🏵️ chapitre 4

Chan venait de quitter Minho, et il était sur un petit nuage. Il repensa à cette soirée, à ces baisers échangés, et aussi au fait qu’il aurait pu aller bien plus loin avec lui. Il avait terriblement hâte de le revoir et de le découvrir davantage. Il l’intriguait, avec son style original et sa façon un peu farfelue d’appréhender la vie. Il n’était pas comme les autres. Et il n’était sûrement pas comme ces filles qui l’avaient snobé. Il l’avait toujours en travers de la gorge, mais il pouvait tout de même se réjouir du fait que les choses se soient passées ainsi. Ce n’était pas plus mal.

Ce fut avec un immense sourire aux lèvres qu’il sonna chez son oncle. La porte s’ouvrit quelques secondes après, Felix était venu l’accueillir. Il l’observa de bas en haut, un sourcil haussé et la bouche pincée en une grimace de dégoût. Chan rit, il était persuadé que son cousin lui en voulait d’être parti en soirée sans lui. Tout du moins, il était un peu jaloux de ne pas avoir pu profiter d’un bon moment avec deux jolies filles. S’il savait…

— Ça y est, j’ai plus le droit d’entrer ? s’amusa Chan.

Felix secoua la tête et se décala pour qu’il puisse pénétrer dans l’entrée. Ils grimpèrent les escaliers, Chan ôta ses chaussures et ils rejoignirent le salon. Son oncle et sa tante étaient dans le canapé, ils regardaient la télévision, et ses cousines étaient occupées, le nez dans des livres d’étude. Jaehwan se redressa et décocha un sourire à son neveu.

— Alors, sacrée soirée ? demanda-t-il.

Chan acquiesça sans rien dire, ce n’était pas vraiment la peine de tout expliquer dans les moindres détails. Enfin, pas à tout le monde, mais il se ferait un plaisir de taquiner et de faire languir Felix. Ce dernier ne cessait de le fixer, les bras croisés contre son torse et l’air désabusé.

— C’était bien à Corcoran Beach ? T’es rentré en bus ?

— Je me suis fait déposer. Et ouais, c’était sympa, les gens étaient plutôt cool.

— Plutôt cool, se moqua Felix en levant les yeux au ciel.

Chan lui asséna un petit coup de poing dans l’épaule.

— On va pouvoir sortir ensemble aujourd’hui et demain, arrête de faire la tête.

Il marmonna dans sa barbe et Chan passa un bras autour de ses épaules pour l’inciter à venir avec lui. Il salua sa famille et emmena son cousin au deuxième étage, dans la chambre qu’ils partageaient. Il avait besoin de changer de vêtements, ils n’étaient plus très frais avec la chaleur, la fumée, et l’odeur qui imprégnait le van de Minho. Felix se laissa tomber sur son lit, un soupir quittant sa bouche. Chan retira sa chemise pour la balancer sur le sol, et il se débarrassa de son short en jean ainsi que de son sous-vêtement. Nu comme au premier jour, il tourna le dos à son cousin pour chercher des vêtements propres dans l’armoire. 

— J’ai pas envie de voir ton cul, râla Felix.

Chan lui jeta un coup d’œil par-dessus son épaule.

— Toi non, c’est pas le cas de tout le monde.

Pour le faire rager, il contracta ses fesses.

— T’es chiant…

— Pourquoi t’es autant dégoûté de pas être venu ? C’était pas bien de servir des plats ?

Felix s’allongea sur le dos.

— J’avais envie de voir ces filles.

— Elles aussi avaient très envie de te voir.

— Enfonce pas le clou putain.

Chan émit un petit rire.

— Elles avaient envie de te voir toi, pas moi. C’était des connes.

Aussitôt son cousin se redressa, interpellé par ce qu’il venait de dire. Il grimaça et lâcha un cri écoeuré quand il se rendit compte que Chan s’était assis sur le lit d’à côté, toujours aussi nu, mais des habits à la main.

— Cache ça, c’est pas beau à voir, dit-il en pointant son sexe.

— T’es dur là.

— Bah pas toi…

Ils se mirent à rire à cette remarque avant que Chan ne reprenne une expression sérieuse.

— Non mais vraiment, elles m’ont carrément ignoré après avoir compris que tu viendrais pas.

— Mais pourquoi ?

