11 : Ne me quitte pas

"Tu gères Thylouuuuuuuuuuu !"

La fête battait à son plein. Je n'avais aucune idée de quelle heure il était. Tout ce que je savais, c'était que Sam, avec qui je dansais depuis quelques temps, avait disparu. L'esprit embrumé, je fouillai la salle des yeux, en vain. Il m'avait laissée.

Tout le monde te laisse.

Dans d'autres circonstances, je n'en aurais pas fait un camembert, mais je me sentais tellement vide que j'avais envie d'en pleurer. Je ne savais plus où étaient mes amies. Je ne savais plus rien. J'étais perdue.

Qu'est-ce-qu'il s'est passé ? Comment je suis passée du stade canapé au stade ivre ?

Complètement perdue, je me dirigeai d'un pas incertain vers la table et saisis mon verre. J'avais besoin de boire encore. Encore un petit peu.

"Vas-y, Thylouuuuuuu !"

Elle criait dans mes oreilles. Je me retournai en la cherchant du regard. Où était-elle passée ? J'avais l'impression d'assister à une scène sans y prendre part. D'être spectateur de ma propre vie. Étais-je vraiment en train de désobéir à Agathe, à tout ce que je m'étais un jour promis ?

Arrête de réfléchir.

Je me servis.

Ça te fera du bien.

Alors que je levai difficilement mon verre, une main se posa sur mon poignet. Une main qui voulait m'empêcher de boire. Pleine d'espoir, je me retournai. C'était lui, c'était forcément lui. Mon sauveur. Mais quand il ouvrit la bouche, je dus me résoudre à l'évidence.

"Arrête ça, Thylane.
- Dégage ... lançai-je à Matth, incertaine."

Je ne voulais pas qu'il parte. Je voulais qu'il reste à mes côtés. Je ne voulais pas être seule. Mais je ne l'aurai jamais admis.

"Qu'est-ce-qu'il te met dans cet état ? s'inquiéta t-il ; face à mon mutisme, il soupira un grand coup et décida : Allons prendre l'air."

Alors que nous sortions par la baie vitrée, il s'immobilisa, comme s'il venait de se remémorer un détail. Je remarquai bien vite ce "détail".

Ils s'enlaçaient.
Ou du moins, elle l'enlaçait.

J'ignorais pourquoi cette vision me faisait tant de mal. Pourquoi un vide béant se creusait peu à peu en moi. Pourquoi mon estomac se soulevait brutalement.

Sam et Lili. Lili et Sam.

Pourquoi ? Il jurait la détester.

Sans trop réfléchir à ce que je faisais, je m'avançai vers eux, la démarche trébuchante.

"Thylane ! s'écria t-il en s'écartant de la belle blonde.
- Pourquoi tu m'as laissée ? demandai-je d'une petite voix brisée."

La surprise se teinta sur son visage. Déstabilisée, mon regard passait de l'un à l'autre.

"Je ne savais pas que je devais rester coller à toi toute la soirée. En plus,...
- Je vais vous laisser. Intervint Lili. À plus tard, Samuel."

Samuel. Son vrai nom. Le nom par lequel il avait toujours refusé que je l'appelle. Je la regardai partir, écœurée.

"Thylane, tu étais trop bizarre, m'assura Sam. Tu ne semblais plus être avec moi. On aurait dit... on aurait dit que tu étais ailleurs."

Je me figeai.

"Tu semblais assister à une scène à part, puis tu t'es mise à boire. J'ai essayé de t'arrêter, mais tu ne m'écoutais plus. Tu n'écoutais plus. Tu n'étais plus là."

Un horrible mal de crâne me saisit.

"Quand je t'ai dis que j'allais parlé à Lili, tu n'as pas réagi. J'ai posé ma main sur ton épaule, et brusquement tu t'es décalée. Tu m'as regardée avec un horrible dégoût et tu as continué de danser.
- Je ne comprends plus, parvins-je à articuler."

Sam évitait mon regard. Cela me faisait mal qu'il parle de moi comme ça. Ne voulant pas plus penser à ce qu'il m'était arrivé, je changeai du sujet, bien qu'une partie de moi était absente :

"Qu'est-ce-que tu foutais avec cette peste ?"

Je me surpris un peu de cette appellation, mais j'étais à bout, alors je ne m'en préoccupai pas.

"Ne l'appelle pas comme ça, me prévint-il fermement.
- Pourquoi tu lui faisais un câlin ?! Tu la détestes !
- Tu ne sais rien de ce qu'il y'a entre moi et Lili.
- Si tu me l'expliquais, je comprendrais !
- Tu es jalouse ou quoi ? lâcha t-il."

Le demi-sourire qui se dessina au coin de ses lèvres me mit hors de moi.

"Pour qui tu te prends ?! Tout ce que je sais, c'est que tu me laisses alors que je suis HS pour embrasser une fille que tu jures détester !
- Je ne l'ai pas embrassé ! s'emporta t-il."

Je ne trouvai pas la force de répondre. Lasse, mes mains retombèrent le long de mes hanches.

"Tu reviens, Sam ? lança Lili, qui s'approchait de nous."

Sam parut torturé. Il ouvrit la bouche pour répondre à la négative, mais il croisa soudainement le regard de Lili. Et son expression changea. Il paraissait comme... ensorcelé par elle. La voix dans le vague, il murmura :

"À plus tard, Thylane."

Thylane. Pas Thy', Thyl', ou d'autres surnoms ridicules qu'ils m'avaient attribués. Le vide béant qui s'était creusé en moi se mua en profond désespoir quand je vis celle que je haïssais plus que tout à l'instant poser sa main sur l'épaule de mon rouquin. Ils retournèrent à l'intérieur, me laissant seule, dépitée.

Comment tout avait-il pu changer en si peu de temps ? Pourquoi avais-je bu ? Je me rappelais de sa voix, en début de soirée, qui m'y incitait. Je me détestais. Je n'arrivais plus à réfléchir. Mais, prise d'une nouvelle détermination, je retournai à mon tour à l'intérieur. Je devais parler à Sam. M'excuser. Qu'il s'excuse. Peu importe, je devais lui parler. Je ne savais même plus pourquoi. Mon cerveau était embrouillé, confus.

Olenka était postée devant la porte. Lorsqu'elle me vit m'approcher, elle déclara :

"Tu devrais laisser les choses se faire, entre Sam et Lili.
- Pourquoi ?"

Olenka mit un certain temps à répondre. Le regard dans le vague, elle murmura simplement :

"Quand elle veut quelque chose, elle l'a."

Déboussolée, je le fixais un instant en rentrant. Sam et Lili était encore en pleine discussion et il ne s'aperçut pas de ma présence, pas plus qu'il ne semblait s'apercevoir que Lili se montrait plutôt... tactile avec lui. À moins que cela ne le dérange pas.

Farah vint à mon côté. J'avais l'impression de ne pas l'avoir vue depuis une éternité.

"Ça va ma poule ? Putain, faut que je te raconte ! Léo m'a parlée et... oh, tu m'écoutes ? Son regard suivit le mien, qui s'était posé sur Sam et Lili. Si c'est à cause d'eux, ne t'en préoccupe pas. Elle s'arrêta. Ce sont des idiots. S'il te plaît, ne fais pas la tête ; c'est mon anniversaire, alors profitons un max ! Allons danser !"

Je secouai la tête pour chasser mes mauvaises pensées et la suivit.

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Bonjour, bonsoir ! J'espère que vous allez bien.
Chapitre assez mouvementé en ce qui concerne Samylane. Des avis ? Et que pensez vous de Samili ?

Pleins de bisous ❤️

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