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Lorsque le soleil se leva, Gregory grogna, un rayon de soleil dirigé sur ses paupières. L'homme se leva d'un pas lent, baillant une fois. S'habillant en deux temps trois mouvements, il acheva de se réveiller avec de l'eau fraîche sur son visage.

Alors qu'il retournait dans la chambre pour vérifier l'état de son invitée, il eu un sursaut de peur. Camilia était livide, tellement pâle qu'il aurait juré voir un cadavre. Il s'approcha bien vite et mis deux doigts à son cou, un pouls battait sous ses doigts, faible mais régulier.

- Camilia ? Camilia ? Il faut vous réveillez.

Le forgeron insista suffisamment longtemps pour que la jeune femme ouvre des yeux fatigués. Cette dernière s'assit très lentement, profitant de l'appui que lui donnait la main de Gregory dans son dos.

- Vous m'avez fait peur. J'ai bien cru que vous étiez...

Gregory voulait dire morte mais le mot ne franchit pas ses lèvres. Cela lui semblait impossible que Camilia ne puisse plus se réveiller.

- Je ne voulais pas vous faire peur. Souffla t-elle en prenant un verre d'eau entre ses mains tremblantes. Je me sens mourir.

- Il faut vous battre. Vous êtes forte.

- Je l'étais. Corrigea la mère en allant s'occuper de son enfant.

Seulement trois jours s'étaient écoulés et Gregory apprit le nécessaire pour s'occuper de Kaziam, les gestes de bases et le caractère du garçon. Le quatrième soir, Camilia lui demanda une faveur.

- Je veux que vous fassiez quelque chose pour moi demain matin.

- Quoi donc ? Dit-il alors qu'il tenait Kaziam dans ses bras.

Le petit riait devant les grimaces de Gregory, assis sur les genoux de ce dernier tout en tenant un petit lapin en peluche entre ses petites mains.

- Ne me réveillez pas demain. Dit-elle avec un air désolée.

- Je... je vous le promet.

Ce n'était pas simple de jurer une telle chose mais que pouvait-il faire ? Il avait vu chaque jour pendant une semaine la santé de Camilia se détériorer. Cette femme n'en pouvait plus. Alors si elle pouvait s'endormir sans souffrir, c'était une consolation. Elle avait traversé de lourdes épreuves dernièrement.

C'est ce qu'il fit le lendemain. La jeune femme avair rendu l'âme pendant la nuit. Il organisa alors lui-même l'enterrement et réussit à faire venir Leana Pitrym.

Cette dernière arriva très vite. Ses cheveux gris soigneusement attachés dans sa nuque. Il devait avoir dans les cinquante ans mais elle était restée une femme séduisante sur qui l'âge ne semblait pas avoir de prise. Elle mit pied à terre devant Gregory.

- Merci de ton message mon garçon. Dit-elle d'une voix amicale mais teintée par la tristesse.

- C'est la moindre des choses que je pouvais faire. Répondit le forgeron. Toutes mes condoléances.

- Ou est mon petit-fils ? Demanda Leana, désireuse de revoir cette petite crapule comme elle le surnommait.

L'homme la mena alors à l'intérieur où un petit garçon dormait sur le canapé en serrant sa peluche contre lui. Avec toute la tendresse d'une grand-mère, Leana s'assit à côté de Kaziam et passa une main douce sur son front, brossant les quelques boucles noires qui commençaient à apparaître.

- Il est très calme. Dit Gregory. Il me fait souvent des caprices au repas et me réveille souvent à minuit mais à part cela, je n'ai pas à me plaindre.

- Sa mère était pareille enfant. Elle me faisait souvent tourner en bourrique mais elle écoutait toujours ce que j'avais à dire.

- Le reprenez vous avec vous ? Osa demander L'homme debout en face d'elle.

Leana releva un regard noisette vers lui, le jugeant du regard. Gregory semblait mal à l'aise, jouant avec ses doigts et évitant en partie son regard. Elle finit par sourire.

- Non, tu t'es déjà attaché à lui n'est-ce pas ?

- Vous êtes sa grand-mère. Vous avez plus de droits sur lui que moi.

- Ce n'est pas seulement une question de sang Gregory. Il sera en danger avec moi.