— Je devais pas leur plaire. C’est tout.

— Mais putain j’ai bien fait de pas venir en fait ! J’aurais fini au pieu avec une de ces idiotes ? Non merci. Si elles sont assez stupides pour pas voir que mon cousin est une bombe atomique, elles méritent même pas que je les touche avec mon petit doigt.

Chan haussa les épaules, comme si cela lui était égal, mais les mots de Felix l’avaient tout de même flatté. Il avait été déçu de ne pas pouvoir l’accompagner à cette fête sur la plage, alors peut-être qu’il était rassuré de ne pas avoir eu affaire à ces deux filles, même pour une nuit.

— Et t’as fait quoi du coup ?

— Y’avait un autre groupe, ils étaient autour d’un feu. Ils jouaient de la guitare et chantaient.

— Je suis sûr qu’ils fumaient des pétards.

Felix avait vu juste, et Chan n’était pas sûr de pouvoir lui avouer ça. Il s’agissait tout de même de drogue, ce n’était pas rien, et lui aussi en avait consommé. Certes, il n’avait pas abusé mais ça restait quelque chose d’illégal.

— Ouais, sans doute.

— T’as fumé ?

Chan détourna le regard.

— T’es sérieux ? T’as fumé des joints avec eux ?

Cette fois, il fronça les sourcils et lui fit signe de baisser le ton. Il voulait bien discuter de ses parties de jambes en l’air et il n’était pas forcément gêné si Felix en parlait un peu fort. Mais le sujet de la drogue était encore plus délicat que de parler de sa première expérience homosexuelle.

— Vite fait, c’est bon.

— Je suis personne pour juger. Mais fais gaffe quand même. Va pas finir au poste de police avec tes copains les hippies.

Chan roula des yeux et se leva.

— Je vais prendre une douche et me brosser les dents. 

— Ouais, t’en as bien besoin.

Il lui tira la langue, lui balança une chaussette sale qui traînait par terre, et courut jusqu’à la porte. Avant qu’il ne l’ouvre, Felix l’interpella.

— Du coup t’as fait quoi cette nuit ?

— Comment ça ?

— T’as chopé une meuf ?

Le petit sourire qui naquit sur le visage de Chan piqua davantage sa curiosité.

— T’as conclu ?

— Non, répondit-il sans lâcher son expression satisfaite. Mais j’ai emballé un canon.

Felix était sur le point de lui demander plus de détails, mais Chan disparut sur le palier, puis alla s’enfermer dans la salle de bain. Il se doucha, heureux de pouvoir se débarrasser des quelques grains de sable qui s’étaient coincés dans les moindres recoins. Il ferma les yeux et soupira, l’eau coulait sur le haut de son crâne, puis sur son corps pour en détendre chaque muscle. Son esprit vagabonda çà et là, il repensait à Minho, et imaginait ce que ce serait de le revoir. Il aurait aimé que ce moment arrive maintenant, mais il ne pouvait pas abandonner Felix. Il l’avait déjà fait hier soir — et il avait eu raison —, alors il ne voulait pas trop exagérer. Ils avaient prévu de se rendre au club de surf et de profiter d’être ensemble. Il se devait d’être patient, il était certain que l’attente en vaudrait la peine.

***

Le jour J était arrivé, et Chan ne tenait plus en place. Felix et lui s’étaient rendus à la plage de Santa Cruz et ils avaient passé leur matinée à dompter les vagues. Ils étaient épuisés, mais ne comptaient pas s’arrêter là. Après un bref déjeuner au club, en compagnie d’autres jeunes venus là pour les vacances, ils avaient repris leur entraînement avec un coach. Le soleil était flamboyant aujourd’hui, aucun nuage à l’horizon, et les températures avoisinaient les trente degrés. Sortis de l’eau, planches en main, Felix et Chan s’échangèrent un regard et un sourire satisfait avant de secouer la tête. Les gouttes d’eau salée volèrent dans tous les sens, et Chan se pencha légèrement en arrière pour que ses cheveux cessent de lui coller au front.

— Tu te fais mater, lui lança Felix dans leur langue natale.

