Nous pénétrâmes tranquillement dans la Forêt du Roi des Fées. L'étonnement et l'émerveillement se dessinaient sur nos visages à l'exception de Ban.

<< C'est énorme... >>, lança Jericho impressionnée.

Soudain nous entendîmes des acclamations au dessus de nous.

<< C'est le Roi des Fées !

- Q-Qu'est-ce que c'est ?! >>, continua Jericho confuse.

Trois Fées se trouvaient en lévitation au dessus de nous, je reconnus tout de suite Sisca, Endey et Meric. Mes amis et mon peuple m'avaient si manqué depuis toutes ces années... J'avais encore du mal à croire que c'était bien réel.

<< Il a raison ! Allons lui dire bonjour !, répliqua l'un d'eux émerveillé de voir Sa Majesté.

- Sisca, Endey, Meric ! >>, s'écria toute enjoué Majesté Harlequin en s'envolant dans leur direction.

Je vis soudainement leur regard s'assombrir.

<< Qu'est-ce qu'il fait ici.., murmura l'un d'eux d'un air ennuyé et de mépris.

- Harlequin le traite ! >>

L'inquiétude m'envahit. Les entendant s'énerver sur Sa Majesté alors qu'il venait de se stopper, et sentant leur rejet me glaça le sang. Comment pouvaient-ils être aussi dur avec lui.. ?

<< À cause de ton départ il y a sept cent ans, Dame Elaine est... >>

Mon sang ne fit qu'un tour. Majesté Harlequin resta paralysé devant ces froides paroles. Je m'envolai alors dans leur direction. 

<< Comment pouvez-vous être aussi dur avec lui ?!  C'est notre roi ! Il ne nous a pas abandonné par plaisir ! Il devait avoir ses raisons !, m'écriai-je, sentant Majesté Harlequin décomposé.

- Et toi qui es-tu ? Comment te permets-tu de parler de Harlequin comme étant ton roi ? >>

Je sursautai d'inquiétude avant de prendre ma forme originelle.

<< C'est moi, Dixie ! Vous ne me reconnaissez pas ? J'ai dû vivre dans le Clans des Humains toutes ces années parce que je pensais que notre peuple s'était complètement éteint depuis la destruction de la forêt... Je suis tellement heureuse de vous revoir si vous savez... >> 

Leur visages se décomposèrent à leur tour.

<< Dixie ?! Tu es une traître toi aussi !!, lança Sisca.

- Hein ? Pardon ?, répliquai-je confuse.

- Tu as choisis de vivre dans le Clan des Humains, ceux qui ont tués et capturés certains des nôtres pour de l'argent ! 

- Et tu as osé t'allier à eux ?!, continua Meric.

- Tu ne vaux pas mieux que Harlequin ! >>, finit Sisca avec mépris.

Mon sang se glaça. Je n'arrivais pas à croire que mes amis, mon peuple, me voyait comme une traître et me rejetaient tout autant que Majesté Harlequin. Ils s'envolèrent en direction de Ban.

<< À cette époque, la forêt était sur le point de disparaître pour de bon, s'arrêta Endey, l'air abattu. Mais grâce à cet homme, à qui Dame Elaine a confié les graines d'arbres géants, cette forêt a repris vie.

- Pas vraiment, lança Ban d'un air sombre. Tout ce que j'ai fait c'est juste planter les graines.

- Bon retour ! Seigneur Ban, Roi des Fées ! >>, s'écriaient les Fées en chœur, arrivant de part et d'autres de la forêt, à l'attention du Renard.

Je regardai Majesté Harlequin toujours sous le choc, ne sachant quoi dire pour lui remonter le moral, le mien ayant aussi connu des jours meilleurs. Tout le monde continuait à le traiter de traître lorsque Ban nous interpella.

<< King, Dixie, venez ! >>

Nous suivîmes Ban après qu'il nous fit un signe de la tête en direction de l'Arbre Sacrée. Nous marchâmes à travers la végétation et les bois nous menant à ce dernier, tandis que les Fées nous entourant, ne cessaient de regarder Majesté Harlequin d'un mauvais œil.

