Chapitre 10 : Amitiés antérieures

  << Au fait, vous comptez revenir dans la Forêt du Roi des Fées un jour vous deux ? >>

  Le ton grave d'Elkan à travers sa question me laissait sous entendre qu'il appuyait sur nos responsabilités de souverain.

  << Comme la Guerre Sainte vient de se terminer, je pense d'ici sous peu, répondit Harlequin en fronçant les sourcils, ne semblant pas aimer le ton qu'employait mon ami envers lui.

  - C'est à dire "d'ici sous peu" pour toi Harlequin ? >>, continuait Elkan de le fixer d'un regard dur.

 Le Roi des Fées s'arrêta devant ces paroles, m'obligeant à faire de même. D'une expression sérieuse, il se tourna légèrement vers l'autre Fée mâle.

  << Ça veut dire ce que ça veut dire. >>, restait-il ferme.

  Une nouvelle fois, je sentais l'atmosphère s'alourdir entre les deux mâles alors qu'ils venaient à peine de sortir de conflit il y a quelques minutes. Je lâchai un soupir.

  << Elkan, plus de disputes ce soir, s'il te plaît. Tout le monde s'est assez confronté à des conflits aujourd'hui, non ?

  - Dixie a raison, acquiesça Harlequin toujours avec sérieux. Je n'ai pas envie de me disputer ou de me battre avec toi. Ne me pousse pas à bout.

  - Je ne cherche pas non plus à me battre, je cherche juste des réponses, déclara Elkan du même air. De ce que je constate de tes longues absences répétitives, j'ai davantage l'impression que tu essayes de te défiler, pas que j'aime qu'il y ait un roi qui nous gouverne mais au cas où tu l'aurais oublié il n'y a plus personne qui protège notre forêt et l'Arbre Sacré d'où tu y puises ta magie. >>

  J'écarquillai les yeux devant ses paroles, il avait en effet raison sur ce point là.

  << Je sais, confirma Harlequin toujours avec calme et fermeté avant de faire volte-face en lui tournant le dos. Tu n'as pas besoin de me le rappeler. >>

  Elkan ne rétorqua rien tandis que nous suivions silencieusement le Roi des Fées qui avait reprit l'avancé vers la taverne de son chef. L'atmosphère restait néanmoins pesante entre les deux Fées bien qu'un petit peu atténuée. Cela me suscitait une désagréable sensation. Me retrouver au milieu de leur conflit me mettait vraiment mal à l'aise car je ne pouvais défendre aucun camp. Tout ce que je pouvais faire était de calmer leurs disputes même si je savais qu'il fallait que je trouve une meilleure solution face à leur désaccord mutuel.

  Entrant tous dans la taverne de Meliodas après quelques minutes, nous remarquâmes que la pièce principale occupait déjà quelques clients.

  << Dixie, Messire King !, nous interpella la Princesse Elizabeth souriante et accourant vers nous. Meliodas nous a confié l'ouverture du nouveau Boar Hat, est-ce que vous voulez bien nous aider ?

  - Quoi ? Il a décidé de faire l'ouverture de la nouvelle taverne ce soir, il est sérieux ?, soupira Harlequin d'exténuation. Bon... J'imagine qu'on n'a pas trop le choix...

  - D'accord Princesse Elizabeth, acceptai-je. Je me change et je reviens.

  - Pareil. >>, marmonna le Roi des Fées peu ravi.

  La jeune Déesse nous esquissa un chaleureux sourire en guise de remerciement avant de repartir au service.

  << Elkan, installe-toi quelque part je t'offre le repas de ce soir, l'invitais-je jovialement. On va juste prendre des vêtements plus présentables avec Harlequin et on revient. >>

  Il est vrai qu'il ne restait plus grand chose de nos armures à cause des très violents combats dont nous avions dû faire face. Elkan acquiesça calmement, nous regardant Harlequin et moi nous envoler à l'étage. Doucement, je baissais le regard avant de prendre la parole après quelques instants.

  << Je suis vraiment désolée Harlequin, je ne pensais pas qu'il se montrerait aussi dur envers toi..., m'excusais-je tandis que nous volions dans les couloirs.

  - Mais non Dixie ne t'excuse pas, c'est plutôt à moi de m'excuser si on te met mal à l'aise... Je dois mieux gérer la situation et ne pas me laisser emporter ou me laisser culpabiliser par ses reproches. Je me suis assez blâmé moi-même donc je ne veux pas que quelqu'un continue à ma place. >>, me répondit-il calmement en ouvrant la porte en bois de notre chambre pendant que nous y rentrions.

  Je gardais le regard baissé malgré ses dires. J'étais inquiète pour lui sentant moi-même de la culpabilité dans la situation devant laquelle il s'opposait. Commençant tous les deux à nous chercher de nouveaux vêtements dans les meubles et armoires, il posa soudainement une main contre la mienne avec douceur.

  << Hé Dixie..., me murmurait-il tout bas. Honnêtement j'y pense... Elkan pourrait être un très bon entraînement afin que je ne me laisse plus marcher dessus par quiconque et que j'apprenne à avoir confiance en moi. Si je change la situation sous cet angle ça peut devenir quelque chose d'intéressant, tu ne crois pas ? >>

  Surprise par ses paroles, je tournai mon visage dans sa direction les yeux écarquillés.

