Chapitre 11 : Le triste départ d'un leader

  << Bien bien bien ! Aujourd'hui, on se réapprovisionne en alcool, en accessoires et en ingrédients ! Haut les cœurs ! >>, s'exclama le chef des Seven Deadly Sins avec assurance tandis que nous finissions de déjeuner.

  La plupart d'entre nous acquiescèrent enjoués et en chœur face à l'annonce de ce dernier, ce qui n'était néanmoins pas le cas pour Harlequin, Dame Elaine, Ban et moi. Quelque chose clochait. Pourquoi Meliodas veut-il toujours continuer de mettre en marche sa taverne alors qu'il semble destiné à partir de ce monde d'ici très peu de temps ? Avait-il une idée derrière la tête ? Est-il même conscient de ce qu'il se passe ? La direction que Mama Hawk semblait suivre en ce moment-même, ne montrait aucun signe de catastrophes naturelles sur un rayon de plusieurs miles. Cela indiquait donc bel et bien qu'il était conscient de la situation mais qu'il réagissait néanmoins comme si de rien était. Essayait-il probablement de minimiser toute inquiétude, surtout auprès de la Princesse Elizabeth ?

  Tout le monde semblait jovialement discuter entre eux à travers une atmosphère d'insouciance qui les animait. Silencieusement, je finis mon déjeuner et rangeai ma vaisselle avant de m'installer tranquillement à côté de l'une des grandes fenêtres du rez-de-chaussée et y observer, le long de notre trajet, le paysage s'en déroulant. Peut-être qu'il s'agissait là, de la dernière fois que Meliodas proposerait un voyage en compagnie de tous ses amis, un grand moment tous ensemble ? Peut-être voulait-il garder un joli souvenir avant son départ et ne rien révéler jusqu'à la fin ? Il m'arrivait de laisser vagabonder un peu mon oreille sur les conversations qui remplissaient l'intégralité de la pièce. Bien que les voix s'étouffaient les unes aux autres, il était tout de même possible de comprendre certains échanges en s'y concentrant un peu. Gardant toujours mon regard en direction de l'extérieur, j'exerçais de très légers et brefs mouvements de mes longues oreilles afin de distinguer les bruits et les voix m'entourant. Diane semblait discuter avec son chef et la princesse, des deux filles de Liones qui voulaient se proposer de travailler à la taverne afin d'agrandir le personnel. Ban taquinait son amante afin d'essayer de lui redonner le sourire. Dame Elaine avait certainement elle aussi compris la situation, même si elle semblait seulement le montrer à Ban afin d'inquiéter personne. Harlequin, Gowther et Merlin avaient l'air de discuter plus à l'écart car je n'arrivais pas à discerner les détails de leur discussion.

  << T-Tout va bien, Dixie ? Euh enfin, je ne sais pas si je dois rester formel en raison de ton... ou votre statut de reine par rapport à King...? >>

  Derrière moi, une petite voix timide me fit sortir de mes pensées. Je reconnus Escanor sous sa forme ténue, s'avancer peu à l'aise dans mon champ de vision. J'esquissai un léger sourire afin de le rassurer.

  << Oui oui ça va. J'aime bien rester un peu dans mes pensées. Je ne suis pas quelqu'un de très bavard, du coup, je ne suis pas très à l'aise au milieu d'un groupe de beaucoup de personnes. Et pour ce qui est du formel, oublie, comme tu fais partie du cercle amical de Harlequin. D'ailleurs je m'excuse, j'aurais dû vous le demander en premier lieu, préfériez-vous que je reste formel en m'adressant à vous, Escanor ? Comme nous nous sommes peu côtoyés...

  - Oh non pas besoin non plus, chère Dixie, esquissa t-il un sourire chaleureux tout en s'installant en face de moi. Tu dis que je fais partie du cercle amical de King sans vraiment mentionner ce qu'il en est du tien... Dois-je comprendre que tu ne te sens pas vraiment à ta place ici ? Quelque chose te tracasse si je puis demander ? >>

  Un air inquiet s'installa dans son regard, m'incitant à baisser le mien car je ne m'attendais pas aussi soudainement à ce genre de question.

  << Eh bien... C'est une bonne question. J'ignore si je peux vraiment m'intégrer au groupe ou m'attacher aux lieux, même si Diane et Harlequin sont devenus des personnes proches depuis que je suis arrivée. Meliodas étant le chef de la plupart d'entre vous ainsi que le propriétaire du Boar Hat, nous ne nous parlons presque jamais car nous n'avons pas vraiment de liens ni de centres d'intérêt communs. Du coup, j'ai un peu du mal à me sentir réellement comme chez moi, même si j'essaye.

  - Donc c'est pour cela que tu ne te sens pas toujours à ta place voire même pas du tout, comprit Escanor d'une voix douce. Je vois un peu ce que tu veux dire, Dixie... Étant le dernier Deadly Sins ayant intégré le groupe, il m'a fallu aussi quelques temps avant de vraiment m'habituer à cette nouvelle vie pour être honnête.

  - Ah oui ? >>, répondis-je avec étonnement tout en l'incitant à continuer son récit.

  Il acquiesça avant de reprendre la parole.

  << Au début, lorsque je possédais encore la Grâce de Mael, "Sunshine", je voulais choisir une vie solitaire afin de ne blesser personne à cause de ce pouvoir que je ne savais contrôler en journée. Meliodas et les autres m'avaient accueilli pour faire partie de leur groupe sans que je ne leur demande ou sans vraiment bien comprendre la raison à l'origine. Comme toi, je ne savais pas si je pouvais réellement m'intégrer. Pour ma part, c'était par peur de les blesser à cause de ce pouvoir que je ne contrôlais pas, et puis à cette époque, personne ne voulait de moi car j'effrayais tout le monde en raison de mon apparence. Ainsi, j'ignorais si je pouvais réellement m'attacher à eux, ne sachant pas s'ils allaient entièrement m'accepter tel que j'étais. Pourtant, ils m'ont toujours reconnu comme l'un des leurs. Ils ont accepté mes deux personnalités, celle de jour ainsi que ma personnalité actuelle. Maintenant que je n'ai plus "Sunshine", je n'ai aucun talent comparé à eux. Néanmoins, ils restent tous forts, gentils et accueillant à leur manière. >>

  Finissant sa phrase, Escanor m'esquissa un doux sourire.