<< Alors, tu es une Fée toi aussi, Dixie ?!, s'exclama Jericho, surprise de me voir pour la première fois dans ma forme d'origine.

- Oui je me devais de cacher mon identité pour survivre chez les Humains. Mais tu as intérêt à ne le répéter à personne au Royaume, ou je te coupe la langue, répliquais-je d'un regard dur, l'humeur massacrante depuis les derniers événements.

- O-oui ne t'en fait pas ! >>, reprit-elle légèrement apeurée.

Nous rentrâmes finalement à l'intérieur de l'Arbre Sacrée. Soudain, nous nous arrêtâmes devant le corps de Dame Elaine, allongé dans un lit de fleurs. Voyant son corps sans vie, mon sang se glaça. Le visage de Majesté Harlequin finit de se décomposer devant cette vue, sentant une lourde peine l'envahir, il se retourna et s'en alla précipitamment.

<< Majesté Harlequin ! >>, m'écriai-je d'inquiétude, avant de le rejoindre sans hésitation.

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Sa Majesté atterrit un peu plus loin dans la forêt.

<< Majesté !, l'interpellais-je en arrivant à sa hauteur. 

- Dixie... >>, me fixa t-il, essayant de ne pas fondre en larmes.

La peine se lisait totalement sur son visage. Sans réfléchir, je le pris fort contre moi. Je l'entendis finalement sangloter.

<< Pourquoi..? Pourquoi ?! >>

Je le laissai s'exprimer sans dire un mot, sentant également les larmes me monter aux yeux. Nous restâmes ainsi pendant quelques minutes, avant que Majesté Harlequin relâche sa prise, et essuyant ses larmes.

<< Merci d'être là pour moi, Dixie, me sourit-il légèrement. Tu n'es pourtant pas obligée d'être aussi loyal envers moi, après ce que j'ai fait à notre peuple...

- Je suis certaine que vous aviez vos raisons, Majesté, affirmai-je. Je sais que vous n'êtes pas un traître, cela ne vous a jamais ressemblé. >>

Un léger regard de surprise se dessina sur son visage, avant de soupirer et commencer à marcher. Je le suivis à ses côtés.

<< Tel que je suis, je ne peux pas regarder le visage d'Elaine en face... >>, expliqua t-il d'une voix sanglotante.

Soudain quelqu'un le frappa à l'aide d'un caillou au visage.

<< Majesté !, m'écriai-je.

- Sors de la forêt !, cracha une Fée parmi les arbres.

- Le Seigneur Ban t'a peut-être pardonné mais pas nous !, s'exclama une autre.

- Vous allez arrêter à la fin !!, m'énervai-je, sentant mes larmes couler. Comment pouvez-vous le traiter de la sorte ?! 

- Ferme-là ! Vous n'êtes que des sales traîtres !, s'écriaient d'autres, continuant à nous jeter des cailloux.

- À cause de toi Harlequin, sais-tu combien de nos amis sont morts ?! >>

N'en supportant d'avantage, et m'apprêtant à tirer Majesté Harlequin loin d'ici, Oslo, le Black Hound de Sa Majesté, surgit soudainement dans sa forme gigantesque et terrifiante, puis lâcha un énorme rugissement pour les faire fuir.

<< Arrête, Oslo ! >>, lui ordonna son maître.

À ces mots, le chien reprit sa forme normale avant de lancer un petit aboiement mignon.

<< Merci..., murmura Sa Majesté d'un air abattu. Mais ce n'est pas de leur faute... >>

Il se remit à sangloter. L'inquiétude envahissait à nouveau mon visage, alors que je lui caressais légèrement le dos pour le réconforter.

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Nous allâmes nous installer sur une falaise, à l'écart du centre de la forêt. Oslo et moi, assis de chaque côté de Majesté Harlequin, essayâmes de lui remonter le moral.

<< Comme ils le disent, pour sauver mes camarades et mon meilleur ami, j'ai abandonné cette forêt et ma petite sœur avec. Et pourtant, je n'ai réussi à sauver personne... Et j'ai même dû tuer mon meilleur ami de mes propres mains..., soupirait-il, abattu.