  << Tu es sûr, Harlequin...? Je veux dire... Je veux te soutenir mais vous êtes tous les deux des personnes importantes pour moi et je me sens incapable de défendre qui que ce soit sans blesser l'autre... En fait, vous avez chacun des opinions différents de certains événements que je ne peux pas rejeter car ce sont vos ressentis et vos points de vue qui sont propres à vous deux... Moi-même, je n'ai pas la même vision et le même ressenti de tous ces événements là, donc je ne peux pas vraiment défendre quelqu'un en particulier plutôt qu'un autre, mais seulement comprendre et accepter vos deux opinions. >>

  Dès que j'eusse terminé ma phrase, il déposa un petit baiser sur mes lèvres. Cela ne dura qu'un très court instant mais juste assez pour me surprendre et m'arrêter de me torturer l'esprit. Il esquissa un léger sourire tandis qu'il me regardait avec douceur.

  << Je le sais, ne t'inquiète pas pour moi, me murmurait-il. C'est à moi et grâce au soutien que tu m'as toujours donné de prendre confiance en moi et de ne pas me laisser abattre par ses reproches. >>

  J'acquiesçai doucement avant de reprendre la parole.

  << Par contre, ne cherche pas à le faire changer d'avis... Tant qu'il ne l'aura pas décidé lui-même il n'est pas du genre à facilement se laisser dissuader.

  - Oui j'avais remarqué. Il a l'air de quelqu'un qui garde la tête sur les épaules et qui sait ce qu'il fait. Peut-être que je devrais davantage l'observer pour comprendre comment il fait. Il se pourrait même que cela m'aide à développer un peu plus de confiance en moi par la même occasion, songeait-il.

  - Si tu savais, c'est exactement ce que j'avais l'habitude de faire avant que je ne le perde de vue après la destruction de la Forêt du Roi des Fées la première fois, esquissais-je un sourire en coin amusée.

  - Oui mais toi tu es plus compréhensive et ouverte d'esprit. >>, me répondit-il du même sourire. 

  Je ricanai un peu gênée et rougissante devant ses paroles puis glissai délicatement mes doigts dans ses doux cheveux couleur ambre. Son expression s'apaisait à mesure que je caressais doucement sa chevelure du coin vers l'arrière de sa tête. Petit à petit, j'y découvrais la forme de celle-ci du bout de mes doigts, à travers un silence calme et des secondes qui semblèrent nous durer une éternité. Après un long battement de cil, je laissai finalement ma main se poser sur son épaule nue en dessinant une ligne depuis sa nuque tandis qu'il m'observait les paupières mi-closes.

  << Tu as les mains douces aussi... >>, murmura t-il sous un sourire remplit de quiétude.

  J'esquissai un même sourire serein en guise de réponse. Finalement, nous finîmes de changer de tenue afin de revêtir nos vêtements habituels puis redescendîmes au rez-de-chaussée. Une fois en bas, je passai par dessus le comptoir et commençai à me préparer. La Princesse Elizabeth me présenta plusieurs commandes. Voyant le nombre de clients continuant de rentrer par l'entrée principale, je questionnai la jeune Déesse en fronçant légèrement les sourcils.

  << Ban n'est pas ici ?, demandais-je ne le remarquant nulle part, ennuyée de ne pas pouvoir avoir de l'aide en cuisine.

  - Non, ils sont restés en ville pour chercher Hawk, il n'avait pas l'air bien... Je m'inquiète pour lui, j'espère qu'ils vont réussir à le retrouver, m'avoua t-elle la mine abattue.

  - Ah je comprends..., partageai-je son inquiétude. J'espère aussi qu'il vont le retrouver. >>

  La princesse acquiesça avant de repartir au service des clients en me laissant les commandes. Elkan s'installa silencieusement sur un des sièges en face moi, près du grand comptoir annuaire derrière lequel je me trouvais et jeta un œil sur les feuilles de papier. Harlequin se trouvait en charge de la vaisselle sur ma gauche du comptoir ainsi que du service des boissons et des alcools. Diane et Gowther faisaient serveurs en allant directement voir les clients comme la Princesse Elizabeth. Escanor quant à lui, était également serveur mais nettoyait aussi le sol lorsque la princesse faisait malencontreusement tomber son plateau ou qu'elle trébuchait. L'ambiance était plutôt bruyante et festive, animée par les rires et la bonne humeur des Humains et des Chevaliers Sacrés. Des Fées volaient de part et d'autre de la pièce, certaines déboussolées par les effets de l'alcool.

  << C'est plutôt étrange comme situation... Je n'ai pas l'habitude d'être entouré par beaucoup de monde, surtout d'Humains, analysait Elkan la salle de son habituelle expression impassible.

  - Oui, pourtant je n'aime pas du tout ce genre d'ambiance même si tout le monde semble heureux ainsi. J'apprécie davantage les lieux et les moments calmes, affirmai-je, concentrée à cuisiner.

  - Je te le fais pas dire, acquiesça t-il.

  - Elkan, l'interpella Harlequin en montrant deux bouteilles en verre qu'il tenait dans ses mains. Tu veux de l'alcool ou du jus de fruit ?

  - Qu'est-ce que l'alcool ?, demanda t-il un peu perplexe.

