🏵️ chapitre 27

Chan ouvrit les yeux et tomba nez à nez avec Minho. Il eut un mouvement de recul, surpris de le voir si proche de lui et déjà réveillé. Il l'observait, les yeux mi-clos, un mince sourire aux lèvres, les cheveux encore en bataille. Mais il était tellement beau dans toute cette simplicité. Chan sourit à son tour et chercha à se lover dans ses bras. Son petit ami lui offrit l'étreinte qu'il recherchait, et ça n'avait pas de prix. Se réveiller aux côtés de l'homme qu'il aimait, pouvoir se coller tout contre lui, entendre son cœur battre la chamade et sentir son souffle s'échouer dans ses cheveux. Il ne pouvait pas rêver mieux. Il avait tout ce qu'il désirait, et il voulait que cela ne se termine jamais.

Ils restèrent ainsi de longues minutes, sans parler, car ils n'en avaient pas besoin. Chan se sentit traversé d'une sensation de plénitude, d'une puissante montée d'adrénaline qui lui donnait envie de faire de nombreux projets avec Minho. Les images de cette nuit d'amour et d'ivresse vinrent envahir son esprit. Leurs corps entrelacés, leurs soupirs, leurs mains aventureuses partant à la découverte des courbes de leurs corps. Minho lui faisant l'amour, tendrement, sauvagement. Son ventre se contracta d'envie. Il avait l'impression de le sentir encore en lui, de sentir ses va-et-vient langoureux et profonds, de sentir sa poigne ferme sur ses hanches. Il n'avait pas forcément mal, il sentait une petite gêne, mais il s'en fichait. Il pouvait bien surmonter ça avec tout l'amour qu'il avait reçu et tout le bien-être que son petit ami lui avait procuré.

Minho déposa un baiser dans ses cheveux, puis un deuxième, et un troisième. Il bifurqua ensuite sur sa tempe et partit à la recherche de sa bouche. Le contact fut chaste et bref, mais suffisant pour les faire sourire à nouveau. Nus et enlacés sous les draps, leur peau encore chaude et humide de leurs ébats, ils se fixaient avec insistance. Ils savaient qu'ils s'aimaient, qu'ils ne voulaient pas se quitter, mais ils savaient aussi qu'ils finiraient par sortir du lit et avancer vers un futur incertain.

— Je pourrais rester là pendant des jours, murmura Minho.

— Des semaines même.

— J'veux pas te lâcher.

Chan pouffa de rire et chercha à se serrer encore plus à son petit ami.

— T'es devenu accro ?

Minho répondit par un simple son de gorge et il se contenta de resserrer l'étreinte sur Chan, comme s'il cherchait à le faire taire. En même temps, la séparation était inévitable, et même s'ils voulaient profiter de ces derniers jours ensemble, ils ne pouvaient que penser au temps qui filait à toute vitesse. Chan en était malade rien que d'y penser, mais il ne voulait pas trop le montrer. Il voulait vivre chaque instant avec Minho à fond.

— Je t'aime, lança-t-il d'une petite voix.

Minho soupira et un court silence s'installa avant qu'il n'ose répondre :

— Je t'aime aussi.

— Je veux que ces quelques jours soient fabuleux.

— Ils le seront, j'en ai aucun doute. Si c'est avec toi, ils le seront.

Chan sourit et releva la tête pour embrasser le nez de son compagnon. Cela le fit rire, alors il réitéra son geste tout en lui empoignant les hanches pour que leurs corps se heurtent. Minho lâcha un petit gémissement quand leur entrejambe entra en contact, et il posa les mains à plat sur le torse de Chan.

— Tu veux quand même pas… encore ?

— Non, c'était juste un réflexe ! Désolé !

Il se recula légèrement pour prouver à Minho qu'il n'avait pas l'intention d'aller plus loin. À vrai dire, même s'il éprouvait énormément de désir pour lui, il en avait eu assez avec cette nuit. Et puis, il n'allait pas lui donner raison sur le fait qu'il était insatiable, il avait quand même un peu de fierté.

— T'as été incroyable hier, lâcha Minho.

Chan déglutit et ses joues lui brûlèrent instantanément. Il avait adoré que son petit ami le complimente, comme il l'avait fait en plein acte, mais ça le gênait également. Il ne devait pas avoir honte de ce qu'ils avaient fait, d'avoir laissé parler ses envies les plus profondes, mais il n'avait jamais été habitué à pouvoir être qui il voulait, sans être jugé. Avec ses parents, il devait être le fils exemplaire qui disait amen à tout. Il devait penser comme eux, agir comme ils le souhaitaient pour qu'ils soient fiers de lui, pour que ses actions ne leur fassent pas honte.

