10
Étant donné que Kaziam, au vu de son âge et de sa corpulence, avait tout simplement plus de réserves de gras comme ils le disaient souvent, lui et Elliopée, il donna ses maigres repas aux enfants. L'eau n'était pas un problème. Les combattants de Druim avaient fini par se montrer plus généreux en terme de quantité.
Le dernier jour de marche, Kaziam était revenu derrière le chariot et suivait le rythme du chariot, n'ayant guère envie de se faire traîner sur les graviers. Il en avait déjà fait les frais le jour précédent. Son dos était sale, couvert de poussière et la chemise portait quelques déchirures à cause des pierres.
En début d'après-midi, il commença à se sentir nerveux. La raison ? Elle était simple. Devant eux, à moins de deux ou trois kilomètres se dressait la cité de Druim.
Il profita d'un court instant pour l'analyser de loin. Les murs, des bâtiments haut et des remparts étaient fait d'une pierre assez clair. Les remparts, d'ailleurs, avaient plutôt surpris Kaziam. Il y en avait à Kudwyn et à Laenhert. Triop en avait aussi eu jadis avant qu'ils n'aient décidés de les abattre.
Au fur et à mesure qu'il s'approcha, Kaziam distingua des silhouettes sur les remparts. Des archers étaient aisément visible. Cependant, le captif était près à parier que d'autres armes de défense étaient dissimulées.
Lui qui s'était imaginé un endroit délabré où régnait la violence et la débauche fut surpris. Les terrains extérieurs étaient entretenus et une partie était même cultivé. Une immense porte de chêne massif était déjà ouverte. Kaziam estima la hauteur de la porte à une quinzaine de mètres.
En croisant un groupe d'esclaves sur le chemin, Kaziam n'avait pas pu s'empêcher de les dévisager. Leurs cheveux étaient coupés de la même façon pour arriver au ras de la nuque. Leurs vêtements, si on pouvait dire des vêtements, ne consistait qu'à des toiles fines et des sandales. Un bracelet de fer avec un anneau pour la chaîne était attaché autour du poignet gauche. Chacun d'entre eux portaient des outils agricoles destinés à l'entretien de terrains.
Il fut brusquement tirer de ses pensées quand la chasseresse tira d'un coup sec sur ses chaînes, le bord de fer entaillant ses poignets.
- Traine pas clébard. Rit-elle en semblant fière de ce diminutif rabaissant. On est pas en avance.
- Ha ouais ? Rétorqua Kaziam. Et pourquoi exactement ?
- Pour la vente évidement. Mais toi, tu nous donnera le premier combat de la semaine.
- Super. Souffla t-il. Et je dois être heureux de ça ?
- Sauf si tu as hâte de mourir. Répondit-elle avec son sourire mauvais.
La discussion, si cela était une discussion, se termina sur ces joyeux mots. Alors qu'ils rentraient à l'intérieur, Kaziam remarqua beaucoup de gens différents.
Certains étaient des esclaves vêtu sommairement avec les attaches au poignet comme les précédents. D'autres ne portaient pas de chaînes et portaient des vêtements plus décorés, avec des vestes et des chaussures de meilleures qualités que des sandales souples. Kaziam avait même vu des armes comme des épées ou des arcs, même des poignards à la ceinture de certaines personnes.
Et à part les simples citoyens qui semblaient vivre une vie plutôt paisible à vendre des fruits, des légumes et des outils à différentes places dans la rue principales, il y avait des soldats vêtues d'une armure d'un gris mat, pour éviter des reflets lumineux. Les plus gradés avaient plusieurs décorations sur le torse ou les épaulettes. Kaziam ne chercha pas à en comprendre la signification, ça lui paraissait bien compliqué.
Le chariot parcouru encore une centaine de mètres dans la ruelle avant de passer sous une petite arche de pierre. Kaziam s'arrêta en même temps que les chasseurs. En se décalant légèrement sur sa droite, il regarda la chasseresse aller dans une petite maison. Elle frappa trois coups à la porte et allait élever la voix quand la porte s'ouvrit.
