🏵️ chapitre 28
Deux jours avaient passé. Le couple était resté chez les parents de Minho durant ce temps-là, pour récupérer des derniers événements et du périple qu'ils avaient entrepris. La fatigue se faisait ressentir, Chan n'avait pas beaucoup dormi depuis l'horrible nuit où la tempête s'était abattue sur Half Moon Bay, alors il commençait à faiblir. Pourtant, il mangeait bien, essayait de se reposer pendant la journée avec l'aide de Madame Lee qui lui avait appris quelques techniques de méditation, mais il avait besoin de sommeil. Et puis, il devait avouer que ses nuits étaient courtes. Avec Minho, ils passaient du temps à s'embrasser, à prendre soin l'un de l'autre, à se caresser, même sans faire l'amour. Ils aimaient discuter, de tout et de rien, rêver dans les bras l'un de l'autre, avoir des conversations philosophiques jusqu'à pas d'heure. En réalité, dormir leur donnait l'impression de rater quelque chose, de rater des moments de partage et de bonheur. Ils se devaient de profiter de chaque seconde qui leur était offerte avant de devoir se quitter.
Aujourd'hui, Minho avait tenu à emmener Chan dans Los Angeles. Les endroits qu'il avait l'habitude de fréquenter avant son départ avaient bien changé, à tel point qu'il se sentait presque comme un étranger ici. Il avait toujours eu du mal à trouver ses marques, mais il aimait cette ville qui renfermait bon nombre d'agréables souvenirs. Il y avait tant de choses qui lui rappelaient sa vie avant qu'il ne décide de partir. S'il posait les yeux sur le petit cinéma, il était capable d'énumérer tous les films qu'il était allé voir avec Jiwoong. S'il s'arrêtait sur le parc près de chez lui, il se revoyait courir avec un ballon entre les mains. S'il tournait la tête vers l'épicerie de Madame Hwang, il retrouvait le goût du jus de raisin qu'il avait l'habitude de boire après les cours.
Après avoir crapahuté dans la ville, ils s'étaient arrêtés en fin de journée dans un diner qui venait d'ouvrir ses portes quelques semaines auparavant. Installés face à face sur les banquettes en cuir rouge, Chan et Minho dégustaient chacun un milkshake si grand qu'ils ignoraient s'ils seraient en mesure de le finir. Heureusement, il faisait chaud et ils auraient besoin de se désaltérer au fil de leur conversation.
— J'suis trop content que tu m'aies fait visiter un peu, déclara Chan.
— Je t'avoue que j'avais besoin de sortir. Deux jours enfermés c'était déjà trop. Et je risquais de péter les plombs.
Chan lâcha un petit rire. Minho avait pris l'habitude de vivre dans son van, alors il pouvait totalement comprendre que rester là, chez ses parents, entre quatre murs, soit une dure épreuve pour lui. Il avait retrouvé sa famille, sa maison, mais cela ne signifiait pas pour autant qu'il était prêt à reprendre sa vie d'avant du jour au lendemain. Il avait goûté à la liberté, à l'adrénaline que lui procuraient la route et l'inconnu. Il était fait pour conduire de ville en ville, pour rencontrer des gens venus de tous horizons, pour dormir au clair de lune et marcher sur toutes les plages de la côte ouest. Il était fait pour une vie de nomade, même si retrouver le cocon d'un foyer aimant lui faisait le plus grand bien. Il avait besoin de trouver un équilibre sain pour pouvoir se reconstruire et appréhender l'avenir.
— Dis, tu sais ce que tu vas faire après ?
Minho secoua négativement la tête tout en sirotant son milkshake.
— J'sais pas… Je pense rester ici un moment, le temps de me refaire une santé. Mais faut que je bouge un peu aussi.
— Et tu veux toujours vendre des bracelets ?
— Ouais, ça me plaît. Et avec ma mère qui connaît plein de gens, y'a moyen que je puisse vendre pas mal.
Chan sourit, rassuré de constater que désormais, Minho était entre de bonnes mains et qu'il comptait avancer. Il dirigea une main vers la sienne pour la caresser du bout des doigts, l'air pensif. Il aimait tant voir Minho évoluer, même si en réalité cela faisait peu de temps qu'il le connaissait, il avait vu beaucoup de ses facettes. Les pires comme les meilleures. C'était un jeune homme tellement doux, tellement calme, malgré sa façon de parler et ses nombreuses allusions sexuelles. Il était attachant. Plus attachant que Chan aurait aimé.
— Tu vas rentrer chez toi bien bronzé, lui fit remarquer Minho.