— Hé, t'as pas a être embarrassé, le rassura Minho en attrapant son visage en coupe. T'étais super. J'ai adoré te faire l'amour, te voir prendre du plaisir. C'est pas souvent que… qu'on me laisse gérer les choses au lit.

— Ah… ah oui ?

Minho acquiesça.

— En même temps, j'ai jamais rencontré quelqu'un comme toi. C'est spécial avec toi. Je pense qu'on est sur un pied d'égalité, que tu me vois pas juste comme un mec qui écarte les jambes facilement.

— Absolument pas, pourquoi tu dis ça ?

— Parce que c'est ce que j'ai été pendant toutes ses années. Si un gars me plaisait un peu ou était sympa avec moi, je le draguais et j'me mettais à quatre pattes dans les minutes qui suivaient. J'savais pas trop… comment m'y prendre autrement. J'avais besoin d'attention, c'est sûrement tout ce que j'ai trouvé pour qu'on s'intéresse à moi.

Les sourcils de Chan s'affaissèrent. Minho avait dû être tellement malheureux… Il avait essayé de retrouver un semblant d'amour et d'affection en cumulant les conquêtes. Il avait essayé de combler un manque qui jamais ne pourrait être comblé. Il s'était enfermé dans un engrenage malsain où ces infimes instants de plaisir constituaient l'illusion d'un bonheur qui, en réalité, n'avait pour but que de le détruire. Il avait fumé sans retenue, il s'était envoyé en l'air avec tous ceux qui voulaient bien s'amuser avec lui. Il n'avait pas eu de limite. Il voulait s'annihiler tout en se laissant croire qu'il agissait ainsi pour être heureux. Mais son cœur et son corps avaient souffert.

— Même si je savais que j'allais coucher avec toi, reprit-il, je savais aussi que t'étais différent. Quand je t'ai dit que je voulais reprendre la route et que t'as insisté pour me suivre, ça n'a fait que confirmer ce que je pensais.

— J'suis pas parti avec toi juste pour le cul.

— Je sais. Je le sais très bien. C'est pour ça que t'es encore là.

Chan acquiesça.

— J'suis bien avec toi, dit-il.

— Moi aussi j'suis bien avec toi. Mais… faudrait qu'on se lève parce que je sens une super bonne odeur de café et je suis sûre que ma mère a préparé des brioches à la fleur d'oranger. Tu verras, elles sont délicieuses.

Ils échangèrent un petit baiser avant de quitter le lit d'un commun accord. Ils ramassèrent leurs vêtements éparpillés çà et là, puis sortirent de la chambre. Minho s'arrêta sur le palier et tourna la tête vers une porte entrouverte. Il resta immobile un instant, les yeux toujours fixés sur cette pièce qu'il était possible de percevoir en partie.

— C'était…

Minho hocha la tête.

— La chambre de Jiwoong, dit-il. Je sais pas si je serais capable d'y entrer pour le moment.

Chan vint lui attraper une main pour entrelacer leurs doigts.

— T'es pas obligé. Tu peux prendre le temps qu'il te faudra. Et puis si tu veux pas y aller, t'as le droit.

— Merci. Mais je pense que ce sera nécessaire si j'veux avancer. Peut-être pas tout de suite, mais j'y arriverai.

— J'en suis sûr.

Ils sourirent et Minho inspira à pleins poumons, puis son ventre gronda. Ils furent obligés de rire et s'empressèrent de rejoindre la pièce à vivre. Elle était baignée d'une agréable lumière, le soleil brillait de mille feux aujourd'hui, et la mère de Minho vint à leur rencontre. Elle écarta les bras pour les enlacer à deux en même temps.

— J'ai préparé le petit déjeuner ! Vous allez pouvoir reprendre des forces, suivez-moi.

Sans broncher, ils obtempérèrent et rejoignirent la cuisine où une délicieuse odeur régnait. Une odeur de convivialité, de sécurité. C'était une ambiance agréable, rassurante. Ils saluèrent l'homme déjà attablé devant un grand bol de café, puis s'installèrent à leur tour. Il y avait à manger pour un régiment. Des brioches, des cookies aux cacahuètes, un gâteau à peine sorti du four recouvert de rondelles d'ananas, plusieurs pots de confitures, ainsi que des fruits frais.

— Servez-vous, prenez tout ce qui vous fait envie, je m'occupe de vous servir le café.

Chan ne savait plus où donner de la tête. Il avait tant de choses sous les yeux et pas assez de place dans son estomac. Il aurait aimé goûter à tout, mais il devait faire un choix. Il attrapa une petite brioche ronde, elle sentait l'orange à plein nez. Il croqua dedans et dut se rendre à l'évidence : c'était exquis. Il prit aussi une pêche et quelques fraises qui s'avérèrent bien juteuses et sucrées.

— C'est très bon ! s'exclama-t-il lorsque Madame Lee les rejoignit à table.

