12
- T'as pas mis une dose trop forte ? Demanda Dako en la regardant.
- Peut-être. Répondit-elle. Mais vu ce qu'il avait fait tout à l'heure. J'ai pensé que c'était nécessaire.
- Pas faux. Il se réveillera quand ?
- D'ici demain soir, il devrait être bien réveiller. Reprit Zethey. Ramenons le.
Reyfus, entre-temps, était déjà rentrer chez lui. S'il y a bien une chose qu'il appréciait était sa maison. Chose peut-être inutile pour certains.
Il avait lutté pendant des années et il estimait l'avoir durement mérité. Cette maison faisait plus l'impression d'une villa. C'était ainsi que Reyfus désirait la voir construite.
Avant même d'entrer à l'intérieur, il sourit quand deux de ses jeunes protégés se chamaillaient dans la paille des écuries. D'un pas tranquille, il s'y dirigea alors. Reyfus tomba donc sur deux jeunes frères. Le premier s'appelait Caravass et le deuxième portait le nom d'Édromède. Si Caravass était châtain avec des yeux gris, le second pouvait se vanter de son apparence unique. Il était albinos avec des yeux d'un bleu si clair qu'il avait l'air aveugle.
Les deux jeunes garçons de six et sept ans se lançaient dans la paille à la figure. Reyfus resta appuyé sur le chambranle de la porte en attendant qu'ils le remarquent. C'est Édromède qui cessa de rire en tombant face aux bottes de son maître. Le duo se releva prestement et frotta la paille de leurs vêtements et leurs cheveux.
- Bon. Commença leur maître. Qui a commencé cette fois ?
- Lui. Dirent-ils exactement en même temps en se pointant du doigt.
Reyfus se pinça l'arête du nez et soupira. Pourquoi diable posait-il une question pareille ? C'était des enfants et s'accuser mutuellement était assez fréquent.
- Est-ce que vous avez fini de pailler les stalles des chevaux au moins ?
- Non maître Reyfus. Répondit Édromède.
- Alors terminez moi ça avant de jouer. Dit-il avec un semblant d'autorité pour ne pas paraître trop gentil.
Reyfus les laissa donc terminer leur travail et sortit de l'écurie. En entrant à l'intérieur, une voix fort aiguë résonna à l'étage supérieur. En relevant la tête, il tomba sur Baely. La jeune fille venait de fêter ses dix ans. Elle avait une très belle couleur de peau qui tendait plus vers le caramel.
- Maître. Cria t-elle toute joyeuse. Vous allez être fier. J'ai rien casser cette fois.
- Et je peux savoir ce que tu as fait aujourd'hui ? Reprit-il en se baissant pour être à sa hauteur.
- La lessive. Répondit-elle avec un sourire.
- C'est bien ma grande. Dit-il en se remettant debout. Même si je ne vois pas trop ce que tu aurais pu casser en lavant le linge. Se dit-il à voix basse.
- J'ai pas compris votre dernière phrase. Reprit Baely avec curiosité.
- Oh ce n'était pas important. Répondit-il rapidement. J'aurais un autre petit travail pour toi.
- Mais je voulais aller dehors. Gémis t-elle.
- Je veux juste que tu me prépare une chambre. On a un nouveau venu qui devrait arriver dans peu de temps.
- C'est qui ?
- Tu verra bien petite curieuse. Répondit-il en la poussant vers l'escalier.
Alors que la jeune fille grimpait les escaliers pour s'occuper au plus vite de cette tâche, le maître entendit dans la cuisine Tamer. Il n'y alla pas et pris la direction de son bureau. Tamer n'avait pas eu de chances dans son dernier combat. Il y a trois ans, le jeune adolescent avait été éborgné et la vision de son œil restant s'était dégradée fortement.
Il avait supplié Reyfus de ne pas le vendre. Ce dernier n'aurait pas eu le cœur de faire une chose pareille. De plus, il se sentait responsable. C'était lui qui l'avait fait combattre après tout.
A dix-huit ans à présent, Tamer avait trouvé ses repères dans la maison, même avec sa vision fort réduite. Il avait appris à s'appuyer sur ses autres sens. Son ouïe en particulier ainsi que son sens de l'odorat permettaient de combler en partie sa vue.
Le jeune homme s'était approprié la cuisine d'une certaine manière. Personne n'avait le droit de déplacer des ustensiles ou d'emprunter sans lui demander ou simplement de le prévenir. Il savait où tout était disposé ainsi que dans la maison et dans sa chambre.
En terme de combat, il avait également insister pour continuer et les maîtres responsable de l'arène, ainsi que Drieude, avaient acceptés sous certaines conditions de Reyfus. Tamer ne ferait aucun combat à mort et de préférence en fin de soirée voir la nuit. La forte luminosité lui posait des problèmes.
Assis dans son bureau avec les jambes reposant sur son bureau, Reyfus rélisait sa comptabilité à la recherche d'éventuels erreurs tout en repensant à un vieux pari fait il y a près de dix-neuf, bientôt vingt ans en réalité.
