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Dans la petite ville de Kudwyn se trouvait près de six milles âmes. Parmi tout ces gens, certains sortaient du lot. Gregory Merter était forgeron. On pouvait en trouver bien d'autres mais que dire de son travail si ce n'est qu'il était fait avec un soin et un talent exceptionnel.
Il ne forgeait pas d'armes. Son activité principale était la création d'outils agricole et de divers objets allant de la roue de charette au service à couvert. Il n'avait jamais été homme à se mêler des affaires des autres. Cependant, ça ne voulait pas dire qu'il restait les bras croisés quand un problème venait à apparaître chez un de ses amis ou voisins.
Gregory avait toujours vécu seul. Il n'avait pas connu ses parents avant l'âge de quatorze ans. L'orphelinat de Kudwyn fut sa seule maison. Quand il avait enfin eut l'occasion de connaître son père, il l'avait amèrement regretter et avait fuguer. Il savait travailler et occupa ses journées dans les champs bordant la ville.
Kudwyn était une ville développée en matière de culture. Beaucoup de champs de pommes de terre, de carottes, de betterave et de bien d'autres légumes. Sans compter les nombreuses praires où pâturaient vaches et moutons.
Ces cultures et élevage offraient à la ville une grande quantité de nourriture chaque année. Et cela était également une source d'emploi non négligeable. Pas besoin d'être diplômé et très intelligent pour travailler aux champs. Le travail ne manquait pas. Chaque année, il fallait labourer, arracher les adventices et bien d'autres tâches dures et épuisantes. Mais tout homme et femme venant y travailler était payé en fonction de son travail.
Même les enfants pouvaient venir pour la cueillette de fraises par exemple. Les tâches principales des plus jeunes étaient principalement la cueillette de pommes, poires, cerises et d'autres fruits.
Et à la fin de chaque saison, ceux qui étaient venu travailler pendant plus de sept ou huit mois avaient droit à quelques légumes et fruits en plus de leur paie.
Kudwyn n'était pas la ville la plus riche mais n'était pas la plus pauvre. Elle n'était pas la plus propre mais n'était pas la plus sale. Ce système ingénieux avaient permis à la ville d'entretenir ses terres et de fournir par la même occasion, du travail aux habitants les plus démunis. Il y avait même un travail de nettoyage des rues et ramassage des ordures par les habitants eux-mêmes. Cependant, ce boulot là n'intéressait pas autant de monde.
Gregory Merter avait travailler de ses quatorze ans jusqu'à ses dix neuf ans dans les champs et les verges. Il avait arrêté le jour où il eut assez d'argent pour ouvrir sa propre forge. Il avait acquéri un vieil atelier à côté d'une maison, petite certes mais confortable.
C'est par son dur labeur qu'il avait réussi à rendre son rêve réalité. Sa forge était située dans ce qu'on surnommait le quartier bas de la ville. Nommé ainsi simplement car construit dans le creux de la ville bien que ce soit au centre de Kudwyn.
Un soir d'été, il profitait de la clarté de la lune dehors et de la douce odeur de citron émanant de sa bougie brûlant sur l'établi pour passer un coup de balais dans sa forge. L'homme sifflait tranquillement des notes légères quand il entendit frapper. En se retournant, il aperçu une femme d'apparence assez jeune, tenant entre ses mains un paquet qui semblait bouger. Perplexe, il s'approcha alors.
- Excusez moi mais puis-je vous aider ?
- Je l'espère sincèrement, dit-elle d'une voix faible et épuisée.
Elle releva le regard vers le forgeron. Des yeux bleus autrefois brillant rendus pâles par la maladie. Sa chevelure brune semblait terne et ses cheveux cassants. Gregory avait une bonne mémoire et se souvenait d'elle.
- Camilia ?
