19
Elspeth
n'avait plus personne.
Sa famille l'avait reniée.
Son village s'apprêtait à la tuer.
Seersha l'avait trahie
et
abandonnée.
Elspeth s'apprêtait à connaître le jugement
la menace utilisée pour faire peur aux petites filles pour qu'elles soient sages
les membres attachés, elle serait emmenée au large
là où personne n'avait plus pieds
et elle serait jetée par-dessus bord.
Si elle coulait : innocente, mais morte.
Si elle flottait : sorcière, à tuer.
Aucune chance de survivre.
Elspeth espérait simplement que sa mort ne serait pas trop longue.
Lorsqu'ils la déshabillèrent, elle se laissa faire. Lorsqu'ils nouèrent les cordes si fort que le sang vint teinter le chanvre elle se laissa faire. Lorsqu'ils la trainèrent en public, sous les coups et les huées, devant les regards humides de ses parents (son frère n'avait pas voulu venir et elle ne savait si elle devait en être soulagée ou non puis elle choisit de l'être de penser qu'il avait voulu préserver sa dignité) – elle se laissa faire aussi.
Assise au fond de la barque, elle ne put s'empêcher d'admirer l'ironie de la situation. Enfin, elle était sur un bateau. Enfin, elle prenait le large.
Quel dommage.
Quelques secondes pour observer son reflet – femme déchirée – et soudain, le froid était partout, l'eau la paralysait, mordait, violente, agressive. Le choc la fit ouvrir grand la bouche de surprise
et ce fut là son erreur.
Elle ne pensait pas que la mort puisse être aussi douloureuse. Elle ne pensait pas que la mer puisse être aussi dangereuse, vicieuse. Elle l'avait vue calme, elle l'avait vue tempêter, mais elle l'avait toujours aimée. Jusqu'à maintenant.
Le sel brûlait ses yeux son nez tout ce qu'elle sentait n'était plus que douleur et supplice
Le fond se rapprochait d'elle, forme noire sombre fuselée rapide
Et
alors
ses
poumons
implosèrent.
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