— Les fraises viennent du jardin. On en a eu tellement cette année que j'ai dû en faire des confitures ! D'ailleurs, il faut que j'en apporte à la voisine.

— Madame Evans ? demanda Minho.

Sa mère hocha la tête.

— Mais elle nous avait engueulés à cause des chats qui étaient venus dans son jardin.

— Oh t'en fais pas ! Depuis que je lui prépare des biscuits et des confitures, tout est arrangé.

— Oui, ta mère achète les gens maintenant, lança l'homme en levant les yeux de son journal.

La femme rit et posa une main sur l'avant-bras de son mari.

— S'entendre avec ses voisins c'est important. Et je crois qu'il faut apprendre à cohabiter pour le bien de tous.

Chan trouvait cette famille fascinante. Il n'avait jamais été habitué à côtoyer des personnes dans leur genre, et ça le déstabilisait autant que ça lui plaisait. À Séoul, il ne connaissait même pas vraiment ses voisins. Ils n'avaient pas d'altercations, mais pas d'interactions non plus à part un simple bonjour poli lorsqu'ils se croisaient. Et ça n'arrivait pas souvent. Tout le monde semblait pris dans l'engrenage tumultueux de la vie, où tout allait trop vite, où chacun devait se focaliser sur soi plutôt que sur les autres. Il fallait réussir. Réussir ses études. Réussir sa vie de famille. Réussir dans son travail. Quel temps avaient-ils à accorder à leurs prochains ?

— Ressers-toi Chan, vas-y.

— Merci mais… j'ai déjà bien mangé.

— Oh je t'en prie, il faut vraiment que tu reprennes des forces.

Le sourire qu'affichait la mère de Minho n'était pas anodin. Il resta figé quelques secondes, les yeux papillonnant comme s'il cherchait à comprendre ce que cela signifiait.

— C'est vrai, après la nuit que vous avez passée, il faut bien manger.

Il manqua de s'étouffer. Son corps tout entier fut submergé d'une désagréable vague de chaleur. Il devait se rendre à l'évidence, elle savait parfaitement ce qui s'était passé dans la chambre de Minho. Pourtant, il avait tout fait pour être discret, mais il devait bien avouer que le lit avait beaucoup grincé, et que peut-être, ses soupirs et gémissements qu'il avait cru étouffer dans l'oreiller s'étaient fait entendre, plus qu'il ne l'avait pensé. Il jeta un coup d'œil en direction de son petit ami, ce dernier continuait à manger et à siroter son café sans même réagir.

— Je pense que tu as du mal à lâcher prise, continua-t-elle.

Il eut un mouvement de recul.

— Regarde, tu cherches à contrôler ce que tu manges alors que je vois très bien que tu voudrais te laisser tenter par la gourmandise. Tu sais, il n'y a aucun mal à ça.

Il resta sonné par les mots de la femme et pendant ce temps-là, Minho demanda la cafetière à cette dernière afin de se resservir. Il en proposa à Chan et il fut obligé d'accepter, encore trop hébété par ce qui se passait.

— Tu es dans la retenue, et ça s'est beaucoup entendu cette nuit. Tu as envie de tenter de nouvelles choses, et c'est super. Mais il y a encore quelque chose qui te bloque et t'empêche de te laisser aller. Au lieu de laisser sortir ce que tu as en toi, tu te forces à contenir tes émotions. Tu vois, tu nous as fait des « Ah… Ah ! »

— Hm, je veux bien une autre brioche, intervint Minho, faisant fi des imitations de sa mère.

— Bien sûr mon chéri !

Elle lui tendit le panier encore bien rempli, un large sourire aux lèvres qui faisait presque disparaître ses yeux.

— Mais tu pourrais te laisser complètement porter par le moment et là, tes gémissements seraient plus des « Aaaaah… » de soulagement.

Chan déglutit. Il ne savait pas s'il devait répondre ou s'il devait rester silencieux. Minho ne disait rien, il ne relevait même pas ce que sa mère était en train de dire, comme s'il s'agissait d'une discussion tout à fait normale. Son père continuait à lire, peu perturbé lui aussi.

— Ce n'est pas très bon d'étouffer ses désirs, ça va juste bloquer ton plexus solaire. Tu dois avoir un problème avec ta mère. Et je suis sûre que tu as du mal à prendre des décisions aussi. Si tu veux, je connais d'excellents exercices pour t'aider.

— Oui, maman est super forte pour tout ça, lança Minho, la bouche pleine.

— Je vais faire mon yoga ce matin, tu peux te joindre à moi si tu veux. On pourra essayer de débloquer tout ça. En plus, ce sera bien utile dans votre relation.