L'étonnement était aisément facile à percevoir dans sa voix. La dernière fois qu'il avait vu cette belle jeune femme, elle était accompagné d'un garçon du même âge à la tignasse noir indomptable qui avait été autrefois son apprenti. Ils étaient venu il a quatre ans avec la demande surprenante que le forgeron puisse leur faire leurs anneaux de fiançailles. Gregory avait été tellement surpris qu'il n'avait pas su refuser.
- Je pensais que vous ne m'auriez pas reconnue, souffla Camilia.
D'un geste de la tête, il la fit entrer dans l'atelier où elle s'assit sur un banc. Une fois la porte fermée, Gregory se plaça en face d'elle.
- Je... dites moi. Que puis-je faire pour vous rendre service ?
Refusant de brusquer la jeune femme, ou plutôt la jeune maman vu le paquet contre sa poitrine qui commençait à geindre, Gregory lui mit un verre d'eau devant elle qu'elle ne tarda pas à finir avant de le remercier.
- Ma demande... vous paraîtra osée.
- Est-ce qu'elle a un rapport avec votre enfant ? Demanda t-il poliment, notant les mains fines se resserrant sur l'enfant.
- Oui, répondit elle en le regardant droit dans les yeux. Elle inspira profondément avant de faire sa demande. Je ne peux plus m'en occuper et je ne veux pas le confier à l'orphelinat.
- Ce serait pourtant la solution la plus adaptée.
- J'aimerais que vous vous en occupiez.
Gregory Merter fit de grands yeux. Il n'était que forgeron. Comment serait-il possible qu'il prenne soin d'un enfant seul ? Il n'avait jamais eu une compagne d'ailleurs. Ses compétences pour élever un enfant étaient fortement réduites.
- Pourquoi moi ?
Là était la seule question qu'il réussit à poser sur les dizaines qui lui venaient à l'esprit. Camilia eu un sourire, s'attendant clairement à cette question.
- Ça va être long de vous expliquer tout Monsieur Merter.
- Alors permettez moi de vous offrir un repas chaud ce soir devant lequel vous me direz tout. Et appelez moi Gregory.
- Merci, répondit la femme en se levant.
Gregory la fit alors entrer et lui donna une couverture épaisse. Il n'avait pas de lit adapter à un nourrisson. Camilia façonna la couverture pour qu'elle prenne la forme d'un petit lit dans lequel elle déposa son bébé. Confortablement installé, il ferma les yeux en quelques secondes.
Sans faire de bruits inutiles, le jeune forgeron servit à son invitée surprise un bol de soupe chaude et du pain.
- Je n'ai malheureusement que ça à vous proposer.
- C'est parfait.
Dès que le repas fut terminer, il rangea les bols sur le côté et servit un thé chaud à Camilia. Son regard grisâtre se porta alors sur l'enfant et il osa une plaisanterie.
- Rassurez moi Camilia. Vous ne venez pas me dire que cet enfant est le mien ?
Gregory posa sa question avec le sourire. A son grand soulagement, elle le comprit ainsi et sourit. Cela lui fit plaisir de la voir se dérider un peu. Elle le regarda avec un tendre sourire.
- C'est ma mère en réalité qui m'avait parlé de vous et elle m'avait dit que vous seriez capable de fabriquer ma bague de mariage et celle de mon fiancé, commença t-elle en passant son doigt sur la bague.
- Je me souviens très bien de votre venue avec votre mère. Mais cela était il y a plus de quatre ans maintenant, dit-il en plissant légèrement les sourcils.
- Oui je m'en souviens très bien. De même que vous devez vous souvenir de mon compagnon. Si votre mémoire est toujours aussi bonne qu'avant.
Elle attendit alors en le regardant avec curiosité. Il était évident qu'elle voulait qu'il s'en rappelle. Gregory passa une main sur son visage et après avoir claquer plusieurs fois des doigts, il eu le déclic.
- Za... Zaory, dit-il avec la fierté d'avoir trouver sans aide.