- Majesté... >>, marmonnais-je remplie d'inquiétude, venant d'apprendre les raisons de son absence et la perte de son ami.

Oslo aboya, lui suggérant de rentrer au Royaume.

<< Rentrer au Royaume ?, répéta Sa Majesté, confus. Pas faux... >>

Il soupira à nouveau en prenant le chien contre lui.

<< Mais maintenant que le Royaume est en paix, il n'a plus besoin des Seven Deadly Sins... Je ne suis plus le Roi des Fées, ni l'un des Seven Deadly Sins.. Même Diane serait malheureuse, si elle devait rester avec moi... >>

Il lâcha Oslo à ces mots et se remit à sangloter avec peine.

<< Ne dîtes pas cela Majesté... Pourquoi Diane serait-elle malheureuse en restant avec vous ?

- Parce que je ne suis plus rien... Et que je ne serais qu'un poids pour elle... >>

Il mit sur sa tête à ces mots, le casque que lui avait donné son meilleur ami, attaché à sa capuche. 

<< Dites-moi, qu'est-ce que... Qu'est-ce que je suis, au juste ?...

- Majesté... Arrêtez de vous faire du mal... >>

Il sanglota de plus belle. Je me collai contre lui, espérant que ça le réconforte un peu, n'ayant pas les mots pour lui remonter le moral. Lorsque soudain il s'exclama : << Helbram ?! 

- Helbram ?, répétai-je confuse.

- T-Tu es pourtant mort ?! >>, s'écria t-il avant d'enlever le casque qu'il portait sur la tête.

Sa Majesté se leva subitement avant de regarder frénétiquement autour de lui.

<< J'hallucine ?, marmonnait-il dans l'incompréhension.

- Que se passe t-il, Majesté Harlequin ?, lançai-je aussi perdue que lui.

- Mon ami Helbram était là il y a quelques secondes, mais... >>

Il regarda subitement son casque attaché à sa capuche durant quelques secondes, avant de le remettre. Puis il sursauta à nouveau.

<< M-Mais pourquoi ?!

- Vous le voyez, Majesté ?, m'écriai-je surprise.

- Oui juste devant moi !

- Mais je ne vois personne devant vous.., remarquai-je en regardant dans la zone indiquée.

- Je peux le voir qu'en regardant à travers ce casque, il dit l'habiter. >>, m'expliqua t-il.

Soudain, Majesté Harlequin arrêta tout mouvement avant de regarder droit devant lui, les larmes s'écoulant sur ses joues.

<< Mais le dernier, c'est juste une insulte, pas vrai ? >>, lança t-il quelques secondes plus tard, en s'essuyant les yeux.

L'entendant parler tout seul, je compris qu'ils étaient tout deux entrain de communiquer. Mais je ne pouvais pas entendre leur conversation, ou du moins la voix de son ami Helbram. Je les laissai donc discuter sans rien dire.

<< Fichue Elaine..., grogna t-il soudainement en croisant les bras. Pourquoi je devrais protéger un sauvage comme Ban ?

- Qui tu traites de sauvage ? >>, lança brusquement ce dernier, en bas de la falaise où nous étions.

Nous sursautâmes de surprise en entendant le Renard venir de je ne sais où, ce dernier nous fixant de travers.

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Nous descendîmes de la falaise pour voler à sa rencontre. Les deux Humains se séparèrent pour chercher des baies. Sa Majeté suivit Jericho, moi sur leur talon.

<< Tu vas squatter la Forêt du Roi des Fées encore longtemps ?, demanda mon Roi à la jeune Humaine.

- Pourquoi ? Ça te dérange ?, répliqua t-elle en s'installant dans un coin près d'un buisson pour manger quelques baies.

- Seuls les Humains exceptionnels sont autorisés à entrer, affirmais-je avec sérieux.

- Vous n'êtes pas spécialement les bienvenus non plus si j'ai bien compris, répliqua t-elle d'un sourire en coin, nous faisant grogner. Si Ban se décide à partir je le suivrai.

