me trahir.
— Oh ça va, grince ma meilleure amie. Vas-y, rajoutes-en une couche.
Cette fois-ci, l'éclat de rire qui m'emporte, je ne peux le réfréner et Hope lève les yeux au ciel.
— Sympa, grogne-t-elle en brandissant une fourchette.
Cependant, le clin d'œil que son mari lui balance semble suffire à la calmer : facile, elle est dingue de lui. Je ne peux pas le lui reprocher, il est juste irrésistible. Grand, auburn et diablement séduisant, l'ancien militaire à la barbe fournie a ravi son cœur la première fois qu'elle l'a vu, alors qu'il s'apprêtait à devenir son patient, quand Marcus avait demandé à Hope, médecin, d'aider Fox à débuter sa rééducation.
Le couple qu'ils forment me fait clairement rêver. Moi aussi j'aimerais rencontrer un type aussi génial, l'épouser et fonder une famille. Cependant, à trente-cinq ans bien tassés, je sens que ce rêve commence à s'étioler tout doucement, au fur et à mesure des années qui passent.
— T'as faim, j'espère, me hèle Fox. J'en fais pour un régiment !
Je souris en acquiesçant, même si c'est complètement faux. Non, en vérité, j'ai surtout envie de dormir. Mais comme c'est samedi soir et que je n'ai clairement rien d'autre de prévu, j'ai fait l'effort de répondre à leur gentille invitation.
Ils me savent seule, mais j'espère qu'il ne s'agit pas de pitié. Je n'en ai pas besoin. Bien que je sois complètement cassée de l'intérieur, je refuse qu'on s'apitoie sur mon sort. C'est hors de question.
Le visage que je montre au monde n'est que sourire et bonne humeur. Je ne sais pas s'ils sont dupes. Sans doute pas : ils me connaissent par cœur. Cependant, ils ont la délicatesse de n'en rien dire et font semblant. Ça m'arrange.
— Si c'est juste pour nous trois... quatre avec Jonah, ça risque de faire beaucoup.
Ma remarque fait secouer la tête à Fox, qui brandit sa pince à viande avec assurance.
— On attend Marcus et sa copine, aussi ! T'inquiète, il mange plus que nous tous réunis !
Un grognement provenant de la coursive nous fait tout sursauter, quand le principal intéressé déboule en râlant.
— Ben ça va, siffle-t-il, dites tout de suite que je bouffe comme dix !
— Huit, rectifie Fox. Et c'est déjà pas mal.
Marcus se marre, balance un grand coup dans le dos de Fox, qui flagelle sur ses jambes, se retenant in extremis à la poignée du barbecue, puis rejoint Hope, à qui il claque une bise sonore sur la joue.
— T'as encore gonflé, nan ? se marre-t-il en l'observant de plus près.
Hope pousse un sifflement indigné, et l'hilarité repart de plus en belle, tandis que le grand brun me pose un baiser sur la joue.
Hope, Marcus et moi nous connaissons depuis la maternelle, que nous avons fréquentée ensemble, ici, à Sweetbridge. Si les deux premiers en sont partis à un moment, lui pour l'armée, elle afin de réaliser ses études de médecine, ils sont revenus dans leur ville d'origine, depuis. On ne quitte pas Sweetbridge comme ça, visiblement, et l'endroit nous appelle à revenir, inlassablement.
Moi, c'est pire, je n'en suis jamais partie. J'aurais pu. Sans doute aurais-je dû, surtout après ce qui s'est passé. Mais je n'en ai pas eu l'idée, ou peut-être pas le courage. Ça aurait nécessité une volonté de fer que je n'ai plus depuis longtemps. Et même si j'ai changé de métier, pour le reste, rien n'a évolué.
— Alors cette rentrée ? me demande Marcus en s'affalant dans un des fauteuils de jardin.
— Super, réponds-je.
Et c'est honnête : quinze jours que nous avons repris le chemin de l'école et deux semaines depuis lesquelles je m'éclate avec mes petits élèves.