  << Je vois... Cela ne devait en effet pas être facile d'accepter ce grand pouvoir d'autant plus difficile à contrôler, fis-je de-même avec compréhension avant d'étirer mes lèvres de façon taquine. Et puis, que dis-tu que tu ne possèdes pas de talent ? Tu écris bien des poèmes, il me semble ? C'est un beau talent en somme. Ou encore la prestidigitation des cartes comme tu as appris à Harlequin.

  - E-Euh oui mais... En combat je voulais dire... Je suis maintenant inutile et probablement un poids pour eux..., baissa t-il le regard ennuyé.

  - Je suis sûre qu'ils ne le pensent pas, essayais-je de le rassurer. Tu m'as dis qu'ils t'ont toujours accepté tel que tu es, alors le fait que tu n'aies plus "Sunshine" ne changera rien à cela car tu fais partie des leurs, Escanor.

  - ... Oui, c'est vrai, acquiesça t-il légèrement avant de changer de sujet. Enfin, tout cela juste pour te dire que moi, je t'accepte parmi nous, notre famille, si on peut appeler ça comme ça. Même si vous ne vous parlez pas beaucoup avec le Capitaine, cela ne veut pas dire que tu n'as pas ta place ici. King et Gowther par exemple, ne parlent pas beaucoup avec lui non plus si tu l'as remarqué, et pourtant, ils sont bien intégrés au groupe.

  - Merci, Escanor, le remerciais-je chaleureusement. Mais pour Harlequin et Gowther, c'est normal en quelque sorte puisque ce sont des Seven Deadly Sins. Vous êtes tous unis, c'est ça qui fait votre force et votre réputation.

  - Et alors ? Ce n'est pas parce que tu n'es pas un Seven Deadly Sins qu'il n'y a aucune raison de t'accepter parmi nous, continuait-il de me sourire. Tu es gentille, à l'écoute et compréhensive, et je suis fier de l'admettre !

  - Et tu peux en rajouter d'autres, des qualités. >>

  La voix intéressée de Harlequin nous fit légèrement sursauter, n'ayant tous les deux pas remarqué sa présence.

  << Ah King, je ne t'avais pas vu arriver, lança le Lion de l'Orgueil mal à l'aise. Oui, je me doute que tu dois avoir une longue liste, haha... Après tout, vous êtes proches. Tu... euh... Tu discutais avec Merlin tout à l'heure ?

  - Oui pour... euuh... >>

  Harlequin me regarda avec insistance comme pour tenter de me faire comprendre quelque chose. À en juger de son expression, cela devait certainement être au sujet de Hendrickson. Je lui fis un acquiescement de tête discret afin de lui faire parvenir que j'avais compris ce qu'il essayait de me dire. 

  << Pour euh... Juste comme ça, si elle avait bien récupéré depuis la fin de la Guerre Sainte d'hier, arriva finalement Harlequin à finir sa phrase. Et oui oui elle va bien.

  - Ah ça va alors. Je n'ose pas trop lui demander par peur de la déranger ou l'ennuyer, avoua Escanor la mine triste.

  - Mais non, ne te décourage pas, répliqua le Roi des Fées d'une voix rassurante. On passe tous un moment ensemble, il n'y a pas de raison que tu la déranges ou que tu l'ennuies, sinon elle serait retournée dans son laboratoire à l'étage si elle ne voulait pas être dérangée. Et encore même occupée dans ses expériences, tu peux toujours aller la voir.

  - ... Oui peut-être... >>, murmura t-il peu convaincu.

  Soudain, Mama Hawk arrêta sa marche tandis que Meliodas nous fit une nouvelle annonce.

  << Allez tout le monde, on est arrivé au village de Vanya ! On fait le plein d'alcool et le plein de matos pour la vaisselle, c'est parti ! >>

  La plupart d'entre nous acquiescèrent en chœur et commencèrent à le suivre vers la sortie de la taverne.

  << Tu viens, Dixie ? Tu ne vas pas rester là toute seule, me sourit Harlequin avec affection.

  - Hmm, d'accord j'arrive. >>, lui souris-je en retour, tout d'abord songeuse, puis acceptant finalement d'emboîter leurs pas.

  Passant la porte de la taverne, je vis d'immenses et larges champs d'agriculture s'étendant à pleine vue tout autour de nous, ainsi que l'entrée du village un peu plus loin. Rapidement, je descendis de Mama Hawk afin de rejoindre les autres.

  << Yo, petit Gil !, s'exclama le chef des Seven Deadly Sins en direction du Chevalier Sacré qui semblait aider à la récolte avec quelques villageois. Tu ne te fais pas trop exploiter ?

  - Ah ! C'est l'infâme cuistot qui a sauvé le village !, s'écria un jeune enfant qui semblait reconnaître Meliodas, tout en se tenant près de Sir Gilthunder.

  - Ma cuisine te remercie, ricana t-il.

  - Cela fait longtemps, Mead ! Comment vas-tu ?, l'interrogea la Princesse Elizabeth avec gaieté et étreignant le bras de son compagnon contre sa poitrine.

  - Bien et toi ? Vous venez pour quoi ?, répondit le garçon tout aussi jovial.

  - On vient acheter de l'Ale de Vanya et refaire nos accessoires, expliqua Meliodas de son sourire candide.

  - Hi hi hi...

  - Quoi ? Qu'est-ce qu'il y a de drôle ?

  - Vous vous affichez ensemble maintenant ? Wouhou ! Alors c'est pour quand le mariage ?

  - Mêle-toi de tes oignons, lui donna Meliodas un coup sur la tête.