- Et votre mari. Corrigea le forgeron.

- Il m'as trompée pour une plus jeune. Je l'ai mis à la porte. Lâcha simplement Leana.

- Ha d'accord.

- Pour en revenir à Kaziam, il sera en danger car les chasseurs rôdent non loin de chez moi. S'ils le voient, il sera emmené à Druim.

- Je m'en voudrais de vous séparer de votre famille madame. Dit Gregory en s'asseyant en face.

- Ne te fais pas du mal avec cela mon garçon. J'aurais l'occasion de revenir à Kudwyn pour des commandes et d'autres choses. Je passerai pour rendre visite.

- Bien.

- Prend soin de toi et de Kaziam. Je te fais confiance.

Les funérailles de Camilia se déroulèrent après peu de monde. Quelques proches de la famille avaient fait le voyage de Laenhert jusqu'à Kudwyn pour rendre un dernier hommage. Le soir, Gregory se retrouva seul chez lui avec un petit garçon.

Le forgeron travailla encore plus dur pour payer à son fils adoptif un lit et des jouets. Concilier travail et enfant n'était pas évident. Le fait qu'il travaille juste à côté de sa maison était à son avantage pour veiller sur Kaziam.

Les choses devenaient plus compliqué au fur et à mesure qu'il apprenait à marcher. Le forgeron n'avait pas pris en compte qu'un enfant de deux ans qui commençait à marcher voulait tout toucher.

Gregory avait cessé de compter les fois où il avait attrapé un marteau allant tomber sur Kaziam, empêcher une boîte de clou de se déverser sur lui. Enfin, cela avait eu l'avantage de forcer le forgeron à ranger son atelier de fond en comble pour empêcher son fils d'être tué de multiples manière.

L'orphelinat de Kudwyn avait mis au point il y a une vingtaine d'années une petite école. L'éducation étant très cher pour que l'orphelinat éduque tout les enfants entre ces murs, plusieurs responsables donnaient des cours de bases aux jeunes. Ils pouvaient apprendre à lire, compter et écrire. Des enfants extérieurs pouvaient y entrer contre un prix dérisoire. C'était la seule école que Gregory pouvait offrir à Kaziam.

Trois jours par semaines, il y déposait le petit garçon pour une journée contre trois pièces d'argent. Pendant ces quelques heures, il pouvait avancer dans son travail et quittait chaque fois à quatre heures de l'après-midi pour aller rechercher Kaziam.

Ce dernier faisait de gros progrès. La compagnie d'autres enfants lui faisaient également un grand bien. Il pouvait jouer avec des garçons et filles de son âge.

De son côté, Gregory eu droit à des clients plutôt étranges. Un couple avec une petite fille venait d'arriver à sa forge. L'homme était vêtu d'une lourde cape de voyage aussi sales que ses bottes. Le forgeron ne savait même pas dire la couleur de ses yeux car il gardait constamment la tête baissée.

Il devina des marchands au vue des caisses et tonneaux dans la carriole. Et son oreille discerna le très léger tintement de pièces, signe qu'ils étaient loin d'être pauvre.

- Il nous faut une nouvelle roue pour le chariot. Dit-il sans une once de politesse. Et ferrer les chevaux.

- Très bien monsieur. Cela fera trente pièces d'argents pour la roue et dix par fer.

- Vos prix sont bien trop élevés monsieur Merter. Grogna son client. Qui vous dit que j'ai une telle somme en poche ?

- Le moindre de vos pas fait tinter les pièces dans votre bourse. Dit-il les bras croisés sans se laisser démonter.

- Septante pièces pour le tout. Dit le marchand en voulant négocier.

- Non.

- Quatre vingt.

- Inutile d'essayer de marchander monsieur. Je ne change mes tarifs que pour ceux qui disent s'il vous plaît et sourient aussi.

Après avoir jurer contre Gregory et marmonner dans sa barbe d'où le forgeron aurait jurer voir des poux tellement l'homme était crasseux. La femme sur la carriole ne semblait pas être plus propre. Il en vient même à penser que l'enfant avait de bien mauvais parents.