— T'as lesquels, cette année, déjà ?
— 2nd Grade.
— Ah ? T'as Jonah, du coup ?
— Oui, acquiescé-je en jetant un œil vers le jardin. Ça me fait bizarre.
Le fils de Hope et Fox, bien qu'il n'ait que six ans, a atterri dans ma classe cette année, en en sautant une. Trop intelligent, cet enfant... Ce gosse, je le connais depuis sa naissance, et l'avoir face à moi dans ma salle, ça me fait encore tout drôle. Sans doute que pour lui aussi, d'ailleurs, parce qu'il n'est toujours pas venu me dire bonjour, et qu'il m'observe du coin de l'œil depuis mon arrivée.
— Dis, m'interrompt soudain Marcus dans mes pensées. Est-ce que tu serais d'accord pour reprendre ton ancienne casquette, et me couper les cheveux avant que je ne reparte ?
Je fronce les sourcils, tandis que mes iris se posent sur sa tignasse hirsute, dont les longues mèches brunes ont effectivement bien besoin d'un coup de ciseaux. J'ai abandonné la coiffure, ma première formation, il y a sept ans, mais ça m'arrive de faire quelques coupes pour les amis, de temps en temps.
Pour être très honnête, je n'aime pas trop : ça me rappelle cette période d'insouciance où j'avais entrepris cette formation juste parce que je me fichais de tout, et que l'école me barbait. J'étais jeune, idiote et complètement à l'ouest, à l'époque. Brune platine, habillée ultra court et sautant tout ce qui portait des couilles, j'avançais dans la vie avec une frivolité qui me manque, parfois.
Jefferson a fait tout capoter et je ne suis définitivement plus la même. Avoir été battue, avoir perdu mon bébé et assisté à sa tentative de meurtre sur Hope m'ont changée à jamais, je crois.
— Oui, bien sûr, si tu veux.
— Après le repas, alors, tempère Hope.
Sa façon de me regarder avec appréhension, sourcils froncés et lèvres pincées, me laissent à penser qu'elle a saisi où mes songes m'ont conduite. Hope est ma meilleure amie et elle ne loupe jamais mes états d'âme.
Marcus lance quelques vannes à Fox, ignorant totalement qu'il vient de jeter un pavé dans la marre. C'est un mec, après tout... Peu savent se rendre compte de ce qui se trame chez les autres, même leurs meilleurs amis.
— Ça va être prêt ! lance Fox en se tournant vers nous.
— Génial, répond sa femme. Je vais chercher les salades.
Je l'arrête d'une main, et d'un simple regard, la force à se rassoir. Et je pénètre dans la cuisine. Hors de question qu'elle fasse des efforts, alors que je n'ai rien à faire. D'autant que m'occuper les mains n'est pas plus mal pour ma tranquillité d'esprit.
Lorsque je reviens, Fox est déjà en train de distribuer la viande dans les assiettes. Trop tard pour l'arrêter : la mienne est déjà remplie, alors que mon appétit s'est fait la malle depuis un bail. Tant pis. Autant ne rien dire et faire semblant de manger. Ça évitera conflits et discussions. Je suis passée maîtresse dans l'art d'esquiver, de toute façon.
— Alors, demande soudain Fox entre deux bouchées, pourquoi t'es venu seul, au fait ? Et Susan ? Elle est où ?
— On a rompu.
A sa façon de continuer de manger, Marcus n'a pas l'air ému plus que ça. En même temps, ce n'est pas inhabituel : il est incapable de se poser avec une fille. La seule qu'il voulait, c'était Hope et quand elle a choisi Fox, ça a bien failli avoir raison de leur amitié, à tous les trois. Il a fini par admettre leur couple, mais depuis, il virevolte de conquête en conquête, sans en garder une seule.
— Oh, mince, gémit Hope, qui a l'air sincèrement désolée.
Elle coupe la viande de Jonah, assis à côté de moi, tout en l'observant.
— T'inquiète, s'amuse-t-il en lui balançant un clin d'œil. C'est mieux. J'avais pas envie d'aller plus loin avec elle, de toute façon.