  - Hi hi... On sera sans doute mariés avant toi, Mead. Il est vrai !, ricana la Princesse Elizabeth amusée par la scène.

  - Oh ! Oh ! Chaud ! Chaud ! Eh, vraiment ?! Vraiment ?!, s'excitait le garçon tandis que certains d'entre nous affichaient des visages peu ravis en raison du destin de Meliodas qui allait très prochainement le séparer de la jeune princesse. Allez suivez-moi pour l'alcool et le matos, c'est par là ! >>

  Ainsi, il nous conduisit tous à l'intérieur du village. Les rues principales fourmillaient de marchants et d'habitants. Par moment, j'entendais désagréablement des murmures à notre passage en raison de la présence de quelques Fées occupant notre groupe. Cela m'obligeait à baisser les yeux, n'aimant pas savoir tous ces regards sur nous. Tout le monde s'était un peu éparpillé pour regarder ce que proposait les marchants tandis qu'une autre partie achetait des tonneaux l'alcool afin de refaire le stock de la taverne. De mon côté, je suivais Harlequin, guidée par ses grandes ailes impossible à manquer à travers la foule. Il s'arrêtait de temps en temps près de quelques stands en compagnie de Gowther afin de regarder et discuter des différents articles. Ils me demandèrent parfois mon avis, mais en raison du malaise des lieux et l'afflux constant de monde qui ne cessait de se déplacer en masse, je restais cependant discrète et peu loquace. Harlequin semblait garder une expression forcée, comme si quelque chose le dérangeait pendant que nous arpentions les grandes rues.

  << Tout va bien, King ?, lui demanda Gowther ayant également remarqué que quelque chose avait l'air de le préoccuper.

  - Non, c'est rien... C'est juste qu'ayant développé mon pouvoir à lire très aisément dans l'esprit des gens, toutes leurs pensées me parviennent complètement embrouillées car je n'arrive pas encore très bien à le maîtriser ni mettre des limites..., avoua t-il en se tenant un peu la tête. Disons que tout cela ajoutés déjà aux bruits de fond, c'est un peu éprouvant. Mais ce n'est rien, ne vous inquiétez pas.

  - Ne te force pas, Harlequin, dis-je avec inquiétude en posant ma main contre son épaule. Peut-être devrions-nous nous dépêcher à acheter ce qu'il y a à prendre sans trop tarder ici...

  - Non non Dixie, ne t'inquiète pas pour moi c'est rien, c'est rien, tout va bien !, répondit-il en secouant les mains par gêne. C-C'est très supportable ! Ne t'inquiète pas !

  - C'est faux, c'est insupportable mais il veut juste paraître fort devant toi, Dixie, affirma Gowther en levant son index enveloppé de sa magie à teinte rose.

  - Eurr, Gowther..., le regarda Harlequin d'un air blasé et mauvais.

  - Si tu veux King, je finis de regarder ce qu'il y a à prendre avec Dixie et on te rejoint à la taverne, proposa le Bélier de la Luxure, un doux sourire aux lèvres.

  - Non non non !! Je reste !, insista t-il le visage complètement rouge.

  - Bon, si tu insistes. >>, répondit Gowther en remontant ses lunettes.

  Je ricanais légèrement face à leur petite chamaillerie. 

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  Finalement après quelques temps, nous nous réunîmes tous à l'entrée du village puis retournâmes à la taverne après que Meliodas et la Princesse Elizabeth aient salué le jeune Mead et Sir Gilthunder sur le retour. Rangeant et installant tous ce qui avait été acheté à leur place, Mama Hawk nous mena plus en profondeur vers les forêts et les montagnes avant de s'y arrêter.

  << Allez ! Vous venez les gars ? C'est parti pour les courses gratos !, s'exclama Meliodas en se dirigeant vers la forêt tout en leur faisant signe de le suivre.

  - Nous on va prendre le thé, sourit la Princesse Elizabeth à son amant et prenant le nécessaire qu'elle posa sur le champ de fleurs et d'herbes, aidée par Merlin et Diane.

  - Donnez vous à fond, les garçons ! >>, les encouragea cette dernière avec gaieté tandis que Dame Elaine leur faisait des signes d'au revoir de la main.

  De mon côté, j'étais restée sur le museau de Mama Hawk, me demandant si je devais les suivre ou m'installer avec les filles. Diane prit la décision pour moi.

  << Qu'est-ce que tu fais, Dixie ? Allez descends, viens avec nous ! Tu ne vas pas rester toute seule quand même ! >>

  J'esquissai un sourire reconnaissant avant de les rejoindre en volant.

  << Allez, installe-toi là, tapota Diane l'herbe à côté d'elle. Je vais servir le thé ! >>

  Ainsi, nous formâmes un cercle. Diane se trouvait à ma droite, Dame Elaine était sur ma gauche puis suivirent Merlin et la Princesse Elizabeth en face de moi. Je me sentais un petit peu mal à l'aise, comme si je n'étais pas à ma place, essayant malgré tout de ne pas le montrer.

  << Ah la la je suis toute excitée, nous voilà enfin réunies entre filles !, s'exclama Diane enjouée et servant le thé.

  - C'est vrai que nous n'avons pas eu beaucoup d'occasions récemment, constata Merlin en apportant délicatement sa tasse à ses lèvres.

  - Oui ça m'a manqué !, acquiesça la Princesse Elizabeth.

  - Ahhh... Vous avez de la chance, j'aimerais bien avoir un prince charmant moi aussi mais tous mes béguins ont été pris avant, Elizabeth avec le chef et Dixie avec King, soupira Diane. C'est pas juste je vous enviiiiiiie !

  - Ton heure arrivera Diane à toi aussi, ne t'en fais pas. >>, lui sourit Dame Elaine avec compassion.

  Je baissais le regard, culpabilisée par la situation.

  << Je suis vraiment désolée, Diane...

  - Bah, pourquoi t'excuses-tu, Dixie ?, me demanda t-elle surprise.

