Chapitre 6
Sans faire de gestes brusques, Scyllia leva les mains bien en évidence sans pour autant quitter l'homme des yeux. Une chose l'avait particulièrement étonnée. Comment avait-il fait pour arriver jusqu'à elle ? Il n'y avait aucune autre porte que celle d'où elle était venue et il était impossible qu'il ait pu la surprendre ainsi en passant lui aussi par là. Et pour cause, ses amis se trouvaient toujours sur le pas de la porte. Pour le moment, un simple signe discret de la main les avait dissuadés de ne pas se mêler de ça, mais ils n'étaient pas vraiment du genre patient lorsque l'un d'eux était menacé.
En balayant la pièce du regard, la prétendante trouva la réponse à la question qu'elle se posait. Derrière l'homme, une chaise à bascule tanguait encore légèrement. Il devait être assis là lorsqu'elle était entrée dans la pièce et le fait d'être focalisée sur la personne malade couplée à l'obscurité de la chambre l'avait empêchée de le remarquer.
— Je ne vous veux aucun mal, nous sommes là pour soigner cette personne, tenta-t-elle de le raisonner.
— Vous en êtes incapable ! Si je vous laisse faire, vous en ferez une morte-vivante à votre service, nécromancienne, cracha-t-il.
— Vous étiez là ce jour là... devina-t-elle.
— Jamais je n'oublierai la gamine qui a mis en échec toute une armée. Qui a fait déferler sur nous une vague d'os, de crocs et de griffes. Qui riait en détruisant des aéronefs du haut de son colosse...
— Donc tu dois soigner la femme de l'un des incapables qui ont essayé d'envahir ton royaume... Je me demande comment tu vas t'en sortir.
— Je n'avais pas le choix, argumenta-t-elle calmement. Je devais protéger mon royaume et faire en sorte qu'il y ait le moins de pertes possible des deux côtés. En contrôlant entièrement cette armée de squelette, j'ai pu leur insuffler des ordres qui n'auraient pas été respectés par des vivants. Comme le fait de mettre hors d'état de nuire mais d'éviter de tuer les opposants.
— Certains de mes amis sont quand même mort sous leurs coups. Et ils n'avaient pas choisi de se trouver ici.
— J'en suis sincèrement navrée. Presque personne ne voulait de cette guerre, d'un côté comme de l'autre...
— Et maintenant qu'elle est terminée, que j'ai réussi à m'en sortir et que je veux juste vivre en paix avec ma famille, vous venez chez moi pour continuer à me rabaisser ?
— Il est con ou il le fait exprès ? On s'en fou de toi ! On est là pour ta femme !... Mauvaise formulation, ne dis pas ça, ça pourrais prêter à confusion.
— Nous ne sommes pas là pour vous causer du tort. Nous voulons juste venir en aide à cet enfant qui est allé jusqu'à franchir les montagnes pour trouver les médicaments pour soigner sa mère.
— Quoi ? Je t'avais pourtant dit de ne pas y aller ! Tu veux te faire tuer ? hurla l'homme entre colère et sincère inquiétude.
Apeuré par la situation, l'enfant ne savait pas où se mettre. Son père disait que les personnes qu'il avait ramenées n'étaient pas dignes de confiance, mais s'il se rapprochait de lui, il était possible qu'il se prenne une gifle pour ce qu'il avait fait.
— Voilà ce que je vous propose, continua calmement Scyllia. Je tente de soigner cette personne, sans aucune magie noire, juste de la magie blanche. Vous pouvez rester et me surveiller. Si vous le souhaitez, vous pouvez même placer votre épée pour me tuer au moindre geste suspect. Je la soigne, je m'assure qu'elle va bien, puis nous repartons.
— Tu ne vas pas mettre ta vie en jeu quand même ? Cet imbécile n'est même pas capable de reconnaître un sort blanc d'un sort noir, il va te tuer dès que tes mains s'illumineront !
Quelque peu décontenancé par la proposition de Scyllia, l'homme jeta sur elle un regard incrédule et baissa son arme.
