39 - Une idée originale : garantie de publication ?


Vous avez plein d'idées. Originales. Vous êtes certains que personne n'a exploité le sujet avant-vous. Vous pensez détenir le Saint-Graal vers un contrat d'édition... Ce n'est pas aussi simple. Tous les auteurs ont plein d'idées, ils foisonnent d'idées...Tout le monde croit avoir créé quelque chose d'hyper original mais la probabilité que ce soit réellement le cas est assez faible. Cela fait des milliers d'années après-tout qu'il y a des conteurs...Même lorsque l'on a inventé de A à Z son histoire, on finit par tomber tôt ou tard sur un livre qui a au moins un résumé un peu similaire. Alors les personnages seront différents, leur psychologie sera différente, les péripéties et le style de narration seront différents, le cadre, le contexte seront originaux. Faut-il se décourager ? Non, surtout pas. Cela doit vous forcer à travailler davantage votre histoire. Après tout, les grands studios de cinéma n'arrêtent pas de faire des remakes et des remakes des mêmes histoires. Les gens veulent relire le même type d'histoire ou faire perdurer leurs héros, c'est pour cela qu'ils créent des fanfics.  Et puis, les histoires d'amour sont et resteront toujours d'actualité. Pourtant depuis le temps, on pourrait croire que le sujet a été suffisamment exploité ! 

L'une des erreurs de débutant est donc de croire que l'originalité du thème est le facteur qui nous conduira à l'édition. Cela entre en jeu mais ce n'est certainement pas le facteur principal. Après tout, il est incroyablement difficile d'imprimer un nouveau monde dans l'esprit des gens. (Encore que cela dépend desquels). Il est tellement plus facile de se raccrocher à ce que l'on connait déjà ! Alors, je ne suis pas du tout en train de dire de ne pas travailler l'originalité. Non, je suis juste en train de souligner le fait que c'est rarement par l'originalité d'une idée ou d'un thème, que l'on remporte un contrat d'édition.  Il faut qu'il y ait originalité du style ou bien originalité de la construction du récit ou encore originalité dans la conception de la psychologie des personnages ou dans la façon dont le thème a été traité. Prenons un thème d'actualité : Arsène Lupin. Le roman policier n'était pas nouveau. Les péripéties d'Arsène ne sont pas très différentes des histoires traditionnelles de gendarmes et de voleurs mais son originalité tenait dans la psychologie du personnage « gentleman cambrioleur ». Dés lors, il n'était plus possible pour Maurice Leblanc de sortir de ce personnage que le public s'était approprié. 

Parlons aussi du récent succès des chroniques de Brigerton adapté par Netflix. Sur le papier, en toute honnêteté il n'y avait rien d'original en dehors peut être de la période historique plus méconnue de la régence d'Angleterre. Non, l'originalité en revient à l'adaptation et au casting improbable qu'a fait Shonda Rhimes du roman de Julia Quinn en mettant à l'honneur une régente et un aristocrate anglais issus de la diversité. Une audace particulièrement culottée en osant la musique de Selena Gomez et de Ariana Grande en pleine époque victorienne ! Dés lors la vraisemblance historique importe peu aux yeux de l'audience (ou de cette audience) qui est prête à tout oublier devant la chimie à l'écran de Régé-Jean et de Phoebe. Une question se pose alors : jusqu'où doit aller l'auteur pour attirer le lecteur ? Peut-on bafouer à ce point la réalité historique ? Quel compromis doit-on faire ?  Doit-on sacrifier la crédibilité sur l'autel de l'audience ? Voilà une question bien personnelle dont la réponse sera de toute façon encadrée par la direction littéraire (et  l'adaptation cinématographique le cas échéant). Enfin, dans le cadre des romans de Julia Quinn, il est fort à parier que l'érotisme des scènes ait aidé ainsi que le ton humoristique et ironique adopté pour conter l'histoire. Mais attention de ne pas verser dans le trash si vous vous aventurez dans cette voie des scènes érotiques... Il existe un équilibre subtil à trouver. 

Il y a je pense un côté égoïste dans notre écriture. On écrit pour nous au départ. On se complait dans notre histoire. Mais ce qui va réellement susciter l'intérêt de l'éditeur c'est justement la capacité du public à pouvoir s'approprier l'histoire, à rentrer dedans, à s'identifier à l'un des protagonistes. Et ce n'est pas chose facile. Et nous avons tendance à l'oublier ce public, quand nous écrivons. N'est-ce pas le comble de se dire d'une part, qu'il faut écrire avant tout pour nous-même par ce que c'est un besoin (et probablement  aussi un moyen de  s'affranchir des blessures égocentriques que nous aurons lorsque notre histoire n'aura pas la réception que nous espérons)  alors que d'autre part, il faut justement écrire pour ce public, qui au final, sera le seul juge ?

En synthèse, l'originalité se trouve dans de multiples aspects et pas forcément là où on le croit,  là où on l'attend. Un thème, qui peut s'avérer a priori banal pourra avoir un succès démentiel et une oeuvre des littératures de l'imaginaire ultra-originale pourra peiner à trouver son public.  Alors réfléchissez sous quel angle vous désirez aborder l'histoire...

Mais quelle que soit la clé, ne renoncez pas. Surpassez vous et ne cédez pas à la facilité...

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