🏵️ chapitre 3
Chan entrouvrit les yeux, la lumière du jour vint l’éblouir et il se tourna sur le côté droit pour y échapper. Il lui fallut un certain temps pour émerger et se rendre compte qu’il ne se trouvait pas dans la chambre de Felix. Il fronça les sourcils et ses paupières se refermèrent, il n’était pas contre un peu de repos supplémentaire. Sa tête le faisait souffrir et il avait la bouche pâteuse. Il tenta de déglutir, il crut bien s’arracher la gorge. Il regretta presque d’avoir fumé la veille. Les images de la soirée apparaissaient de manière totalement aléatoire dans son esprit, et il tenta de les remettre dans l’ordre pour obtenir une certaine cohérence.
Il soupira lorsqu’il se rappela que les deux jeunes femmes qu’il avait rencontrées au café l’après-midi l'avaient recalé. Vraiment, s’il pouvait effacer cet échec pour ne plus se sentir honteux, il le ferait volontiers. Cependant, il n’avait pas perdu au change, il avait passé un agréable moment avec l’autre groupe. Plus précisément avec sa nouvelle rencontre : Minho. Il sourit. Bien qu’ils soient un peu flous, les souvenirs des nombreux baisers passionnés qu’ils s’étaient échangés lui provoquaient encore des frissons. Il avait l’impression de sentir les lèvres du jeune homme sur les siennes, sa langue profondément enfoncée dans sa bouche pour en découvrir les moindres recoins, ses mains sur son corps qui ne demandaient qu’à aller plus loin. Il regrettait juste qu’il se soit endormi avant qu’ils ne passent aux choses sérieuses.
Chan sursauta, un grognement venait de retentir derrière lui. Des doigts se glissèrent sur sa peau pour lui frôler les côtes et remonter sur son épaule. Puis ils firent le chemin inverse avant de venir s’attaquer à son ventre. Il lâcha une profonde expiration. Les attentions de son partenaire étaient étrangement délicates, elles contrastaient avec ce qu’il lui avait montré la veille. Mais ce n’était pas pour lui déplaire.
— T’es réveillé ? marmonna Minho, la voix enrouée.
Chan émit un simple son de gorge et le corps de son camarade se colla tout contre le sien. Son torse était bouillant et sa main se fit un peu plus entreprenante. Il descendit sur son bas-ventre et déboutonna habilement son short en jean afin de passer la main à l’intérieur. Par la même occasion, il la glissa dans son sous-vêtement et s’amusa avec les poils de son pubis. Il passa les doigts dedans, puis les entortilla autour de son index tout en déposant de légers baisers sur son épaule. Chan frissonna, les yeux révulsés alors que Minho n’avait encore rien fait de concret. Il appréciait le simple fait qu’il s’occupe de lui, même sans avoir besoin d’en faire plus. Soudain il s’arrêta et lâcha un petit cri.
— C’est quoi cette merde ? râla-t-il en ôtant sa main.
Chan perdit sa chaleur et il jeta un coup d’œil derrière lui. Minho s’était redressé, les deux préservatifs en main. Il les agita, l’air interrogateur.
— C’est quoi ça ?
— Des capotes…
Minho grimaça alors qu’il les observait, puis il les reposa sur le matelas.
— T'as cru que j'allais tomber en cloque ? On a rien fait cette nuit ?
— Non, tu t’es endormi tellement t’étais défoncé.
— Ah ouais…
Chan pivota pour lui faire face. Son visage un peu bouffi par le sommeil et ses cheveux en bataille le firent sourire. Il n’avait pas vraiment remarqué qu’il était châtain, et qu’une mèche du dessous était enroulée de fil de laine coloré. Il ne pouvait s’empêcher de le trouver beau. Il était naturel, bien qu’un peu original, mais il était si décomplexé qu’il en devenait somptueux. Chan avait l’impression d’avoir mis la main sur un trésor, et il ne comptait pas le lâcher.