  - Eh bien... C'est à cause de moi si tu dois être triste de ne pas être avec Harlequin... J'ai encore l'impression de t'avoir trahi alors que je n'ai jamais voulu te faire du mal... Parfois je me dis que je ne mérite pas ton amitié pour ce qui est arrivé... >>

  Un léger silence s'installa avant que Diane ne reprenne la parole d'une voix calme.

  << Dire que je n'ai pas eu mal serait mentir, c'est vrai... Mais cette tristesse et cette colère n'étaient pas visées contre toi ni King, elle était visée contre moi..., souriait Diane très légèrement avant de prendre mes mains dans les siennes. Et puis, je ne vais pas te faire la tête pour une histoire de cœur, c'est ridicule voyons. Chacun et chacune a le droit d'aimer qui ils veulent. Et entre nous Dixie hé hé, on est d'accord, King est adorable ! Je peux tout à fait comprendre pourquoi tu as fondu pour lui, alors ne gâche pas ton bonheur à cause de moi. Ma nature fait que je sois jalouse pour beaucoup de choses après tout, alors ne le prends pas pour toi. Et pareil pour toi Elizabeth, je te vois venir ! Vous allez vivre vos vies avec votre chéri sans culpabilité toutes les deux, c'est bien d'accord ! >>

  Un sourire serein et rassuré se dessina doucement sur mes lèvres tandis que Diane nous regardait avec assurance.

  << D'accord..., acquiesçais-je légèrement et essayant d'estomper cette culpabilité qui me rongeait.

  - Et puis bon, Merlin aussi n'a encore personne, on sera deux à se serrer les coudes donc ne vous en faites pas pour moi.

  - Vous trouverez quelqu'un j'en suis certaine, vous êtes toutes les deux magnifiques, sourit la Princesse Elizabeth.

  - Vous êtes toutes magnifiques, et c'est non discutable !, répliqua Diane avec assurance, les faisant toutes rire. D'ailleurs, j'imagine déjà tous nos enfants jouer ensemble, tous magnifiques comme leur mère !

  - Voyons, tu vas vite en besogne, Diane ! >>, continuait la Princesse Elizabeth de ricaner.

  Des enfants...? Entamer ce sujet me surprenait beaucoup car en effet, je n'y avais jamais songé jusqu'à maintenant. En fait, même le simple fait de penser que je puisse en concevoir ne m'est pas instinctif, puisque nous les Fées, naissons directement des plantes. Mais comme le dit la Princesse Elizabeth, il était encore trop tôt pour penser à ça. La mine de Dame Elaine semblait cependant, de moins en moins s'arranger même si elle essayait de le cacher.

  << Moi je suis sûre que les enfants d'Elizabeth avec le Capitaine seront trop mignons !, jouait Diane avec ses couettes. En plus si tes enfants te ressemblent, le Capitaine n'arrêtera pas de les gâter !

  - D-D'ailleurs..., essaya Dame Elaine mal à l'aise de la couper. Est-ce que vous savez si Ban et les autres vont bientôt...

  - Ah mais si le Capitaine t'épouse, est-ce qu'il fera partie d'une famille royale humaine ?, continuait Diane le déroulement de ses pensées comme si de rien était, ou plutôt, comme si elle ne voulait pas qu'on l'arrête, ne laissant presque aucune pause entre ses phrases. Hmm... Mais comme Elizabeth est la troisième princesse, elle ne sera alors pas héritière. Donc le Capitaine ne pourra pas devenir roi. D'un autre côté, c'est la vie de patron de taverne qui lui convient le mieux, vous ne pensez pas ? Comme ça, on pourra toujours venir le voir...quand on veut... >>

  Soudain, nous remarquâmes de chaudes larmes couler de ses yeux sugilite pourtant rayonnant de vie il y a encore quelques instants.

  << I-Il ne va pas...s'en aller...hein...? >>

  Elle prononça difficilement les paroles que nous redoutions tous. Doucement, je posai ma main contre son bras, toute aussi ennuyée qu'il n'y ait rien que l'on puisse faire pour changer ce destin.

  << J'ai un mauvais...pressentiment..., sanglotait-elle, les mains recouvrant son visage.

  - Sœurette, prit Merlin une expression sérieuse et triste en direction de la Princesse Elizabeth. Il faut que je te parle au sujet du Capitaine...

  - Oui je sais. >>

  La réponse directe et ferme de la jeune Déesse nous surprit toutes.

  << Meliodas va disparaître de ce monde. Mais ça va aller. >>

  Nous restâmes toutes stupéfaites face au calme et la sagesse dont elle faisait preuve pour nous montrer qu'elle était également au courant. Mais... Comment faisait-elle pour réagir ainsi face à ce destin sans éprouver la moindre tristesse ni peine ?

  << Elizabeth, tu savais que le Capitaine allait partir ?, lui demanda Diane, toujours les larmes aux yeux et confuse.

  - Oui, bien que je ne l'ai pas appris de lui-même... Je sentais cette impression.

  - Si c'est le cas, comment peux-tu dire que ça va aller ?, fit Diane avant de lui attraper les épaules. L'homme que tu aimes va disparaître de ce monde ! Comment peux-tu rester calme en sachant ça ? À ta place, je ne pourrais pas le supporter ! Nous devons trouver une solution !

  - Si Meliodas essaie de rester dans ce monde, il y aura de terribles conséquences..., murmura t-elle en baissant le regard, toujours avec calme, avant d'esquisser un léger sourire. Nous ne pouvons rien y faire.

  - Je ne te savais pas si insensible... >>, fronça Diane les sourcils, les yeux humides.

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  Les garçons revinrent tous quelques temps plus tard avec les ingrédients. La première chose que je remarquai était que leur visage semblait aussi marqué par la tristesse et l'inquiétude, en opposition à celui de Meliodas, neutre et habituel, menant le groupe comme si de rien était.

