Chapitre 19 : Péchés

  << Tout le monde, j'ai trouvé ce qui a causé la mort du Chevalier Hendrickson. >>, déclara Merlin, le sourire aux lèvres.

  La surprise se dessina sur nos visages devant son annonce soudaine. La Sanglier ferma les paupières d'un air amusé.

  << C'est vrai, Merlin ? >>, demanda Diane confirmation avec entrain.

  Elle acquiesça.

  << On t'écoute, ajouta son chef.

  - Le corps du Chevalier Hendrickson ne présente aucunes traces d'hémorragie, de strangulation, ni de blessures, ce qui écarte toute éventualité d'agression physique directe, commença Merlin ses explications depuis sa hauteur et restant sur la plate-forme annulaire permettant d'accéder à son laboratoire. Néanmoins, en pratiquant une dissection de son intestin avec précision et une analyse de son sang, j'ai pu trouver de l'extrait de digitalis purpurea, autrement appelée la digitale pourpre.

  - La digitale pourpre ?, répéta Dame Elaine avec confusion.

  - C'est quoi ce truc ? Ça se mange ?, fit Hawk, intrigué.

  - Au risque de t'intoxiquer, sourit la Mage. Il s'agit d'une plante qui provoque des nausées et des troubles cardiaques en cas d'ingestion.

  - Donc sa mort est causée par un arrêt cardiaque, comprit Harlequin avec sérieux.

  - Mais pourquoi aurait-il ingéré des extraits de cette plante si elle est toxique ?, poursuivit Diane, perplexe.

  - Peut-être qu'il ne savait pas qu'elle était toxique justement ?, lança Gowther avec candeur.

  - Ou peut-être que si, il savait. >>, détourna les yeux Ban avec ennui.

  Il eut un léger silence pesant devant les paroles hypothétiques du Renard.

  << Son passé lui était peut-être trop difficile à surmonter et peut-être qu'il n'a pas pu se pardonner pour ses actions, expliqua Ban ses dires, après quelques instants.

  - Ou peut-être qu'on l'a obligé à en prendre, probablement par des tierces qui n'ont sus le pardonner, proposa Merlin une autre hypothèse. Sous forme d'infusion par exemple, pour rendre la chose plus discrète. >>

  Avec doute, nos regards se tournèrent immédiatement vers Celia. Cette dernière réagit avec malaise devant notre action collective.

  << Quoi ? Ne me suspectez pas comme ça sans preuve, j'y suis pour rien.

  - Doit-on te rappeler qui a fait joujou avec des plantes récemment pour arriver à ses fins personnelles ?, évoqua Ban.

  - La Guerre Sainte dirigée par Hendrickson a causé la destruction de votre boutique avec Naomi et l'endommagement de la santé de votre mère. Il ne serait pas étonnant que tu aies continué de lui vouer une haine profonde jusqu'à mettre ta vengeance en application, ajouta Meliodas avec sérieux.

  - Une vengeance discrète dont personne ne pourrait te soupçonner. >>, grommela le Renard avec hostilité.

  La jeune Humaine ne savait quoi répondre, prise de court par la situation.

  << Néanmoins, le corps du chevalier Hendrickson a été retrouvé dans la forêt près d'ici en début de semaine dernière par King et Dixie, expliqua Merlin, le sourire aux lèvres. Rien n'explique encore pourquoi il se situait là-bas, sachant que le Chevalier Howzer était venu rendre visite à King et Dixie après leur entraînement dans cette même forêt.

  - Peut-être que durant la douleur de ses symptômes, Hendrickson avait vu de loin Howzer se diriger vers la forêt et l'avait suivi pour lui demander de l'aide ?, proposa Diane une explication plutôt plausible.

  - Mais il aurait finalement succombé aux effets toxiques de la plante avant que quelqu'un ne puisse s'en rende compte..., murmura Dame Elaine en baissant les yeux avec ennui.

  - Étonnant qu'il n'ait pas réussi à se soigner du poison avec sa magie, fit remarquer Hawk.

  - Même si la magie de guérison chez les Déesses est plus puissante que celle des Druides, j'avais moi-même eu du mal à me soigner complètement, répondit la Princesse Elizabeth avec inquiétude. Peut-être que sa magie n'avait eu justement aucun effet...

  - Qui a pu lui faire ça d'après vous ?, demanda Diane avec inquiétude.

  - C'est moi qui ait éliminée le Chevalier Hendrickson. >>, se dénonça soudainement Naomi, l'expression placide.

  À l'entente de ses mots, la surprise s'empara de nos visages. Étrangement, aucune once de remords ne se dégageait du sien. L'auteure du crime serait Naomi ? Mais pourquoi ?

  << ...Tu déconnes là, murmura sa sœur, ne voulant la croire et toute aussi confuse que nous tous.

  - Qu'est-ce que tu racontes, Naomi ? Tu rigoles...pas vrai...?, s'opposa Diane encore plus inquiète et essayant de la raisonner. Ce n'est pas drôle, s'il te plaît...dis-moi que c'est faux...