  - C'est l'odeur que tu peux sentir dans toute la taverne et qui rend les gens ivres comme les deux Humains assis à côté de toi. >>, répondit le Roi des Fées, l'air légèrement blasé.

  Elkan analysa les deux hommes du regard un peu retissant et fronçant les sourcils.

  << C'est l'effet secondaire donné par l'alcool lorsque tu en bois. J'ai remarqué que certains deviennent très heureux, d'autres très colériques, tristes ou encore somnolents, déboussolés ou fou, lui expliquais-je. D'autres personnes peuvent n'avoir aucun effet secondaire cependant, il semblerait que cela dépende de l'organisme de chacun.

  - Je vois. Et toi, tu en as eu des effets secondaires, Dixie ?, me questionna t-il.

  - Je ne sais pas comme je ne prends pas le risque d'en boire, mais Harlequin est plutôt du type heureux, colérique et somnolent quand il en prend parfois, souris-je en tournant mon regard vers notre roi. 

  - Ah oui il en prend ?, lui lança Elkan un regard noir. J'espère que tu ne fais aucun mal à Dixie quand tu es ivre.

  - Bon sang ! Choisis ta boisson au lieu de me juger encore sur tout ce que je fais ou que je fais pas ! Et évidement que je ne ferai aucun mal à Dixie, qu'est-ce que tu crois !

  - Je demandais, retira Elkan son air sombre pour reprendre son allure impassible et calme. Après vos explications, je choisis le jus de fruit sans hésitation. >>

  Harlequin grogna légèrement avant de commencer à le servir et lâcher un soupir ennuyé à mon égard.

  << Désolé, j'ai encore perdu mon sang-froid...

  - C'est rien, ne t'inquiète pas. >>, caressais-je gentiment sa taille pour le rassurer tandis qu'il remplissait le récipient en verre pour Elkan.

  La nuit finit par complètement tomber. Meliodas, Ban et Hawk revinrent à la taverne quasiment une heure après, depuis que nous gérions les lieux. L'animation restait la même voire plus festive maintenant que le chef des Seven Deadly Sins était de retour. Ban se jeta immédiatement derrière le comptoir pour se mettre au fourneau tandis que la princesse m'autorisa une pause qui me soulagea. Cela tombait bien car l'arboulastre aux herbes que j'avais préparé en tarte pour Elkan, Harlequin et moi venait juste de terminer de cuire. Dame Elaine s'était jointe derrière le comptoir pour enlacer et regarder son amant cuisiner. Harlequin quant à lui, s'installa complètement épuisé sur un siège de libre à côté d'Elkan. Je le regardais adorablement s'avachir et soupirer sur le comptoir pendant que je coupais la tarte et que mon ami partageait la pile d'assiettes que Harlequin avait préparé avant de s'écrouler de fatigue.

  << Gnnhmm... J'en peux plus, je veux aller dormir..., marmonna t-il la tête enfoui dans ses bras.

  - Hmph... Tu es pathétique, Harlequin. >>, fit Elkan d'un air désintéressé tandis qu'il commençait à manger.

  Le Roi des Fées sembla lui lancer un regard mauvais du coin de l'œil mais finit par l'ignorer en ne répliquant rien.

  << Courage. Tiens, ça va te donner des forces, lui caressais-je le bras du dos de ma main avec laquelle je lui tendais ma fourchette et un morceau de tarte sur le dessus.

  - Hmm...? >>

  Il redressa la tête de l'intérieur de ses bras puis prit une timide bouchée.

  << Miam ch'ai crop bon..., murmurait-il le visage ravi et satisfait tout en agitant ses ailes.

  - Bien sûr que c'est bon puisque c'est Dixie qui l'a fait, le regarda Elkan d'un air hautain.

  - T'as fini de m'ennuyer ? C'est moi qui l'encense, pas toi, plissa Harlequin les yeux.

  - Je fais ce que je veux, tu n'as aucun ordre à me donner, répliqua t-il du même air.

  - Allons, allons, les gars..., fis-je mal à l'aise et gênée devant leur dispute.

  - Je parie que j'en mange plus que toi !, se redressa soudainement Harlequin sûr de lui en saisissant son assiette.

  - Tu rêves ! >>

  Ainsi, je les regardais dévorer entièrement la tarte à eux deux en quelques minutes. Je voulais me faire toute petite sous le comptoir à cet instant tellement j'étais gênée, tandis qu'ils étaient encore en train de se disputer pour savoir qui avait gagné.

  << Eh ben alors, qu'est-ce qui se passe ici ? Tu aimes les concours maintenant, Harlequin ? >>

  Le Roi des Fées, grand frère et moi tournâmes la tête vers la voix métallique. À notre grande surprise, nous fûmes tous étonnés de voir le casque en métal dans lequel résidait l'âme de Helbram léviter de manière autonome au dessus de nous.

  << Helbram ? M-Mais depuis quand tu arrives à faire ça ?, s'exclama Harlequin d'un air confus.

  - Voilà qu'il parle tout seul à un objet maintenant..., marmonna Elkan tout bas et l'expression blasé.

   - Bah écoute, quand vous n'êtes pas là et que je m'ennuie je teste des choses, répondit la Fée défunte en ricanant.

  - L'autre jour il s'est carrément immiscé dans l'un de mes rêves. Je sais pas comment il a fait, confirmais-je ses dires.