Le brun releva les yeux. Son regard se fixa aussitôt sur un groupe de jeunes femmes en bikini qui, malgré leurs lunettes de soleil, n’étaient pas du tout discrètes. Il leur décocha un mince rictus, suivi d’un clin d’œil, et il jura de les voir hyperventiler. Cela le fit sourire davantage. Dire qu’il s’était fait recaler deux jours auparavant, il ne comprenait toujours pas pourquoi.

— On va se changer et boire un truc ? proposa Felix, l’obligeant à se détourner du groupe.

— Hm, si tu veux. On va où ?

— Au kiosque là-bas ?

D’un signe de la tête, il indiqua une petite cabane en bois colorée sur le bord de la plage. Quelques tables étaient installées sur le côté avec des parasols, des tabourets au comptoir, et deux grosses machines à granités tournaient à plein régime. Il y en avait de toutes les couleurs, et Chan devait bien avouer que se rafraîchir lui ferait le plus grand bien. Ils rejoignirent les vestiaires du club pour troquer leurs combinaisons contre des vêtements un peu plus confortables.

— Faut vraiment que tu me racontes ce qu’il s’est passé pendant ta soirée.

Chan leva les yeux au ciel. Il n’avait toujours pas eu le courage de parler de Minho à son cousin, sans doute de peur qu’il ne le juge. Il avait juste expliqué qu’il s’était laissé entraîner, qu’il avait un peu fumé et embrassé quelqu’un avant de se retrouver à moitié nu, pas loin de passer à l’acte, mais qu’ils avaient fini par s’endormir. Et Felix était resté perplexe.

Une fois changés, ils saluèrent le gérant du club de surf et retournèrent vers le kiosque. Felix se mit à jouer avec le bas de son t-shirt lorsqu’ils arrivèrent à proximité.

— T’as quoi ? demanda Chan.

— Rien, j’ai juste un peu mal au ventre.

— T’as peut-être faim.

Il répondit à peine et ils se plantèrent devant le comptoir. Un jeune homme très mignon, bien bronzé et aux cheveux bruns, s’avança vers eux pour prendre leur commande. Il scruta Felix un court instant avant que son visage ne s’illumine.

— Lix !

Le concerné lui rendit son sourire.

— Salut, dit-il en se frottant la nuque. Je savais pas que tu bossais là pendant les vacances.

— Ouais, j’avais besoin de me faire un peu de fric. C’est sympa, donc ça me dérange pas.

— Puis y’a des jolies filles, lança Chan.

Le jeune homme émit un petit rire gêné sans prendre la peine de relever cette remarque.

— Je vous sers quoi ?

Ils prirent deux granités, un à la pastèque et un autre à la pêche, et ce fut Felix qui paya l’addition. Il salua le serveur et ils allèrent s’installer autour d’une table vacante. Le silence qui régnait était étrange. Chan avait bien remarqué que quelque chose ne tournait pas rond. Depuis qu’ils avaient eu affaire au jeune homme du kiosque, son cousin s’était complètement fermé. Il était ailleurs.

— Tu le connais d’où ?

Felix, visiblement perdu dans ses pensées, se redressa d’un coup, les yeux papillonnant.

— Le mec qui nous a servi, précisa-t-il.

— Oh… C’est Dario, un gars de ma fac. Ses parents tiennent une épicerie italienne à Cooper street. La dernière fois il m’a ramené des trucs qui allaient bientôt être périmés.

Chan haussa un sourcil.

— C’est juste un gars de ta fac ou…

Ses joues s’empourprèrent, et ce n’était pas à cause de la chaleur estivale.

— Donc c’est plus qu’un simple gars.

— Arrête…

Chan se mordit la lèvre inférieure, ravi de constater qu’il avait visé juste. Felix ne s’était jamais montré intéressé par un autre homme, alors ça l’étonnait, mais ça le rassurait aussi. Il se sentait un peu moins seul dans cette situation.

— T’as pas à avoir honte, dit-il.

— Tu crois que c’est facile ? Enfin, c’est pas vraiment l’image que je te montre, alors tu dois trouver ça bizarre.

Après avoir siroté son granité, Chan se cala dans sa chaise, les jambes écartées et tendues devant lui.

— C’est pas parce qu’on drague des meufs qu’on peut pas avoir de l’attirance pour des gars.

Felix fronça les sourcils et reposa sa boisson sur la table.

— Ça t’es déjà arrivé ?

Chan haussa les épaules.

— Ouais, pas plus tard qu’avant-hier.