  - Désolée Diane, mais c'est la vérité, avoua t-elle sans émotion particulière.

  - Pourquoi tu as tué Hendrickson ?, continuait Diane. C'est à cause de ce qui s'est passé avec votre mère et la boutique que vous entreteniez avec Celia par le passé, du fait maintenant que vous n'ayez plus beaucoup d'argents pour vivre à cause des soins ? >>

  L'Humaine hocha la tête en signe de négation.

  << Non, ce n'est pas tout à fait pour ces raisons, ni par vengeance que j'ai agi, répondit-elle. J'ai fait ce qui m'a paru juste de faire.

  - C'est à dire ? Comment ça ? >>, l'interrogea la Reine des Géants.

  Naomi tourna son regard dans ma direction. Son visage restait calme et impassible.

  << Dixie, m'interpella t-elle. Tu te souviens ce que tu m'avais dit avant de démissionner le matin de la Guerre Sainte ? >>

  J'écarquillai les yeux, perplexe et dubitative devant sa question.

  << Tu avais senti qu'une guerre se préparait, entama t-elle son discours. Tu disais que les Humains s'entre-tuaient toujours pour des raisons futiles, qu'ils se faisaient la guerre juste par désaccord. Alors, chacun veut écraser l'autre pour prouver sa propre vérité et sa propre supériorité, mais ''tout est relatif'', disais-tu. ''Tout est basé sur le point de vue de chacun''. Quelque chose que quelqu'un pensera bien, il y aura toujours quelqu'un pour penser le contraire et trouvera des arguments ou des faits pour prouver que c'est l'autre qui pense mal. L'univers est un cercle vicieux mais parfaitement équilibré. Le pire tu disais, c'était les Humains. Ils peuvent être les plus gentils mais aussi les plus cruels. Mais évidemment, tout est relatif. >>

  Mes yeux s'écarquillèrent davantage, me rappelant par images se bousculant dans mon esprit, du moment quand je lui en avais parlé et ce que je lui avais en effet dit.

  << Tes paroles m'avaient ouvert les yeux. J'ai aimé ta façon de voir les choses. En fait, ce que je souhaite, c'est que les massacres et les guerres cessent. Au final, se sentir toujours supérieur à l'autre, qu'est-ce que ça apporte de bénéfique ? Où cela mène ? Tout ça n'a de sens que pour ceux qui décident qu'il y en ait. >>

  Il eut un court silence avant que Diane ne reprenne la parole.

  << Mais Hendrickson était redevenu gentil ! Ce n'était plus son but de causer des massacres le jour où tu l'as tué.

  - Ce chevalier avait assassiné notre père, sous nos yeux, à Celia et moi, il y a dix ans. Notre père était pourtant un chevalier fidèle du royaume. En fait, il était en votre faveur, les Seven Deadly Sins, et soutenait le fait que vous n'étiez pas des criminels à l'époque. J'ai toujours été de son avis, ce qui était néanmoins guère le cas pour le Chevalier Hendrickson puisqu'il a cruellement tué notre père par agacement parce qu'ils ne partageaient tous deux pas la même vision des choses et qu'il refusait de se soumettre à ses ordres pour vous retrouver et vous éliminer. Si cet homme était vraiment devenu gentil, Diane, pourquoi n'est-il donc pas venu s'excuser depuis tout ce temps ? >>

  Se paralysant d'effroi devant ses aveux, Diane ne sut quoi répondre tandis que Celia baissa le regard avec ennui.

  << Le monde devient de plus en plus impur, cela ne vous paraît-il pas anormal à vous ?, pencha légèrement Naomi la tête sur le côté en gardant son expression placide. Ah oui... La normalité n'existe pas. Comme dit si bien Dixie, ''tout est relatif''. >>

  Le comportement de Naomi me donnait presque froid dans le dos.

  << Il est vrai que c'est horrible qu'il ait tué votre père il y a dix ans, mais tu as dit que tu n'as pas tué Hendrickson par vengeance. Alors quelles ont été tes réelles raisons ?, lança la Princesse Elizabeth.

  - Au début, j'ai pensé que vous l'aviez vaincu, ce qui avait pour but de marquer la fin de la Guerre Sainte, expliqua t-elle. Cependant, j'ai été surprise de le voir vivant quelques semaines plus tard en l'apercevant en ville ou venant de temps en temps consommer à l'ancienne taverne pour laquelle nous travaillions avant de venir ici. Intriguée, nous avions tous les deux en quelque sorte un peu sympathisé afin que je comprenne ce qu'il s'était passé. Pourtant, en cherchant peu importe les points de vue possibles qui pourraient expliquer ses massacres et ses tueries avant et pendant la Guerre Sainte, je n'arrivais pas à comprendre pourquoi il se montrait heureux et amical comme si de rien était. Je suis finalement venue à l'évidence que cet homme était dangereux et qu'il s'agissait forcément d'un démon, au sens figuré, pour ne ressentir aucun remord dans ses crimes, ni essayer de s'en repentir. C'était simple. De mon point de vue pour sauver d'autres vies, le Chevalier Hendrickson devait mourir comme ce qui aurait dû se produire et ce que tout le monde pensait qu'il s'était produit pour arrêter la Guerre Sainte. C'est donc ce que j'ai fait en lui préparant une infusion. Grâce à Merlin, vous connaissez maintenant la suite. >>

  Nous restâmes tous abasourdis. Ses raisons étaient en effet explicables, mais que penser de tout ça ?