Kaziam fut plutôt surpris de voir un nain en sortir. L'homme de petite taille s'appelait Yuran. De son mètre dix-sept, il n'était pas imposant. Des cheveux grisonnant soigneusement attachés pendait sur sa nuque. Et de fines lunettes reposaient sur son nez. Vêtu d'habits à la fois simple et élégant, il n'était pas un esclave. C'est, en tout cas, la première conclusion à l'égard de ce petit homme.
- Combien de fois t'ai répéter d'apprendre la patience Rona ? Dit-il d'une voix tranquille sans daigner tourner la tête vers la femme.
- Ferme la et fais ton boulot. Ca nous évitera d'entendre tes jacasseries futiles. Siffla t-elle.
- Je sais pertinemment ce que j'ai à faire. Dit-il en sortant un petit cahier de sa poche. Et avant de critiquer, apprend à faire le tien. Ces enfants sont en piteux état.
La chasseresse aurait bien trancher la tête de ce nain impertinent. Son chef l'arrêta avec fermeté. L'ancienne combattante se renfrogna, elle avait toujours tendance à s'emporter rapidement.
Avec son regard acéré, Yuran estima avec grande précision l'âge et la taille de chaque enfants, notant soigneusement chaque détails sur son cahier. Il alla ensuite vers Kaziam et releva la tête vers lui. Après quelques secondes à le dévisager, il énuméra ses quelques informations tout en les écrivant.
- Un mètre quatre-vingt-cinq, vingt-quatre ans, châtain clair et yeux bleus. Souffla t-il avant de ranger le cahier. Votre nom.
- Kaziam. Vous avez fait une petite erreur par contre.
- Vraiment ?
- Et oui.
- Dites moi. Reprit-il sans se dérider.
- Un mètre quatre-vingt-trois et vingt-six ans, pour être précis. Répondit Kaziam avec un sourire légèrement moqueur aux lèvres.
- Bien. Remarque en apparence inutile mais non négligeable. Lâcha Yuran sans sourire en retour.
Ce dernier alla vers les chasseurs, laissant un Kaziam quelque peu confus. Le chasseur en chef reprit la parole, visiblement en colère que Yuran semblait oublier une chose importante.
- Et la prime pour ce gars-là. Il serait préférable que tu ne l'oublie pas moucheron.
- Mon chef Caztis. Souffla Yuran d'un ton où pointait son exaspération. Combien de fois devrais-je te répéter de fermer ta grande gueule ? Depuis que je t'ai vu arriver dans l'arène, tu n'as jamais cessé de l'ouvrir. Alors je t'en pris. Arrête de me faire de l'air avec toutes les conneries que t'es capable de sortir !
Kaziam comprit rapidement que cet homme, bien que petit, n'était pas celui à venir énerver. Il certifia aux chasseurs que la récompense pour l'adulte leur sera versé incessamment sous peu.
- Mettez les enfants dans la grande cage.
- Et le grand ? Demanda un des jeunes chasseurs, plus poli que ses compagnons.
- Cage sept. Elle s'est libérée ce matin.
Suivant les directives de Yuran, les chasseurs firent descendre les enfants du chariot. Cependant, si ces derniers s'étaient tenus tranquille de peur de se prendre des coups, ce n'était pas le cas de Kaziam. Ce dernier attendit le moment précis où le jeune chasseur détacha la chaîne du chariot pour la tirer brusquement vers lui.
La surprise dans les chasseurs présent céda rapidement place à l'urgence de le rattraper. Caztis avait réussi à attraper la chaîne au moment où son captif venait de grimper sur deux grandes caisses de marchandises.
- T'essayes de t'envoler petit ? Ricana t-il. C'est impossible de s'échapper.
- C'est ce qu'on va voir. Souffla Kaziam avec un sourire en coin.
Avant que le chasseur n'ait pu tirer le chaîne pour le faire tomber au sol, il prit appui sur le mur à sa droite pour prendre de la hauteur. Les chasseurs restant furent choqués quand Kaziam flanqua un coup de poing à Caztis à la tempe, le faisant tomber au sol. La force du coup lui faisait couler un peu de sang et le chasseur resta au sol sonné par le choc.