Plus vite qu'il ne le pensa, Reyfus remarqua par la grande fenêtre Zethey et Dako qui arrivaient à la maison. Kaziam était porté en travers des épaules du jeune homme. Quand ils arrivèrent à l'intérieur, Reyfus l'interpella.
- Vous avez fait vite.
- Comme toujours. Sourit le jeune homme. Heu. Où est-ce qu'on le mets ?
- Baely a normalement terminé de préparer une chambre à l'étage.
Reyfus le regarda monter l'escalier tout en grognant sous le poids de son fardeau. Ignorant les paroles de Dako, il attendit qu'il dépose l'homme inconscient sur le matelas pour les faire sortir de la pièce.
Il s'avança près du matelas et le coutourna pour se positionner du côté gauche. Reyfus tendit la main et écarta doucement les morceaux de tissus lacéré de la plaie et fit la grimace. La blessure ne saignait plus. Cependant, elle nécessitait tout de même d'être nettoyer et certainement quelques point de suture.
Son regard d'acier se stoppa sur la brûlure. Sa marque était quelque peu estompée par les années or elle restait tout de même visible. Sans réfléchir, il laissa deux doigts glisser dessus avant de les ôter rapidement quand Kaziam tressailit. L'espace d'un instant, le maître cru qu'il s'était réveillé avant de se rendre compte qu'il venait de réagir inconsciemment au contact.
- Tu n'étais pas... vraiment prévu. Souffla t-il. Mais ton arrivée n'est pas une si mauvaise chose finalement.
En sortant de la pièce, Reyfus ordonna à Dako d'aller chercher un soigneur quand Zethey se proposa.
- Sans être offensant, depuis quand sais-tu recoudre un homme ? Demanda t-il en s'appuyant sur la rambarde.
- Depuis que j'ai appris à coudre pour réparer mes vêtements. Répondit-elle en restant calme. Cela reste du fil et une aiguille après tout.
Zethey se mit au travail. Assez rapidement, la plaie fut refermée et elle appliqua une crème afin de prévenir l'infection. Elle passa deux doigts sur le front de Kaziam pour déplacer une mèche de cheveux brun. Ce dernier ne présenta pas de fièvre et sa respiration était stable. Ce qui était rassurant sur deux choses : la blessure n'était pas infectée et la dose injectée n'affectait pas son corps.
Elle tira la couverture sur lui et déposa une bouteille d'eau. Il allait certainement en avoir envie quand il se réveillera. Zethey sortit alors et entendit son maître jurer.
- Un problème ? Dit-elle en descendant l'escalier.
- Ouais. Cabran a été prévenu. Jura t-il en froissant une feuille de papier en une boule grossière. Il veut que je lui amène Kaziam suite à ses actes.
- Et tu vas le faire ? Demanda Dako d'une voix un peu sèche en faisant un pas en avant.
- Je vais déjà aller le voir pour discuter de tout cela. Répondit Reyfus en prenant son lourd manteau. Gardez bien la maison et pas de conneries sinon ça ira mal.
Cela prit un petit quart d'heure de marche pour arriver jusqu'au bureau de Cabran. Ce dernier avait un passé commun avec Reyfus. Les deux hommes se connaissaient depuis des années. Or, ils s'étaient séparés dans le sens où leurs objectifs, leurs valeurs défendues n'étaient plus les mêmes.
Non seulement Cabran possédait quelques esclaves de qualités, il était également responsable des sanctions attribués à tout combattant. Cela faisait de lui un homme important à la haute réputation à Druim. Il controlait aussi sévèrement les gardes faisant régner l'ordre dans les rues.
En pénétrant dans le bâtiment administratif, un jeune garçon cru nécessaire de lui indiquer le bureau de Cabran.
- Ce n'est pas nécessaire. Retourne en bas. Dit-il au jeune homme qui s'obstinait.
- Il est de ma responsabilité de guider tout le monde dans ce bâtiment. Rétorqua t-il.
- Je sais où est le bureau de Cabran alors fiche moi le camp !
Le jeune garçon détala quand Reyfus haussa le ton. Il détermina de gravir les dernières marches pour entrer sans frapper dans le bureau. Ayant entendu la voix de Reyfus dans l'escalier, Cabran ne releva pas les yeux de son dossier, confortablement installé dans une chaise rembourrée.
- Reyfus. Siffla t-il en déposant les feuilles. C'est curieux. J'étais sûr que ton vieux taré de maître t'avais appris la politesse.
- Combien de fois devrais-je te répéter que ce maître était mille fois meilleur que toi ?
- Tu ne m'enlèvera pas le fait que Waeric était faible. Tu aurais pu devenir fort. Maintenant regarde toi. Dit-il avec un geste de dédain. Tu es comme lui. Tes combattants sont bien trop habitués à être chouchoutés et entretenus. Tu es tellement sentimental.
- Ta gueule Cabran. Répondit-il simplement.