  - Ouais c'était plutôt amusant à faire, d'ailleurs vous étiez tous les trois dans son rêve. C'est plutôt étonnant maintenant qu'on en parle. >>, remarqua Helbram.

  C'est vrai... Maintenant qu'il le mentionne, c'était d'ailleurs le rêve qui m'avait permis de me souvenir d'Elkan, l'ayant inconsciemment effacé de mon esprit pour ne plus souffrir de mon passé. Ces personnes chères... Malgré le bruit ambiant, j'étais heureuse de les voir tous réunis et présent autour de moi, à un même endroit.

  << Est-ce qu'on peut m'expliquer qui c'est, ou... Qu'est-ce que c'est ?, nous demanda Elkan un peu perdu par la discussion et la présence de Helbram.

  - Oh désolé je ne me suis pas présenté. Mon nom est Helbram, très ami avec ces deux gentes personnes ici présentent. Ne fait pas attention à mon allure, mon très cher Harlequin m'a tué trois fois, mais ce n'est qu'une anecdote. Désormais mon âme repose dans ce casque que je lui aie offert et que je trouve plutôt moche avec le temps. Mais je me porte bien !

  - Tu pouvais te passer de l'anecdote, Helbram... >>, marmonna Harlequin d'un air blasé.

  Elkan resta muet. En fait, il semblait avoir du mal à assimiler les dires de la défunte Fée, alors j'ai pris l'initiative de prendre la parole pour lui.

  << Helbram, je te présente Elkan. C'est un ami à moi de très long date. Nous nous considérons comme des frères et sœurs mais il n'apprécie pas spécialement Harlequin..., le présentais-je, un peu gênée sur la fin de ma phrase.

  - Attends..., reprit grand frère la parole. Tu as dis que vous êtes amis et qu'il t'a tué trois fois ?

  - Aïe aïe aïe..., soupirais-je en glissant mes mains contre mon visage, les coudes posés sur le comptoir.

  - Allez je suis prêt, qu'est-ce que tu vas me encore dire ?, affirma Harlequin d'un air blasé et le fixant comme s'il était maintenant habitué à ses reproches.

  - Je savais que quelque chose ne tournait pas rond chez toi, Harlequin, grogna Elkan d'un regard noir et m'agrippant le poignet. Je ne veux plus que tu touches un seul des cheveux de Dixie, tu trouves ça amusant de tuer des gens pour les ramener à la vie et les tuer à nouveau ensuite ?!

  - Tu n'as pas le contexte ni les circonstances de ce qu'il s'est passé, donc tu ne peux pas me juger sur de simples dires, restait étonnamment calme Harlequin en se tournant sur son tabouret face à son interlocuteur.

  - De "simples dires" ? Tu es encore plus dérangé et dangereux que je ne le pensais. >>, continuait Elkan de fortement froncer les sourcils.

  Harlequin soutenait silencieusement son regard avec sérieux. Elkan touchait une corde sensible de son passé. Je fronçais à mon tour les sourcils. Même si grand frère est têtu, je voulais que Harlequin puisse s'exprimer au moins pour cette fois sans qu'il ne le juge. Alors, je me suis détachée de son étreinte autour de mon poignet d'un simple mouvement tout en restant calme et ferme. Il me fixa d'un air confus, ne comprenant pas mon geste.

  << Elkan, je comprends que le point de vue de la situation t'alarme. Il est vrai que la manière dont Helbram t'a présenté ce qu'il lui ait arrivé n'est peut-être pas la mieux adaptée, mais me penserais-tu dupe au point de ne pas savoir choisir moi-même avec qui je peux relationner ?

  - ... Non... Tu ne l'es pas..., baissa t-il le regard comprenant qu'il avait peut-être réagit de manière trop excessive. Si tu étais au courant de ce qu'il a fait et que tu restes malgré tout proche de lui, il doit en effet y avoir une raison.

  - Alors s'il te plaît... Écoute ce qui l'a à dire sans chercher de critique. Si tu doutes toujours de ses agissements, tu pourras toujours lire dans son esprit pour y trouver tes réponses. >>

  Finalement, il acquiesça d'un léger mouvement de tête avant de tourner son regard placide vers Harlequin.

  << Eh ben, ça rigolait pas en effet quand tu disais qu'il ne l'appréciait pas, lança Helbram avant de prendre un ton plus sérieux. J'aimerais en placer aussi si ça ne vous dérange pas parce que j'ai également une grande part de responsabilité pour ce qu'il s'est passé. Harlequin n'est pas la personne à blâmer même s'il veut reporter toute la faute sur lui. >>

  Maintenant que j'y pense, je n'avais jamais eu le point de vue de Helbram sur ce qu'il s'était passé. Cette conversation était finalement un mal pour un bien, curieuse de mieux connaître la relation qui liait Helbram et Harlequin.

  << Je vous écoute. >>, restait néanmoins de marbre grand frère.

  Harlequin prit une grande respiration avant de prendre la parole.

  << Bien. Cela remonte avant que je ne quitte la Forêt du Roi des Fées la première fois. Helbram était très passionné par les Humains en ce temps même si je lui rappelais sans cesse de ne pas trop leur faire confiance.

