Chapitre 17 : Sentiments d'accomplissement

  M'envolant par dessus les remparts de la capitale, j'essayais de me souvenir où est-ce que j'avais vu une herboristerie quand j'avais antérieurement pour habitude de patrouiller dans Liones. Finalement après quelques minutes en sillonnant la ville et cherchant tel un mésange un endroit où se poser et trouver de la nourriture, j'aperçus depuis ma hauteur une grande foire se dérouler sur la place publique. C'était parfait, cela allait me faire gagner du temps. Comme il s'agit d'un événement où tous les commerçants de Liones et des villes alentours se réunissaient pour vendre leurs produits, je n'avais pas besoin de chercher dans toutes les rues pour trouver les boutiques dont j'avais besoin. Ce qui m'ennuyait néanmoins était l'immense foule qui l'animait. J'avais davantage envie de m'éloigner de cette marée humaine plutôt que d'y rentrer, mais je devais le faire pour Harlequin.

  Calmement, je pris une grande respiration avant d'atterrir près de l'entrée de la foire. Je remarquai déjà quelques visages se tourner dans ma direction en raison de mon apparence naturelle de Fée. Je ne répondais pas à leur regard et gardais mon sérieux malgré mon malaise. Tout va bien, je n'ai plus peur des Humains, me répétais-je dans ma tête pour essayer de me rassurer tandis que j'entamais le pas vers les allées du grand marché. J'avais comme une boule désagréable au ventre qui me faisait inconsciemment accélérer ma respiration et mes battements cardiaques. Par précaution et peu tranquille, je serrais avec ma main la partie supérieure de la bourse de pièces que Meliodas m'avait confiée et que j'avais accrochée à ma ceinture tandis que j'observais les stands autour de moi. Évitant de croiser le regard des Humains, mon cœur continuait de battre la chamade. J'entendais parmi la foule, la voix de certains enfants demander à leurs parents pourquoi j'étais physiquement ainsi ou différents d'eux. D'autres me dévisageaient avec un regard insistant et désagréable que j'essayais d'ignorer. Je m'étais promise d'arrêter de me cacher derrière une apparence humaine afin d'être acceptée par ce Clan. Mes mains tremblaient. Je n'avais qu'une envie c'était de sortir d'ici, mais la vision du visage faible de Harlequin me revenant à l'esprit, me donna de nouveau du courage pour continuer de chercher ce dont il avait besoin et ce qui l'aiderait à se remettre de son épuisement.

  L'arôme de divers marchandises se faisait perceptible. Certaines semblaient sucrées, mélangées à d'autres plutôt marines ou culinaires. Quelques forgerons occupaient également des stands, présentant leurs fabrications de cuirasses, d'armes, d'équipements ou encore de fers à cheval, de métaux annulaires pour les tonneaux et bien d'autres objets en fer. Tandis que je balayais rapidement et brièvement mon regard sur les étalages, une voix rauque m'interpella. M'arrêtant et levant le visage avec interrogation vers l'un des marchands d'où provenait la voix en question, ma pression retomba un peu lorsque je reconnus le forgeron qui m'avait fabriqué mon armure et mes équipements de chevalier. Cela me faisait d'ailleurs rappeler que je devais lui demander de m'en fabriquer une nouvelle suite aux dégâts de la Guerre Sainte.

  << Alors Dixie, comment vas-tu ? Ça fait un baille que je ne t'ai pas vue ! >>

  Physiquement, Wilfried était quelqu'un de plutôt costaux et rondelet. Je ne savais pas pourquoi mais j'aimais bien regarder sa barbe broussailleuse, il y avait comme quelque chose d'apaisant surtout lorsqu'il affichait des expressions amusantes et enjouées sur son visage.

  << Oui, vos fabrications sont de très bonnes qualités, c'est pour cela que je n'ai pas eu à revenir vous voir très souvent, souris-je légèrement. Cependant ayant participé à la Guerre Sainte, ces derniers n'ont malheureusement pas pu tenir le coup. Puis-je vous faire commande d'une nouvelle armure et équipements ?

  - Hmm tes ennemis ont été plus puissants que mon fer, cette Guerre Sainte devait vraiment être quelque chose, se grattait-il la barbe d'un air pensif. Viens me voir dans mon atelier d'ici une semaine environ, je te préparerai tout ça. >>

  Je le remerciai alors avec reconnaissance. Il me regarda ensuite d'un air interrogatif.

  << Tu travailles à la taverne du Boar Hat ? Tes vêtements me font penser à ceux que porte le patron.

  - Oui mais c'est temporaire.

  - Il faudra que j'y retourne pour y boire un coup. Ils sont très réputés pour leurs boissons et leurs cuisines variées, sourit-il avec jovialité de sa voix un peu enrouée.

  - Pas pour ceux qui les tiennes ?, demandais-je un peu étonnée.

  - Bah y'a ça aussi, oui ce sont les célèbres Seven Deadly Sins, c'est pour ça que leur taverne a tendance à être mobile dans tout le pays et qu'il faudra d'ailleurs que j'aille y faire un tour tant qu'ils sont encore là.

  - Pour le moment, il n'est pas prévu qu'ils changent d'endroit.

  - Bien, cela me laisse encore un peu de temps. >>

  Un air embêté se dessina sur mon visage. Il se pourrait même bien que Meliodas ferme complètement la taverne surtout s'il projette de succéder, en compagnie de la Princesse Elizabeth, au règne du Roi Bartra.

  Finalement, nous finîmes de nous saluer avec Wilfried tandis que je reprenais ma marche dans les allées de la foire. Je devais avouer que j'étais un peu surprise qu'il n'ait mentionné que mes vêtements au sujet de mon apparence. C'était soulageant et reposant de ne pas être jugé ou mal regardé pour son aspect ou ses origines. Comment Harlequin fait-il pour supporter tout ça ? Peut-être que cela ne le dérange pas ? Peut-être qu'il s'en fiche ou bien qu'il en a l'habitude ? Dans tous les cas, le fait de penser à lui me permit une nouvelle fois de me remettre en tête l'objectif pour lequel j'étais venue ici.