- Jericho, tu en pinces pour Ban ?, fit mon roi en arquant un sourcil et s'appuyant le visage à l'aide de sa main, les coudes reposant sur Chastiefol.

- Q-Qui...moi ?! N'importe quoi ! Pourquoi je serai..., répliqua t-elle immédiatement le teint rougissant de plus belle avant de s'énerver. Tu as lu dans mes pensées, avoue !

- Ne te fais pas trop d'illusions. Tu n'as aucune chance, avec lui..., ajouta Majesté Harlequin d'un air hautain avant de prendre un air triste, pensant à Diane. Aucune chance... Haha...

- Pff ! Alors, je vais lui tourner autour jusqu'à ce qu'il s'intéresse à moi !, reprit l'Humaine avec assurance. Je suis quand même plus attirante qu'une Fée minuscule décédée depuis des lustres ! >>

Soudain, le Renard arriva derrière Jericho, d'un air sombre.

<< Que tu crois ! Attends que je te dépoile.

- Hiiii !!! >>

Il déshabilla immédiatement l'Humaine avec mépris pour lui faire regretter d'avoir dit ces choses par rapport à Dame Elaine. Je me frappai le visage devant le ridicule de la scène.

<< C'est à cause de ce genre de traitement qu'elle se fait des idées !, grommela mon roi au Renard tout en pointant Jericho complètement nue et rougissante de honte.

- Tu as intérêt à prendre tes responsabilités !, s'énerva t-elle à son tour.

- Je partirai d'ici dès que j'aurai fini ce que je suis venu faire. Je pars trouver un moyen de ressusciter Elaine, nous expliqua Ban avec sérieux. Vous devriez débarrasser le plancher. Les Fées se tiennent tranquilles parce que je suis là, mais au fond, elles ne pensent qu'à vous jeter dehors.

- Je te suis !, s'exclama Jericho avec assurance tout en se rhabillant.

- Ça te regarde pas, lança le Renard en tournant la tête dans sa direction.

- Bien sûr que si !, insista t-elle. Tu m'as sauvé la vie, après tout.

- Qu'est-ce que j'en ai à foutre ?, répliqua Ban, montrant son peu d'intérêt envers elle.

- Tu ne veux pas demander de l'aide à Merlin ?, lui proposa Majesté Harlequin. Et puis je suis sûr que le Capitaine pourrait...

- Je n'ai pas l'intention de réintégrer les Seven Deadly Sins, lui coupa Ban la parole, refusant son idée.

- Pourquoi ?!, s'écria Sa Majesté, confus. Il faut que tu te réconcilies avec le Capitaine !

- On n'est pas fâchés, fit le Renard d'un ton calme en tournant les talons.

- C'est ton meilleur ami !, continua mon roi. Je sais ce qui s'est passé entre vous, mais je suis sûr qu'il saura tourner la page !

- Justement..., marmonna l'Humain.

- Je ne comprend pas ! C'est toi qui va le regretter !, insista Majesté Harlequin.

- Et toi, alors ? Si t'as le temps de t'en faire pour les autres, t'as qu'à retourner au Boar Hat au lieu de me les briser., grommela le Renard en s'en allant, nous tous sur ses pas. Tu as déjà une personne qui t'aime et attend ton retour. 

- Pardon ?, fit mon Roi avec surprise.

- Elle me l'a dit. "Si King disparaissait, je crois que je mourrais de solitude.", ricanait-il.

- Ne croit pas que tu peux m'avoir avec le même mensonge encore et encore !, s'énerva Majesté Harlequin.

- C'est pas un mensonge., reprit Ban avec un peu plus de sérieux. C'était le matin de la remise des médailles. >>

Sa Majesté s'arrêta subitement. Il tremblait, serrant fort la partie de ses vêtements proche de son cœur.

<< Impossible... Mais Diane... Comment ça se fait...? Sa mémoire... >>, murmurait-il, rouge pivoine.

J'esquissai un léger sourire de soulagement, heureuse qu'il comprenne finalement la situation entre Diane et lui.

<< Rentre. >>, lui sourit le Renard.

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