  - Et moi à l'inverse, j'essayais toujours de le convaincre de davantage s'intéresser à leur culture et leur philosophie parce que je le trouvais trop têtu, prenait Helbram un ton amusé.

  - C'est toi qui était têtu à prendre mes conseils à la légère, leva Harlequin un sourcil.

  - Ouais... Et c'est ce qui m'a d'ailleurs emmené des ennuies... Pour notre amitié, je lui ai demandé de m'arrêter à temps si cela m'arrivait. Et ce qui devait arriver, arriva.

  - Comme tu as certainement dû en être informé, Elkan, les Humains ont un jour commencé à capturer plusieurs membres de notre peuple pour revendre leurs ailes ou bien fabriquer des élixirs de longue vie avec. Ils ont agi avec une telle discrétion que je n'avais rien remarqué au départ jusqu'à ce que des témoins me rapportent les faits avec également l'information que Helbram s'était fait prendre au piège en se laissant abuser par un marchand. C'est pour cela que je suis parti de la forêt un premier temps pour aller les secourir, mais j'étais loin de m'imaginer que j'allais prendre beaucoup plus de temps que prévu pour revenir, affirma Harlequin en baissant les yeux, l'air ennuyé.

  - Il est venu à notre secours mais il était déjà trop tard lorsqu'il nous a trouvés. Ces Humains avaient arraché les ailes de nos amis sans aucune compassion. J'avais réussi à m'échapper et me cacher mais leurs hurlements d'agonie jusqu'à leur dernier souffle n'ont jamais cessé de me hanter. Je les avais conduit à leur perte sans le savoir et je m'en voulais énormément. Alors que Harlequin était confus et essayait de comprendre la situation, un des Humains est arrivé derrière lui et l'a blessé gravement à l'aide de son arme avant que son corps ne tombe de la falaise sur laquelle on se trouvait. C'en était trop. Je croyais réellement que l'Humain avait tué Harlequin, alors j'ai pris mon courage à deux mains, j'ai saisi une arme moi aussi et j'ai tué l'Humain. Le premier d'une longue liste que j'allais assassiner pendant cinq siècles. Cinq siècles de vengeance contre le genre Humain qui m'a petit à petit fait tomber dans la folie... >>

  Je restais bouche bée devant leur récit. J'étais loin d'imaginer qu'une chose pareille avait pu leur arriver, surtout pour Helbram qui avait baigné dans le sang durant de longues années... Elkan quant à lui, semblait les écouter silencieusement sans exprimer une seule expression sur son visage. Parfois rien qu'en l'observant, il m'arrivait de me demander s'il était capable d'éprouver de la compassion pour autrui ou s'il n'aimait simplement pas le montrer. Je trouvais cela à la fois curieux et attrayant.

  << De mon côté depuis ma chute, c'était le gros trou noir. Je sais que j'ai pu survivre car j'ai repris connaissance auprès de Diane, une Géante avec laquelle on est devenus des amis très proches par la suite, qui m'a récupéré et m'a soigné. Le problème, c'est que ma chute m'avait fait perdre la mémoire sur tout ce qui m'était arrivé antérieurement. Je ne me rappelais plus qui j'étais et qu'est-ce que j'avais à faire. C'est pendant ces cinq cents années durant lesquels Helbram massacrait des Humains que je retrouvais petit à petit la mémoire dans l'ignorance total de ce qui était en train de se produire. Puis un jour, j'ai finalement réussi à me souvenir de tout. Mais il était déjà trop tard... 

  - Harlequin m'avait finalement trouvé tandis que je continuais de laisser de nombreux corps d'Humains mutilés derrière moi. Plus j'en tuais, plus je voulais poursuivre cette envie qui grandissait indéfiniment en moi. Ma haine profonde envers eux ne pouvait être désaltérée tant qu'il restait encore des Humains dans ce monde. Je n'arrivais pas à m'en empêcher... Je n'arrivais pas à m'arrêter... Plus rien ni personne n'était à ce stade en mesure de me calmer de ma folie destructrice. Mais au plus profond de moi, je comptais sur Harlequin pour m'aider.

  - Pour notre amitié... Je l'ai donc tué afin de l'arrêter à temps. Il m'a donc tué afin de m'arrêter à temps, affirmèrent-ils en chœur d'un ton sérieux.

  - J'ai pleuré sa mort un long moment avant que des Humains n'arrivent et prennent la décision de m'enfermer dans un endroit clos pendant cent ans pour mon crime, continua Harlequin, la voix grave. Mon crime par paresse, d'avoir laissé un de mes membres attaquer leur Clan sans même m'en apercevoir malgré notre pacte de non-agression. Mais pour moi mon réel crime, a été de laisser souffrir Helbram pendant des années sans même m'en rendre compte et d'avoir oublié ma sœur et mon peuple qui gardaient la Forêt du Roi des Fées pour moi... Voilà mon réel péché... >>

  Devant ses lourdes paroles, une forte empathie m'envahit. Imaginant la peine qu'il avait dû endurer, je pris l'une de ses mains dans les miennes et la caressa délicatement. Je voulais lui donner tout mon soutien dans l'expression de son passé très difficile mais je ne voulais pas non plus que cela le rende mal à cause du fait de devoir y repenser.

  << Harlequin..., les coupai-je quelques instants avec inquiétude. Ne te force pas si c'est trop dur à raconter... >>

  Il m'esquissa un sourire reconnaissant et chaleureux en retour.