  Après avoir jeté un regard bref sur bon nombre de stands, je réussis enfin à trouver celui sur les plantes médicinales. Les marchandises semblaient être organisées dans divers sacs en tissus exposés sur l'étalage de l'herboriste. Ne reconnaissant pas vraiment l'apparence de toutes les plantes et sachant que certaines étaient sous forme de poudre, j'indiquai alors au vendeur celles que je recherchais : du persil et des baies cynorrhodon d'églantier. Un sentiment de soulagement me traversa lorsqu'il me confirma qu'il en avait. Tandis qu'il remplissait deux petites bourses différentes en tissus afin de ne pas mélanger les herbes médicinales entre elles, je lui demandai pour certitude que l'infusion était bel et bien une méthode pour préparer et consommer ces plantes. Il valida ce que je supposais puis je le payai en le remerciant. L'échange était court mais cela m'allait parfaitement. À présent, il ne restait plus qu'à trouver les épinards. Cela se montrait néanmoins plus difficile car il semblait s'agir d'un aliment peu consommé à Britannia. Moi-même, je n'en avais jamais vu ni goûté. Ainsi, il me fallut demander à plusieurs marchands de légumes avant que mes efforts n'apportent finalement leurs fruits. L'épinard ressemblait à de la salade aux feuilles plutôt larges et foncées. Remerciant le marchand et le payant, je vis Guila accompagnée d'un petit enfant et de Jericho du coin de l'œil. Les deux Chevaliers Sacrés était habillés de longues robes colorées et distinguées.

  << Hey Dixie !, me salua Jericho. Tu viens faire un tour à la foire toi aussi ?

  - Pas tout à fait, je suis venue faire un peu de provision pour la taverne du Boar Hat, avouai-je un peu mal à l'aise.

  - Ton uniforme le confirme, sourit Guila.

  - Guila !, l'interpella le jeune enfant qui cherchait son attention. On peut aller voir les animations ? J'ai trop envie de regarder les chevaliers et les cracheurs de feu !

  - Oui Zeal ne t'inquiète pas, on a tout l'après-midi.

  - Tu ne veux pas venir les voir avec nous, Dixie ?, me proposa Jericho.

  - Non désolée, refusais-je embêtée. C'est gentil pour l'invitation mais je suis toujours en service à la taverne et ils m'attendent.

  - Ah ouais, je comprends, n'insista pas la jeune chevalier. Pas grave, peut-être qu'on ira y faire un tour en rentrant. Qu'en penses-tu, Guila ?

  - Oh oui ! S'il te plaît, Guila !, la sollicita le petit Humain.

  - D'accord, on verra, sourit-elle.

  - Veuillez m'excuser, je dois y aller, m'excusais-je en commençant à décoller mes pieds du sol. Peut-être à plus tard alors. >>

  Ils acquiescèrent tandis que nous nous saluâmes par des signes de mains, puis, je m'envolai en direction du Boar Hat. Les clients continuaient d'affluer de façon qui semblait toutefois gérable pour le personnel. Le Capitaine des Seven Deadly Sins m'indiqua que je pouvais retourner à mon rôle pour la vaisselle, et pour Celia, qu'elle revenait en service avec les autres.

  Pendant que je rangeais le reste d'argent que Meliodas m'avait prêté avec les autres bourses de pièces derrière le comptoir, Ban me demanda si j'avais trouvé tout ce dont j'avais besoin à Liones.

  << Oui, regarde, lui montrai-je. J'ai les plantes que je pourrai lui préparer en infusion et j'ai aussi réussi à trouver de l'épinard. Tu penses qu'en soupe avec le chou il arriverait à le manger facilement ? Je me dis qu'au vu de son état, peut-être il aurait moins de difficulté à manger les aliments sous forme liquide plutôt que sous leur forme d'origine.

  - Pas con, acquiesça t-il. Par contre pour le poisson, le pain et le fromage, il devra s'en contenter comme tels.

  - Hmm, et en petits morceaux ?, réfléchissais-je.

  - Bah moi je cuisinerai juste le poiscaille, après la présentation tu feras comme tu veux.

  - Non je veux dire, on peut enlever toutes les arêtes ou je le ferais et tu fais cuire les morceaux de chair du poisson à la poêle comme des légumes.

  - Ouais, c'est long mais faisable. >>

  Sous cet accord commun, nous reprîmes nos fonctions respectives jusqu'à la fermeture de la taverne en soirée. Lorsque nous commençâmes à préparer le dîner pour Harlequin et le reste du groupe, les jumelles et la Princesse Elizabeth étaient déjà reparties chez elles.

  << Tiens, il manque de l'argent, fit soudainement remarquer Meliodas qui comptait ces derniers avec confusion derrière le comptoir où Ban et moi nous nous trouvions.

  - QUOIII ?!, s'écria Hawk.

  - T'as oublié que tu en as donné à Dixie pour qu'elle aille acheter les trucs pour King ?, leva le Renard un sourcil.

  - Nan ça je l'ai compté et elle m'a dit qu'elle m'avait rendu le reste. C'est plutôt dans ce que nous avons récolté aujourd'hui. Il manque au moins deux bourses de pièces pleines sur une moyenne de quatre ou cinq bourses que l'on a l'habitude de gagner quand il y a de la clientèle.

  - Bah peut-être que tu as simplement mal compté, répondit Ban.

  - C'est un peu gros comme marge deux bourses sur quatre si le Capitaine s'était trompé, c'est quasiment la moitié, répliqua Diane en fronçant les sourcils. C'est pas plutôt toi qui te serais servi comme tu as l'habitude de faire ?

  - Arrête tes conneries, Diane, grogna t-il. Je ferais pas un truc de ce genre au Capitaine.

  - Ouais mais essayer de le tuer comme tu voulais faire avant ça t'étais prêt à le faire !, continua t-elle.

  - Eh oh ! Je me suis excusé, ne remet plus ça sur le tapis !

  - Ban ne ment pas !, le soutint Dame Elaine. Meliodas est un ami très important pour lui, il ne ferait pas une chose pareille ! Cette fois-là il pensait bien faire mais comme il l'a dit il s'est excusé, c'est du passé maintenant. >>

  Un léger silence s'installa dans la pièce avant que le chef des Seven Deadly Sins ne reprenne la parole avec un air calme et candide.

  << Je n'ai pas envie de demander à Gowther de chercher le coupable en regardant dans chacun de vos esprits car je ne veux pas mettre en doute votre confiance. Néanmoins, j'aimerais que vous arrêtiez de vous disputer.

  - Désolée, Capitaine. >>, s'excusa Diane la mine triste.

  Ban semblait garder une expression agacée tandis que j'enlevais silencieusement les arêtes du poisson que nous préparions pour Harlequin.