- A qui le tour ? Ricana t-il en tirant la chaîne vers lui, une fois relever. Je ne compte pas vous faciliter la tâche. Soyez-en sur.
Même s'il réussit à frapper avec la chaîne la jambe de la chasseresse, le jeune chasseur restant parvient à le faire tomber avec un long bâton traînant près d'une cage. Un coup suivant suffit à l'assommer.
Il fut ensuite traîner vulgairement dans la cage numéro sept. Yuran estima qu'il était préférable qu'il garde ses fers même si la chaîne avait été enlevée. Lorsque qu'il reprit connaissance, la nuit venait de tomber. C'est un courant d'air plutôt froid qu'il le réveilla.
Grimaçant contre ses poignets toujours attachés, Kaziam s'appuya sur ses coudes et se remit sur ses jambes lentement. Maudissant le marteau qui semblait frapper sans cesse ses tempes, il s'appuya sur les barreaux pour regarder dehors.
La rue était étroite et les cages se succédaient sur toute la longueur. Celles à ses côtés étaient vides. Kaziam ne distingua que des silhouettes bien trop loin pour même savoir si c'était une femme ou un homme.
Il ne sut dire après combien de temps la silhouette de Yuran passa dans la ruelle. Muni d'une lanterne, il venait, comme tout les soirs à la même heure, faire un tour de surveillance. Kaziam haussa donc la voix pour l'interpeller.
- Hey vous. Dit-il pour l'arrêter. Des explications, ce serait possible ou pas ?
- En théorie non. Répondit Yuran en se tournant vers lui et déposant la lanterne au sol. Qu'est-ce que tu veux comme explications Kaziam ?
- Qu'est-ce qui m'attend exactement pour commencer ?
- L'arène. Dit le nain en tournant la tête vers l'arène en question.
Cette dernière était immense vue de l'extérieur et les murs semblaient tout aussi grand. Malgré la nuit tombante, il pouvait distinguer des drapeaux et des tours en bois sur les côtés.
- Tu ouvrira les combats dès lundi matin, en tant que criminel. Précisa le petit homme.
- Je ne suis pas un criminel. Précisa t-il en tournant la tête.
- Le problème vient de tes actes avant tout. Peu importe qui tu es pour eux, tu as tué plus de quarante chasseurs en six ou sept ans, je ne sais plus exactement.
- Quarante-sept. Précisa Kaziam. Je l'ai fait mais uniquement pour me défendre.
- Que ce soit pour te défendre ou juste l'envie de faire couler le sang, ça ne changera rien à ce qui t'attend.
- Une mise à mort si je comprend bien.
- Appelle ça comme tu veux. Si tu meurs, ça s'arrête là. Et...
- Si je survis ? Le coupa t-il.
- Si tu survis. Reprit Yuran, mécontent de s'être fait couper la parole. Tu serais vendu aux enchères à prix d'or.
- Donc il y a une chance.
- Je n'ai jamais dit ça. Termina son interlocuteur. Autre chose ?
- Une couverture c'est possible ?
- Juste de la paille.
La réponse était nette. Kaziam rumina donc ces paroles pendant la nuit sur son lit de paille. Le samedi fut très tranquille. Personne ne passa dans la rue à part quelques combattants. A chaque fois, ils venaient se moquer de lui et une affiche à côté de sa cage semblait se remplir à toute vitesse. Kaziam alla regarder et constata qu'il s'agissait de pari.
Une succession de nom qui lui était inconnu avait marquer un temps où un nombre de combat avant qu'il ne meurt. Soupirant, Kaziam alla se rasseoir dans le fond en mangeant le bout du pain qu'on avait daigné lui apporter ce matin.
Un autre duo arriva alors fin d'après-midi avec des caisses et des paniers de marchandises. Une femme cachait son crâne du soleil par une cape d'un gris poussière. Ses bottes étaient aussi poussiéreuses mais en bon état avec des lacets bien noués. Kaziam prit le temps de la regarder bien en détails. Il distingua quelques armes et d'étranges fléchettes à sa ceinture. Alors qu'il essayait de voir son visage, elle tourna la tête vers lui. Kaziam ne distingua aucune mèche de cheveux, à sa surprise, et deux yeux d'un vert pâle. Il put voir également quelques fins traits de tatouages sous la capuche.