  << Évidemment parce que j'ai tué quelqu'un, vous pensez certainement que cela fait de moi une criminelle. Pour moi, je ne le pense pas car je l'ai fait pour une bonne cause. Comme les massacres durant les guerres, traitons-nous les chevaliers comme des criminels ? Non, comme des héros la plupart du temps. C'est aussi pour cette raison que je trouve les guerres absurdes.

  - Naomi..., murmurait Diane avec inquiétude.

  - Est-ce mal de penser différemment des autres ? Est-ce mal d'être différent ?

  - Bien sûr que non, Naomi. Pourquoi dis-tu ça ?

  - Diane, tourna Naomi son regard vers elle en lui esquissant un doux sourire léger. Est-ce que tu vas me détester ou est-ce que je t'effraies si je t'avoue mes sentiments, en disant que je t'aime ? >>

  Nous fîmes tous les yeux ronds à l'entente de sa déclaration inattendue. Naomi qui ressent des sentiments amoureux envers Diane ? Deux femelles ? Apparemment, c'est en effet possible.

  << H-Hein ? Qu-Quoi... ? M-Mais..., sursauta Diane, confuse et surprise par les aveux de Naomi.

  - Naomi qui aime Diane ?! C'est possible ça ?, s'exclama Hawk n'en croyant pas ses oreilles.

  - Pourquoi pas, je ne vois pas ce qui il y a de mal à ça, sourit Gowther.

  - Je sais que ce n'est pas très commun dans notre société, baissa Naomi les yeux, mal à l'aise. Les couples ont toujours été composés d'un homme et d'une femme. C'est pour cela, Diane, que je ne te force pas à me donner de réponse sur les sentiments que je t'ai confiés.

  - Eh bien... C'est que... C'est si soudain, se frotta Diane la tête, un peu gênée, avant de lui sourire avec douceur. Mais en revenant sur tes questions de tout à l'heure, ce n'est pas pour autant qu'en me l'ayant dit je vais te détester ou que tu m'effraies. On a tous des goûts différents et c'est ça qui fait l'abondance et la diversité de notre monde.

  - Je suis d'accord !, acquiesça jovialement Gowther.

  - Oui. >>, affirma Harlequin du même avis, en esquissant un sourire.

  Je hochai la tête en signe d'approbation.

  << C'est un peu étrange comme situation, mais pourquoi pas, fit Dame Elaine d'un air candeur.

  - Je pense qu'accepter la différence des autres sans chercher à imposer nos pensées est la première étape pour éviter les conflits, donna Diane son avis. Moi aussi, Naomi, j'aimerais que les massacres et les guerres cessent. Je ne suis pas quelqu'un qui aime me battre, mais si je dois le faire pour protéger mes amis et ceux qui me sont chers, je suis prête à me donner à fond pour de nouveau ramener la paix parmi nous.

  - Bien dit, Diane. >>, sourit la Princesse Elizabeth en soutenant ses dires.

  Les yeux de Naomi brillaient d'admiration devant le discours de la Reine des Géants. Soudain, Meliodas l'interpella d'un air embêté.

  << Naomi. Tu sais, pour revenir à Hendrickson, je comprends tes raisons et le fait que tu aies essayé de bien faire... Mais pour te dire la vérité, le Hendrickson que tu as tué était un être bon. Le Hendrickson que tu connais du passé était possédé contre son gré par un réel Démon.

  - Que voulez-vous dire ?, commença Naomi à écarquiller les yeux d'effroi.

  - Ce que j'essaye de te dire c'est que quand tu disais qu'il s'agissait d'un démon, c'était en effet le cas avant, mais l'homme que tu as tué est redevenu lui-même après la Guerre Sainte. Le Hendrickson qui te semblait amical, était sincère et n'aurait plus fait de massacres ni de tueries par méchanceté. S'il n'est pas venu s'excuser bien qu'il se savait avoir fait du mal par le passé, c'est peut-être parce qu'il n'avait aucun souvenir d'avoir tué votre père en particulier. >>

  Le visage de la jeune femme se décomposa. Des larmes commencèrent à perler le long de ses joues tandis qu'elle se laissait tomber sur ses genoux. Ignorant à l'origine ces détails, elle regrettait à présent profondément ce qu'elle avait commis. Sous des sanglots déchirants, elle se disait prête à se faire durement sanctionnée et emprisonnée pour son erreur qui lui était impardonnable.

