Deux heures de mathématiques avec ma prof adorée Madame Porier. Notez l'ironie. Une semaine que les cours avaient repris, et me voilà déjà perdue dans un océan d'incompréhension pendant cette heure de maths haïe.

Au moins, j'étais à côté de Farah. C'était une grande fille avec la peau mate et de longs cheveux noirs tressés. Je lui avais parlée dès le deuxième jour, quand nous faisions 3x500m en sport. Je l'appréciais déjà beaucoup, elle était le genre de personne que j'admirais et à qui je voudrais ressembler : sans prise de tête et pleine de joie de vivre.

Je tentai de me concentrer sur l'équation "de révisions", en vain. Quand je m'étais inscrite au lycée sur un coup de tête, je n'avais pas prévu de revoir une calculette de ma vie. Malgré un travail... acharné, impossible de combler mes lacunes dans cette fichue matière. À côté de moi, Farah se baladait.

"Pssssst, lui fis-je dans un semblant de discrétion pour ne pas attirer l'attention de Porier."

Cette professeure était tyrannique et en plus, me détestait. Non, ce n'est pas du tout parce que le premier jour, je lui ai expliqué que je trouvais les maths aussi inintéressantes qu'inutiles.

Farah se retourna vers moi et leva les yeux au ciel en voyant ma moue suppliante de petite fille.

"Je vais te les donner, les réponses ... soupira t-elle, amusée."

Avec un sourire triomphant, je lui chuchotai un remerciement en m'emparant de son cahier. Aussitôt, une tête blonde se retourna vers nous.

"Tu devrais pas te laisser marcher sur les pieds comme ça, Farah.
- Merci de t'inquiéter pour moi mais mes pieds vont bien, Lili, fit ma voisine sur le même ton."

J'avais rapidement compris que Lili était une fille à ne pas se mettre sur le dos. Elle faisait partie de ces personnes agaçantes qui avaient tout pour elles : un charme de folie, une personnalité intéressante et séduisante, et elle semblait aimée de tous. Enfin, non. Lili manquait cruellement de gentillesse.

Ses piques à mon égard me semblaient dues à mon "amitié" avec Sam. À mon grand étonnement - et plaisir, on se parlait régulièrement. Là, il était à côté de Lili. Comme s'il lisait dans mes pensées, il se retourna et me demanda avec énormément de politesse :

"Passe ta gomme, Thy'.
- S'il te plaît, trou du cul."

Il me fit une moue adorable. Ses cheveux roux complètement décoiffés tombaient de façon négligée sur son front et lui donnait un côté sauvage diablement attirant. Je lui tendis ma gomme sous le regard réprobateur de Lili.

"J'avais une gomme, moi aussi, lança t-elle avec éloquence."

Sam ne lui adressa même pas un regard, et un voile de colère assombrit le visage parfait de Lili. Elle avait un visage fin, avec des tâches de rousseur, de longs et épais cheveux blonds, un beau sourire, des yeux-bleus-verdoyants-où-se-reflètent-l'océan, et, pour combiner le tout, les formes "là où il faut", selon notre belle société. Tout ça en restant naturelle. De quoi devenir verte, je vous assure.
J'avais du mal à comprendre l'inimitié entre Sam et Lili : il semblait s'être passé quelque chose de compliqué entre eux, mais j'évitais de m'en mêler. De toute évidence, Lili était attirée par Sam mais ce n'était pas réciproque. Malgré son attitude à mon égard, j'avais de la peine pour elle quant à l'ignorance que lui témoignait Sam.

Je regardais l'heure. 11h45. Dix minutes et nous pourrions enfin manger !

"Ça sonne dans dix minutes ! m'écriai-je soudainement sans trop réfléchir.
- Puisque vous semblez si pressée de quitter mon cours, allez me corriger l'équation en vitesse."

Toute pâle, je me détournai. Le regard fixe, Mme Porier avait l'air profondément agacé. J'ouvris la bouche pour répondre, avant de la refermer aussi sec. Je n'avais rien à dire. Surtout, je n'avais pas recopier la feuille de Farah.

Cette dernière me passa discrètement sa feuille, mais Porier l'intercepta :

"Sans feuille, Thylane."

La mort dans l'âme, je me résignai à m'approcher du tableau. Je ne l'avouerai pas, mais j'avais une énorme boule au ventre. Les élèves me fixaient tous sans mot dire. Sam articula un mot d'encouragement.

Puis une voix retentit :

"Matte comment elle tremble.
- Ne rougis pas !"

Aussitôt, le feu me monta aux joues. Je me sentais si humiliée de me sentir humiliée pour si peu. Farah me jeta un regard désolée avant de se retourner pour fusiller du regard la fille et le garçon qui avaient parlé. Je ne connaissais même pas leur nom ! Je me rendis par ailleurs compte que mes mains étaient toutes tremblantes, et ce constat redoubla mes battements de cœur. Je n'étais plus devant les TL1.

Je me revoyais, plus jeune, montant sur l'estrade pour faire un exposé sous les pouffements de mes "camarades".

"La ferme ! cria Mme Porier dans un semblant de compassion pour mon état. Thylane, dépêche-toi, on a pas toute l'heure."

La gorge sèche, je me tournai vers les tableau. Qu'est ce que je devais faire déjà ? Je n'en avais pas plus idée que ce que je faisais là. Mon cerveau s'était vidé. Mme Porier vint à mon côté et alors que j'ouvrais ma bouche sèche pour parler, aucun son n'en sortit. Paniquée, je jetai un regard désespéré à Farah et Sam. L'une me regardait avec une pitié qui me faisait sentir encore plus mal et l'autre avec une force qui m'en redonna.

"Je ne sais pas faire les équations."

Bizarrement, j'avais réussi à articuler clairement, presque avec confiance. Pour certains, c'était normal, mais vu les circonstances, c'était pour moi un grand pas.

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Coucou 😊
Voilà le troisième chapitre. J'ai conscience qu'il ne se passe pas grand chose pour l'instant, j'essaie de mettre les choses en place ☺️ N'hésitez pas à me donner vos ressentis !

Pleins de bisous 💋