31 A-t-on intérêt à écrire des oeuvres de genre différent ?


Je me suis souvent demandée si mon faible nombre de lecteurs ne venait pas du fait que j'écris de tout pour des lectorats bien différents. J'écris de la SF / dystopie, mon genre de prédilection, mais je tombe assez facilement dans le paranormal, la fantasy, la romance même. J'écris de la poésie, en français, en anglais, des contes pour enfants et, pour le travail, j'élabore des rapports techniques relativement complexes ainsi que des réponses à des appel d'offres, des propositions commerciales, et des lettres de direction parfois assez sensibles.  Du « je » au « il » , au « nous »,  de récits complexes et pleins d'aventures (« Alagan ») à d'autres plus féminins et romanesques («  la malédiction de l'érable »), le moins que l'on puisse dire c'est que je m'éparpille. La question est donc de savoir si dans le cadre d'une carrière  planifiée autour de l'écriture, il ne faudrait pas plutôt se concentrer sur son lectorat de base et sur le style d'ouvrage pour lequel on est reconnu...

En fait, j'en suis convaincue. Les écrivains reconnus sont priés par leur maison d'édition de rester dans le même genre d'ouvrage que celui qui les a fait connaitre. D'une part la maison d'édition est généralement associée à un genre bien défini et d'autre part, ce lectorat, si précieux à trouver, risque d'être perdu si l'on se lance dans une nouvelle aventure trop différente de la précédente ou de celle pour laquelle on a été reconnu.  Regardez Suzanne Collins qui sort « la ballade du serpent et de l'oiseau chanteur ». Il y avait bien évidemment une demande pour continuer de surfer sur le succès de Hunger Games.  C'est comme lorsque J.K. Rowling a sorti « Harry Potter et l'enfant maudit ». Il est plus facile de surfer sur la vague d'un succès que d'en recréer un nouveau à partir de rien. C'est la même chose pour les chanteurs. Leur maison de disque ne produit que ce qui se vend et ne veut pas prendre de risque. Alors certains chanteurs finissent pas se lasser de faire toujours  la même chose... et quittent parfois leur maison de disque pour retrouver la liberté de créer ce dont ils ont envie...en prenant le risque de ne pas retrouver leur auditoire. Regarder Taylor Swift n'a connu le succès qu'en quittant le country pour le pop...et elle a donc dû rester dans le pop pour pouvoir décoller. Il est certain qu'au niveau où elle est maintenant, elle peut faire ce qu'elle veut. Regardez Mika. Son dernier album lui a permis de renouer avec sa créativité des débuts. Il a pris le risque de refuser les tendances « commerciales » qu'on lui imposait sur ses derniers albums et est revenu à son moi profond avec « my name is Michael Holbrook ». Son premier et son dernier albums sont mes préférés. 'Agatha Christie   quant à elle a dû prendre le pseudonyme de  Mary Westmacott pour écrire ses romans sentimentaux. 

Il y a donc deux chemins. Celui rationnel de persister dans votre genre de prédilection et de rester sur un lectorat « consistent » ou bien celui plus artistique, de suivre votre coeur et d'écrire là où il vous emporte, ce qui est plus risqué. Car qui dit changer de style, dit changer de maison d'édition, et vraisemblablement changer de lectorat. En même temps, plus on persiste dans un genre, plus on se met une étiquette sur ce genre dont il sera difficile de sortir ensuite.

Pour ma part, comme l'écriture reste un hobby, je la laisse me porter et ne respecte donc aucune règle, mais si vous désirez en faire votre carrière, alors il faudrait très vraisemblablement vous centrer sur un genre et y rester jusqu'à ce qu'un certain succès arrive. 

Alors, me direz-vous, encore faudrait-il savoir ce que les gens préfèrent lorsque l'on n'est pas très connu..Et oui, pas facile de savoir....Cela dit, je reste intimement convaincue qu'il faut écrire avec ses tripes et avec son coeur. Lorsque les écrivains ne le font plus, cela finit pas se voir et c'est généralement pour cela que les ME utilisent des prête-plumes et publient des auteurs inconnus sous des noms d'écrivains ayant percé. Paul-Loup Sulitzer est réputé en avoir utilisé. Savez-vous qu'Auguste Maquet aurait été le prête-plume d'Alexandre Dumas (père) et lui élaborait certaines de ses premières moutures ?

Le métier de prête-plume (« nègre » littéraire ou « ghostwriter » en anglais) peut-être cela dit assez rémunérateur.  10 à 30 euros la page et 30% des droits d'auteurs ou 75 à 100 euros la page sans droit d'auteurs.  Certains sont aussi payés au nombre de mots. Brefs, de cette façon certains prête-plumes peuvent toucher 10, 20, 30 000 euros par ouvrage. Cela commence à être intéressant ! Bien sûr, un « ghostwriter » doit signer une clause de confidentialité qui l'empêche d'avouer qu'il écrit pour quelqu'un de connu sous peine de procès.

Voilà donc pour la petite question du jour.  Connaitre son lectorat reste le plus difficile ainsi que satisfaire les besoins du marché avec ce que l'on aime. 

Voilà pour aujourd'hui. N'oubliez pas de me laisser des commentaires et prenez soin de vous !






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