Vous avez fini votre réécriture et être prêt pour une relecture ? Allez, c'est parti :

1. On laisse reposer un roman après sa réécriture. Comme le bon vin, il se bonifie avec le temps. Oui, certains auteurs écrivent plus vite que leur ombre, j'en connais, d'autres sont plus longs. Peu importe le temps, la qualité du produit fini prévaut.

2. On effectue sa relecture en zoom 200 % ou sur papier. Le but étant de voir ce que l'on n'a pas vu les fois précédentes.

3. Avez-vous utilisé Antidote ? Sinon, Word ? Les fautes sont éliminatoires, je ne le dirai jamais suffisamment. Quelques coquilles ou typos sont tolérées, mais vous ne serez pas édité si vos fautes sont trop nombreuses. Un éditeur attend une bonne maîtrise de la langue. Faites la chasse aux verbes pauvres : être, avoir, dire, arriver, faire, etc. Faites attention aux répétitions de prénoms et de pronoms. Éviter l'accumulation de phrases trop simples : sujet, verbe, complément.

4. Les émotions : Vos personnages sont-ils empathiques ? Attachants ? Détestables à souhait ? Parfait. Développer votre « vilain ». Lui aussi a le droit de prendre sa place aux côtés du protagoniste principal. Attention aussi à adopter une psychologie « plausible » pour vos personnages. Parfois, en milieu de roman, l'on découvre des réactions qui ne collent plus  avec le personnage tel qu'il était décrit au début, sans que dans l'histoire, il ait évolué. Votre héros est-il trop lisse, trop beau, trop parfait ? Les yeux bleus ? Une femme blanche ? (J'ai trouvé pas mal de diversité sur Wattpad - bravo à ceux qui ont mis en scène des femmes africaines, marocaines). Vous êtes passionné par l'écriture, transmettez votre passion dans vos mots et dans les émotions de vos personnages.

5. Votre univers : avez-vous suffisamment (peut-être trop) décrit votre univers ? Aidez le lecteur à pénétrer dans votre antre. Montrez-lui le chemin, mais ne l'accablez pas d'un jargon trop technique ou de trop nombreux mots inventés. Des pages entières de description ?  Nous ne sommes plus à l'époque de l'« Assommoir » ou de « Notre dame de Paris ». Émile Zola et Victor Hugo sont de grands écrivains, mais je ne sais pas si inconnus, ils connaîtraient spontanément beaucoup de succès au 21ème siècle. Les histoires, à tort ou à raison, ne se « consomment » plus de la même manière. Même les émissions télé ne se regardent plus de la même façon. Avez-vous remarqué comme les plus petits ne supportent pas le moindre générique télé de début ou de fin ? Vous me direz :« mais c'est mon style, mon identité. C'est moi qui décide comment j'écris mon histoire et si je veux faire 100 pages de description avant la première scène d'action, cela me regarde». Tout à fait. Je souhaite juste attirer votre attention sur certains effets de mode, que l'on peut ne pas aimer, mais que la plupart des éditeurs vont avoir tendance à suivre. Il n'y a pas de mauvais choix, mais connaissez les tendances.

6. Votre espace-temps : j'en ai touché deux mots précédemment. Assurez la cohérence de votre échelle de temps. Si vous vous rattachez à l'Histoire (avec un grand H), vous avez un devoir d'exactitude historique (minimum) — faites alors vos recherches.

7. La différence : Votre roman est en français et se situe au hasard, dans une petite ville des États-Unis ? en France, lors de la rentrée scolaire ? Allez, vous pouvez faire mieux. Il y a de très beaux villages en France et dans les autres pays du monde. Innover dans le choix du lieu de votre roman. Innover dans le choix de votre histoire. Si dès les premières lignes, votre histoire en évoque une autre, à moins d'être officiellement une fan-fic, vos chances d'être édité sont réduites. Les Harry Potter, Seigneur des Anneaux, Divergent et Twilight sont passés avant. Aussi beau que soit leur univers, inventez le vôtre sans vous inspirer du leur. Plus vous serez original, plus vous attirerez l'attention d'un éditeur.

8. Votre roman est-il trop linéaire ? Ne faudrait-il pas intercaler plus d'actions ou changer de point de vue ? La réponse dépend ici de votre lectorat cible. Selon la population visée, certaines formules marchent mieux que d'autres. Une histoire à la première personne et linéaire conviendra mieux à un lectorat 13-15, 13-18. Mettez-vous à la place d'un lecteur.

9. L'intrigue : arrivez-vous à surprendre ? La fin est-elle anticipée par le lecteur ? Vos personnages ont-ils évolués ? Attention au Deus ex machina un peu trop pratique (la solution de sortie qui arrive toute cuite au coin de la rue). Attention également aux filons non exploités. À moins que vous ne comptiez faire un tome 2, ne laissez pas trop de portes ouvertes sans les refermer (comme un personnage que vous passez du temps à décrire et qui finalement n'aura aucun rôle).

10. La typographie et la concordance des temps : souhaitables, le correcteur de l'éditeur pourra néanmoins vous assister dans cette étape. Revoyez les règles, faites au mieux. Selon les maisons d'édition, il y a généralement  un peu plus de tolérance à cet égard.

Vous avez encore du travail ? Alors vous êtes toujours en réécriture. Écrivez avec vos tripes et vos émotions. Relisez avec votre sens cartésien. Recommencez jusqu'à que vous ne sachiez plus améliorer votre histoire. C'est alors le moment de prendre des bêta lecteurs non complaisants.