  Pendant que tout le monde baissait le regard avec affliction, Diane vint l'entourer de ses bras pour essayer de la réconforter. Celia s'approcha également pour tenter de calmer sa sœur, mais celle-ci semblait inconsolable. Elle ne cessait de s'en vouloir. Bien qu'elle essuyait ses larmes, de nouvelles continuaient de se former. Je serrai les poings avant de les décontracter.

  << Naomi, dis-je avec calme. Tu avais essayé de bien faire, ne sois pas aussi dure envers toi-même... Tu ignorais ces détails concernant le Chevalier Hendrickson. Tu ne pouvais pas deviner.

  - Oui, soutint Meliodas du même ton. Et puis si ça peut te rassurer, j'ai fait bien pire. >>

  Elle leva son regard avec confusion vers le Dragon des Seven Deadly Sins.

  << Par excès de colère, je n'ai pu contrôler mes pouvoirs et j'ai anéanti une ville entière de tout ses habitants, expliqua t-il.

  - Moi sans réfléchir, j'ai essayer de le tuer car je pensais que ça ramènerait Elaine, avoua Ban d'un léger sourire compréhensif.

  - Par obligation, j'ai tué trois fois un ami cher, s'ajouta Harlequin à la conversation.

  - Et moi, j'avais l'intention de tuer tous mes amis pour obtenir un cœur et j'ai manipulé les sentiments des gens dont ceux de Diane, déclara Gowther.

  - Bon les gars arrêtez d'en rajouter, on a comprit, fit Diane l'air blasé.

  - Merci, murmura Naomi avec gratitude. Mais j'ai le sentiment qu'il est de mon devoir de me racheter pour mon crime.

  - Crois-moi pour quelqu'un comme toi, les cachots ne sont pas les meilleurs endroits pour se repentir, ricana Ban.

  - Surtout que Hendrickson a officiellement été reconnu mort durant la dernière Guerre Sainte. Ce n'est pas sûr qu'ils te croient si tu dis aux autorités que tu l'as tué pour les raisons que tu nous as expliquées, continua Gowther.

  - Comment ça se fait ? Il était pourtant mort avant ?, remarqua Naomi avec surprise.

  - En attendant d'en savoir plus sur ce qu'il lui était arrivé, grâce à ses pouvoirs de transformation, Dixie a remplacé quelque temps Hendrickson pendant une partie de la Guerre Sainte afin de pas perturber et chambouler la population, et les troupes, en préparation de la guerre et en début de bataille, expliqua Diane.

  - Et j'ai indiqué sa mort après la première bataille pour retourner à mes fonctions, ajoutai-je.

  - Je vois. >>, baissa Naomi le regard avec ennui.

  Soudain Mama Hawk secoua la taverne tandis qu'elle se délogeait du sol avant de s'élancer sans explications dans les airs. Meliodas se précipita immédiatement vers la porte d'entrée et l'ouvrit sous l'interrogation qui nous submergeait.

  << Mama Hawk, qu'est-ce que tu fais ? Retourne à Liones, lui demandait-il.

  - Elle ne t'écoutera pas, affirma Merlin, le sourire aux lèvres depuis sa plate-forme annulaire. Maintenant que l'affaire est résolue, il y a quelque chose que j'aimerais vous montrer. Il est temps désormais de nous ouvrir à une nouvelle ère.

  - De quoi est-ce que tu parles ?, la questionna son chef peu amusé par la situation.

  - Encore un peu de patience. Je vous expliquerai en temps et en heure, se contenta t-elle de répondre avant de se diriger vers le couloir des chambres, probablement pour rejoindre la sienne.

  - Je me demande ce qu'elle a en tête. Je n'ai rien pu percevoir dans son esprit, marmonna Harlequin, perplexe et dubitatif.

  - Comme je l'avais supposé la semaine dernière, elle a sûrement dû utiliser un sort afin d'empêcher que son esprit soit perçu par le pouvoir de notre peuple. >>, dis-je avec sérieux.

  Le Roi des Fées acquiesça. Pendant ce temps, durant notre voyage indéterminé, les jumelles furent surprises et admiratives du déplacement aérien que Mama Hawk effectuait. Après plusieurs minutes, l'animal se posa finalement sur la terre ferme, ce qui nous incita à sortir et nous éparpiller le long de son museau pour voir où l'animal nous avait emmené. De grandes falaises rocailleuses s'étendaient autour de nous. Le vent soufflait dans nos cheveux. Je fronçai les sourcils, l'atmosphère m'était étrange. Pourquoi avons-nous été amenés ici ?

  << On est où ?, demanda Diane avec surprise.

  - C'est ici qu'on a combattu le Roi des Démons, il y a une semaine, reconnut habilement Harlequin.

  - Pourquoi sommes-nous revenus ?, fis-je sur mes gardes.

  - Là, juste en dessous !, remarqua et nous montra soudainement Meliodas quelque chose. Le lac magique de Salisbury ! >>

  En effet, l'allure du lac n'avait pas changé depuis notre désertion. Elle était toujours aussi volumineuse et d'une taille imposante, presque comparable à elle seule à la grandeur de Liones. Au même moment, Merlin se montra en lévitation au dessus de nous et plus précisément au dessus du lac. Un sourire amusé occupait les coins de ses lèvres abîmées.

