Lorsque les chasseurs avaient encerclés Kaziam après l'effondrement de la grange, ils savaient que la victoire était à eux. A six contre un, le rapport des forces était inégale. De plus, Kaziam n'avait que son couteau donc peu de chances de se défendre et encore moins de gagner.

Il avait tout de même réussi à mettre la main sur une lance de l'un des chasseurs après l'avoir mis à terre avec une magnifique droite dans la mâchoire. Lance qu'il avait été force de lâcher quand les lanières lui avaient bloqués les bras.

Kaziam n'avait rien su faire de plus. Elliopée avait certes pu trancher et libérer son bras droit. Cela lui permit de flanquer une droite à un de ses adversaires avant qu'une troisième lanière ne le prenne à la gorge.

A l'instant même, Kaziam paniqua et attrapa la lanière de sa main, espérant la défaire. En vain, le manque d'air se fit de plus en plus grand et il haleta. Sa vision devint floue jusqu'à ce qu'il s'effondre, privé d'air. La dernière chose qu'il entendit était le rire de ses adversaires.

Lorsqu'il reprit enfin ses esprits, la première chose qu'il fit fut de tousser. Sa gorge, toujours abîmée à cause la lanière, avait la sensation de brûlure. Il sentit aussi la position anormale de ses bras. Ils n'étaient pas à ses côtés. Ils étaient fermement maintenus en l'air par des fers. En tournant lentement ses mains, ses doutes furent confirmés par d'épaisses menottes. Il gémis quand ceux-ci lui éraflaient la peau.

En ouvrant les yeux, il constata qu'il était à genoux sur le sol nu d'une cage. Kaziam ne portait plus que sa chemise et son pantalon ainsi que ses vieilles bottines. Il voulut se relever. En vain car ses jambes étaient maintenues au sol par des chaînes bien attachées. Autour de lui, il put voir les chevaux des chasseurs avec deux qui patientaient. Au vu du soleil, l'aube venait à peine d'arriver.

Un des combattants de Druim remarqua qu'il s'était enfin éveiller. Avec sa gourde à la main, il s'en approcha. Ses lourdes bottes faisaient crisser les graviers et craquer les brindilles sous ses pas. En deux mouvements, il fut dans la cage.

- Enfin réveiller petit salopard ? Lâcha t-il en se mettant à sa hauteur. Tu nous as bien fait courir.

- Vous m'en voyez ravi. Répondit Kaziam sur le ton du sarcasme.

- Ouais. Ricana t-il d'un air mauvais en rabattant ses longues mèches brunes en arrière. Alors. Ou est l'autre ? La femme qu'est toujours avec toi ?

- J'vois pas de quoi tu parles. Mentit t-il.

Sa réponse fut suivie d'un lourd coup de poing dans l'estomac. Kaziam remercia mentalement les chaînes de le tenir debout. Il serait déjà recroquevillé sur lui-même sinon. Il toussa pour reprendre son souffle. Son interlocuteur n'eut guère de patience. Il lui attrapa les cheveux pour lui tirer la tête en arrière. Kaziam eut une grimace de douleur à l'instant avant de reprendre un visage fermé.

-Ou est-elle ? Grogna l'homme.

- J'en ai aucune idée. Répondit Kaziam. Loin d'ici sûrement.

- Espèce de petit con. Grogna le chasseur. Tu n'arrivera pas à la protéger tout le temps tu sais ça ?

- Évidemment trou du cul. Siffla Kaziam entre ses dents serrés.

Ces quelques mots lui firent recevoir une belle droite dans la mâchoire. Sa tête tournait et sa mâchoire palpitait douloureusement, surtout son côté gauche. Le coup avait été fort. Kaziam cracha un peu de sang sur le côté.

- Dernière chance avant que je te prenne pour un punching-ball. Siffla l'homme en lui faisant relever la tête une deuxième fois. Ou est ton amie ?

- Je sais vraiment pas. Répondit Kaziam. Ça faisait déjà plusieurs heures qu'elle était partie en ville quand vous m'avez trouvé près des remparts. C'est la vérité.

La voix du jeune homme était calme. Il ne quitta pas les yeux du combattant. Ce dernier le regardait, essayant de déterminer s'il mentait ou non.

En temps normal, Kaziam n'aurait pas dit un mot. Seulement, les circonstances lui firent rapidement changer d'avis. Il savait que sa sœur était encore à Kudwyn donc loin d'ici. Et ça lui permettait d'éviter une petite séance de coup, ce ne serait pas mal.