  << Je verrai demain avec Elizabeth, Naomi et Celia pour voir ce qu'elles m'en diront. Peut-être que l'une d'entre elles en a emprunté mais aurait oublié de me le dire ?, proposa Meliodas.

  - Oui, peut-être, acquiesça Gowther. Ou bien Merlin ?

  - En effet, ce ne serait pas impossible non plus, confirma t-il songeur. Je lui demanderai pendant le repas. >>

   ~~~~~~~~~~~~♣~~~~~~~~~~~~

  Dehors, il faisait maintenant sombre. Le dîner de Harlequin et le mien terminés, je montai alors dans notre chambre tandis que les autres mangeaient au rez-de-chaussée. Après avoir silencieusement posé les plateaux sur la table de chevet près du Roi des Fées, j'allumai ensuite chacune des bougies de la pièce afin de mieux y voir. J'aimais également l'ambiance apaisante et calme que cela procurait. La luminosité restait douce et réchauffant.

  Délicatement, je rangeai le briquet à sa place puis j'allai par la suite m'asseoir au chevet de Harlequin. Son expression semblait décontractée mais faible. Cette fois-ci, je ne vis aucun changement depuis ce midi du côté de ses ailes. Jusqu'à présent, il avait toujours eu une amélioration sur cette partie de son corps qui indiquait qu'il était en bonne voie de se remettre. Ses lèvres étaient sèches et ses joues commençaient à se creuser. Le voir ainsi me pinçait le cœur et l'inquiétude au sujet de sa condition me grandissait.

  Avec douceur, je le réveillai et l'aidai à s'assoir. Ses paupières semblaient lourdes et difficiles à maintenir ouvertes. Il n'était pas non plus bavard et je ne le forçais pas à l'être. Il hochait simplement la tête. Quand je lui installai son plateau sur les cuisses, je lui expliquai brièvement ce qu'il y avait et que j'avais fait en sorte que ce soit plus simple et plus facile à manger pour lui. Il esquissa un léger sourire et marmonna un faible : << Merci. >> Lui rendant son sourire, il entama lentement à la cuillère sa soupe au chou et à l'épinard.

  << Tu as déjà mangé de l'épinard, Harlequin ? >>, lui demandai-je.

  Il fit non de la tête en continuant de manger.

  << Alors, tu peux faire un vœu. >>

  Il s'arrêta un instant pour me regarder avec confusion.

  << Un jour, une Humaine m'a dit que lorsqu'on mange à chaque fois quelque chose de nouveau, on pouvait faire un vœu. >>, lui souris-je.

  Derrière son visage fatigué, je le voyais m'observer avec étonnement. J'acquiesçai et cela le fit de nouveau sourire, puis, il reprit son repas et moi le mien. Un silence calme régnait dans la pièce. De temps en temps, à l'intérieur des lanternes au socle en forme de cochon accrochées sur certains murs, je regardais les flammes y scintiller et danser légèrement de loin. C'était joli et reposant. Un sentiment agréable me traversait, entourés de ces couleurs chaudes.

  Harlequin venait de prendre le bol de soupe entre ses mains et finit par boire le reste de sa contenance d'une traite. Je trouvais mignon la manière dont il passait ensuite un coup de langue sur ses lèvres pour enlever ce qui y subsistait tandis qu'il gardait son expression assoupie et les yeux mi-clos. Finalement, il posa le récipient sur la table de chevet pour prendre l'assiette de poisson qu'il mangea un peu plus rapidement que la soupe. Son appétit s'était-il peut-être ouvert ? Pendant qu'il mangeait le plat de Ban, je lui glissai également dans son assiette les bouts de pain et de fromage que je lui avais préparés. Son visage semblait retrouver un peu de couleur, ce qui me rassurait. Dans les couloirs de la taverne, nous pouvions entendre les autres discuter et aller se coucher. Les bruits ne durèrent que quelques minutes jusqu'à ce que quelqu'un vienne frapper à notre porte. Me levant et allant ouvrir légèrement, je découvris Ban et Dame Elaine derrière celle-ci.

  << Alors ?, me demanda le Renard en levant un sourcil. Il arrive à manger ?

  - Oui, mais ce n'est pas encore la grande forme, chuchotais-je embêtée. J'espère que ça ira mieux demain ou d'ici quelques jours.

  - Laisse-moi le voir, fronçait Dame Elaine les sourcils.

  - Je sais pas si c'est une bonne idée, il n'est pas très loquac... >>

  N'ayant eu le temps de finir ma phrase, la compagne de Ban me bouscula pour aller voir son frère.

  << Elaine ! >>, l'interpella le Renard.

  Soudain, au moment où je me retournai, j'entendis une gifle résonner. Nos yeux avec Ban, s'écarquillèrent.

  << J'en ai assez de te savoir comme ça ! Secoue-toi bon sang, Harlequin !! >>

  Celui-ci restait choqué, la tête toujours légèrement tournée par le coup. Je fronçai les sourcils et serrai les poings avec sérieux tandis qu'un silence glacial se dégageait de la pièce.

  << HARLEQUIN !!, lui saisissait-elle le haut du bras et le secouant de manière brusque. Arrête de profiter de la générosité des autres et bouge-toi espèce de paresseux !! Bon à rien !!

  - Cela suffit Dame Elaine !!, haussai-je la voix. Je vous prierai de sortir immédiatement de cette chambre et de le laisser tranquille !

  - Ouais Elaine..., me soutint Ban un peu mal à l'aise. Tu vas un peu loin là...

  - Non !! Il faut qu'il comprenne une bonne fois pour toute que s'il continue sa fainéantise comme il fait, il n'arrivera jamais à rien ! Il restera un profiteur et un incapable ! >>

  Aussitôt, je lui saisis fermement le poignet pour la faire lâcher le bras de son frère.

  << Je ne me répéterai pas, Dame Elaine, murmurais-je d'une voix et d'un regard sombre. Si vous êtes venue pour le déprécier et le faire culpabiliser de son état, d'autant plus à cette heure-ci, je vous saurais grée de purifier l'atmosphère de votre présence et ce, jusqu'à ce que vous arrêtiez de porter des propos péjoratifs sur votre aîné. Je ne l'ai jamais entendu à ma connaissance exprimer des critiques à votre égard pour vos erreurs et vos défauts. Il vous a toujours accepté telle que vous êtes sans aucun jugement, même lorsque vous alliez au plus mal il essayait de faire de son mieux pour vous aider lorsqu'il en avait la possibilité. Est-ce de cette façon que vous le remerciez ?