  << Bon, il est l'heure de s'y mettre, affirma t-elle en virant son attention vers la taverne.

  - Comment ça, Merlin ? Se mettre à quoi ?!, lui demandait Meliodas des explications.

  - À l'éveil d'Arthur. >>, précisa t-elle.

  Nous écarquillâmes tous nos yeux devant ses dires. L'éveil d'Arthur ? Du Roi Arthur ? Pour quelles raisons ? N'était-il pas mort à l'origine ? Beaucoup de questions se bousculaient dans ma tête et probablement dans celle des autres.

  Le Sanglier de la Gourmandise se positionna complètement devant la taverne, puis tout en récitant une étrange incantation magique, elle animait ses mains et ses bras de façon bien précise. Un portail se forma soudainement sur l'un des murs de la bâtisse et nous pûmes ensuite voir, petit à petit, le corps du Roi Arthur en sortir. Allongé et immobile, son épée transperçait toujours son buste tandis que Merlin le faisait délicatement léviter vers elle. Le corps ne semblait montrer aucun signe de décomposition, ce qui indiquait qu'elle avait certainement dû stopper le processus comme avec le Chevalier Hendrickson afin de pouvoir les conserver.

  << Elle veut le ressusciter ?, fit Diane confuse.

  - J'ai du mal à voir où elle veut en venir, restait Meliodas perplexe.

  - Les préparatifs sont terminées, émit tout à coup Merlin. J'ai tout accompli selon votre prophétie. Êtes-vous prête de votre côté, votre altesse ? >>

  Je continuais de froncer les sourcils. Ce n'était pas à nous qu'elle s'adressait. Que manigançait-elle ?

  << Votre altesse ?, répéta Diane. À qui elle parle ?

  - Aucune idée, répondit Gowther tout aussi perdu par les événements.

  - Il est enfin temps pour moi d'accueillir notre maître à tous. >>

  Une voix féminine sortant de nulle part, prononça ces étranges paroles d'un timbre cristallin. Suite à ses dires, le lac s'éclaira peu à peu en dessous de nous d'une lumière aveuglante.

  << Arthur... Je me suis trompée... Cette épée n'est pas l'arme qui a provoqué ta mort mais la clé qui te conduira vers le niveau supérieur, affirmait Merlin avec détermination. Que cette clé puise la magie du lac pour ouvrir la porte ! >>

  Soudain, un grand faisceau de lumière ascendant se dirigea droit vers le corps du Roi Arthur. Puis, de celui-ci, une gigantesque lueur jaillit de toutes parts. Une puissance inconnue nous secoua violemment durant quelques instants. Qu'est-ce que c'était ?

  Ramenant notre attention vers le ciel, en direction de la Mage et du Roi Arthur en lévitation, ce dernier commença contre toute attente à s'animer et se redresser.

  << Ça alors, il est revenu à la vie !, s'exclama Diane avec gaieté. Youpi ! Arthur a ressuscité ! >>

  Celui-ci semblait néanmoins se recroqueviller sur lui-même avec douleur. Je n'aimais pas ça.

  << De tous les peuples de la Création, les Humains sont les plus contradictoires, déclarait Merlin à travers un étrange discours. Ils oscillent entre le bien et le mal, entre la lumière et les ténèbres. Ils se composent de tous les extrêmes. Et le paradoxe engendre le Chaos. En d'autre termes, les Humains sont les élus de la Prêtresse du Chaos. Ils ont été choisis pour le gouverner.

  - Arthur n'a pas l'air en forme..., remarqua également la Princesse Elizabeth avec inquiétude.

  - Merlin !, l'interpella Meliodas. Qu'as-tu fait à Arthur ?!

  - Mon but était de provoquer l'éveil d'Arthur à l'état de Roi du Chaos. >>, affirma t-elle le sourire aux lèvres.

  À l'état de Roi du Chaos ? De quoi parlait-elle ? Le Roi Arthur continuait néanmoins à se tordre de douleur. Son corps ne semblait pouvoir supporter quelque chose. Sa souffrance se fit brusquement entendre à travers un hurlement qui en disait de long sur la peine qu'il devait ressentir à cet instant. Au même moment, Mama Hawk grogna de façon étrange. Plus l'Humain criait, plus la truie faisait de-même.

  Soudain, Meliodas déploya ses ailes et se précipita vers le Roi Arthur.

  << Attends, Arthur !, lança t-il.

  - Tu es...Meliodas le Démon !, le reconnut-il mais étrangement, guère de façon bienveillante. Jamais je ne laisserai Britannia tomber sous le joug de tes semblables ! >>

  Le ciel devint subitement noir suite à ses paroles. L'atmosphère s'alourdissait et nous paraissait menaçante. La seconde d'après, des illusions cauchemardesques prirent forme tout autour de nous. Des falaises et tourelles distordues, un visage gigantesque s'estompant infiniment en pluie de volatiles, d'énormes globes oculaires à veines apparentes... Tout semblait si irréel et pourtant, tout avait l'air à la fois vrai. Mama Hawk avait même disparu tandis que des piliers en distorsion se formant dans le néant, avait dispersé le groupe sur différentes distances et hauteurs. La gravité n'avait plus aucun sens, en fait, aucune explication ne pouvait être donné sur ce qui nous entourait.