Le chasseur le cru. Après un jour de trajet, ils furent rejoint par deux autre combattants et une dizaine d'enfants. Bien évidemment, Kaziam ne se retient pas pour les insulter.

- La cage est trop petite pour tous les mettre pour tout le trajet. Constata une combattante.

- Alors il va marcher. Trancha le chef du groupe en regardant Kaziam. Attachez le à l'arrière du chariot !

Étant du genre à ne pas se laisser dominer, Kaziam se débattit autant que possible. Ses chaînes furent attacher donc à l'arrière. Il tira quand même dessus et arrêta rapidement. Cela ne faisait que blesser ses poignets.

Les enfants étaient une raison supplémentaire pour garder la tête haute. Malgré la faim qui lui serrait l'estomac et la soif qui venait lui brûler la gorge, il restait droit. Par moment, lors des courtes pauses où il avait droit à un morceau de pain ou de viande séchée, il pouvait rassurer les enfants. Kaziam leur racontait une blague, juste assez pour les faire sourire un petit peu.

Trois jours plus tard, ils avaient déjà fait la moitié du chemin. Tout son corps en avair réellement marre. Ses jambes lui faisaient mal de marcher autant sans un repos suffisant. Et son régime réduit n'améliorait pas les choses. Le seul point positif était le temps, la température était agréable et l'air respirable avec, par moment, quelques brises fraîches.

Un orage puissant éclata au soir. Le chariot était muni d'un toit donc pas besoin de le mettre sous couvert des arbres. Les chasseurs étaient bien à l'abri près d'un feu de camp. Kaziam n'avait pas cette chance. La longueur des chaînes ne lui permettait pas de se mettre à l'abri de la pluie. Il resta donc assis contre le chariot, trempé jusqu'aux os à attendre la fin de l'orage. Les combattants de Druim ne semblait pas soucieux de lui.

Un petit mouvement dans son dos lui fit redresser la tête. Un petit garçon aux cheveux d'un roux très vif fit soudainement tomber son petit manteau sur la tête de Kaziam ainsi qu'un deuxième d'une petite fille. Ce dernier sursauta et tourna la tête vers lui.

- Mais... Qu'est-ce que tu fais petit ? Dit-il calmement.

- Vous avez froid. Dit-il avec une voix basse.

- Tu en plus besoin que moi. Reprend là. Reprit l'adulte en lui tendant les habits.

- Vous tremblez pourtant. Commença la voix légèrement aiguë d'une fille de l'autre côté alors qu'elle-même se frottait les bras.

- Vous êtes gelés. Constata Kaziam en les voyant.

Sans laisser les enfants répondre, il remit les vêtements dans le chariot et se leva, appelant les chasseurs d'une voix forte quoique légèrement rauque.

- Hey ! Faites moi monter immédiatement dans le chariot !

- Non mais tu va la fermer abruti ?!

Le combattant en question utilisa le pommeau de son épée pour assainer un coup sec à Kaziam, le touchant au bras. Le coup fit crier de peur quelques enfants.

- Faites moi monter dedans ! Ordonna t-il.

- Et pour quoi je ferais ça paresseux ? Grogna l'homme aussitôt rejoint par les autres chasseurs.

- Parce que les gosses crèvent de froid. Je peux leur apporter un peu de chaleur corporel.

- Il a raison. Dit une femme en regardant les gosses. Cependant, je pense que tu fais cela surtout pour ne plus avoir à marcher.

- Ouais p'tet bien. Répondit Kaziam.

- Alors donne une bonne raison. Ça ne me déplaira pas de te laisser dehors comme un clébard galeux. Sourit la chasseresse d'un air mauvais.

- L'argent. Dit-il simplement.

- Quoi l'argent ? Lâcha le chasseur.

- Vous croyez vraiment que vous vendrez les gosses à bon prix s'ils ont la crève ? Reprit Kaziam. La récompense pour leur capture sera d'autant plus grande que leur santé sera bonne.

- Il a pas tort. Acquiesça un jeune combattant en arrière.

Les autres chasseurs le regardèrent en même temps avec un air interrogateur. Au final, Kaziam pu monter dans le chariot. Par mesure de précaution, ses bras furent fermement maintenus au dessus de sa tête aux barreaux de la cage.

Cependant, sa position n'était pas désagréable. Il avait moins froid avec la présence des enfants à côté de lui. Et ces derniers semblaient légèrement rassurés. La nuit se passa plus agréablement pour lui et les enfants.

-Sir-Galahad