  - Tu ne comprends pas, Dixie !, répliqua t-elle en se détachant de mon étreinte. Tu ne le vois pas qu'il le fait exprès pour que tu sois au petit soin pour lui ?!

  - Comment ?, fis-je légèrement d'un sourire en coin et restant sur mes positions. Sous-entendez-vous que vous avez lu dans ses pensées ? Ou serait-ce encore l'une de vos suppositions pour me déstabiliser et le faire culpabiliser ? Que je sache, vous n'êtes jamais allée le voir ces derniers jours, seulement aujourd'hui pour lui pourrir la soirée alors qu'il commençait à se sentir mieux avec le repas que Ban et moi lui avions préparé.

  - Ton amour pour mon frère te rend aveugle, Dixie.

  - Pourtant, sans énormément me concentrer, je peux voir clairement en vous de la colère et de la jalousie.

  - Comment ça ?, ne comprenait pas le Renard de l'Avarice.

  - Ne l'écoute pas, Ban. Elle ment ! Certes, je suis en colère à cause du comportement déplorable de Harlequin mais c'est elle qui est jalouse de ne pas avoir son compagnon en bonne santé !

  - ARRÊTEZ, CELA SUFFIT !! >>, cria soudainement Harlequin, ce qui attira tous notre attention.

  Un peu essoufflé, il serrait les poings et semblait très agacé.

  << J'en ai assez entendu Elaine. Tu penses sincèrement que tout ce que tu dis est sensé m'aider à me remettre ?! Tu penses réellement que je joues la comédie pour profiter des faveurs de Dixie ?! Tu penses VRAIMENT qu'en disant tout ça je te donnerai plus d'attention pour me faire pardonner ?! Tu as l'esprit embrouillé, tu ne t'en rends peut-être pas compte mais c'est épuisant car j'entends vos pensées comme si vous les exprimez ouvertement, ajoutant vos disputes à cela, essaye au moins de comprendre pour une fois que j'ai besoin de repos !

  - Mais...

  - Tu es ma petite sœur, je ne t'en voudrais pas pour ce que tu as dis. Cependant, je te demanderai d'arrêter d'appuyer sur ma culpabilité lorsque tu m'adresses la parole, ça fait mal, prends en conscience. >>, continua t-il avec fermeté.

  Dame Elaine baissa les yeux et soupira la mine triste.

  << J'ai toujours su que tu es quelqu'un de très gentil, bien plus que n'importe qui même. Néanmoins, je n'arriverai pas à vous faire entendre raison. Allez Ban, allons nous coucher. >>

  Sur ces mots, elle sortit rejoindre son amant tout en fermant la porte derrière elle. J'observais dans leur direction avec confusion.

  << Je suis désolée Harlequin que nous t'ayons mis en colère, m'excusais-je. Je n'aimais pas comment elle te parlait, je n'ai pas pu m'en empêcher cette fois-ci...

  - Ne t'excuse pas, Dixie. Cela m'a permit de me rendre compte de quelque chose.

  - Quoi donc ?

  - Elle est jalouse de toi car je te donne plus d'attention qu'à elle.

  - Ban ne lui en donne pas assez ?

  - C'est différent, ce n'est pas ce genre d'affection. C'est plutôt le fait que je sois son seul et unique frère. Ma présence d'aîné lui manque un peu.

  - Ah oui, je comprends..., m'asseyais-je sur le lit un peu embêtée. Mais bon, ce n'était pas une raison pour te parler comme elle l'a fait ou même te gifler.

  - C'est pour cela que je me suis énervé même si j'aurais aimé ne pas le faire car j'ai un peu mal à la tête maintenant, avoua t-il en frottant un peu son front.

  - Il reste ton infusion, peut-être que ça pourra t'aider à calmer, lui tendis-je celle-ci. Elle a un peu refroidi, je te la réchauffe un peu avec ma magie.

  - Tu es adorable, merci, rougit-il légèrement avant de souffler un peu et boire calmement.

  - La conversation avec ta sœur t'a un peu stimulé, on dirait.

  - C'est juste de l'adrénaline, bailla t-il. Quand ça retombera complètement, je vais de nouveau être épuisé.

  - On va dormir après, donc ce n'est pas grave.

  - En effet. >>, sourit-il.

  Tandis qu'il prenait tranquillement son infusion, j'avais enlevé l'uniforme de la taverne pour mettre mes vêtements de nuit : un simple t-shirt et un pantalon. Lorsqu'il eut fini de boire après quelques temps, je rassemblai toute la vaisselle dans les plateaux afin de pouvoir les redescendre au rez-de-chaussée.

  << Je vais faire la vaisselle et je reviens.

  - Je serai peut-être rendormi lorsque tu remonteras, sourit-il un peu embêté.

  - Alors bonne nuit, Harlequin. Repose-toi bien. >>, m'asseyai-je donc un instant pour l'étreindre affectueusement.

  Il répondit aussitôt à celle-ci. Son odeur restait toujours aussi sucrée et apaisante.

  << Merci, Dixie. Toi aussi. >>

  Nous détachant peu à peu de l'autre, il vint presser hâtivement ses lèvres aux miennes. Cela ne dura même pas une seconde car j'étais sur mon élan de recule. Ainsi je m'arrêtai et vis ses paupières se rouvrir doucement. J'esquissai un petit sourire devant son geste. Glissant avec délicatesse mes doigts dans les siens, j'avançai lentement mon visage en m'excusant. Il ferma de nouveau ses paupières, attendant patiemment notre contact. Je fis de même. Je ne me lassais jamais de cette sensation agréable et douce avec mon Nounours, c'était comme si je flottais sur un nuage. Me détachant de ses mains chaudes, je vins enrouler mes bras autour de son cou afin de caresser ses cheveux ébouriffés mais soyeux tandis qu'il m'étreignait de nouveau avec affection. Finalement après un moment, je m'écartai de ses lèvres et vins poser un dernier baiser sur la joue qui avait été giflée avant de me relever. Harlequin se mit légèrement à rougir devant mon attention.

  << Bonne nuit, mon roi, lui souhaitais-je chaleureusement à nouveau tout en prenant les plateaux.

  - Bonne nuit à toi aussi... Ma reine. >>, souriait-il d'un air calme et comblé.

   ~~~~~~~~~~~~♣~~~~~~~~~~~~

  Le lendemain durant le service du matin, Celia jouait du frestel tandis que Diane et Naomi dansaient ensemble avec jovialité. La clientèle semblait un peu timide à venir, c'est pourquoi elles avaient décidé de se divertir en attendant. J'avais remarqué que l'aînée des deux sœurs regardait souvent et avec insistance Meliodas, pendant que celui-ci nettoyait les tables ou discutait avec Ban tout le long de la matinée.