  << Merci Dixie. Ne t'inquiète pas ça va aller, répondit-il avec douceur mais en me serrant tout de même la main paradoxalement. Il faut bien que je le surmonte de toute façon d'une manière ou d'une autre. >>

  Son étreinte me donnait l'impression qu'il semblait quand même avoir au fond de lui besoin de mon soutien, même s'il essayait de ne pas m'inquiéter. Alors, je le serrai légèrement en retour et continuai de lui caresser la main en le rassurant de ma présence. Helbram reprit finalement la parole.

  << Pendant deux cents ans et toujours dans l'ignorance de Harlequin qui s'était fait emprisonné avec repentance, mon corps est passé entre les mains de nombreux marchands jusqu'à arriver à un Humain du nom de Hendrickson qui utilisa sa magie pour me ressusciter temporairement. J'étais devenu le pantin de cet Humain et j'ai été manipulé pour faire des choses horribles. Harlequin et moi avions combattu, lui pour protéger son amie Diane, et moi... Pour le torturer et lui faire du mal car je savais qu'il n'allait rien me faire étant son ami, même si j'étais sous l'emprise de quelqu'un d'autre. Finalement, il a fini par me tuer une nouvelle fois car je tombais encore dans une folie destructrice incontrôlable.

  - Mais Hendrickson de sa cruauté, l'a ressuscité à nouveau et se réjouissait de ma peine de me voir tuer mon meilleur ami encore et encore. Je ne voulais pas le faire. Je ne voulais plus me battre, c'en était trop... Au bout d'un moment d'inaction de ma part, j'ai vu que Helbram se débattait contre l'emprise de Hendrickson pour me supplier de le tuer une dernière fois et d'abréger ses souffrances. Je ne pouvais pas le faire... Comment pouvais-je le faire...? Je ne voulais pas le tuer une troisième fois de mes propres mains... C'est alors qu'il m'a hurlé de ses dernières forces que si je ne le faisais pas, il ne serrait plus mon ami. Alors qu'est-ce que j'ai fait pour la troisième fois...? J'ai accepté sa requête et j'ai désintégré son corps afin qu'il connaisse enfin une mort paisible... C'était le mieux que je puisse faire pour lui.

  - Et je t'en suis reconnaissant encore maintenant. C'est pour cela que je suis toujours là à tes côtés malgré tout, Harlequin, finit la Fée défunte d'une voix réconfortante.

  - ... Merci Helbram, répondit le Roi des Fées en souriant légèrement et fermant les paupières. Voilà Elkan, tu connais l'histoire maintenant. M'accuses-tu toujours d'être dangereux et dérangé ou te sens-tu plus rassuré à présent ? >>

  Quel récit... Je comprenais à présent la haine que Harlequin vouait pour Hendrickson et la raison pour laquelle il ne lui avait toujours pas pardonné. Pourquoi il semblait presque indifférent lorsque nous avions trouvé son corps hier matin, c'était clair comme de l'eau de roche maintenant. D'ailleurs en repensant au corps de l'Humain, je cherchai Merlin du regard dans toute la salle mais ne la vis cependant nulle part. S'était-elle remise à inspecter son corps ou bien...?

  << C'est ton ami qui est dangereux je dirais, du moins, pour le Clan des Humains, affirma Elkan d'un air impassible.

  - Ouais je l'ai été, je le reconnais..., soupira Helbram d'une voix métallique. Mais maintenant c'est fini, je ne ressens plus aucune passion ni haine à leur égard. Harlequin a apaisé mon âme et à présent, leur présence m'est complètement indifférente. >>

  Grand frère ne répondit rien, à la place, nous remarquâmes que ses yeux scintillaient en direction de Harlequin durant quelques instants. Un léger silence s'installa tandis que nous comprenions qu'il essayait de lire dans les pensées et les souvenirs du Roi des Fées pour être sûr et certain de ses dires. Harlequin fut cependant plus rapide à lire dans ceux d'Elkan sans qu'il ne s'en aperçoive.

  << Tu as beaucoup de regrets de n'avoir pu être présent pour Dixie quand elle a eu le plus besoin de toi. C'est pour cela que tu compenses en essayant d'analyser son entourage dans les moindres détails pour être certain de sa sécurité. Savoir qu'elle est proche avec l'une des personnes que tu méprises le plus ne te facilite pas la tâche et te rend encore plus méfiant et critique que tu ne l'as jamais été. >>

  Elkan sursauta légèrement, certainement déstabilisé par les paroles de Harlequin qui devait s'avérer juste en vue de sa réaction. Ses yeux chrysocolle s'étaient arrêtés de briller tandis qu'il fixait le Roi des Fées d'une manière confuse sans trouver quoi répondre.

  << Tu as vécu plus longtemps que moi et tu as connu le Roi des Fées qui m'a précédé, Dahlia. Le fait qu'il ait disparu sans explications et que j'ai commencé à faire de-même, t'a rendu retissant et méprisant sur la fiabilité royale de notre peuple, sans parler du premier roi Gloxinia auquel tu sembles avoir entendu des rumeurs qu'il aurait disparu lui aussi sans explications. Tu t'es alors forgé ta propre opinion sur la royauté et c'est la raison pour laquelle tu me détestes et que tu ne me fais pas confiance. Je comprends tes raisons cela dit, c'est pour cela que je ne vais pas te forcer à changer d'avis si tu n'en éprouves pas l'envie. >>

  Grand frère ferma les paupières et sembla reprendre son calme devant les paroles de son interlocuteur.