  À l'aide de ses ailes de Déesse, la Princesse Elizabeth retenait Celia au dessus du vide, Diane serrait contre elle Naomi et Hawk avec inquiétude, Gowther réussissait étrangement à tenir de façon perpendiculaire contre l'un des piliers, et Harlequin et Dame Elaine lévitaient à côté de moi, tout aussi perdus par la situation. Toutefois, je n'arrivais pas à percevoir Meliodas, ni Ban, ni Merlin, ni le Roi Arthur.

  << Tout le monde est en un seul morceau ?!, demanda Harlequin avec inquiétude.

  - Oui mais je ne vois pas Ban, regardait Dame Elaine frénétiquement autour d'elle.

  - Je ne vois pas le Capitaine non plus, confirma Gowther mes doutes.

  - C'est quoi ce délire ?! On est où ?!, lança Celia.

  - Cette illusion est horrible !, paniqua Hawk.

  - Ce n'est pas une illusion, répliqua Gowther peu serein et sur ses gardes. C'est bien la réalité.

  - Comment la réalité a t-elle pu changer de cette façon ?, tremblait d'effroi Naomi.

  - Il s'agit peut-être de l'œuvre de Merlin ou celle du Roi Arthur, fronçait Harlequin les sourcils en donnant peu à l'aise son hypothèse.

  - Le Roi Arthur était bizarre, tout a changé au moment où il a vu Meliodas. >>, fis-je remarquer avec sérieux.

  Cette réalité continuait de s'animer. De nouvelles figures et structures prenaient forme, lorsque brusquement, tout disparu aussi vite que c'était venu. Le ciel bleu, les falaises, la verdure, le lac et Mama Hawk réapparurent autour de nous comme si rien ne s'était produit. Même Meliodas et Ban étaient là, tout aussi confus que nous l'étions.

  << Tout est redevenu normal !, s'écria Hawk tandis que Dame Elaine se jeta dans les bras de son amant.

  - Ça va, Meliodas ?, lui demanda la Princesse Elizabeth.

  - Aucun problème, répondit-il les mains dans les poches.

  - Quelle était cette vision ?, le questionna t-elle.

  - Un effet de la magie d'Arthur. >>, affirma t-il avec sérieux.

  Notre attention se porta avec interrogation en direction de Merlin et du Roi Arthur, en lévitation dans le ciel d'azur au dessus de nous. Qu'est-ce que Merlin avait fait à ce dernier ?

  Après quelques instants, l'Humain descendit à notre hauteur et se posa sur la terre ferme en prenant une allure qui montrait son malaise. Tandis que Merlin descendait elle aussi, il glissa sa main derrière la tête et s'inclina légèrement devant nous.

  << Arthur Pendragon s'excuse platement... Comment puis-je réparer ma faute ?, présentait celui-ci ses excuses. Honnêtement, tout est encore confus dans mon esprit...

  - Tu n'es pas responsable, lui sourit le Dragon compréhensif. C'est moi, le coupable.

  - Mais non, seigneur Meliodas ! Vous n'avez rien fait. Je suis content de vous revoir cela dit !

  - Oui moi aussi !, s'exclama t-il jovialement avant de virer avec sérieux, son regard vers Merlin. Mais une question me brûle les lèvres... Merlin, qu'est-ce que tu as fait à Arthur ? C'est quoi cette histoire de Chaos ? >>

  Confus, le Roi Arthur tourna également ses iris vers Merlin. Cette dernière ferma calmement ses paupières avant de répondre : << Le Chaos est une entité à la fois pure et impure, qui contient les ténèbres que redoutent les Démons et la lumière que vénèrent les Déesses. Il est tellement puissant qu'il a crée les différents peuples du monde par sa seule volonté. Y compris le Roi des Démons et la Déité Suprême. C'est pourquoi les Sages de l'ancien temps l'avaient appelé la ''Mère du Chaos''. >>

  Je restais abasourdie par ses dires. Je ne savais quoi en penser. Jamais jusqu'à présent, je n'avais entendu parler de ce genre d'entité. Qu'avait exactement Merlin en tête pour se pencher sur une chose aussi complexe et inconnue ?

  << Et toi, Arthur, tu es le roi qui régnera sur le Chaos et mènera Britannia vers un nouveau monde, ajouta le Sanglier de la Gourmandise.

  - Qui, moi ?, s'exclama le Roi Arthur, prit de court par ce que Merlin déclarait et attendait de lui. Mais...

  - On ignore si ce truc est bénéfique ou maléfique mais tu cherches quand même à le libérer ?, lança Meliodas, très peu enclin à soutenir les desseins de la Mage. C'est vraiment ce que tu souhaites ?!