— Quoi ? T’es sérieux ? C’est un mec que t’as chopé à cette soirée ?

Il hocha la tête, distrait par les passants qui marchaient près d'eux. Minho lui plaisait vraiment ; il était content de l’avoir rencontré et qu’il se soit montré aussi insistant. Il n’aurait pas osé en faire autant. Il avait hâte, très hâte d’être ce soir.

— Il est comment ?

Il soupira.

— Un peu étrange, mais je sais pas, le feeling est tout de suite passé.

Felix sourit de toutes ses dents, un de ces sourires rayonnants et qui avaient le don de rendre Chan heureux. Ils avaient une relation spéciale, même s’ils ne se voyaient pas souvent, ils restaient très fusionnels. Alors ils se réjouissaient du bonheur de l’autre.

— C’est cool, je suis content pour toi.

— Je suis content pour toi aussi, si ça marche avec Dario.

— On est juste amis, c’est pas vraiment facile de lui avouer ça.

Il mélangea son granité, l’air pensif, et Chan en déduisit qu’il n’avait pas encore eu le courage de confesser ses sentiments. Et il pouvait totalement comprendre que ce n’était pas quelque chose de simple. Lui, il avait eu de la chance, il était tombé sur quelqu’un d’ouvert — de très ouvert même — et qui lui avait fait du rentre-dedans. Ce n’était pas compliqué de se laisser aller avec Minho.

— Mais qui je vois là !

Chan sursauta à cette voix familière. Il releva la tête et, à quelques mètres, il aperçut le châtain. Il lui adressait de grands signes tout en se dirigeant vers lui. Sa chemise ample aux motifs flamants roses l’aurait presque aveuglé tant elle était colorée. Lorsqu’il arriva près de Chan, il s’empressa de se pencher pour passer un bras autour de ses épaules tout en observant Felix.

— T’es qui toi ? lança-t-il sur un ton froid.

— C’est mon cousin, Felix.

Aussitôt, Minho se détacha du brun et saisit une chaise pour s’y installer. Il posa son sac en toile sur le sol.

— Ah d’accord, j’ai cru que tu m’avais déjà remplacé.

Chan pouffa de rire.

— Non, t’inquiète pas. T’as vendu beaucoup de bijoux alors ?

— J’ai fait mon beurre. J’vais pouvoir m’acheter de l’herbe et remettre du jus dans mon van. Tranquille quoi. Et vous, vous avez fait quoi ?

— On a surfé.

La joie qui illuminait le visage de Minho s’envola instantanément. Il semblait éteint, hermétique à tout ce qui l’entourait.

— J’vois, tu fais du surf.

Ses lèvres se pincèrent entre elles et son regard se fit fuyant. Chan interrogea silencieusement Felix, il ne comprenait pas ce soudain changement d’humeur. Il n’avait rien dit de mal, il avait juste répondu à sa question, rien de plus, rien de moins.

— C’est quoi le problème ?

Minho ne rétorqua pas. Il se contenta de ramasser son sac pour se lever.

— J’vais essayer de me faire encore un peu de blé. Tu viens toujours ce soir ?

Chan était perdu. La seconde d’avant, le châtain lui semblait distant et froid, et là il faisait comme s’il n’y avait rien eu.

— Oui, si tu veux toujours de moi.

— Bien sûr que je veux toujours de toi. Tu sais bien qu’on a pas terminé.

Il se pencha vers Chan et déposa un baiser sur le haut de son crâne avant de s’en aller. Il lui adressa un signe, un clin d’œil, puis retourna sur la plage.

— Ah ouais, soupira Felix. C’est direct entre vous.

— On s’est un peu beaucoup chauffés, on est plus à ça près.

— Effectivement. J’imagine que ce soir vous allez…

— Y a des chances. D’ailleurs t’as pas envie de venir ? Tu pourrais inviter ton… peut-être futur mec ?

Chan remua ses sourcils. Il n’avait pas envie d’encore laisser son cousin sur le carreau, et s’il pouvait en plus passer un bon moment avec la personne qui l’intéressait, c’était un plus à ne pas négliger.

— T’as raison. J’vais aller lui proposer.

•••

Hello (◍•ᴗ•◍)
Bientôt la fameuse soirée, j'espère que vous êtes mentalement prêt.es 👀
À très vite 💜

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