Elspeth

l'avait vue.

La fille qui dansait sur la plage.

La fille qui dansait nue.

Elle l'avait observée

d'abord du coin de l'œil

puis avec fascination.

Elle l'avait entendue hurler.

Elle ne l'avait jamais vue. Avant.

Qui était-elle ? Une question qui l'obsédait. La forme de son corps s'était imprimée dans ses yeux, dans son crâne, quelque part au plus profond d'elle – quelque chose de nouveau vibrait. Elle n'avait jamais vu une telle liberté, une telle légèreté, une telle sauvagerie

puissance.

Une icône, quelque part dans son cœur.

Quand elle l'avait vue débarquer, un matin – une longue robe bien propre, une valise sagement tenue entre ses deux mains, ses cheveux tirés en arrière – elle avait cru ne pas la reconnaître. C'était sa démarche qui l'avait trahie, trop chaotique cahotante pour s'y méprendre. Elle

était belle.

Sa peau était parcourue de tâches de rousseur. Elle était bronzée, presque trop, pour une écossaise. Elle avait un grain de beauté sous le coin de l'œil droit. Elspeth avait eu envie de le toucher

doucement.

Elle venait du continent. C'est ce qu'elle leur avait dit. Elle avait été envoyée pour vérifier qu'il n'y avait plus d'hérétiques cachés dans le village, que tous s'étaient convertis comme ils le devaient. Enfin, elle et son mari. Elspeth ne l'avait pas remarqué

jusqu'à présent.

Sans savoir pourquoi, elle sentit son cœur

tomber

tomber

tomber

sombrer

loin, au-dessous de vagues sur lesquelles jamais elle ne naviguerait.