  - ...''Ce truc''... >>, répéta t-elle un air amusé.

  La voix féminine de tout à l'heure, au timbre cristallin et venant de nulle part, reprit soudainement la parole.

  << Je vais répondre à la place de Merlin, si vous le voulez bien. Laissez-moi vous raconter le vœu de cette petite fille qui erre depuis bien longtemps à la recherche du Chaos.

  - Qui es-tu, d'abord ?, haussa Meliodas le ton. Montre-toi !

  - C'est super louche, tout ça. ~, chantonna Ban.

  -Veuillez m'excuser, mais c'est impossible. Je ne puis m'éloigner de ce lac... Je suis née du Chaos. Les anciens m'appelaient ''la Dame du Lac'' ou ''la Prêtresse du Chaos''.

  - Hmm la Dame du Lac ?, réfléchissait le Roi Arthur. J'ai déjà entendu ça quelque part... Mais oui ! C'est celle qui avait donné Excalibur au Roi Calfen !

  - Désolé, mais je suis en vie depuis plus de trois mille ans et je n'ai jamais entendu parler du Chaos, répliqua fermement Meliodas. Pas même de la bouche de Merlin.

  - Quoi de plus normal ? Elle s'est efforcée de cacher son existence pendant des millénaires.

  - Merlin nous a fait des cachotteries ? >>, s'écria Diane avec surprise.

  Je fronçai les sourcils.

  << Mais pourquoi ?, fit Gowther confus.

  - Qu'est-ce que ça veut dire ?, restait Meliodas sérieux.

  -Je vais vous raconter une histoire. Il y a très longtemps, à Britannia, existait une grande cité florissante qui n'était ni du côté des Démons ni de celui des Déesses. Elle s'appelait Belialuin. C'était là que vivaient les Sages et les Mages, des Humains particulièrement brillants. Là-bas, des enfants dotés de pouvoirs magiques servaient de cobayes pour toutes sortes d'expériences afin de lutter contre les Démons et les Déesses qui prétendaient avoir le monopole de la magie. Parmi eux naquit une petite fille aux pouvoirs absolument hors normes, Merlin. Dès son plus jeune âge, ce petit génie surpassait déjà tous les Mages de la cité. Mais au fond, ce n'était qu'une enfant qui cherchait avant tout l'affection de son père. Pourtant celui-ci, le chef de tous les Mages et Sages, ne lui donnait que des montagnes de documents à étudier et des expériences à mener. Dégoûtée, elle finit par s'enfuir. Elle errait en sanglotant, puis, le cœur exsangue, quand elle n'eut plus la moindre larme à verser, elle finit par se faire rattraper par ses poursuivants. Ils allaient la ramener vers une existence captive. Alors qu'elle avait perdu tout espoir, un garçon vint à son secours. Meliodas, le Démon.

  - C'est le Capitaine qui a sauvé Merlin ?, s'exclama Harlequin avec surprise.

  - Waaouh ! Bien joué !, félicitait Diane son chef, jovialement.

  - J'ignorais ton passé douloureux, murmura le Roi Arthur à Merlin.

  - C'est de l'histoire ancienne... >>, détourna t-elle le regard avec ennui.

  La Dame du Lac continua son récit.

  << La main qu'il lui tendit avec beaucoup de bienveillance, la remplit de joie. Personne ne lui avait jamais prodigué d'affection. Ses sentiments s'intensifiaient à chaque fois qu'elle revoyait Meliodas, et peu à peu, ils se changèrent en quelque chose de spécial.

  - Hein ?! Merlin en pinçait pour le Capitaine ?! >>, comprit Diane.

  La Mage gardait toujours ses yeux tournés sur le côté.

  << Mais elle était bien trop petite. Meliodas ne la considérait pas comme une femme. À force de réfléchir et de broyer du noir, Merlin eut une idée. Elle abandonna son apparence enfantine et adopta une forme adulte. Pour la conserver, elle arrêta son propre temps. Elle espérait ainsi ravir le cœur de Meliodas pour l'éternité. Mais l'espoir de voir un jour son amour partagé s'envola en un instant lorsqu'elle vit la Déesse Elizabeth. Après la stupéfaction vint le chagrin... La colère... La jalousie... La jeune Merlin était tourmentée par un flot incontrôlable d'émotions. Pourtant, elle ne pouvait se résoudre à les détester. Elle retourna d'elle-même à Belialuin pour combler l'énorme vide de son cœur. Elle se plongea dans de nombreux ouvrages, se consacra à la pratique de la magie, dévora toutes les connaissances du monde. Mais son avidité n'était jamais satisfaite, et alors que son quotidien n'était fait que de souffrance, elle surprit une conversation entre deux Sages. Le Chaos. Cette force mystérieuse née parmi les étoiles dans la nuit des temps. Le Chaos a tout d'abord donnée naissance à notre monde. Puis à la Déité Suprême, au Roi des Démons et à l'Arbre Sacré. La Déité Suprême créa les Déesses et les Cieux, le Roi des Démons créa les Démons et les Enfers, et l'Arbre Sacré créa les Fées et leur monde.>>

  J'écarquillai les yeux devant ses dires. L'Arbre Sacré et tout le reste auraient donc bel et bien été engendrés par le Chaos ?

