22 : Complices
"Vous avez révisé les maths ?"
Sam et moi nous retournâmes d'un même mouvement. Lili nous toisait un air amical. Même à 10h du matin, il faut qu'elle s'incruste, songeai-je, déprimée. Cela faisait deux jours que Sam et moi avions eu notre petite discussion, et nous avions passé ces dernières journées ensemble. Sam et moi échangeâmes un regard perdu avant de s'écrier d'une même voix :
"Quel contrôle ?!
- Si vous écoutiez en cours... renâcla Lili. Sur ce qu'on fait depuis la rentrée."
Oups. Ces deux dernières semaines avaient tellement été chargées en émotion qu'il était possible que je n'ai pas vraiment écouté en cours - surtout en mathématiques. J'éclatai de rire face à la tête paumée de mon ami.
"Thy, c'est pas drôle, lança t-il, stressé, alors que Lili s'éloignait.
- Mais tu vas gérer ! m'écriai-je. Tu piges tout en maths.
- Et toi ?"
Le fait qu'il s'inquiète pour moi me réchauffa le cœur.
"Je me débrouillerai, fis-je en haussant les épaules."
Les paroles d'Agathe me revinrent bien vite en tête. J'avais intérêt à maintenir mes efforts. Ne serait-ce que pour moi-même. Je soupirai.
"Bon, ok, je suis dans la merde."
Sam réfléchissait.
"On va trouver un moyen d'échapper à ce stupide devoir. Plan A :...
- N'importe quoi ! m'écriai-je. Ne t'occupe pas de moi. C'est pas la fin du monde ! Ça m'apprendra à me distraire en cours.
- C'est non négociable. Considère que je fais aussi ça pour moi ; je ne comprends rien à cette séquence. Je disais donc... Plan A : on sèche. Pur et dur.
- Foireux ! Je préfère justifier un 0 qu'une heure d'absence. Et puis, c'est nul, sécher.
- Si tu veux rater ce contrôle, il faudra sécher dans tous les cas, répliqua t-il en haussant les épaules.
- Trouvons au moins une façon originale de le faire, rétorquai-je avec un petit clin d'œil.
- Facile à dire, soupira t-il, agacé. Plan B : on triche.
- Vaseux ! renchéris-je. Je ne veux pas avoir une note que je ne mérite pas.
- T'es insupportable, râla t-il."
Je gloussai alors qu'il levait les yeux au ciel. Mais le retentissement de la sonnerie nous tira de notre rêverie ; nous allions en mathématiques.
"Plan C : on improvise, acheva Sam avant de se diriger vers la salle."
C'est la fin des haricots. Inquiète, je le suivis. Je me voyais déjà montrer, penaude, un 0 voir un 2 à Agathe. Je voyais déjà Stéphane me fusiller du regard. Je voyais déjà Porier grogner en me pourrissant sur mon bulletin.
La mort dans l'âme, je retardai au maximum le moment de notre fatidique entrée dans la salle. Porier arborait aujourd'hui un grand sourire, comme savourant nos futures mauvaises notes. Alors que je réfléchissais à un moyen de m'échapper au dernier moment, au moment d'entrer dans la salle, Sam s'évanouit brutalement contre moi. Horrifiée, je m'accroupis à son côté en hurlant :
"Sam ! Sam !"
C'est lorsqu'il me fit un léger clin que je compris : il était passé au plan C. Si Porier ne s'approchait pas de nous, j'aurais éclaté de rire tant son imagination était tordue. Quel con... je l'adore. On dirait qu'il a 2 ans... putain, j'ai rarement vu autant d'intelligence et de cran.
Sam gisait au sol, inconscient, alors que Porier s'accroupissait à nos côtés. Ses sourcils froncés démontraient une inhabituelle anxiété. Je décidai de surjouer un peu ; quitte à être ridicule, autant y aller à fond !
"Sam ! pleurai-je. Oh mon bébé, réveille-toi !
- Laisses-le respirer, Thylane, m'ordonna la prof, ingrate. Lili, tu es la déléguée ? Va à l'infirmerie chercher...
- Non, c'est moi qui irai ! criai-je."
Je me levai avant qu'elle ne me contredise. Je ne savais pas trop où nous mènerait ce plan, mais je pouvais peut-être nous faire gagner quelques minutes... alors que je partais en faisant semblant de me dépêcher, j'aperçus Lili s'agenouiller près de Sam. Elle avait vraiment l'air paniquée. Elle l'aime donc vraiment ? Je décidai de ne pas trop me pencher sur la question.
J'avais réalisé que mes sentiments pour Sam, qu'ils soient amicaux ou... non, pas question d'envisager autre chose, me rendait jalouse envers les filles qui s'approchaient un peu trop près de lui. Et je me détestais d'avoir ce genre de réactions, que je jugeais puériles et capricieuses.
Pensive, je fis le tour du lycée avant de me rendre à l'infirmerie. Je trouverai bien une petite connerie à raconter à Porier... alors que je tournais dans un couloir, je culbutai brutalement en couple en train de s'embrasser.
Malaise quand tu nous tiens.
Horrifiée, les joues cramoisies, j'ouvris la bouche pour me trouver une contenance mais devant le regard hautain du couple qui s'était arrêté, aucun son n'en sortit. Qu'est-ce-que je fous là, merde ? Pas la moindre idée.
Au summum de la gêne, je les contournai précipitamment. J'entendis leurs éclats de rire une fois que j'avais disparu. Super. Cette journée est vraiment géniale.
Peu après, j'arrivai à l'infirmerie. Il était 10h15 ; la fin du cours sonnait à 11h. Si j'arrive à baratiner un peu l'infirmière...