  De mon côté, je continuais de dessiner du moment qu'il n'y avait pas beaucoup de vaisselle à laver. Tout à coup, Celia se précipita immédiatement vers les toilettes en se tenant le ventre et la bouche. Tout le monde restait surpris et confus.

  << Celia ?!, l'interpella sa sœur inquiète.

  - Elle a mangé quelque chose qui ne passait pas ce matin ?, demanda Hawk.

  - Une indigestion ?, précisa Diane.

  - C'est quoi une indigestion ?, demanda le Bélier de la Luxure.

  - C'est quand ton ventre a du mal a éliminer les aliments que tu as mangé. >>, expliqua Ban.

  L'Humaine resta un moment aux toilettes, attisant l'inquiétude de sa sœur. Diane et la Princesse Elizabeth venaient rassurer et soutenir cette dernière, ce qui semblait l'apaiser un peu. Lorsque Celia finit pas ressortir presqu'à la pause de midi, elle essaya de calmer sa sœur, à son tour, en lui expliquant que tout allait bien même si sa fatigue montrait le contraire. Dame Elaine prononça des paroles qui fit écarquiller les yeux de son amant.

  << Celia est enceinte, affirma t-elle avec sérieux.

  - Hein ?! >>

  La sœur de Harlequin avait certainement dû lire dans l'esprit de l'Humaine pour comprendre ce qu'elle avait.

  << Apparemment, elle n'a pas prévu que cela arriverait mais elle ne veut pas non plus que sa famille le sache, dont Naomi, pour ne pas l'inquiéter, continua t-elle.

  - Pourquoi cela les inquièterait ?, demanda Ban, confus. C'est pas plutôt une bonne nouvelle qu'elle attende un gosse ?

  - Eh bien... Je ne sais pas non plus pourquoi elle ne veut pas partager sa nouvelle. Elle semble ne pas vouloir de cet enfant en fait. >>

  Aurait-elle changé d'avis après avoir pris la décision de s'accoupler avec le mâle qu'elle aime ? Je restais perplexe mais comprenais néanmoins son avis d'un autre côté.

  << Je dirais plusieurs mâles, Dixie, me répondit Dame Elaine qui avait lu dans mes pensées.

  - Plusieurs ? >>, répétai-je en écarquillant les yeux.

  Elle acquiesça.

  << Je ressens aussi de la contrainte dans ces unions. Il n'y a aucun amour ni aucune affection qui s'en dégagent, juste une sorte de service que les partenaires se rendent.

  - Elle donne son corps en échange d'argent, comprit Ban quelque chose.

  - C'est possible ça ?, écarquilla Dame Elaine les yeux d'effroi vers son amant.

  - Ouais, chez les Humains ça se fait même si ce n'est pas très bien vu, expliqua t-il. Sa famille doit vraiment être en manque financier pour qu'elle en arrive aussi bas. C'est pour ça qu'elle ne veut pas que sa sœur soit au courant de certaines choses pour ne pas l'inquiéter ou encore le fait qu'elle attende ce gosse.

  - Qu'est-ce qu'on peut faire ?, fit sa compagne.

  - Rien malheureusement. Si elle pratique ça depuis un moment alors elle sait ce qu'elle fait et comment le gérer.

  - Oui mais... Il faut peut-être que Naomi le sache pour qu'elles puissent s'entre aider...?

  - C'est le choix de Celia, dis-je. Si Naomi doit être au courant c'est par Celia elle-même qu'elle doit l'être, pas par nous.

  - Ouais, acquiesça Ban. Et puis c'est pas nos affaires, on n'est pas censés savoir ce qu'elle fait en dehors de ses heures de service à la taverne surtout si elle ne veut en parler à personne. Elle fait sa vie.

  - Je ne peux pas m'empêcher d'être triste pour elle et voir ce qu'elle endure..., murmurait Dame Elaine.

  - Alors arrête de te faire du mal en lisant dans son esprit et mets le tien en repos. >>, la prenait le Renard dans ses bras pour la réconforter.

  Regarder ces deux-là s'enlacer me donner envie de faire de-même avec Harlequin, ce qui me fit esquisser un léger sourire. Cela me rappelait sur le moment, qu'il était d'ailleurs l'heure que je prépare son repas. Lorsque j'allai le voir durant la pause, il me sembla plus reposé que la veille et ses ailes recommençaient de nouveau à pousser. J'étais rassurée de savoir que ce que je lui avais trouvé pour la fatigue avait l'air de lui faire de l'effet. Si son rétablissement gardait ce nouveau rythme, il se pourrait même bien qu'il soit enfin remis d'ici demain au minimum. Celia néanmoins, montrait à l'inverse des signes d'affaiblissement de plus en plus prononcés durant l'après-midi, allant des vertiges aux allers-retours plus fréquents aux toilettes. Meliodas lui accordant finalement une pause, il demanda à la Princesse Elizabeth si elle pouvait faire quelque chose grâce à ses pouvoirs liés au soin.

  << Je n'ai besoin de rien, je vais bien !, refusa l'Humaine d'un air agacé.

  - Voyons, sois raisonnable, Celia..., la suppliait sa sœur. On voit bien que quelque chose ne va pas.

  - Je te dis que c'est rien, Naomi. C'est juste une putain d'indigestion, ça va passer d'ici demain ou après-demain, ou même d'ici ce soir alors t'en fais pas.

  - Pourtant, tu n'as pas beaucoup mangé ce matin... >>

  Celia détourna la tête, l'expression ennuyée.

  << Elizabeth est très forte pour soigner les gens, tu peux entièrement lui faire confiance, lui affirma Diane avec certitude. Et pas besoin de médecin en plus !

  - De la magie ?, demanda Celia dubitative et semblant sur ses gardes.

  - Oui tu n'as rien à craindre, continuait Diane.

  - Pour être honnête, la magie et moi, quelle qu'elle soient, ça fait deux depuis l'utilisation qu'en ont fait les Chevaliers Sacrés à l'époque. Donc, non merci.