- Oui. Bien joué Gregory. Votre mémoire est toujours aussi bonne. Vous vous rappelez donc de tout ceux qui croisent votre chemin ?
- Presque tous, sourit il. Mais comment pourrais je oublier mon apprenti ?
- Vous avez travaillez longtemps ensemble.
- Presque cinq ans. J'ai fais tout mon possible pour qu'il apprenne à devenir forgeron. Je ne l'ai plus revu depuis votre venue il y a quatre ans.
- Alors laissez moi vous expliquer comment je suis venue jusqu'à vous.
- Je suis toute ouï.
Camilia commença alors son histoire en commençant du début. Elle avait vécu toute sa jeunesse à Laenhert, la ville voisine. Ses parents avaient tenu la boutique de couture la plus célèbre de toute la ville. Les vêtements vendus là-bas étaient fait sur mesure avec une qualité remarquable.
Camilia avait épousée la couture avec joie. Sa mère lui avait appris d'abord à réparer ses propres vêtements. Leana Pitrym savait que sa fille jouait souvent dehors et comme tout les enfants, elle revenait souvent avec des pantalons aux genoux déchirés. Très vite, elle lui avait mis un fil et une aiguille entre les mains. A dix à peine, Camilia savait réparer ses vêtements abîmés sans aide. Et plus le temps passa, plus elle apprit le métier et confectionna aussitôt ses robes.
C'est la couture qui lui avait permise de rencontrer Zaory Tuna. Le jeune homme était entré dans le magasin en portant sous son bras droit un paquet de vêtements. Camilia était près d'un mannequin de couture à mesurer avec soin ses pièces de coutures quand elle entendit la cloche de la porte d'entrée retentir. Elle déposa alors son mètre ruban pour aller au comptoir accueillir le client. Elle recoiffant rapidement ses cheveux bruns.
A respectivement dix-huit et dix-sept ans, Zaory et Camilia eurent un véritable coup de foudre. Le jeune homme avait immédiatement été séduit par le visage d'ange de cette belle demoiselle. Tandis que Camilia avait pris plaisir à le regarder en détails. Il était assez grand et mince. Elle avait pu voir des bras assez musclés lorsqu'il tendit ses vêtements à réparer.
Il était malheureusement partir en vitesse, pris par son travail avait-il dit. Quand elle réparait les habits abîmés, le visage du garçon ne quittait pas ses pensées. Tout comme elle l'espérait, elle en appris plus sur lui le lendemain quand il revint chercher ses affaires.
- D'où venez vous ? Demanda t-elle avec son tendre sourire.
- De Kudwyn mademoiselle. Je suis apprenti forgeron chez Gregory Merter, répondit-il en rougissant légèrement sous le sourire délicat.
- Il n'y pas de couturiers à Kudwyn ?
- Oh si bien sûr mais leur réputation tend plus vers l'escroquerie que l'honnêteté et la qualité de votre travail.
- Vous m'en voyez flatter Monsieur Tuna.
- Je vous en prie mademoiselle. Inutile de me donner du monsieur. Je ne suis pas si vieux que ça...
Les deux jeunes gens rirent de bon cœur. À plusieurs reprises, leurs chemins se croisèrent de nouveaux. Après tout les rendez-vous secret et les après-midis passé ensemble vint le jour où ils décidèrent de se fiancer. Trois années s'étaient écoulés avant cette demande de la part de Zaory. La mère du jeune homme et les parents de Camilia étaient heureux pour eux.
La mère de Zaory était décédée durant l'hiver suivant, juste avant qu'ils ne découvrent qu'ils allaient avoir un enfant. La joie était tout de même grande. Ils allaient pouvoir fonder leur famille. La grossesse fut, par contre, assez difficile. La future maman était constamment épuisée mais donna finalement la vie à un petit garçon en bonne santé.