Je toquai à la porte avant d'entrer brutalement sans avoir attendu la permission, l'esprit trop occupé. Et re pas de bol ! Elle était en pleine conversation sérieuse avec une fille qui devait avoir mon âge.
"Frapper n'est pas interdit. Lança t-elle, agacée."
Mais pas obligatoire ? faillis-je demander, avant de me dire que cela ne ferait que m'enfoncer davantage.
"Vous reviendrez plus tard, ajouta l'infirmière d'un ton plus calme où pointait tout de même l'énervement.
- Euh, ok."
Je fis demi-tour avant de me rappeler brutalement la raison de ma venue. Je retournai donc dans la salle en courant et cette fois-ci, l'infirmière me fusilla du regard.
"Mon ami a fait un malaise ! Ou un truc du genre ! C'est grave !"
J'avais perdu toute crédibilité. À mon grand soulagement, l'adolescente me regardait davantage avec curiosité qu'avec colère. L'infirmière, soudain alertée, s'écria :
"Tu ne pouvais pas le dire avant ! Aïcha, tu reviendras plus tard, j'ai bien peur. Je dois aller aider l'élève, tu comprends ?"
C'est ça, oui. Vous allez juste lui proposer un foutu doliprane, songeai-je, amusée. Heureusement que Sam n'avait pas vraiment un problème !
Je pris mon temps pour amener l'infirmière au "lieu du crime". Quand j'y fus arrivée, il était 10h22. Sam était assis contre le mur avec un air sonné carrément crédible. Heureusement que ses talents d'acteur sont là pour rattraper les miens... Porier était accroupie à ses côtés et lui posait des questions banales, telles que "Tu as mangé ce matin ?",... Quand elle m'aperçut, elle devint aussi rouge que son pull et gueula :
"Où étiez-vous passée, Thylane ?!
- À l'infirmerie, fis-je innocemment. Allez, Thylane, un peu de cran. Je m'assis à côté de mon rouquin. Ça va, mon cœur ?"
Porier mima un haut-le-cœur suite au surnom niais que j'avais attribué à mon ami. Depuis le début de l'année, nous nous charrions avec des surnoms débiles et ridicules. Mais là, bizarrement,... je n'avais même pas eu l'impression d'avoir à me forcer. Une fois de plus, je mis cette réflexion de côté. L'infirmière demanda en se penchant :
"Ça va mieux ?"
À toi de jouer, Sam.
"Pas du tout... murmura t-il en posant théâtralement sa main sur son cœur ; j'ignorais si c'était parce que c'était lui ou autre, mais on n'avait pas l'impression qu'il en faisait des tonnes. Je me sens tellement mal...
- Bon, ramenez-le à l'infirmerie, lança Porier en prenant les choses en main face au mutisme de l'infirmière. Thylane, quant à vous, un devoir vous attend !"
Elle semblait clairement avoir deviné notre petit jeu. Réfléchis !
"Je..."
Je fus coupée par un Sam pantelant qui se releva en s'appuyant difficilement sur moi.
"Ne me laisse pas... me supplia t-il.
- Je suis désolée, mon amour... je dois aller faire le contrôle... murmurai-je d'un air navré. C'est plus important que tout, n'est-ce-pas ? ajoutai-je."
Le raclement de gorge de Porier nous coupa.
"Tant d'affection me donne envie de vomir ! Allez, ouste ! Thylane, vous n'avez qu'à rester avec lui ! Vous rattraperez le contrôle plus tard !
- Dommage, j'avais tellement révisé... murmurai-je d'un air tragique, avant de me reprendre en voyant Porier froncer les sourcils. Merci, madame. Sam ne peut pas vivre sans moi ! ajoutai-je sur le ton de la plaisanterie pour détendre l'atmosphère pesante.
- C'est ça ! Du balais !"
Je me retins de sourire et continuai de soutenir Sam jusqu'au bout du couloir, sous le regard mauvais de Porier. Néanmoins, il m'avait semblé avoir déceler un air amusé sur son visage... peut-être nous avait-elle vraiment démasqués.
Une fois hors de sa vue, je ne pus m'empêcher d'éclater de rire. Toute la tension accumulée retombait précipitamment. Sam ne tarda pas à m'imiter.
"Putain, je n'aurais jamais pensé qu'elle y croirait ! s'écria Sam.
- Je me voyais déjà au bureau du directeur pour avoir tenté de la manipuler ! ajoutai-je, la voix tremblante de rire, de stress, d'émotion, de tout.
- On forme de sacrés complices, susurra Sam avec un clin d'œil."
Je ris, amusée, et, instinctivement, nous nous serrâmes dans les bras comme deux... complices après la réussite d'une de leurs missions.
Sans que je n'eus le temps de comprendre ce qu'il se passait, ses lèvres se posèrent d'une brutale douceur sur les miennes.
--------------------------------------------
Coucou ! Oula, Samylane qui prend un nouveau tournant ? 😧 Ou une simple "erreur" ?
Désolée pour le temps que j'ai mis à poster. Mes brouillons de fiction s'étaient complètement effacés et j'ai vraiment cru que je les avais mal enregistrés (j'avais envie de pleurer vu tout ce que j'avais 😂j'ai stressé comme jamais)... mais en fait, ce devait être dû au "bug Wattpad", qui semble avoir touché pas mal de livres. Bref, le chapitre est revenu (j'ai encore failli pleurer), et le voici !
Re-désolée pour la longueur du chapitre, je me suis laissée embarquer dans leurs conneries 😂 J'espère qu'il vous a quand même plu !
À très vite ! 💕
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top