  - Mais...

  - N'insiste pas, Diane, posa son chef une main sur son épaule. Cette méthode ne lui convient pas, c'est sa décision. >>

  Diane prit la mine triste tandis que la Princesse Elizabeth soupira légèrement en regardant Meliodas, face à l'entêtement de l'Humaine. Durant le reste de l'après-midi, les symptômes de Celia semblaient néanmoins se calmer, ou alors, essayait-elle peut-être de prendre sur elle ? Dans tous les cas, elle se précipitait de moins en moins aux toilettes et allait plutôt chercher de temps en temps des choses dans son sac. Je n'arrivais pas à discerner de quoi il s'agissait mais si cela l'aidait pour ce qu'elle avait, c'était le principal. Bizarre qu'elle n'ait rien fait plus tôt cependant.

  Plus tard en fin d'après-midi, Meliodas permit une pause à son personnel. J'aurais aimé aller voir Harlequin mais la Princesse Elizabeth, Diane et Naomi me proposèrent d'aller faire ensemble une promenade. Elles demandèrent également à Celia mais celle-ci refusa leur invitation, tout comme Dame Elaine qui préférait cette fois-ci prendre sa pause avec Ban. Les filles n'insistèrent pas et nous partîmes nous balader dans la nature durant une bonne heure. Le chant des oiseaux égaillait nos pensées. Au gré d'un petit air frais à l'odeur de la campagne, nos cheveux oscillaient agréablement. Je me sentais légère tel un papillon. Le ciel se montrait éclaircit sous son soleil rayonnant et réchauffant.

  Au long de notre promenade, tandis que Diane et la Princesse Elizabeth discutaient ensemble, Naomi m'interpella timidement : << Dixie... Euh est-ce que je peux te poser une question ?

  - Je t'écoute.

 - S-Saurais-tu ce qu'aime Diane ?, me demanda t-elle rougissante et me parlant finalement à voix basse.

  - Ce qu'elle aime ?, répétai-je confuse et prise de court par sa question.

  - O-Oui... J'apprécie beaucoup Diane, c'est pour cela que j'aimerais lui offrir ou faire quelque chose qui puisse lui faire plaisir.

  - Hmm voyons... Il me semble qu'elle aime beaucoup manger de la viande, en particulier du bœuf et du cochon, réfléchissais-je.

  - D'accord, acquiesça Naomi d'un air intéressé.

  - Elle aime danser, faire les boutiques de vêtements et apprécie énormément les moments qu'elle passe avec ses amies comme maintenant.

  - Oui.

  - D'après Harlequin, elle aime beaucoup les fleurs aussi.

  - Qui est Harlequin ?

  - C'est le vrai nom de King, le Grizzli de la Paresse. >>, souris-je.

  Rien qu'en le mentionnant, je sentais déjà mes joues prendre un peu de température.

  << Merci, ça m'a donné des idées. C'est plus que je n'espérais. >>, détourna t-elle le regard et l'expression intimidée vers Diane.

  Soudain, cette dernière se mit à hurler. Alors que notre regard se portait avec plus d'attention sur le Serpent de l'Envie afin de connaître les raisons de ses cries, nous la vîmes s'agiter dans tous les sens en secouant ses bras et ses jambes. À ses côtés, la Princesse Elizabeth ne semblait pas savoir non plus comment réagir.

  << Qui y'a t-il, Diane ?!, s'exclama Naomi avec inquiétude.

  - KYAAA J'AVAIS UNE BESTIOLE SUR LE BRAS !! JE SAIS PAS OÙ ELLE EST PASSÉE ET JE NE VEUX PAS SAVOIIIIR !!!

  - Diane c'est rien, c'était juste un scarabée, essayait de la rassurer la princesse mal à l'aise.

  - M'ENFICHE ! J'AI HORREUR DE ÇAAA !!

  - Les scarabées ou les insectes ?, l'interrogea Naomi.

  - NYAAA LES DEUX !! >>, continuait-elle de s'agiter.

  Après un moment, nous finîmes pas nous asseoir toutes ensemble près d'une rivière. Tandis que nous entendions l'eau couler et suivre son courant, Naomi demanda à Diane si elle voulait lui faire une démonstrations de ses pouvoirs.

  << Hihi, oui si tu veux avec plaisir, Naomi. Par contre, comme je ne suis pas sous ma forme originelle et n'ayant pas Gideon avec moi, je ne vais pas pouvoir tout te montrer malheureusement. >>

  Elle se leva et frappa son poing dans sa main comme pour se donner de la motivation.

  << Pas grave, j'ai quand même des capacités en réserve ! Pour me permettre d'augmenter ma puissance et ma connexion à la Terre, voici mon exécution de Drole's Dance ! >>

  Sur ces mots, elle commença des pas de danse qui se développèrent au fur et à mesure en chorégraphie gracieuse. Naomi semblait l'observer avec attention et admiration.

  << Diane vient du Clan des Géants, lui expliquais-je. L'ancien Roi des Géants, Drole, lui a délégué cette technique avant de la nommer reine afin qu'elle succède à son rôle de souverain et donne un nouveau souffle à leur peuple.

  - Diane est donc la Reine des Géants ?, réalisait Naomi avec surprise.

  - Bien ça devrait suffire, s'arrêta Diane de danser avant de nous faire dos tout en faisant face à une grande étendue de plaine. Naomi, ma magie s'appelle "Creation". Elle me permet de manipuler la terre comme ceci. Attention ça va secouer ! Filet and Roast, venez à moi ! >>

  Au moment où Diane effectua différents mouvements rapides et brefs avec ses mains, deux immenses créature de roche s'élevèrent de toute leur hauteur devant nous. Ils semblaient amicales et nous firent signe de la main pour nous saluer. Ensuite, Diane effectua d'autres gestes qui menèrent à la création d'autres créatures, ayant cette fois-ci la même apparence et la même taille que chacune d'entre nous, puis vinrent s'approcher de leur jumeau. Naomi caressa la main du sien par admiration et stupéfaite par les pouvoirs de la Reine des Géants.

  << Incroyable..., murmurait-elle.

  - Hihi, regarde je peux faire ça aussi, sourit-elle à l'Humaine. Heavy Metal !

  - Le corps de Diane est dur comme du métal maintenant. Elle peut encaisser beaucoup d'attaques sous cet état, expliqua la Princesse Elizabeth. Elle est très forte quand il s'agit aussi de défendre.