<< Par la suite, le Chaos façonna un quatrième peuple, celui des Géants. Mais il fut très déçu par cette bande de barbares obnubilés par la puissance et qui ne pensaient qu'à se taper dessus. Alors, il créa les Humains. Ils portaient en eux la gentillesse et la cruauté, le courage et la lâcheté, l'amour et la haine, la beauté et la laideur... C'était le peuple le plus proche du Chaos lui-même : parfaits dans l'imperfection. Si bien que les dieux commencèrent à ressentir de l'envie et de la crainte envers cette perfection. Ils redoutaient qu'un jour le Chaos, leur propre mère, les prive du respect qu'ils imposaient à leurs peuples respectifs. C'est pourquoi, la Déité Suprême et le Roi des Démons se liguèrent pour sceller le Chaos. Et pendant trois mille ans, Merlin se consacra entièrement à trouver un moyen de le délivrer. Car elle est convaincue que ramener cet inconnu absolu dans notre monde pourrait enfin remplir le vide béant à l'intérieur de son cœur. Mais plusieurs conditions étaient requises. Tout d'abord, il fallait tuer le Roi des Démons. Pour cela, Merlin s'est servie des Seven Deadly Sins. Mais n'est que justice car vous vous êtes servis d'elle, vous aussi.

  - N'importe quoi !, protesta Diane. J'en ai marre de t'écouter débiter des horreurs ! Qu'est-ce que tu sais de nous, d'abord ?! C'est vrai que je connais mal Merlin, mais c'est notre amie ! Elle s'est toujours battue à nos côtés !

  - Oui... Pour ma part, je n'ai pas vécu avec elle et nous n'avons pas beaucoup parlé... Tout ce que je sais, c'est que pour sceller le Roi des Démons et la Déité Suprême, Merlin a demandé à Dubs, le célèbre artisan Géant de fabriquer le Cercueil des Ténèbres Éternelles. En outre, pendant votre premier combat, elle a fait exprès de retarder son sort qui arrête le temps pour permettre au Roi des Démons de se réincarner. C'est elle qui a réactivé la malédiction d'Elizabeth alors que Meliodas l'avait levée. Et pendant votre dernier combat, elle vous a incité à diriger votre attaque vers le lac. Je ne sais rien de plus.

  - Mensonges ! Tromperies ! Balivernes !, ne voulait Diane la croire.

  - Est-ce que c'est la vérité, Merlin ? >>, fronçait Harlequin les sourcils avec méfiance.

  Il eut un léger silence avant que la Mage réponde : << Sceller le Roi des Démons et la Déité Suprême n'a pas suffi à libérer le Chaos. Il fallait éliminer l'un des deux pour rompre l'équilibre.

  - C'est pour ça que tu as permis au Roi des Démons de se réincarner dans le corps du Capitaine, crispait Ban son visage.

  - Et l'autre condition, continua t-elle. Était de rassembler assez d'énergie magique pour déclencher l'éveil d'Arthur. La seule condition était de concentrer toute cette magie à l'intérieur du lac, sinon Britannia n'aurait pas tenu le coup.

  - Alors, tout ce qu'à dit la Dame du Lac était vrai ?, murmura Gowther avec inquiétude.

  - Merlin, l'interpella Meliodas d'une voix ferme. Regarde-moi dans les yeux. As-tu réellement cherché à tuer Elizabeth ? >>

  Avec froideur et impassibilité, Merlin ramena son regard dans la direction de son chef.

  << Meliodas..., fit-elle. Tu n'as toujours eu qu'un seul but, briser la malédiction qui pesait sur sœurette. J'avais peur qu'une fois ce but atteint, tu n'aies plus de raison de t'en prendre au Roi des Démons.

  - C'est pour cette raison que tu as réactivé le maléfice ?!, s'énerva t-il.

  - Oui !, lança t-elle du même ton. Mais c'est aussi moi qui ai sauvé sœurette !

  - Alors, si tu m'as fait rassembler les Seven Deadly Sins c'était aussi pour servir ton objectif ?! >>

  Merlin baissa les yeux devant ses mots, prouvant la véracité de ces derniers. Diane s'effondra en larmes sous le choc des événements tandis que Naomi, également bouleversée et confuse, essayait tout de même de la rassurer. Pour ma part, je restais complètement dépassée par la situation de tous ces aveux et déclarations.

  << Tu es de notre côté, oui ou non ?!, haussa lui-aussi Harlequin la voix. Je n'arrive plus à te cerner !

  - Ce n'est pas étonnant..., murmurait la Dame du Lac. Les Humains sont capables d'aimer quelqu'un qu'ils détestent au point de vouloir le tuer... >>

  La surprise et l'incompréhension demeuraient toujours sur mon visage.

  << Vous appartenez chacun à un peuple différent, il est normal que vous ne puissiez pas la comprendre. >>

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