— P...Pourquoi ? balbutia-t-il.
— Comme je l'ai dit, contrairement à ceux du village qui se trouve à la frontière, je suis consciente que l'armée qui a envahi Trémiss était loin d'être constituée de personnes qui voulaient cette guerre. Les seules personnes à qui j'en voulais pour ça sont mortes. Aujourd'hui, je me fiche du pays d'origine d'une personne. Si elle a besoin d'aide et que je peux lui fournir la mienne, alors je l'aiderai.
— Cette proposition marche aussi pour moi ? Dis, tu m'aides à sortir ?
Tandis que les yeux de l'homme trahissaient une intense réflexion, une main vint se loger dans la sienne. La femme allongée dans le lit était tournée vers lui et le regardait avec des yeux plissés, comme si elle ne pouvait les ouvrir plus.
— Laisse-là faire, s'il te plaît, dit-elle faiblement.
— Mais...
— Je sais que ça n'est pas une simple maladie. Je ne passerais sans doute pas la nuit si rien n'est fait et nous n'avons pas de médicaments.
— Maman !
Entendre cela devait être dur pour l'enfant qui passa devant les amis de Scyllia et se porta au chevet de sa mère, de l'autre côté du lit. Délicatement, la malade caressa la joue de son fils et lui sourit faiblement tandis qu'il se mettait à pleurer.
— Tu as fait tout ce que tu as pu, je suis fière de toi.
D'un signe de tête, l'homme indiqua qu'il acceptait que Scyllia agisse. Il rangea l'arme dans son fourreau et se rassit dans le fauteuil à bascule en attendant la suite. De nouveau libre d'ausculter sa patiente, la prétendante replaça ses mains au-dessus de sa tête et de sa poitrine et les illumina d'une douce lueur blanche.
Prendre conscience de l'ampleur de la maladie fut un véritable choc pour elle. Jamais elle n'avait été confrontée à une maladie aussi puissante ! Suite à sa tentative pour sauver Enzo, ses pouvoirs avaient grandement diminué et, même si elle en retrouvait une petite partie chaque jour, elle ne savait pas si elle allait réussir à venir à bout de celle-ci.
— J'ai besoin de votre aide, dit-elle à l'intention de ses amis. Je n'y arriverais sans doute pas seule, mais je veux savoir si nous pouvons la soigner ensemble.
D'abord étonnés par sa demande, ses amis se placèrent de chaque côté du lit et l'imitèrent pour examiner la malade. L'étonnement se lut immédiatement sur leur visage. Seul Alex arborait une mine bien plus grave.
— Je... Je sais ce qu'elle a, souffla-t-il. C'est une variante de la maladie qui a emporté mes grands-parents. Elle n'est pas contagieuse, mais la magie n'a aucun effet dessus.
La maladie qui avait tué les grands-parents d'Alex n'était autre que l'épidémie lancée par les dieux, qui était devenue hors de contrôle et dont le remède avait été trouvé par son père, se rappela Scyllia. Elle ne pouvait donc rien faire contre elle, mais lui...
— Tu connais le remède ?
— Oui, mais je ne pense pas pouvoir trouver les ingrédients en si peu de temps. Normalement, toutes les boutiques d'apothicaires en ont un bon stock au cas où la maladie reviendrait.
— C'est ce que j'étais parti chercher, s'exclama l'enfant. Nous n'avons pas ce genre de boutique de ce côté des montagnes.
— Avant la guerre, nous allions dans le village d'à côté, mais depuis, nous ne sommes plus les bienvenus, se désola l'homme en prenant sa tête entre ses mains.
— Restez-là et faites en sorte de la stabiliser, décida Scyllia avec un regard décidé tout en se dirigeant vers la sortie. Je retourne chez l'apothicaire.
— Ouai ! On va botter des culs !
— Qu'est-ce que tu comptes faire ? s'inquiéta Zack.
— Récupérer le remède... répondit-elle en sortant de la maison. Et si nécessaire, botter des culs.
