Elspeth

sentait sa résolution

s'affaiblir

s'effilocher

doucement

lentement

mais sûrement.

Elle était piégée. D'un côté son fiancé, celui qui allait aspirer la vie hors d'elle (si elle croyait les rumeurs elle en serait venue à le penser vampire se nourrissant d'elle de son âme jusqu'à ne laisser qu'une coquille vide jusqu'à ce qu'elle fasse comme sa première épouse qu'elle s'offre aux vagues et lui laisse l'opportunité de recommencer avec une autre fille plus jeune de deux voire trois fois moins son âge s'il se sentait audacieux)

De l'autre, ses parents, qui priaient chaque soir qu'elle trouve un mari, quelqu'un qui veuille bien d'elle malgré sa réputation, malgré ses défauts, qui accepte de l'épouser, n'importe qui tant qu'il lui apporterait la vie qu'ils voulaient pour elle.

Lorsqu'elle avait abordé le sujet de prendre la mer avec son père, partir tôt le matin pêcher avec lui, elle avait cru connaître les feux de l'enfer

déchaînés sur elle

et elle se répétait que ses parents ne voulaient que son bien, qu'ils étaient inquiets pour elle

mais rien n'enlevait la douleur de leurs mots

plus tranchants que n'importe quel couteau que pouvait manier sa mère

plus sale et marquant que n'importe quels coups que son père aurait pu faire pleuvoir s'il s'en était senti l'humeur.

Et il y avait Seersha – son refuge, au milieu de la tourmente. Tout, elle aurait tout fait pour préserver la paix qu'elles avaient, l'équilibre qui dansaient entre elles. Valse à deux, au rythme d'une musique qu'elles étaient les seules à entendre

Et Elspeth aurait presque aimé la rejoindre danser sur la plage

la nuit

comme elle l'avait fait la première fois

et toutes les fois d'après

sans que personne ne la voit jamais.

Oui, Elspeth aurait tout fait

Tout.