  - Eh oui ! Tiens Dixie, ça te dit de venir me tester ?

  - Moi ? Mais je ne veux pas te faire mal, refusai-je mal à l'aise.

  - T'inquiète, je suis solide comme ça. Fais juste deux trois attaques histoire de montrer la résistance de "Heavy Metal".

  - Hmm bon d'accord... Mais quand même, je ne vais pas y aller avec toute ma puissance. >>, me levai-je pas très rassurée par sa demande.

  Les Golems de pierre me laissèrent passer et vinrent s'asseoir à côté de Naomi et de la Princesse Elizabeth.

  << Pas grave, fais comme tu le sens. >>, se mit-elle en position.

  Ainsi, je m'échauffai un peu les articulations puis activai ma magie autour de mes mains et mes pieds afin d'éviter de me faire mal en donnant mes coups.

  << Prête ?, demandai-je avec sérieux.

  - Oui ! >>

  Aussitôt sa réponse donnée, je me ruai vers Diane et la martelai de quelques coups de poings et pieds avant de faire un saut en arrière et lui envoyer un projectile de ma magie. Comme attendu, elle encaissa tous les coups sans égratignure, ce qui me rassura.

  << Wouah c'était parfait, Dixie !, me félicita t-elle. Tu m'aurais certainement mise par terre si je n'avais pas eu "Heavy Metal".

  - C'est moi qui te trouve géniale d'encaisser tous ces coups sans aucun dégâts, lui souris-je en désactivant ma magie.

  - C'est vous qui êtes impressionnantes, s'exclama Naomi, le regard émerveillé. Vous êtes toutes les deux vraiment incroyables !!

  - Merci Naomi, désactiva également Diane sa magie en souriant. Elizabeth aussi est très puissante. Originaire du Clan des Déesses, sa magie est principalement à base de soin et de lumière.

  - Vous êtes toutes extraordinaires ! >>, exprimait l'Humaine sa gaieté.

  Nous lui sourîmes chaleureusement en retour. Revenant finalement toutes au Boar Hat après quelques temps, les filles restèrent encore un peu dehors pour discuter tandis que je rentrai dans la taverne.

  << Oui, c'est moi qui ai volée les bourses de pièces hier. >>

  J'écarquillai les yeux lorsque je reconnus la voix de Celia s'exprimer d'un ton amusé. Elle conversait avec Meliodas se trouvant derrière le comptoir au centre de la pièce.

  << Et pourrais-je en connaître les raisons ?, commençait-il à prendre un air un peu plus sérieux.

  - Allons, ne fait pas cette tête, Meliodas, ricanait-elle avant de prendre elle aussi une voix plus grave. Alors, qu'est-ce que ça fait d'avoir de l'argent pris sans consentement ? Les nobles et le roi demandent sans cesse de l'argent seulement aux pauvres pour se remplir les poches alors que nous gagnons peu pour ce que nous trimons. Toi avec ta popularité et le fait que tu sois un commerçant mobile, le roi ne te demande pas d'argent, au contraire, il t'en donne pour les services que tu lui rends au royaume pour tes victoires. Pourquoi c'est nous qui devons seulement donner au roi et pas les nobles, les seigneurs ou encore le clergé ? Notre mère va crever et nous n'avons plus assez pour lui payer ses soins, tu trouves ça normal toi ? >>

  Un silence de malaise s'installa dans la salle. Tout comme Meliodas, je restais bouche bée et glacée par les paroles de Celia. Elle n'avait pas tord mais est-ce qu'un royaume pouvait-il vraiment être dirigé autrement ? Un royaume dirigé autrement... Est-ce que celui de Harlequin serait-il d'ailleurs aussi à remettre en question ? Non, il n'y a pas toutes ces histoires de classes mais peut-être que certains privilèges seraient à revoir... Je ne savais pas quoi en penser.

  << Tu sais quoi, penses-y, Meliodas, fit Celia en lui rendant les bourses de pièces qu'elle gardait dans son sac. Si tu deviens roi en succédant à Bartra, change ce système pour mettre plus d'égalité dans les classes et essayer de réduire la pauvreté.

  - Non, garde les, repoussa t-il les bourses vers l'Humaine d'un air ennuyé. Je reconnais que votre situation avec Naomi n'est pas simple mais pour ce qui est de ma succession à Bartra, je ne peux encore rien décider pour le moment tant que je n'en ai pas discutée avec Elizabeth. Et même si je suis couronné roi, je ne connais pas encore toutes les fonctions qui y tournent, qu'est-ce que je dois garder ou qu'est-ce que je pourrais changer par exemple. Peut-être qu'être roi n'est pas non plus aussi simple que ce que tout le monde peut penser. >>

  Celia ne répliqua rien devant la réponse de Meliodas mais semblait serrer les poings de frustration.

  << Je vois. >>, murmura t-elle simplement avant de s'éloigner.