- Dako ! Arrête de traîner et avance bon sang. Lâcha t-elle d'un ton exaspéré en regardant un jeune homme plus jeune tirer une petite charrette à la main.
- Hey oh ça va ouais ? Souffla t-il en revenant à sa hauteur. C'est super lourd tout ça.
Kaziam tourna la tête vers un jeune homme dont la couleur de cheveux était fort semblable à la sienne. Ses traits de visage étaient cependant plus fins et ses yeux n'étaient pas bleu mais marron. Il portait une belle chemise blanche avec sa ceinture d'armement qui lui passait sur l'épaule. Une fine lame pendait à son flanc gauche et ses grandes bottes noires n'avaient pas l'air confortable.
- Je te signale que c'est toi qui a voulu faire le fort en tirant les marchandises alors tire. Soupira la belle dame.
- Ouais je sais. Souffla t-il sous l'effort.
Une roue du chariot buta contre une pierre et deux pommes bien rouges glissement hors d'un panier en osier. Kaziam profita qu'ils passaient tout près pour les attraper et croquer dans la première.
- Hey. Ces pommes ne t'appartiennent pas voleur. S'écria Dako en venant face à lui.
- Je ne les ai pas volé. Répondit tranquillement Kaziam. Tu les a juste fait tomber. Maintenant elles sont à moi.
- C'est ce qu'on va voir misérable...
- Dako ! S'écria la jeune femme. Ca suffit les bêtises. Ce ne sont que deux pommes.
- Zethey...
- J'ai dit arrête ! Ce ne sont que des pommes. Comme si Reyfus allait s'énerver pour deux petits fruits.
- Reyfus ? Répéta Kaziam en plissant les yeux. C'est lui votre... maître.
- Ferme la toi. Siffla Dako. Tu n'es qu'un criminel. T'as pas le droit de parler de gens que tu ne connais pas, surtout pas de Reyfus.
- T'as une grande gueule toi. Ricana Kaziam. Tu ferais mieux d'écouter ta copine.
- Je me demande ce qui me retiens de te mettre une raclée. Commenta Dako en s'approchant fort près de la cage.
- Toi c'est la cage. Répondit le captif.
- Et toi tes fers. Se moqua le jeune homme.
Kaziam lui flanqua alors une droite assez vive à travers les barreaux malgré ses poignets menottés. Dako tomba assis par terre avec une main sur son nez en sang. Zethey l'avait regardé faire et releva son camarade d'une main ferme sous l'aisselle.
- Tu vois petit ? Lâcha Kaziam. C'est pas des fers qui m'empêcheront de me battre.
- C'est ce qu'on va voir. Grogna Dako d'une voix étouffée. Lundi, je viendrai te voir te faire massacrer. Tu peux en être sûr.
- Tu sera pas déçu. Sourit le captif pour l'énerver.
Zethey ne dit rien en poussant Dako pour s'éloigner. Ce dernier lança un regard noir à Kaziam avant de reprendre la charette et de s'éloigner. Le jeune combattant ne se priva pas pour insulter ce gars-là. Kaziam entendit le court échange.
- Quel con celui-là. Il m'as pété le nez. Il me le paiera. Grogna Dako avant qu'elle ne le frappe à l'arrière du crâne. Aie. Qu'est-ce qui te prend toi ?
- T'as une grande gueule et tu m'énerve à parler pour rien. Siffla Zethey.
Le duo disparut plus loin, laissant à nouveau Kaziam seul. Ainsi, Zethey et Dako étaient au service de Reyfus. Machinalement, il passa sa main sur son flanc gauche et releva légèrement la chemise. La brûlure s'était quelque peu effacée avec les années mais le R stylisé était toujours reconnaissable. Il se demanda s'il aurait l'occasion de voir cet homme pour de vrai lundi.
-Sir-Galahad
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