  Alors que nous rentrions à la taverne, une ambiance lourde et écrasante se faisait ressentir. Mama Hawk reprenait son trajet de retour vers Liones, plus personne ne parlait et n'était enjoué comme en début de matinée. Tous installés à des tables différentes, un silence de mort régnait dans la pièce. En dessous de la surface plane de la table, je sentais la douce main de Harlequin caresser et entrelacer la mienne. Cette situation l'affectait davantage puisqu'il était question de son chef, celui avec qui, ils ont certainement dû partager beaucoup de choses ensemble. Harlequin, mais également, les autres Seven Deadly Sins.

  << Pourquoi avez-vous l'air tous triste depuis tout à l'heure ?, demanda finalement la Princesse Elizabeth avec étonnement. Toi aussi, Hawk ? >>

  Comment faisait-elle pour rester aussi calme et sereine d'esprit alors qu'elle devrait être l'une des plus touchées par la situation ? Je n'arrivais pas à comprendre.

  << Fais pas attention Elizabeth, lança Meliodas en se jetant contre sa poitrine pour la tripoter vulgairement. Cela fait un moment qu'on ne s'était pas réapprovisionner. Ils sont crevés, c'est tout. Bien que les filles soient bien silencieuses aussi...

  - Sors la tête de mes seins avant de parler, je te prie !, haussa la princesse le ton avant de l'écarter de ces derniers, le visage rouge de honte. On a pas mal discuté tout à l'heure, elles doivent être un peu lasses, j'imagine... >>

  Je fronçai les sourcils. Pourquoi continuaient-ils tous les deux de faire comme si de rien était ou de cacher ce qui était pourtant une évidence maintenant ?

  << C'est parce qu'ils ne veulent pas se l'avouer mutuellement, me chuchota discrètement Harlequin, le regard baissé et me faisant comprendre qu'il avait entendu mes pensées.

  - Capitaine, l'interpella soudainement Gowther, remarquant quelque chose. On s'éloigne de Liones ?

  - Oui, je ne vous l'avais pas dit ?, esquissa t-il un sourire amusé. On fait un petit détour à Édimbourg avant de rentrer.

  - Pourquoi faire ?, l'interrogea Hawk avec étonnement.

  - J'ai quelque chose à régler là-bas. >>, répondit-il en réduisant légèrement son sourire.

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  Le déplacement de Mama Hawk prit fin après quelque temps, nous indiquant que nous étions arrivés au lieu souhaité de Meliodas. Nous sortîmes tous de la taverne afin de voir ce qu'il en était. Harlequin gardait fermement ma main dans la sienne.

  << Le château d'Édimbourg... Ça fait longtemps, murmurait-il en évoquant l'immense forteresse dressée devant nous, à la structure étrange rappelant l'allure d'une fleur en éclosion.

  - C'est Escanor qui l'avait ravagé, affirma Gowther d'une voix amusée.

  - Oui, je m'en excuse... >>, baissa la tête le Lion avec regret.

  Entre le château et notre position, je remarquai immédiatement un gigantesque cratère qui nous en séparait.

  << Je continue seul à partir d'ici. Attendez-moi là, d'accord ? >>, nous demanda Meliodas, le sourire aux lèvres.

  Sur ces mots, la Princesse Elizabeth glissa sa main dans celle de son amant, lui faisant comprendre d'un simple regard doux, qu'elle souhaitait l'accompagner. Ce dernier lui rendit son sourire, puis tous deux, se jetèrent main dans la main au fond de l'immense fosse en déployant leurs ailes respectives de leur Clan. Qu'est-ce qui pouvait bien y avoir en dessous ? Que Meliodas comptait-il faire ? De nombreuses questions ne cessaient de se bousculer dans mon esprit à cet instant.

  << C'est le Capitaine qui avait fait ce trou, si je me souviens bien..., déclara Escanor d'une voix peu sereine.

  - Je vois... Il veut briser le sceau, comprit Merlin quelque chose.

  - Le sceau ?, répéta Escanor d'un air confus.

  - Te souviens-tu ?, commença le Sanglier de la Gourmandise son récit. Il y a douze ans, nous avions tous été envoyés en mission à Édimbourg pour combattre le Clan des Vampires. Or, le Capitaine avait épargné l'une d'entre eux en l'enfermant grâce aux pouvoirs des ténèbres. Le nom de ce Vampire est Gelda. >>

  J'écarquillai les yeux devant ces paroles. Ce nom... Gelda, ne serait-ce pas...?

  << La bien-aimée de Zeldris, confirma Merlin en terminant son récit.

  - Mais Merlin..., l'interpellai-je afin de la questionner sur une information qui me préoccupait. Je croyais que le frère de Meliodas avait scellé le Clan des Vampires il y a déjà des siècles d'après les dires du Roi des Démons... Comment se fait-il qu'ils aient attaqué Édimbourg il y a douze ans ? Quelqu'un les aurait libérés ?

  - Pas à ma connaissance, répliqua Merlin avec calme. Il semblerait juste que le sceau qui les avait scellés se soit brisé de lui-même. >>

  Je fronçai les sourcils. Sa réponse me rendait perplexe et incrédule. Un sceau peut-il vraiment se briser de lui-même ? En y repensant, peut-être que Zeldris avait prévu de mettre cette défaillance dans la mise en place de son sceau ? Ou bien, il y avait réellement quelqu'un à l'origine qui l'avait détruit mais cette personne resterait inconnue encore aujourd'hui ? Cela ne pouvait pas être Zeldris, faisant antérieurement partie des Ten Commandments, Meliodas m'avait expliqué qu'ils avaient tous été libérés seulement après la Guerre Sainte qui opposait les Chevaliers Sacrés, sous la direction de Hendrickson, aux Seven Deadlys Sins. D'autant plus, comme le Clan des Démons avait été scellé à l'aide de ce que tout le monde semble appeler le Cercueil des Ténèbres Éternelles pour mettre fin à la toute première Guerre Sainte il y a plus de trois milles ans, Zeldris ni aucun autre membre du Clan des Démons ne pouvait donc être à l'origine de la destruction du sceau du Clan des Vampires il y a douze ans. J'avais vraiment du mal à croire qu'un sceau puisse réellement se briser de lui-même sans effectuer d'action extérieure, à moins que d'autres personnes hormis le Clan des Démons étaient au courant de l'emprisonnement du Clan des Vampires ? Ou alors, Merlin ne me disait pas tout. Bizarre...