Minho se pencha pour ouvrir le tiroir du petit meuble en bois. Il en extirpa un joint déjà roulé — qu’il s’empressa de caler entre ses lèvres — puis un briquet. Il prit une première inspiration et se laissa retomber aux côtés de Chan. Il lui balança la fumée au visage, puis ils se fixèrent durant d’interminables secondes.
— Comme ça, dès le matin ?
— Tu prends pas de petit-déjeuner toi ? lui lança-t-il, un sourcil haussé.
Chan lâcha un rire.
— Pas de ce genre, non.
— Quel genre ?
Il repoussa la main de Minho pour qu’il ne lui reprenne pas l’envie de fumer, et il se glissa plus près de lui, jusqu’à ce que leurs souffles ne se mêlent. Il se mordit la lèvre, hésitant un instant. Il se demandait si aller plus loin était bien raisonnable. Il ignorait l’heure qu’il était, et même si son oncle avait dit ne pas s’inquiéter de son absence durant la nuit, peut-être ne devait-il pas trop exagérer.
— Tu me la roules cette pelle ou tu fais ton lâche ?
Chan ne put s’empêcher de rire à cette remarque, il lui parlait de lâcheté alors qu’il s’était endormi la veille, sans qu’ils n’aient eu l’occasion de s'amuser davantage. C’était vraiment l’hôpital qui se foutait de la charité. Et en y repensant, il avait envie de lui prouver que lui, il n’allait pas fuir à un moment aussi intéressant. Il s’empara de sa bouche, une main posée sur sa joue, et il vint rapidement ajouter sa langue. Minho l’accepta sans une once d’hésitation, il laissa même filer un gémissement de satisfaction.
Les jumelles se retrouvèrent et se caressèrent sans aucune pudeur. Ils n’en avaient que faire du goût de l’herbe, de l’haleine du matin, ce n’étaient que des détails sans importance. Comment auraient-ils pu résister à l’envie de s’embrasser ? Impossible. Minho finit par se reculer pour jeter un coup d’œil au joint qui se consumait lentement entre ses doigts. Chan comprit qu’il était tenté de le porter à ses lèvres, mais il avait autre chose pour s’amuser. Il allait revenir à la charge, sa main libre traçant son chemin jusqu’à l’entrejambe de son partenaire. Ils sursautèrent de concert aux bruits qui retentirent contre le pare-brise arrière.
— Putain !
Minho se redressa et tira le rideau en vichy ; un homme d’une quarantaine d’années se tenait là, les sourcils froncés.
— Dégage de devant chez moi ! cria-t-il. Tu dépasses sur mon allée !
Sa main s’abattit à nouveau sur la vitre et Minho lui déclara un doigt d’honneur.
— Dégage j’te dis ! Où j’appelle les flics !
Chan se fit tout petit et se colla le plus possible à l’habitacle. Il n’avait pas envie d’avoir des problèmes avec la police. Il était d’accord pour profiter des vacances, pour s’envoyer en l’air, boire, fumer, mais pas pour finir au commissariat à cause une histoire de véhicule mal garé.
— T’as cinq minutes !
Minho referma le rideau, tira sur son joint, et quitta le lit. Toujours cloîtré dans son coin, Chan l’observa avec attention. Sa peau bronzée était décorée de suçons plus ou moins récents, et il s’interrogea sur le nombre d’aventures d’une nuit que le jeune homme pouvait avoir. Quand il ne s’endormait pas... Avait-il l’habitude des coups d’un soir ? Avait-il un petit ami ? Ou même une petite amie ?
— Tu veux ma photo ? lança le châtain en se retournant.
— Peut-être bien.
— Pour te branler ?
Chan pouffa et s’assit au bord du lit. Il analysa un peu mieux ce qui l’entourait, c’était assez sommaire, avec quelques décorations colorées ; des banderoles, des fils de laine, des statuettes de Bouddha et des babioles sans grand intérêt. L’intérieur du véhicule était tout de même bien aménagé et rangé, même s’il ne sentait pas très bon.
— Tu vis ici ? Enfin je veux dire, tu vis dans ton Van ?
Minho soupira et roula des yeux.