La première réaction de Chan fut de baisser les yeux vers ses bras pour constater qu'en effet, sa peau avait pris une jolie couleur caramel et que des taches de rousseurs étaient aussi apparues. Il n'avait que très peu l'occasion de s'exposer au soleil en Corée, même si les étés étaient très chauds. Il préférait justement fuir les rayons en s'enfermant chez lui pour travailler ses cours jusqu'à pas d'heure. De toute façon, il n'avait pas grand-chose d'intéressant à faire.
Il déglutit alors que la remarque de Minho se mit à tourner en boucle dans son esprit. Rentrer chez lui. Il allait bientôt reprendre l'avion pour retourner à Séoul, retrouver ses parents et sa vie. Et ça le terrifiait. Il s'était senti si libre et vivant ici… Il avait pu faire des choses qu'il n'avait jamais imaginées, même dans ses rêves les plus fous. Il avait vécu l'expérience la plus gratifiante de sa vie, il s'était lâché, il avait abandonné son rôle de fils modèle pour goûter à une exquise liberté. Il n'était pas certain de vouloir retourner en prison, dans un pays qui ne lui apportait rien de bon, dans une société qui voulait le façonner à l'image de tous les autres jeunes hommes. Il savait que rien ne changerait. Ses parents continueraient à le considérer comme leur petit trophée, à lui dicter son avenir, à le pousser sur un chemin qu'il ne désirait pas suivre. Avait-il le choix ? Il connaissait la réponse, mais il en avait peur.
— À quoi tu penses ?
Chan sortit de ses réflexions, même si elles restaient dans un coin de sa tête pour le tourmenter.
— Au fait que je vais devoir repartir…
Minho afficha un sourire, mais ses yeux s'étaient empli d'une infinie tristesse. Il posa doucement sa main sur celle de Chan et la serra légèrement. Les deux jeunes hommes échangèrent un regard empreint de compréhension et de complicité. Ils savaient tous les deux que leur temps ensemble touchait à sa fin, que les adieux approchaient. Chan sentit son cœur se serrer à l'idée de se séparer de Minho. Ils avaient vécu des moments intenses ensemble, et il ne voulait pas que cela prenne fin. La perspective de retourner à sa vie ordinaire, sans son petit ami à ses côtés, lui semblait terne et déprimante.
— J'y pense aussi, avoua Minho. Mais j'essaye aussi de me détacher de ça. Ça fait trop mal.
Sa voix était horriblement tremblante. Ils n'auraient pas dû s'attacher autant l'un à l'autre, ils savaient que la séparation serait douloureuse, mais comment lutter contre ce qui devait les lier ? Ils en avaient été incapables. Le destin en avait décidé ainsi, ils s'étaient rencontrés pour une bonne raison. Chan avait sauvé Minho, alors peut-être était-ce le moment pour Minho de le sauver à son tour.
— J'ai tellement peur de te perdre, déclara Chan d'une voix à peine audible.
Minho reprit la main de son compagnon dans la sienne, ses doigts caressant doucement sa peau.
— C'est compliqué, hein ?
Chan acquiesça et déglutit, cherchant à ravaler les larmes qui menaçaient de perler aux coins de ses yeux.
— J'ai pas envie que ça se termine comme ça. J'ai l'impression qu'il manque quelque chose, que c'est pas fini.
— Je sais, je ressens la même chose. Mais peut-être qu'on se reverra, que tu reviendras plus vite que tu le penses. On va trouver une solution, on restera en contact malgré la distance.
Minho se voulait rassurant, mais son ton était incertain.
— Je sais que t'as raison, dit Chan. Mais ça rend pas les adieux plus faciles.
Minho rapprocha son visage de celui de son petit ami, leurs regards se croisèrent avec une intensité palpable.
— On va profiter de chaque instant qu'il nous reste, d'accord ? Et on va se promettre de garder ces souvenirs très précieusement, peu importe ce que l'avenir nous réserve.
Chan hocha la tête, mais il luttait contre les émotions qui l'envahissaient. Minho était bien plus fort que lui, il avait encore le courage de relativiser, de ne pas abandonner alors que leur histoire courait vers un destin incertain. Ils s'étaient rencontrés par hasard, mais leur relation s'était développée en quelque chose de spécial et de profond. Maintenant, ils devaient trouver la force d'affronter la séparation et de poursuivre leur chemin.