- D'ailleurs en parlant de tes combattants. Reprit l'homme aux cheveux bruns en déposant devant Reyfus le rapport concernant le contrat des esclaves surprises qu'il avait acheté. Inutile de tout t'expliquer j'imagine. Tu sais ce qu'il va se passer.
- Ce garçon n'est pas en état de se battre et encore d'être puni sur la place publique. Siffla son ancien ami. Oublie ça et laisse le tranquille.
- Comme si j'avais le choix. Reprit Cabran en attrapant la bouteille de vin et en se servant un verre. Rassure moi, tu as toujours connaissance du règlement ?
- Évidemment. Répondit Reyfus.
- Pour ces quarante-sept soldats qu'il a tué, ça l'amène à exactement cent-quarante et un coups de fouets.
- Quoi ? Lâcha t-il en relevant brutalement la tête. Tu vas le tuer si tu fais ça ! Aucun homme ne peut survivre à autant de coup.
- Toi ou lui. Reprit Cabran en haussant les épaules. Prend sa place, divise les coups ou bien, laisse le recevoir sa punition. Tu as le choix.
- Tu appelle ça un choix ?
- Ce sont les règles. Rétorqua Cabran avec fermeté. Tu as une semaine pour choisir. Si tu ne dis rien, mes hommes viendront chez toi et prendront la première personne qu'ils trouveront. Est-ce que c'est clair ?
- T'es vraiment devenu une enflure. Siffla le plus jeune.
- Cela pourra être aussi Tamer, Zethey ou même Édromède, à toi de voir. C'est clair ce que je te dis ?
- Limpide. Répondit Reyfus en serrant ses mains sur le haut du fauteuil placé en face du bureau.
- Alors cet entretien est terminé. Retourne chez toi. Ordonna t-il.
- Quand est-ce que tout a changé Cabran ? Demanda Reyfus après un long silence.
- Pardon ?
- On était proche avant. On était ami.
- Cesse de faire des sentiments. T'es ridicule. Rétorqua le responsable des sanctions en détournant le regard.
- Répond moi avec franchise. Est-ce que tu regrette notre amitié ?
- J'ignorais... Commença t-il en le regardant droit dans les yeux. Que cette amitié avait pris fin.
- Tu me connais. Tu sais bien que je n'utiliserai jamais cet argument d'ordinaire mais au nom de notre amitié je t'en prie. Peux-tu au moins diminuer les coups ? Ou même changer de punition ?
- Quand bien même ce serait possible, pourquoi je ferais ça Reyfus ?
- Premièrement, j'ai peur qu'il ne meure et creuser une tombe ne figure pas dans mes objectifs. Deuxièmement, tu avais dit, lors de ce fameux pari, que tu le ferais affronter un de tes hommes. Et troisièmement, nous pouvons peut-être... tu te rappelle ? Remettre nos plans en action.
Cabran fit de grands yeux en entendant la dernière phrase de son vieil ami. Quand bien même ces plans avaient été établis par deux amis légèrement imbibé d'alcool il y a plus de vingt ans, aucun d'eux ne l'avaient oublié.
- Arrête de parler de ça ! C'est juste... impossible. S'écria Cabran en se levant et faisant les cents pas. On était con et soûl ce jour-là.
- Rien n'est impossible et tu le sais aussi bien que moi. Après tout, le combat que nous avons remportés ensemble était aussi dit comme étant impossible. Sourit Reyfus.
- Je sais...
- On est toujours con en fait Cabran. Ça n'as pas changé. Mais malgré toutes ces années, je suis convaincu que nous avons une chance.
- Si... nous sommes tout les deux maîtres toi et moi, je suis responsable des sanctions, notre sort serait pire que la mort.
- Kaziam est fort et très débrouillard. Tu aurais dû le voir dans l'arène. Je suis presque sûr que grâce à lui, nous avons une petite chance. Sans compter qu'il reste la fille quelque part. Reprit Reyfus. Cabran...
- Quarante-sept jours en cellule. Dit-il finalement en regardant par la fenêtre. Je ne peux faire mieux que ça.
- Merci mon ami.
Il tourna donc les talons pour sortir de la pièce quand la voix de Cabran le stoppa.
- Dis-moi. Est-ce que tu es assez fou pour tenter une chose pareille ?
- Tu sais bien que oui. Sourit-il. Mais pas seul.
- Que cela reste entre nous. Si tu décide de passer à l'action, fais-toi discret et préviens moi. D'accord ?
- Pour que tu m'en empêchera ? Demanda Reyfus en haussant un sourcil.
- Pour que tu ne te fasse pas tuer comme un idiot. Précisa Cabran.
Reyfus quitta donc le bureau et rentra chez lui. Sans prononcer un mot, il alla prendre des oranges aux cuisines et s'enferma dans son bureau. Il n'attendait plus que le réveil de Kaziam. Il y avait pas mal de choses dont ils devaient parler.
-Sir-Galahad
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