— Ouais.
Sa réponse était sèche, froide, et Chan se demanda pourquoi il s’était soudain montré aussi antipathique. Il avait remarqué qu’il était franc, qu’il aimait être taquin aussi, mais pas aussi austère. Un point sensible avait été touché, il n’aurait peut-être pas dû lui poser cette question.
Il se redressa et boutonna son short. Il récupéra sa chemise pour l’enfiler, elle était froissée et défraîchie, mais il n’allait pas rentrer chez son oncle à moitié nu.
— Si tu veux savoir, ça fait quelques années que je vis comme ça.
Chan, qui mettait ses chaussures, fut surpris qu’il en dise davantage. Il pensait s’être aventuré sur un terrain glissant, mais au final, Minho avait l’air un peu plus enclin à lui en parler.
— J’avais envie de voir d’autres horizons, alors je suis allé jusque dans l’État de New York l’été dernier. Je voulais aller au festival de Woodstock, je suis revenu ici qu’à la fin du printemps. J’ai pas mal voyagé.
— C’est cool, t’as dû voir du pays.
— Hum, on va dire.
Il tira sur son joint et le tendit à Chan qui le refusa poliment. Si Minho semblait en faire son petit-déjeuner, lui n’en avait pas envie. Il le vit l’éteindre dans le cendrier posé sur le meuble.
— Faut pas que je sois trop déchiré pour conduire.
— En effet, c’est mieux.
— Putain, y'est déjà onze heures ! On ferait mieux de partir avant que l’autre connard sorte avec un flingue.
Chan écarquilla les yeux, son cœur venait de faire un bond, et cela fit rire Minho. Il ne se priva pas pour s’esclaffer à gorge déployée, pendant que lui restait impassible.
— OK, c’était de mauvais goût. Allez, on décolle.
— Faut que je rentre, annonça Chan.
— Tu veux pas passer la journée avec moi ? Je vais vendre des bijoux que j'ai fabriqué sur la plage de Santa Cruz.
La proposition était on ne peut plus tentante, mais il devait rentrer au risque d’alarmer sa famille. De plus, il avait prévu une sortie avec Felix, il n’allait pas l’abandonner ainsi, pour un mec qu’il avait rencontré la veille. Certes, Minho l’intriguait et il mourait d’envie d’en savoir plus à son sujet, de le découvrir davantage et peut-être même de continuer ce qu’ils avaient commencé, mais il était aussi un homme de parole.
— Je peux pas aujourd’hui, désolé.
— OK, pas de souci. Tu crèches où ? J’vais te déposer.
— Maple Street.
— Je vois, je t’y emmène si ça te va.
Chan acquiesça. Il n’allait pas refuser de se faire conduire plutôt que de prendre le bus, et davantage de temps avec Minho ne lui déplaisait pas. Ils allèrent prendre place à l’avant du véhicule.
Le contact enclenché, la radio allumée, le Van démarra et Minho se fit un plaisir de klaxonner avant de partir. Toujours dans la provocation. Vitres ouvertes, l’air chaud s’engouffra dans le véhicule. Chan profita du vent qui lui balayait les cheveux et lui fouettait le visage, un sourire aux lèvres. Il avait envie de rester là encore longtemps, aussi longtemps qu’il le pouvait. Il se sentait bien, il se sentait vivre. Aux côtés de Minho, il avait l’impression que tout était possible, que la vie était simple, qu’il n’y avait à se soucier de rien. Il enviait sa situation, sa liberté, sa personnalité frivole et son indifférence face aux conflits.
— Au fait, t’as quel âge ? demanda le châtain.
Chan ricana.
— C’est ton tour de jouer au FBI ?
— Réponds pas si t’as pas envie.
— Vingt-deux.
Minho hocha la tête, un sourcil haussé et les lèvres légèrement étirées.
— Un p’tit jeune, je vois.
— Comme si t’étais vieux.
— J’ai vingt-cinq ans.
Chan fit une grimace.
— Effectivement, une antiquité. Je comprends pourquoi tu t’es endormi hier, l’endurance tout ça, ça doit pas être ton fort.