Son regard jongla de Chan à Minho, un petit sourire collé à ses lèvres. Il ne savait pas ce qu'il devait dire, il était on ne peut plus surpris par cette conversation totalement lunaire. Il n'aurait jamais imaginé se retrouver à table avec les parents de son petit ami, et que sa mère l'imiterait en train de gémir sans aucune gêne. C'était inattendu, il ignorait quoi faire.

— Euh, oui ? répondit-il tout simplement.

— Allez, finis-moi ce p'tit déj et après on attaque ça !

Elle se leva d'une traite et disparut hors de la cuisine. L'homme, toujours silencieux, referma son journal et but son café avant de faire pareil. Chan resta là, avec Minho qui continuait à manger tranquillement. Personne ne semblait étonné par cette discussion à part lui.

— Pour l'instant ils vont faire leur yoga ensemble, donc si t'as pas envie de les voir à poils, va pas sur la terrasse.

— Ils… nus ?

— Ouais, c'est leur truc à eux.

Chan n'arrivait même pas à aligner deux mots tant il était abasourdi. Les parents de Minho étaient adorables, il n'en avait aucun doute, mais leur mode de vie était pour le moins spécial. Il ne les jugeait pas, il n'avait juste pas été habitué à voir des personnes de leur âge aussi ouvertes sur la sexualité. Même les jeunes qu'il connaissait à Séoul n'étaient pas aussi libres. La société qu'il connaissait était conventionnelle, portée sur la pudeur, et parler de sexe n'était pas quelque chose de courant. D'ailleurs, il n'en avait jamais discuté avec ses parents, très peu avec ses amis. Il avait découvert tout ce monde de par lui-même. Mais là, avec Minho, il en avait appris plus en quelques jours que durant ces dernières années. Et même s'il avait déjà eu des relations, il ne s'était jamais senti aussi peu complexé qu'ici.

— Et ça te dérange pas que… qu'on nous ait entendus ? Enfin, surtout tes parents.

Minho haussa les épaules.

— Ils savent que j'ai une vie sexuelle.

— Oui mais…

Il marqua une pause et avala une gorgée de café.

— Enfin, pour moi ce serait inconcevable que mes parents m'entendent faire l'amour. Déjà, je ferais jamais ça à côté de leur chambre.

— Hm, pour eux tu devrais rester vierge jusqu'au mariage, c'est ça ?

— À peu près oui.

Minho éclata de rire.

— C'est raté ! Pour le coup, t'es plus vierge de nulle part !

Il se calma devant la mine bougonne de son petit ami et déposa délicatement une main sur la sienne.

— Dans notre famille, on est plutôt ouverts. J'veux dire, le sexe ça fait partie de la vie comme manger, boire, dormir… Les gens en font tout une histoire, y'a tous ces tabous ridicules autour, mais mes parents m'ont toujours appris que c'est pas sale ou un truc de détraqué. J'avoue qu'en repensant à tout ce que j'ai fait, j'suis pas forcément fier de moi, mais j'ai toujours pris du plaisir en couchant, et ça a toujours été fait dans un consentement mutuel. Du coup, je vois pas pourquoi on devrait avoir honte d'aimer le cul.

— Wouah… T'as totalement raison.

— Je sais, sourit Minho. J'ai pas peur de dire que j'aime ça, et que j'aime encore plus avec toi.

Chan détourna le regard, encore une fois touché en plein cœur par les mots de son compagnon.

— Sois pas gêné, j'aime le sexe avec toi, c'est tout. Et j'suis content d'avoir été ton premier mec, dit-il.

— Je suis content aussi. Et si, j'suis mort de gêne !

Il chercha à dissimuler le fait que ses pommettes avaient changé de couleur, mais Minho n'était pas dupe. Il lui attrapa le visage entre ses mains et planta le regard dans le sien avec une intensité sans pareille.

— T'es beau quand tu rougis, Chan. Et j'ai envie qu'on passe cette journée ensemble.

— Si je meurs pas de malaise, oui.

Minho lui colla un baiser appuyé aux coins des lèvres.

— T'as pas intérêt. Allez, on devrait aller reprendre une douche parce qu'avec ce qu'on a fait cette nuit…

Chan acquiesça. Il allait volontiers accompagner Minho pour se laver, chaque instant passé ensemble était précieux et il ne voulait rater aucune occasion d'être avec son petit ami. Bientôt, il devrait repartir, reprendre l'avion et rentrer. Il n'en avait aucune envie. Mais peut-être que la mère de Minho l'aiderait à y voir plus clair dans tout cet épais brouillard.

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Bonjour bonjour 🌞
J'ai adoré écrire ce chapitre 🤣 j'adore les parents de Minho en fait.
Et on touche bientôt à la fin de Sea, sex & sun... J'essaye de vous poster les deux dernières parties cette semaine :') même si j'ai pas envie que ça se termine 😭

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