Ils finirent leurs milkshakes en silence, savourant chaque gorgée et chaque instant de proximité. Le temps semblait s'écouler plus lentement, ils s'accrochaient à chaque seconde précieuse qu'ils pouvaient partager. Après avoir payé l'addition, ils se levèrent pour quitter le diner. Minho prit la main de Chan, les doigts entrelacés en signe de soutien, mais surtout d'amour qu'il montrait au grand jour. Les gens leur jetaient des regards curieux pour la plupart, d'autres accusateurs, mais ils n'en avaient que faire. Ils marchèrent côte à côte dans les rues animées de Los Angeles, conscients que chaque pas les rapprochait un peu plus de la fin de leur escapade. Mais dans leurs cœurs, ils savaient que leur histoire était loin d'être terminée.
Sous le ciel embrasé par le soleil couchant, nuancé de rose et d'orange, ils se dirigèrent vers la plage. Ils abandonnèrent leurs chaussures et le sable encore chaud chatouilla leurs pieds nus tandis qu'ils marchaient en silence. Les vagues douces caressaient le rivage dans une mélodie apaisante. Au bord de l'eau, Chan se tourna vers Minho, et son regard plongea dans les profondeurs des yeux de son compagnon. Un sourire tendre étira ses lèvres alors qu'il prenait doucement le visage de Minho entre ses mains.
— Je me sens tellement vivant avec toi, dit-il.
— Tu n'as pas idée d'à quel point moi aussi je me sens vivant depuis que t'es là.
Chan ferma les yeux et se mordit la lèvre inférieure. Il sentait qu'il était sur le point de craquer, mais il ne voulait pas. Il ne pouvait pas fondre en larmes devant son petit ami, ils avaient déjà trop de peine tous les deux. Alors à la place, il se pencha vers lui et leurs souffles se mêlèrent pour n'en former qu'un seul. Leurs lèvres se rencontrèrent dans un baiser doux et passionné. Il scella leur amour et leur promesse de rester forts malgré la distance qui les attendait. Leurs émotions se bousculaient dans ce baiser, ils exprimaient tout ce qu'ils ressentaient l'un pour l'autre.
Le soleil continuait à décliner lentement à l'horizon, peignant le ciel d'une palette de couleurs chatoyantes. Ils s'étreignirent avec force et se bercèrent mutuellement dans leurs bras. Ils voulaient savourer cet instant magique qui semblait suspendu dans le temps. Après un moment, ils se séparèrent, leurs regards emplis d'une affection, mais aussi d'une tristesse presque insoutenable. Ils décidèrent de longer le rivage, de profiter de l'odeur de la mer, des bruits des mouettes et de l'agréable sensation du sable humide sur la plante de leurs pieds. Toutes ces sensations, tous ces paysages, allaient manquer à Chan. Il tourna la tête vers Minho qui contemplait l'horizon plonger peu à peu dans l'obscurité.
C'était lui qui allait le plus lui manquer.
Ils finirent par retourner chez les parents de Minho. Madame Lee les accueillit avec un sourire bienveillant, une joie de vivre débordante et une étreinte agréable. Elle prépara un délicieux dîner et, autour de la table, ils partagèrent des rires, des histoires et des moments de complicité. Chan se sentait bien chez eux, il se sentait accepté tel qu'il était, et il s'était déjà habitué au naturel de cette famille pas comme les autres.
Une fois le repas terminé, ils se retirèrent dans la chambre de Minho. Les draps frais enveloppèrent leur fatigue, mais avant de sombrer dans le sommeil, ils se blottirent l'un contre l'autre dans l'espoir de trouver réconfort et sécurité.
— J'veux rester là pour toujours.
— Moi aussi, marmonna Minho contre le torse de son compagnon.
— Je sais limite plus ce que c'était ma vie avant toi.
— Hm, moi je sais ce qu'était la mienne. Et elle était pas jolie jolie.
Il se blottit un peu plus dans les bras de Chan et releva la tête pour venir déposer un baiser dans son cou. Il lui en donna un deuxième, puis un troisième, sans être capable de s'arrêter en si bon chemin. Ses mains glissèrent sous son t-shirt pour venir caresser sa peau brûlante d'un désir qu'il ne pouvait que partager.
— Je t'aime, murmura Minho, la voix remplie d'émotion.
— Je t'aime aussi.
— Tu veux qu'on fasse l'amour ?
Chan en eut l'estomac sens dessus dessous. Une simple question et il se sentait déjà transcendé par l'envie. Il enlaça Minho avec force et déposa un tendre baiser sur son front.
— Et toi, tu veux ?
— J'aimerais beaucoup.
•••
Bonjour 🌞
Déjà l'avant-dernier chapitre de Sea, sex & sun... Pourquoi ça peut pas durer pour toujours ? 🥹
J'essaye de poster la fin ce week-end !
Prenez soin de vous 🩷
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