Un médecin, qui avait été présent à la naissance, leur certifia cependant que Camilia avait contracté une maladie qui pouvait lui être fatale durant sa grossesse. La nouvelle eu l'effet d'une bombe. Deux mois après la naissance, Camilia sentait bien que son corps faiblissait chaque jour un peu plus à tel point qu'elle craignait de ne plus se réveiller le matin.
Un soir de printemps, un groupe de chasseurs avait débarqué en ville et avait exigé que Zaory s'occupe de leur chevaux sur le champ. Le jeune homme n'avait pas vu les chasseurs et répondit sans se laisser démonter qu'ils allaient devoir attendre leur tour comme des gens civilisés.
La réponse n'avait pas plus évidement. Ils firent preuve de violence en mettant le feu au bâtiment et en prenant Zaory avec eux. Camilia n'avait pu qu'être observatrice de ce triste spectacle. Les chasseurs l'avaient vue de loin mais seul l'enfant porté dans ses bras avaient retenu leur attention. Ceux-ci tentèrent de s'en emparer. Leana avait été rapide sur le coup et s'enfuit avec sa fille et son petit-fils dans la foule dense.
Tout le monde savait que les chasseurs ne reculaient jamais pour capturer leurs proies. C'est cela qui convainquit Leana de faire fuir la ville à sa fille. Cette dernière était contre, certaine que son corps n'allait pas tenir jusqu'à Kudwyn. Cependant, l'idée que son fils soit emmené à Druim lui donna la force de fouetter les flancs de son cheval du talon et de fuir vers Kudwyn, dans l'unique but de mettre son fils à l'abri.
C'est sûr ces mots que Camilia termina son histoire. Elle avait fuit pour mettre à l'abri son enfant. Elle voulait le confier à Gregory pour qu'il soit en sécurité.
- Je suis venue chez vous parce que Zaory avait confiance en vous, et moi aussi. Et vous êtes le seul que je connaisse dans cette ville.
Le forgeron regarda un instant son thé, repensant à chaque mot prononcé par Camilia. Un détail cependant lui échappait.
- Les chasseurs ne s'intéressent pas d'ordinaire à des gens aussi âgés. Pourquoi l'avoir emmené ?
- Je n'ai pas compris moi-même mais je pense qu'ils prennent des gens qualifiés pour des travaux comme la forge. J'espère tellement avoir raison là-dessus.
- Moi aussi Camilia. Mais rassurez-vous, Zaory est intelligent et il ne va pas mourir si facilement.
- Je le sais bien, sourit elle. Mais moi si. Alors que dites-vous ?
Gregory prit un moment avant de répondre. Son regard se porta sur le petit garçon toujours endormi. Dans sa jeunesse, il avait aussi manqué d'être attraper par les chasseurs. Il ne se passait pas un jour sans qu'il ne remercie son innocence d'enfant d'avoir voulu capturer une grenouille. Il avait échapper à un sort terrible et il pouvait aider un gamin à faire de même.
- Oui, dit-il clairement en la regardant droit dans les yeux. A condition que vous restez ici aussi longtemps que possible.
- Je ne serais d'aucune utilité Gregory. Je n'ai plus très longtemps avant...
- J'en ai conscience mais restez je vous en prie. Le temps de me dire tout ce que je dois savoir sur lui, la coupa t-il sans fermeté.
- D'accord, dit-elle avec un soupir, trahissant sa fatigue.
- Si nous commençons par son nom avant d'aller dormir ?
- Kaziam, répondit elle en reprenant l'enfant dans ses bras. Il vous réveillera sans doute cette nuit mais il est gentil.
Gregory céda son matelas à Camilia et Kaziam. Ce n'est qu'en fermant les yeux, coucher sur son petit canapé, qu'il prit conscience de sa situation. Il venait, sans l'avoir clairement prononcé, adopté un enfant. Le forgeron savait qu'il aurait suffisamment le temps de s'inquiéter de cela plus tard et laissa le sommeil l'envahir.
-Sir-Galahad
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