  Soudain, un amas sombre enveloppé d'une étrange aura lumineuse sortit à une vitesse fulgurante du trou avant de continuer son chemin loin dans le ciel. Je ne reconnaissais pas la magie de Meliodas. Était-ce Gelda ? Tout le monde restait tu, regardant cette forme lumineuse s'en aller au loin. Meliodas et la Princesse Elizabeth finirent par sortir à leur tour du cratère avant de nous rejoindre sur le museau de Mama Hawk.

  << C'est bon, on peut retourner à Liones. >>, nous confirma le chef des Seven Deadly Sins. 

  Ainsi, nous regagnâmes tous la capitale. Certains restèrent pour manger le repas de midi au Boar Hat tandis que d'autres préféraient prendre l'air et revenir plus tard en journée. Durant l'après-midi, je restais auprès de Harlequin qui avait repris la confection de ses nouveaux vêtements afin d'essayer de se changer les idées. Je l'aidais à chercher un patron, même si malgré tout, aucun ne finissait par le satisfaire. Nous étions tellement concentrés que nous ne vîmes pas le soleil se coucher.

  << Fouah ~  Bon, c'est pas grave. Arrêtons-nous là pour aujourd'hui. Désolé si je suis trop perfectionniste, haha..., s'excusa t-il un peu gêné.

  -  Non, ne t'inquiète pas. Tu y mets ton âmes, c'est bien, lui souris-je chaleureusement.

  - Oui, c'est vrai, fit-il joyeusement de-même en retour.

  - Au fait, je voudrais te parler de quelque chose qui me préoccupe un coin de l'esprit, commençais-je d'un air un peu embêté et songeur. Lorsque vous êtes partis ce matin chercher des ingrédients dans la nature pour refaire les réserves, Diane a fait mention en rigolant des enfants que tout le monde pourrait avoir plus tard. Je sais que c'est tôt pour parler de ça maintenant mais c'est juste par question physionomique, puisque nous naissons tous et toutes des plantes, est-ce que tu penses que notre peuple est en mesure de concevoir des enfants comme le font les animaux ou les autres Clans ? Ou penses-tu que notre Clan est une sorte d'exception dans sa manière de faire en matière de reproduction naturelle ? >>

  Devant mon questionnement, son crayon lui tomba subitement de la main. Le bruit résonna quelques instants dans la pièce, puis un léger silence s'en suivit. Harlequin semblait déconcerté et surpris, comme s'il était complètement pris de court, lorsque Helbram prit la parole.

  << J'avoue, je me suis jamais vraiment posé la question moi non plus, affirma t-il de sa voix métallique, posé dans un coin de la pièce. T'imagines Harlequin, on est trop unique dans notre reproduction !

  - Euh en effet, ça ne m'a jamais traversé l'esprit non plus... Je...euh... Je ne m'attendais pas du tout à ce questionnement, surtout si soudain..., essayait Harlequin de réfléchir et trouver ses mots, un peu mal à l'aise. Mais... J'imagine que si nous avons des appareils reproductifs c'est que nous en sommes probablement capable nous aussi, comme les autres êtres vivants, mais qu'aucun d'entre nous n'a jamais utilisé ce procédé pour des raisons que j'ignore.

  - Pas faux, acquiesçais-je d'un air sérieux et songeur. Peut-être que notre Clan n'en a simplement pas besoin puisque notre reproduction se fait automatiquement et naturellement à partir de la Forêt du Roi des Fées ? >>

  Harlequin prit quelques instants avant de reprendre la parole.

  << Mais toi, Dixie... Est-ce que...tu aimerais en avoir, pour toi ? Changer en quelque sorte ce processus pour que ces enfants viennent de nous ? >>, me demanda t-il d'une voix timide et le visage commençant à rougir.

  Mon regard vint immédiatement se poser sur Harlequin. Je devais avouer que j'étais un peu surprise qu'il me fasse cette proposition. Des flashs de cet enfant, Mead, que nous avions rencontré plus tôt en matinée me vinrent à l'esprit. Je fronçai les sourcils en baissant le regard, un peu embêtée.

  << Je ne sais pas... Désolée, Harlequin... Je ne peux pas te donner de réponse pour le moment... Ça me parait un peu tôt d'en parler là maintenant mais pour être honnête, je ne me vois pas spécialement être mère... Je veux dire, je n'ai jamais vu aucune femelle de notre peuple en devenir une et je ne te cache pas que ça me fait peur si je dois être la première à l'expérimenter. J'essaye de m'imaginer un peu à quoi cela pourrait ressembler d'être une mère parmi les animaux et les autres Clans mais ça semble demander une lourde responsabilité et beaucoup de travail... D'autant plus que lorsqu'une Fée née, son apparence ne change pas ou ne grandit pas tout le long de sa vie, alors qu'au contraire, c'est ce qui est naturellement censé se produire chez les autres espèces. Plus j'y pense, plus j'ai l'impression que cela pourrait peut-être être contre nature d'essayer... Je suis vraiment désolée Harlequin, tu dois certainement être déçu... En fait, moi-même je ne sais même pas comment la reproduction se conçoit alors que cela semble pourtant instinctif et naturelle chez les animaux et les autres Clans... Je te demande pardon...

  - Mais non mais non, Dixie, ne t'excuse pas !, agita t-il ses mains un peu gêné. Tu as le droit d'avoir peur, c'est quelque chose qui nous est inconnu après tout. Et puis, si je me réfère aux autres espèces, ce serait toi qui devra porter l'enfant si cela devait arriver. Donc je comprends tout à fait ton inquiétude en m'imaginant à ta place. Après pour ta question de comment on en fait... eh bien...disons que je ne m'inquiète pas trop... Enfin je veux dire, on a pas mal de connaisseurs autour de nous, au Boar Hat, donc je pourrais toujours leur demander des conseils si vraiment tu t'y intéresses... Mais si tu as besoin d'être davantage rassurée sur le sujet, je pense que tu peux demander à ma sœur. Elle est déjà au courant de comment on en fait.