Hope tique, mais ne répond rien. Et lorsqu'elle se lève pour débarrasser, je l'imite pour éviter qu'elle n'ait trop de travail. Elle est fatiguée, je le vois bien : entre Jonah et ses consultations, elle en fait trop pour ses sept mois de grossesse.
Quand nous revenons, les deux gars ont sorti du whisky et sont en train de siroter leur verre, tranquillement installés dans les fauteuils Adirondack près de la pelouse.
— T'as ton matériel de coiffure ? me demande aussitôt Marcus en me regardant approcher.
— Dans la voiture, réponds-je dans un souffle las. Je vais le chercher.
Je ne sors jamais sans lui, parce qu'il y a toujours quelqu'un pour me demander une coupe de temps en temps, que je ne refuse jamais. J'aimerais mettre ce côté de ma vie dans un trou et ne jamais y revenir, mais personne ne semble le comprendre. Cependant, comme je ne souhaite vexer personne, je continue à exercer un peu.
— Court sur les côtés, pas trop en haut.
Je ne réponds pas, et pose ma trousse sur la table en fer forgé. Marcus est déjà en place, assis sur une chaise, une serviette en éponge sur les épaules, sans doute empruntée à Hope. Les yeux fermés, il attend, comme si ça allait de soi. J'évite le regard sombre de Hope, qui n'apprécie pas plus que moi sa façon de m'imposer un travail qu'il juge normal.
Je la fais taire d'un coup d'œil, et débute la coupe.
J'ai beau avoir changé de métier, les gestes ne s'oublient pas facilement : en quelques coups de tondeuse et de ciseaux, les premières mèches tombent au sol, et la nuque de Marcus apparaît plus nettement. Il a les yeux fermés de celui qui a totalement confiance, et quelque part, j'aime bien.
Marcus est de ces beaux mecs sur lesquels toutes les filles craquent irrémédiablement. C'était le cas de Hope, dans sa jeunesse, mais cet idiot ne l'a remarquée que quand c'était trop tard. Moi, il ne m'a jamais intéressée. Depuis que nous sommes tout petits, il est dans la friendzone. Sortir avec lui, ce serait aussi bizarre que de le faire avec un cousin.
Dans ma vision périphérique, j'essaie d'ignorer que Fox a attiré sa femme sur ses genoux et qu'ils s'embrassent discrètement. Enfin pas tant que ça, puisque je les ai repérés aussi sec. La main qu'il pose sur son ventre ne m'a pas échappée non plus, et attise une peine qui refait surface à chaque fois que je croise une femme qui attend un bébé.
Quand je suis tombée enceinte de Jefferson, il y a sept ans, c'était un accident. Et si j'ai hésité un peu à le garder, cet enfant, parce que je n'étais pas amoureuse de lui, et surtout parce qu'il me terrorisait, j'ai pleuré finalement toutes les larmes de mon corps quand je l'ai perdu. Depuis, son souvenir me hante, à chaque fois que j'y pense.
C'est idiot, je le sais bien. J'avais réussi à occulter pendant la première grossesse de Hope, trop contente pour elle, d'autant qu'avec un mari paraplégique, leurs chances de concevoir étaient basses. Là, depuis qu'elle attend le deuxième, mon cerveau bugge. Je pensais qu'après toutes ces années, j'avais réussi à oublier. Vœu pieu, mais vain : c'est peut-être justement l'horloge qui tourne qui remue le couteau dans la plaie, me rappelant que mon désir d'enfant se fait de plus en plus pressé au fur et à mesure du temps qui passe.
J'essaie de me reconcentrer sur mes gestes, que j'effectue sans même y penser. Mes doigts s'agitent, agiles, et les mèches tombent, sans que j'y prête vraiment attention.
— Au fait, reprend soudain Marcus en ouvrant les paupières pour me fixer. J'ai une pote de l'armée qui me demandait hier si je connaissais pas une institutrice qui serait intéressée par un projet. J'ai pensé à toi.