En guise de réponse, il prit un virage un peu violemment, et Chan fut obligé de se tenir à la portière.
— Vaut mieux ça que de se faire recaler.
— Hé, remets pas ça sur le tapis !
Arrêté au feu rouge, Minho en profita pour tourner la tête dans sa direction.
— Moi je te recalerai jamais, t’es au courant ?
— J’ai cru comprendre.
Il redémarra et, quand il put, il posa une main sur la cuisse de Chan. Il la malaxa doucement, remontant dangereusement vers son entrejambe.
— T’es coréen ? demanda-t-il soudainement sans cesser ses gestes.
— Oui, je suis venu chez mon oncle pour les vacances.
— Ma famille a déménagé en Californie y a un peu plus de dix ans, expliqua Minho. J’ai pas vraiment trouvé mes marques tout de suite, mais maintenant je me sens chez moi.
— Donc tu parles coréen.
Ils s’échangèrent quelques mots dans leur langue natale, mais Minho était finalement plus à l’aise en anglais. Pour Chan, ce n’était pas un problème, ça lui faisait une sorte de perfectionnement.
— Tes parents habitent dans le coin ?
Le visage de Minho se ferma aussitôt, encore un sujet sensible apparemment.
— Ils sont à Los Angeles.
Chan n’en demanda pas plus, ce n’était pas une bonne idée que de se montrer insistant. Il comprenait mieux pourquoi il était réticent à répondre à ses autres questions, sans doute par peur qu’il n’aille trop loin, qu’il soit trop intrusif. Il ne connaissait pas Minho, il ignorait ce qu’il avait pu vivre par le passé, et il y avait peut-être des événements dont il ne voulait pas se souvenir. Quand il s’intéressait à lui, c’était à double tranchant. Il pouvait s’ouvrir, ou il pouvait totalement se fermer.
Le reste du trajet se passa dans un lourd silence. Aucun d’eux n’essaya de relancer la conversation, mais Minho continuait à lui caresser la jambe de temps à autre.
— J’te dépose où ?
— Devant Zacchary, là-bas.
Chan pointa l'enseigne jaune et verte d'un Bed and breakfast à quelques mètres. Minho y arrêta son Van. Ils s’échangèrent un regard et, d’un commun accord, se penchèrent pour se retrouver. Ils s’embrassèrent un long moment, mêlant encore leurs langues sans se soucier une seule seconde des passants sur le trottoir.
— J’ai envie de te revoir, murmura Minho entre deux baisers.
Chan se recula.
— Sérieux ?
— J’ai dit que j’te recalerai jamais. J’ai pas passé ma soirée d’hier à t’embrasser et à te dire que je voulais que tu me baises pour te laisser filer aussi facilement.
— Quand ?
— Demain soir, y’a une fête sur la plage, prêt du Boardwalk. Tu connais un peu ?
— Oui, je dois y passer la journée donc on risque de se croiser. Mais si tu veux, on peut se donner rendez-vous le soir.
— Devant le magasin de bonbons à vingt heures, proposa Minho. Ce sera un petit avant-goût avant que tu bouffes les miens.
Il pouffa de rire à sa propre blague et Chan le suivit. Il avait un large répertoire d’allusions et de blagues à connotation sexuelle, c’était assez impressionnant, mais aussi très amusant. Il ne se souvenait pas avoir rencontré quelqu’un d’aussi extraverti et détaché que Minho. Même son cousin n’était pas aussi graveleux.
— Et cette fois, je compte bien finir ce qu’on a commencé.
— Tu t’endors pas, promis ?
— Fais en sorte que je m’endorme pas, le provoqua-t-il dans un sourire malicieux.
Chan lui jura qu’il allait le tenir éveillé une bonne partie de la nuit, et Minho alla à nouveau l’embrasser. Cette soirée présageait d’être intéressante, et ils avaient tous les deux hâte de s’y retrouver.
•••
Hello !
Définitivement, Minho est très déterminé 👀
À bientôt pour la suite 💜
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