Elspeth

attendait sur la plage. Debout. Le regard fixé sur l'horizon, sur les vagues, leur roulement

elle aurait aimé que ses yeux trouvent le point qu'ils cherchaient.

Il était en retard,

son père.

Le soleil était sur le point de se lever. Il n'était toujours pas là. Toujours pas en vue.

Dans ces moments-là, elle se demandait ce qui se passait dans sa tête. S'il savait l'inquiétude qu'il lui causait. S'il se réjouissait simplement de sa session de pêcher. S'il était heureux d'être encore en vie. D'avoir échappé aux tempêtes, aux each uisge, à la noyade. A pire.

Dans celle de sa mère. Si, elle aussi, fixait l'horizon, debout devant la porte de leur maison. Si elle espérait ne rien voir émerger, secrètement, intimement. Si elle espérait que de sa voix ne restent plus que des échos, rebondissant entre les murs froids de leur maison.

Dans celle de son frère, aussi. Même s'il n'habitait plus avec eux. Même s'il était marié, qu'il serait bientôt lui-même père. Imaginait-il sa mort, la brutalité, la facilité avec laquelle il pourrait laisser sa famille derrière lui ?

Elspeth

attendait. On aurait pu croire que sa vie se résumait à ça. Attendre. Attendre son père. Attendre l'arrivée du pasteur. Attendre que le regard d'un homme l'élise. Attendre.

Parfois, ça payait. Le bateau rentrait. La lecture commençait.

Parfois, son attente se prolongeait. Elle n'avait pas de mari.

Bientôt, elle attendrait le bûcher.

Si personne ne voulait d'elle.

Les jeunes femmes célibataires n'était pas très appréciée.

Donc Elspeth

attendait. Car c'était tout ce qu'elle savait faire. Car c'était tout ce qu'elle voulait faire. Elle n'aurait pas le temps de faire plus.