Ne faisant aucun commentaire à hautes voix, Gregory se mit au travail et termina l'ouvrage en un temps record. En fin de journée, l'homme ne prit pas la peine de lui souhaiter bonne journée ou de simplement prononcer un merci. Il lui lança la bourse avec le compte exact de pièces et s'en alla. Il comprit que c'était une petite fille quand la femme prit la voix.

- Rahh. Je n'en peux plus de cette gosse. Elle refuse de dormir et pleure sans arrêt.

- On s'est fait avoir c'est tout.

La rue était assez vide et Gregory avait trouvé les paroles quelques peu perturbante. Son esprit mit quelques secondes à comprendre que la fille avait certainement été enlevée. Il déposa rapidement son tablier de travail et voulut les suivre pour confirmer ou pas ses craintes. Malheureusement, il perdit ce couple de vue dans la rue principale où une multitude de chariots en tout genre allaient et venaient.

Il s'efforça de ne pas y penser en terminant sa journée de travail. Sur le chemin de l'orphelinat, il acheta deux glaces qui eurent le pouvoir de rendre tout content un petit garçon. Perché sur ses épaules, Kaziam tenait à deux mains sa glace et regardait autour de lui avec la curiosité d'un enfant de quatre ans.

Il posait milles et une question de sa petite voix. Il sourit en entendant un oiseau chanter. Gregory rit de bon cœur en entendant Kaziam tenter de siffler aussi. Évidemment, ça ne ressemblait pas vraiment à un sifflement mais ça restait drôle à entendre.

Dans les jours qui suivirent, Gregory vit ses doutes confirmer à propos du couple étrange. C'est en discutant avec sa voisine qu'il comprit ce qu'il s'était vraiment passé. L'homme avait laissé la fille dans la taverne du Cheval Noir. Le couple, qui s'était révélé être des arnaqueurs et voleurs, avait laissé l'enfant dans le fond de la salle car un chasseur devait venir la chercher. Mais il n'était pas arrivé et le tenancier avait mis la gosse à l'orphelinat.

Gregory avait été mettre Kaziam dans la petite école le lundi matin et put faire connaissance avec la petite fille en question. Tenue dans les bras de Tara, elle gigotait comme un asticot en faisant une crise.

- Elle semble vigoureuse. Rit-il en voyant Tara peinée à la tenir en place.

- Tu as totalement raison. Souffla la nourrice en mettant la petite dans un parc de jeu. Elle a presque un an mais un caractère horrible.

- Ce qui est horrible est qu'elle aurait pu finir entre les mains des chasseurs. Rajouta Gregory.

- Druim... lâcha Tara en le prenant avec elle pour aller jusqu'au jardin où Kaziam courut rejoindre ses copains. Les horreurs de cette cité devraient cesser.

- Je suis d'accord avec toi. Mais ce ne sera pas pour demain. Rajouta le forgeron avant de changer de sujet. Comment s'appelle t-elle ?

- Étant donné que nous n'avions que son âge comme information, nous avons décidé toutes ensemble de la nommer Elliopée.

- Un nom pour le moins original. Qu'est-ce qui vous a décidée ?

- L'éclipse de lune de la nuit dernière.

- Plutôt original.

Tara regarda vers le petit parc pour s'assurer qu'elle était calme et fut stupéfaite de voir qu'Elliopée n'était plus là.

Le coupable étant un petit garçon aux boucles sombres. Kaziam l'avait sortie pour qu'elle joue aussi. La différence d'âge ne leur permettait évidemment pas les mêmes jeux. Les deux petits se firent sévèrement gronder par les adultes.

Au fur et à mesure que le temps passa, Gregory se rendit compte que Kaziam s'attachait à la petite Elliopée. Il y allait souvent et Tara prenait plaisir à raconter cela au forgeron. Ce dernier était plutôt content en apprenant que ces deux petits monstres étaient proches. Ce qui avait attristé son fils adoptif était qu'il ne pouvait pas adopter la petite Elliopée. Il n'avait pas assez d'argent pour cela.

Il s'efforça donc de faire au mieux pour qu'ils puissent se voir assez souvent. Rendre un enfant heureux donnait toujours le sourire à Gregory Merter. Selon ses connaissances proches, il y était peut-être un poil sensible quand il s'agissait d'enfants.

-Sir-Galahad

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