  << Bien je l'avoue, tu as réussi à me cerner, Harlequin. J'ai exprimé une conclusion trop hâtive en ce qui te concerne car je ne voyais que du mauvais en toi mais tu sembles plus protecteur et altruiste que je ne le pensais. La chance ne t'a pas souvent ouvert les bras il semblerait, mais ce qui est arrivé à Dixie n'est néanmoins pas excusable.

  - Je le sais... Cela fait partie des choses dont tu n'as pas besoin de te souvenir pour moi. >>, acquiesçait le Roi des Fées en baissant le regard et laissant derrière lui un silence plombant.

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  Nous reprîmes finalement nos services quelques temps après. La soirée continuait de s'animer de plus en plus jusqu'à tard et jusqu'à ce que Meliodas ne décide de fermer et de tout nettoyer. Le peuple des Géants et des Fées revinrent sur leur terre natale à l'aide d'Oslo qui les ramena. Elkan faisait ses derniers sermons habituels à Harlequin avant de repartir lui aussi dans la Forêt du Roi des Fées. Des sermons au sujet de bien devoir me protéger et qu'il n'aurait pas de seconde chance, ce à quoi Harlequin lui répondait qu'il n'avait pas besoin de le lui rappeler. Grand frère s'était alors tourné vers moi pour me caresser affectueusement la tête et pour me dire qu'il m'attendrait là-bas. J'ai donc acquiescé et c'est ainsi qu'il était reparti alors que Harlequin faisait la moue, jaloux que quelqu'un d'autre que lui ne me touche. Il est si mignon.

  Souhaitant une bonne nuit à tout le monde, nous pûmes enfin tous retourner à nos chambres. Malgré l'heure tardive, Harlequin me demanda, toujours quelque peu préoccupé de ne pas s'en souvenir, de lui raconter la journée que nous avions passé tous les trois avec Diane et qui s'était fini par l'attaque d'un Démon de la Nouvelle Génération de Chevaliers Sacrés qui restait de la précédente Guerre Sainte. Il ne réussit pas à porter ses paupières lourdes jusqu'à la fin de mon récit, trop épuisé comme je le pensais. J'esquissais un léger sourire en le voyant adorablement et paisiblement dormir à côté de moi. Aucun rêve en particulier ne m'est parvenu cette nuit là.

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  << Et c'est là que tu m'as demandé si je savais quelque chose de ce qu'il s'était passé durant la journée. J'ai alors répondu que j'avais patrouillé toute la journée avant que l'on te trouve évanoui et que je ne savais rien de plus de ce qui était arrivé car je ne voulais pas vous avouer à tous les deux que je vous avais espionnés pour voir si tu avais besoin d'aide.

  - Oui je m'en souviens, je savais que vous m'aviez caché quelque chose toutes les deux, sourit Harlequin avant de soupirer. En fait, elle était déjà amoureuse de moi à ce moment-là mais elle jouait avec le fait que je n'avais pas conscience de ça pendant qu'elle savait que nos sentiments étaient déjà réciproques... >>

  Le lendemain matin, le Roi des Fées m'avait demandé de reprendre mon récit de la veille au moment où nous nous sommes réveillés. Il s'était excusé de manière adorable de s'être endormi et qu'il ne voulait pas me donner l'impression que ma façon de conter était soporifique à cause de son épuisement de la journée. Je lui avais répondu qu'il n'avait pas besoin de demander pardon ou de s'inquiéter, que tout allait bien.

  << Parce qu'elle pensait que tu l'avais compris, c'est pour ça qu'elle ne t'avait rien dit, lui répondis-je d'une voix calme.

  - Je suis pas doué pour comprendre le cœur des filles. La preuve avec toi, je n'ai vu que du feu jusqu'à ce que tu me l'avoues, répliqua t-il gêné.

  - Oui mais c'était voulu pour ma part. Je ne voulais pas tomber amoureuse et je ne voulais pas faire de peine à Diane, mais... Comment ne pas résister à ton...charme... >>, rougissais-je légèrement et regardant sur le côté.

  Harlequin se mit à rougir, à son tour, devant mes paroles.

  << M-Mon charme ? T-Tu trouves vraiment que j'en ai...?

  - O-Oui. >>

  Doucement, il m'enlaça contre lui. Son odeur sucrée et sa présence m'apaisait. Je répondis tendrement à son étreinte, gardant nos corps en contact l'un contre l'autre avec affection. Un silence calme et agréable nous enveloppait. J'entendais les battements de son cœur à travers sa poitrine tandis que je lui caressais gentiment le dos.

  << Hmm... Je voudrais tellement te garder contre moi pour l'éternité, murmurait-il d'une petite voix.

  - Tu es si mignon quand tu dis ça... Moi aussi j'aimerais rester dans tes bras pour toujours, répondis-je en souriant et rougissant légèrement.

  - Nion c'est pas vrai, c'est toi qui est mignonne d'abord, fronça t-il les sourcils en faisant la moue et reculant sa tête pour me regarder.