  - Ah bon ?, demandais-je surprise. Ban lui a expliqué ?

  - Euh comment dire... O-Oui...enfin j'espère !, fit Harlequin, le visage devenant de plus en plus rouge en essayant de chercher ses mots. Euh disons que... elle l'a déjà expérimenté si je peux dire ça comme ça...

  - Dame Elaine l'a déjà expérimenté ?, répétai-je inquiète. Elle te l'a dit ? Et elle va bien ? Je veux dire, est-ce qu'elle t'a dit qu'elle avait des signes comme quoi elle serait en processus d'avoir un enfant en l'ayant fait ?

  - Non elle ne me l'a pas dit en personne mais...je l'ai compris en raison des murs pas très isolants de la taverne..., affirmait-il de plus en plus mal à l'aise. Euh après pour savoir si elle a des symptômes de quelque chose ou pas du tout, même si elle l'a fait, ça je peux pas te dire. Il faut soit lui demander directement soit demander aux autres des informations à ce sujet.

  - Je ne savais pas du tout que Dame Elaine avait songé à tout cela bien avant nous, fis-je d'un air pensif.

  - Je ne sais pas si ça a vraiment un lien avec le fait de vraiment concevoir un enfant mais il se pourrait qu'ils le fassent juste parce que ce serait apparemment une expérience plaisante en couple... De ce que j'ai pu entendre dire...

  - J'ai du mal à comprendre pourquoi ils ont pratiqué ce genre de processus en étant conscient que cela pourrait leur créer un enfant en sachant tout le reste... Pas que je sois en désaccord qu'ils en aient, loin de là, mais n'ayant pas l'habitude de penser à ce genre de chose, tout ceci me semble assez complexe. >>, répondis-je toujours pensive et l'esprit confus.

  Soudain, Meliodas toqua à la porte de notre chambre, nous sortant de nos pensées.

  << King ! Dixie ! Bartra nous convoque tous et nous invite à manger au château ce soir, vous venez ?, nous informa t-il en ouvrant doucement la porte.

  - Le Roi Bartra nous convoque tous ? Mais pour quelle raison ?, lui demanda Harlequin, perplexe.

  - Aucune idée, il n'a pas précisé, déclara Meliodas d'un large sourire. On verra bien. >>

  Ainsi nous nous préparâmes afin de tous nous rendre au château du Roi Bartra. Le ciel était déjà sombre et l'air était frais. Les grillons chantaient à travers l'harmonie nocturne et calme de la nuit tandis que nous nous dirigions tous en direction des lumières du château. Des gardes nous accueillirent et nous menèrent à une grande salle remplit de tables et de buffets composés d'innombrables amuse-bouches, boissons et nourritures de toutes sortes. Le Roi Bartra ainsi que beaucoup de Chevaliers Sacrés étaient déjà réunis dans la salle à notre arrivée.

  << Mes amis, je vous remercie d'avoir tous répondu à mon appel au dernier moment, levait le roi son verre par une annonce reconnaissante.

  - Pourquoi tu nous as tous convoqués, Bartra ?, demanda Meliodas de son habituel air candide tout en se servant un verre.

  - Aheum, se racla t-il la gorge avant de répondre. Meliodas, Dragon de la Colère, Capitaine des Seven Deadly Sins. J'ai une demande à te formuler en présence de cette assemblée... En tant que souverain de ce pays et en tant que père, je t'implore. Accepterais-tu de prendre Elizabeth pour épouse et me succéder sur le trône de Liones ? >>

  Contre toute attente Meliodas recracha toute sa gorgée sur le roi, me faisant sursauter de surprise. Mes yeux écarquillés comme jamais, je ne savais ce qui était le plus surprenant entre la manière dont le Capitaine des Seven Deadly Sins avait donné sa réponse ou la demande en elle-même du Roi Bartra.

  << Non... Il a pas fait ça... >>, murmurait Harlequin en glissant sa main contre son visage, ne croyant lui non plus à la scène présentée sous nos yeux.

  Immédiatement, le Chevalier Slader, le fidèle bras droit du roi, arriva à sa hauteur pour essuyer le visage de ce dernier à l'aide d'une serviette.

  << Majesté !, s'écria t-il avant de hausser le ton envers Meliodas. Non mais ça va pas, mal élevé ?!

  - Ce n'est pas une plaisanterie, je ne suis plus tout jeune, avoua le roi d'un air embêté. En vérité, j'ai demandé à Margaret et Gilthunder en premier, mais ils m'ont tous deux répondu qu'ils n'étaient pas fait pour régner. Quant à Griamore et Veronica, je ne les serais pas tranquille si je leur confiais le trône. Mais toi, tu mérites le titre de roi. Tu bénéficies déjà d'un grand crédit auprès du peuple. Qu'en dis-tu Elizabeth ? Tu n'y vois pas d'inconvénient ?

  - Père, je suis navrée mais nous ne pouvons accepter votre proposition, refusa t-elle poliment.

  - Hein ?, s'exclama le Roi Bartra confus.

  - En effet, je vais partir aux Enfers avec Meliodas. >>, expliqua t-elle le sourire aux lèvres et serrant le bras de son compagnon contre elle.

  Tout le monde s'étonna brusquement devant sa réponse inattendue. Elle souhaitait aller au Royaume des Démons avec Meliodas depuis tout ce temps ? Mais... Est-ce que son corps pourra être en mesure de survivre là-bas...?

  << Tu veux venir aux Enfers avec moi ?!, lança le Capitaine des Seven Deadly Sins avec inquiétude. 

  - Oui ! J'y réfléchissais depuis un moment déjà.

  - Tu ne peux pas !, refusa son compagnon avec sérieux. Tu es humaine, tu vas le regretter si tu y vas !