  Tandis que je rentrai complètement dans la taverne, le chef des Seven Deadly Sins me regardait d'un air un peu abattu, comprenant que j'avais probablement écoutée leur conversation avec Celia. N'ayant rien à y ajouter, je lui répondais d'un même regard embêté avant de me préparer à reprendre le service.

  ~~~~~~~~~~~~♣~~~~~~~~~~~~

  Le matin du cinquième jour, succédant la dernière bataille contre le Roi des Démons, se levait calmement. Les rayons du soleil se glissaient depuis les fenêtres de la chambre afin d'éclaircir celle-ci. Je sentais comme une douce étreinte autour de moi accompagnée d'une agréable odeur familière. Ouvrant lentement les paupières, je vis le torse nu de Harlequin me faire face. Avait-il enlevé son haut durant la nuit ? Son buste semblait également plus grand et plus large que d'habitude. Lorsque je levai la tête pour le regarder, un sourire magnifique et majestueux m'accueillit.

  << Bonjour Dixie, as-tu bien dormi ?

  - H-Harlequin...? >>

 Mon visage prit immédiatement une teinte plus rouge et mes yeux restèrent s'écarquillés. Je n'arrivais pas à en croire ces derniers.

  << T-Tu... >>

  Il ne me laissa pas le temps de finir ma phrase qu'il se jeta sur mes lèvres pour les embrasser amoureusement. J'étais paralysée. Mes joues devinrent de plus en plus rouge devant la timidité et la gêne que sa forme plus noble me procurait et qui m'empêchait de répondre à son geste d'affection. Comprenant que j'étais mal à mon aise, il se détacha de mes lèvres à contre cœur et regarda un instant son corps et sa mèche de cheveux, lui arrivant sur le front, afin de mieux prendre conscience de son changement physique.

  << Ah mince, pardon, réalisa t-il en s'excusant. Je n'avais pas remarqué que j'avais repris cette apparence, je vais arranger ça.

  - Attends un instant, lui demandai-je. Si tu as repris cette apparence sans t'en rendre compte, est-ce que cela veut-il bien dire que tu as recouvert toute ton énergie ?

  - On dirait bien, me sourit-il ce qui me fit de nouveau rougir. Et je t'en suis reconnaissant, c'est grâce à toi si je me sens beaucoup mieux et enfin reposé.

  - Ce n'est rien... Ban aussi m'a aidé, détournai-je le regard, mal à l'aise qu'il me complimente.

  - Oui je sais, je le remercierai aussi. >>

  Il eut un léger silence avant que je ne reprenne la parole. Mes joues redevinrent complètement rouge rien que de penser à ce que je voulais lui demander.

  << Dis... Est-ce que tu peux me laisser essayer de t'embrasser sous cette forme...? >>

  Mon regard détournait du sien car je n'arrivais pas à l'observer naturellement sans rougir ou empêcher mon cœur de battre la chamade.

  << As-tu vraiment besoin d'une réponse, Doudou ?, affirmait-il d'un ton amusé.

  - C'est pas drôle, fronçai-je les sourcils en me redressant et continuant de rougir. Je veux faire un effort pour dépasser mon malaise mais tu es d'une beauté tellement magnifique et indescriptible et que je ne me sens pas à ma place... Mais d'un autre côté, je ne veux pas non plus que tu te sentes mal à cause de moi quand tu déploies cette forme, donc c'est pour ça que je veux essayer de te mettre à l'aise peu importe ton apparence.

  - Tss, tu es mignonne, Dixie. Ne te tracasse pas pour ça, me sourit-il majestueusement, ce qui me fit encore plus rougir.

  - Chut. >>, m'approchai-je près de son visage d'un cran avec sérieux.

  Mes yeux saphir jonglaient entre les siens, d'un magnifique brun-orangé, et ses lèvres, ourlées et lisses. Alors que mon corps tremblait tandis que je m'avançais vers son visage, Harlequin restait quant à lui patient et détendu. Il fallait que je me calme et que j'arrête de me laisser perturber par la beauté de son apparence. Il fallait que je reste moi-même et authentique.

  Doucement, je fermai mes paupières et glissai une main contre l'une de ses joues. Son odeur florale se faisait de plus en plus perceptible à mesure que je me rapprochais, ce qui m'aidait à garder mon calme. Nos lèvres se rencontrèrent enfin. J'avais réussi. Peu importe son apparence, j'aime Harlequin et il le savait. Je le sentais me prendre contre lui lorsqu'il prit soudainement l'initiative de mettre un peu plus d'élan et de passion dans notre échange, ce qui n'était pas pour me déplaire. Ma main se laissa lentement tomber le long de son cou, sur sa clavicule et enfin sur son torse chaud. Après un moment, il se recula légèrement en ouvrant mi-closes les paupières.

  << Désolé, je me suis laissé aller. >>, s'excusa t-il en reprenant finalement sa forme plus commune.

  Ses pupilles étaient immenses et me regardaient amoureusement.

  << Ce n'est rien, Nounours. Je suis heureuse de te savoir remis de ta fatigue, lui souris-je du même regard.

  - Tu m'as tellement manqué, murmura t-il en posant doucement son front sur le mien et fermant les yeux.

  - Moi aussi. >>, prenais-je ses mains dans les miennes.

  Il poussa un soupir.

  << Petit cyclope. >>, m'amusai-je à regarder ses paupières sous cet angle de vue.

  Il leva ses derniers pour me regarder puis comprenant de quoi je parlais, il se mit à rire un peu. Qu'est-ce qu'il est adorable...

  << Encore désolé de t'avoir inquiétée, j'espère que tu ne m'en veux pas trop... >>

  Tandis que je m'étais levée pour commencer à aller me préparer, je lui envoyai ses vêtements sur le visage.

  << Bien sûr que je ne t'en veux pas et tu le sais, fis-je d'un sourire amusé. Le plus important c'est que tu te sois remis. >>

  Me dirigeant vers la pièce de bain avec mes affaires, je ne remarquai pas que les feuilles pliées en quatre de mes brouillons de dessins étaient tombées de la poche de mon pantalon d'uniforme. Je vis juste du coin de l'œil, Harlequin léviter jusqu'à celle-ci pensant au départ qu'il voulait chercher quelque chose en particulier dans les commodes.

  << Attends tu as fait tomber quelque chose, me fit-il remarquer en le ramassant. Qu'est-ce que c'est ?

  - Ah ça..., réagissai-je un peu mal à l'aise. Je sais pas si tu arriveras à voir. >>

  Il déplia malgré tout les feuilles de papier avant de regarder chacune d'elles attentivement. Une légère surprise se dessina sur mon visage lorsque je vis des larmes couler le long de ses joues après quelques instants.

  << Harlequin, quelque chose ne va pas...?, demandai-je inquiète. Je t'avais dit que tu ne verrais pas très bien.  C'est juste des tests de brouillons de tes nouveaux vêtements pour t'aider dans tes recherches mais mon coup de crayon n'est pas encore très lisible et compréhensible.

  - ... Non... Je les vois très bien... Ils sont tous magnifiques. Pourquoi t'es tu donnée du mal pour ça...?

  - Parce que tu en parlais beaucoup dernièrement et comme tu n'arrivais pas à trouver de patron qui te convienne j'ai voulu essayé de t'aider de cette façon en attendant que tu te remettes. Et puis, cela me permettait également de moins m'inquiéter en permanence de ta situation en gardant une vision positive que tu arriverais à te rétablir. >>, souris-je.

  Ses larmes se mirent à couler abondamment sur ses joues, puis rapidement, il s'avança dans ma direction pour me serrer fort contre lui. Je répondis à son étreinte sans hésitation.

  << Merci Dixie... Quand je t'écoute et quand tu es à mes côtés, j'ai la sensation que je peux tout accomplir...

  - Moi aussi. >>, fermai-je délicatement les paupières et caressais-je affectueusement son dos.

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