  - Non c'est toi.

  - C'est toi, chut. >>

  Voulant le taquiner un peu, je déposai quelques baisers dans le creux inférieur de sa clavicule, près du col de son t-shirt noué par des fils. Sa peau était particulièrement douce et fine à cet endroit. Je sentis qu'un frisson l'avait parcouru, puis, j'en profitai pour le faire basculer sur le dos tandis que je me retrouvais au dessus de lui, toujours en train de l'enlacer. Il desserra un peu son étreinte, je redressai ma tête pour regarder son expression. Les joues roses et les lèvres légèrement entrouvertes et tremblantes, il semblait m'observer avec confusion. Mon visage était juste au dessus du sien, je lui esquissais un sourire doux tandis que je me mis à caresser sa joue d'une main et glisser l'autre à travers ses cheveux. Je sentais sa respiration s'accélérer sous mon torse qu'il soulevait et affaissait. Ses lèvres s'écartèrent un peu plus. Il releva finalement son menton comme pour m'indiquer qu'il cherchait à m'atteindre. Son regard était si magnifique à cet instant, ses pupilles se dilatait et brillait intensément à la fois. Je baissai mon visage et posai mon front contre le sien calmement. Il ferma délicatement ses paupières. Sa respiration semblait de plus en plus lourde tandis que son souffle me caressait le visage et que mes doigts se perdaient dans sa douce chevelure. Il rouvrit les paupières, mi-closes, après quelques instants. Une de ses mains vint se placer sur ma main qui était posée contre sa joue, pendant que son autre main qui était dans mon dos, me plaquait de plus en plus contre lui. Les mouvements répétitifs de son torse collé sous le mien, me donnait presque l'impression qu'il allait le traverser. Je me sentais calme et apaisée malgré tout. Je l'aime tellement... Finalement, j'inclinai légèrement mon visage et mes lèvres se joignirent aux siennes qui attendaient ce geste avec impatience. Le mouvement de ses lèvres devint rapidement passionné tandis que je me laissais mener pas sa danse. Je l'entendais de temps à autre, exprimer de petits sons sourds à travers nos échanges. Ses mains se plaquèrent dans mon dos pour m'étreindre à nouveau contre lui de manière affectueuse. Cela nous parut durer une éternité, mais sa fougue finit par se calmer en petits baisers plus doux jusqu'à ce que nos lèvres se détachent d'elles-mêmes pour que nous puissions nous regarder amoureusement dans les yeux. Ses yeux couleur ambre toujours dilatés, brillants et magnifiques...  Ses joues étaient complètement rouges comme une pivoine, les miennes n'étaient pas mieux. 

  Soudain, mon regard fut attiré par la fenêtre de la chambre. Il y avait quelque chose d'étrange au niveau de l'atmosphère à l'extérieur, c'était comme lourd et inquiétant. Petit à petit, je sentis que Britannia était prise de toutes parts par des catastrophes naturelles telles que des inondations et des tornades autour de Liones. Comme si tout le pays réagissait à quelque chose... Qu'est-ce que ça voulait dire ? Qu'est-ce qui se passe ?

  << Harlequin... Dehors... Il y a un problème, c'est pas normal, me redressais-je en fronçant les sourcils et fixant toujours la fenêtre.

  - Oui je le sens aussi, affirmait-il en prenant lui aussi un air sérieux. Je pense que ça a un rapport avec Meliodas.

  - Comment ça ?, demandai-je perplexe.

  - Depuis qu'il a récupéré les pouvoirs du Roi des Démons, il semblerait que le monde essaye de se débarrasser de lui pour rétablir l'équilibre à cause de ses pouvoirs démesurés.

  - Alors, tu veux dire que Meliodas doit partir pour stopper ces catastrophes ? Mais où pourrait-il aller ? Aucun endroit ne pourrait l'accueillir si sa trop grande puissance déstabilise même notre monde...

  - Si, il y a un endroit... Celui dans lequel résidait à l'origine le Roi des Démons... Le Purgatoire, ou alors, les Enfers, baissa t-il le regard ennuyé.

  - Mais Ban vient à peine de le ramener... Il n'y a vraiment aucun meilleur endroit dans lequel il pourrait s'installer sans y troubler l'équilibre à cause de ses pouvoirs ? Ou même, trouver une solution pour ne pas qu'il ait à partir ?

  - Pas à ma connaissance malheureusement..., détourna t-il le regard ennuyé. Mais ce qui m'inquiète, c'est que lui et la princesse vont certainement être séparés... Après tout le mal qu'il s'est donné pour les libérer eux deux de leurs malédictions, ils ne pourront pas finir leurs jours heureux ensemble.

  - C'est vrai..., baissai-je les yeux à mon tour. Mais il n'y a vraiment rien que l'on puisse faire pour les aider ? >>

  Harlequin secoua sa tête en signe de négation avant de répondre : << C'est au Capitaine d'en décider. >>

  Penser à cette situation m'attristait. À travers un soupir, je me couchai et laissai reposer doucement ma tête contre le cou de Harlequin. Pourquoi les Dieux ont scellé leur destin de façon si horrible ? Que peu importe la solution trouvée, quelque chose allait être sacrifié en retour... L'impuissance face à une situation, est vraiment quelque chose de rongeant.

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