  - Je suis sûre que non. J'ai déjà pris ma décision et je suis déterminée à y aller avec toi. >>, affirma t-elle d'un regard confirmant tout à fait ses dires.

  Un ange passe, tout le monde resta immobilisé et stupéfait devant la fermeté dont la Princesse Elizabeth faisait preuve. Finalement, le banquet du roi continua tant bien que mal malgré ce choc qui nous habitait tous. Je ne savais quoi en penser... Après tout, peut-être que j'aurais pris la même décision si j'avais été à sa place.

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  << Hé, Merlin... Ça ressemble à quoi le Royaume des Démons ? >>, demandait Diane la mine triste et d'une façon de parler qui montrait qu'elle avait trop bu.

  Plus tard dans la soirée, nous étions tous retournés au Boar Hat après le banquet du roi hormis Dame Elaine qui était restée au château pour aider la Princesse Elizabeth à préparer ses affaires. Les Seven Deadly Sins étaient un peu éparpillés dans la salle principale de la taverne, Merlin, Ban et Meliodas autour du comptoir, Harlequin et Diane assis ensemble à une table et Escanor et Gowther à une autre. De mon côté, je m'étais installée à une table près d'une fenêtre légèrement à l'écart, observant silencieusement à travers celle-ci. Une neige étrange accompagnée par des coups de tonnerre, tombait abondamment à l'extérieur. La météo était complètement déréglée à ce stade car cette neige était trop précoce pour se montrer maintenant, n'étant pas encore en saison hivernale. Les catastrophes commençaient désormais à toucher la capitale, il était certain que Meliodas devait quitter malheureusement ce monde pas plus tard que demain grand maximum. Tout le monde gardait le regard baissé, subissant une nouvelle fois cette impuissance devant le départ de leur chef.

  << C'est un royaume corrompu, rempli de miasmes, de ténèbres et dans lequel errent des créatures plus dangereuses les unes que les autres. Les Induras en tête. Seuls les Démons peuvent y vivre, les autres espèces voient leur corps et leur esprit se décomposer dès qu'elles y ont pénétré, répondit Merlin le sourire aux lèvres à Diane tout en grignotant un peu ce qu'il y avait sur le comptoir. Mais avec les pouvoirs de sœurette, elle devrait s'en sortir.

  - J'ai été surpris quand elle a dit ça..., marmonna Escanor encore un peu sous le choc.

  - Oui. Difficile de croire qu'une princesse puisse penser de cette manière. Elle avait tout prévu..., ajouta Gowther, le regard baissé.

  - Et l'expression qu'elle avait... Pas moyen de l'arrêter, fit Diane, la tête enfouit contre ses bras et la voix montrant qu'elle était toujours sous l'emprise de l'alcool.

  - En effet..., acquiesça Harlequin d'un air calme et triste à la fois.

  - C'est là, le vrai visage de sœurette, affirma Merlin, continuant de grignoter. Une jeune fille forte, intrépide, qui n'a pas hésité à s'enfuir avec l'héritier des Démons et à l'imposer au sein de Stigma malgré la haine que tous éprouvaient pour ses congénères.

  - Et puis, en ce qui te concerne, Capitaine..., l'interpella Gowther avec inquiétude. Tu n'as pas l'air d'avoir de regret à quitter ce monde...

  - Hmm, ben si quand même, sourit le Dragon d'un air jovial et se tournant vers le Renard. J'aurais bien aimé voir mes gamins botter le cul à ceux de Ban par exemple !

  - Hein ?! Et les miens alors ?!! >>, s'exclama Diane en frappant violemment du poing sur la table.

  Je baissai légèrement le regard, un peu embêtée par le sujet de leur conversation.

  << Haha, oui des choses qui me retiennent, il y en a des tonnes..., affirmait Meliodas en prenant un peu de sérieux dans sa voix. Même si les combats ont cessé pour le moment, le fossé qui sépare les Démons des quatre autres peuples n'a pas été comblé pour autant... Et surtout, cette guerre a fait beaucoup trop de victimes, à commencer par Arthur... Je suis sûr qu'il aurait été un roi formidable... Tout est entièrement de ma faute. Je suis quelqu'un d'horrible... Ces trois millénaires, tout ce que j'avais en tête c'était de libérer Elizabeth de sa malédiction. Et pour cette raison, j'ai laissé mourir mon seul et unique frère par deux fois... Je mérite vraiment d'aller aux Enfers.

  - Je ne suis pas d'accord ! Tu es quelqu'un de bien !, répliqua Gowther en se levant.

  - Arrête de te croire responsable de tout, c'est très présomptueux !, acquiesça Escanor envers son chef.

  - Tu as sauvé beaucoup de gens, moi la première, ajouta Merlin avec calme.

  - Ouais. Tu m'as sauvé, moi aussi, sourit Ban à son ami.

  - Si tu n'étais pas quelqu'un de bien, Elizabeth ne serait pas tombée amoureuse de toi !, approuva Diane les larmes aux yeux.

  - N'importe qui agirait désespérément pour sauver ou protéger la personne de son cœur, acceptait Harlequin les raisons de son chef.

  - Oui et j'ai aussi ma part de reconnaissance, Meliodas. Sans toi, je n'aurais jamais retrouvé Harlequin à l'heure qu'il est. >>, affirmai-je d'un léger sourire.

  Un petit moment de silence s'installa avant que le Capitaine des Seven Deadly Sins ne reprenne la parole.

  << ... C'est grâce à vous tous qui avez été là pour moi, que je suis devenu celui que je suis actuellement. Merci... >>

  Tout le monde acquiesça à ses paroles. Certains pleuraient d'émotions tandis d'autres les acceptaient d'un simple sourire, dont moi-même. Meliodas allait tous nous manquer, même à moi, je devais l'avouer. Sa bonne humeur, son dynamisme, sa combativité, son esprit d'équipe, sa détermination, son énergie de leader et de meneur... Son départ définitif allait très certainement créer un vide chez les Seven Deadly Sins... Pourvu qu'ils arrivent à remonter la pente...

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