— Ça dépend, grimacé-je. Ça consiste en quoi ?
Je saisis mon gros pinceau pour balayer les petits cheveux collés dans son cou, tandis qu'il continue.
— Oh un truc simple et plutôt sympa. Ils veulent faire une sorte de correspondance entre des classes de primaire et des soldats. Pour faire un lien.
— Des lettres ? demandé-je, soudain curieuse.
— Un peu comme vous voulez, en fait : papier mais aussi vidéo. C'est histoire de créer un lien entre la population et l'armée. Et surtout la jeunesse, pour que les gamins comprennent le rôle de protection qu'elle joue auprès d'eux, ici et dans le monde.
Je ne réponds rien, en imaginant de quoi ça pourrait avoir l'air. Et sur le coup, l'idée est plutôt sympa.
— C'est intéressant, réponds-je, néanmoins prudente. Mais ils cherchent sans doute des enfants plus vieux que ceux dont je m'occupe. Ils n'ont que six ans...
— Pas forcément, j'ai demandé. Y aura rien de choquant : c'est vraiment pour faire voir l'armée sous un jour positif. C'est pas pour promouvoir la guerre ou les armes.
J'hésite, indécise. J'ai déjà un projet de correspondance scolaire avec une classe de San Diego, et j'ai peur que ça fasse trop, sur le coup.
— Oh ! lance soudain une petite voix discrète. Moi ça me plairait bien.
Je me tourne pour apercevoir Jonah, qui s'est approché de nous. La nuit est presque tombée, mais sous la lumière d'appoint allumée par Fox, le visage d'ange du gosse me frappe en plein cœur.
Discret, peu bavard, le petit Jonah tient de son père son caractère taiseux. Je l'entends peu, en classe et d'un coup, le voir intervenir, alors qu'il est plutôt timide dans ses réactions, me prend au dépourvu.
Je pose mes ciseaux pour le regarder un peu mieux. Ses grands yeux clairs me scrutent avec intensité, tandis que l'éclair d'envie qui brûle dans ses yeux me surprend totalement. Il est rare qu'il s'enflamme pour quelque chose.
— Il est dingue de tout ce qui est militaire, m'explique tout à coup Hope. Pourquoi est-ce que ça ne m'étonne pas qu'il ait entendu ça ?
Je hausse un sourcil intrigué : tiens, tiens, voilà donc le sujet qui passionne le jeune Jonah, habituellement si impavide.
— T'as raison mon pote, enchérit Marcus en lui proposant son poing pour checker. L'armée, y a pas mieux au monde.
Fox grogne dans son coin, visiblement peu enclin à suivre son meilleur ami sur ce terrain qui l'a privé de ses jambes. Son passage chez les militaires ne lui a pas laissé un bon souvenir, et on le serait à moins. Alors voir son fils obsédé par le sujet ne doit pas l'enchanter outre mesure.
Je balaie mes amis du regard, hésitante.
— Allez, accepte, insiste Marcus en se redressant.
Il enlève sa serviette, essuie ses épaules et passe une main satisfaite dans ses cheveux courts.
— Je suis sûr que ça peut être sympa, comme expérience. Tu pourras faire de la géographie avec tes élèves, en plus. Je suis persuadé qu'il y a plein de pistes à explorer.
Je le sais aussi, mais j'ai peur justement de l'investissement que ça va me demander, alors que je n'ai une classe que depuis trois ans.
Et puis je croise à nouveau le regard de Jonah, et je craque devant son air désespéré.
— OK... m'entends-je répondre.
— Waouh, génial, je vais dire à Grace que t'es d'accord ! Elle te contactera dès lundi, si ça te va.
Merde, dans quoi me suis-je engagée ?
Bah, peut-être que je me fais une montagne de pas grand-chose. Deux-trois lettres manuscrites, un live par-ci par-là, ce n'est sans doute pas la mer à boire.
Et le sourire qui s'épanouit sur le visage de Jonah, de toute façon, ça n'a pas de prix.
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