Avant que le demi-ange ou quiconque d'autre n'ait le temps d'ajouter quoi que ce soit, la prétendante invoqua ses ailes de brumes et s'envola en direction du nord. La route défilait sous la prétendante et elle n'avait pas souvenir d'être déjà allé aussi vite. À bien y regarder, ses ailes étaient beaucoup plus grandes que d'habitudes. Inconsciemment, elle s'était souvenue de la vitesse que pouvait atteindre Kanti sous sa forme draconnique et les avaient agrandies pour qu'elles soient similaires à celles de son ami dragon.
Maintenir ce caractère tangible de sa brume qui lui permettait de voler était beaucoup plus difficile avec cette envergure et lui demandait une énergie folle, mais le temps pressait. Si besoin, elle était même prête à passer le relai à Shed pour le voyage du retour.
Mais pour le moment, cela n'était pas nécessaire. En à peine un quart d'heure, elle avait parcouru la distance qu'elle avait mis trois heures à faire à pied. La petite ville était en vue et, plus important, l'échoppe de l'apothicaire. Sans se soucier des personnes autour, la prétendante piqua vers la boutique et, de la même manière que lors de son entrée au colisée, perdit de sa vitesse en effectuant une boucle, puis en s'enveloppant de ses ailes pour en ressortir en armure démoniaque complète.
Cette arrivée avait au moins eu pour effet d'attirer l'attention des habitants qui passaient dans la rue. Étonnés pour certains, apeurés pour d'autres, Scyllia espérait juste qu'ils fassent assez de bruit pour faire sortir le vendeur qui avait jeté le pauvre enfant. Un léger sourire en coin se dessina d'ailleurs sur son visage lorsque ce dernier sortit de sa boutique.
— Encore vous ?
— Je viens chercher le remède que vous a demandé l'enfant.
— Vous ne savez pas lire ? répondit-il en tapotant une affiche à côté de la porte.
Sur cette dernière, il était inscrit que la boutique se réservait le droit de refuser la vente à toute personne qui venait de la fédération d'Istram. Il ne semblait pas être intimidé par l'aura noire que dégageait la prétendante grâce à sa brume et était bien décidé à ne pas sauver la mère de l'enfant qu'il avait jeté hors de sa boutique.
— Je ne suis pas d'Istram, mais de Trémiss.
— Vous venez au nom d'un des leurs, c'est pareil, cracha-t-il.
— C'est moi où il a l'instinct de survie d'une pâquerette au milieu d'un troupeau de vache ?
— Vous laisseriez mourir une personne qui n'a rien à voir avec la guerre qu'il y a eu ? Uniquement parce qu'elle ne vie pas de ce côté de la frontière ?
— Ça se voit que tu n'as pas vu ce qu'ils ont fait. Tu n'as pas vu leur armée envahir cette ville, la piller et continuer pour...
— Je sais très bien de quoi ils étaient capables ! C'est moi qui les ai arrêtés !
— Même si c'est en grande partie vrai, je doute qu'ils te croient.
— Toi ? Une simple gamine ? On m'a parlé d'un nécromancien surpuissant accompagné de dragons, pas d'une gamine étudiante en magie qui sait à peine lancer une boule de feu.
— On va t'en faire bouffer nous de la boule de feu !
Visiblement agacé par la présence de Scyllia, le vendeur sortit une arbalète chargée de derrière la porte et visa la prétendante, un large sourire aux lèvres.
— On m'a dit que le nécromancien avait encaissé les sorts et les projectiles de toute une armée sans bouger. Si ce que tu dis est vrai, alors ça ne devrait pas te déranger que je te tire dessus.
Alors que l'altercation ameutait de plus en plus de monde autour d'eux, Scyllia préparait son sort qui lui permettrait de désintégrer le carreau avant qu'il ne l'atteigne. Ce genre de chose était d'une simplicité enfantine pour elle et lui permettrait de gagner un peu plus en crédibilité. Son plan était d'encaisser l'attaque, d'invoquer la faux qu'elle avait utilisé le jour de la bataille, de se rapprocher aussi vite que possible du vendeur pour lui mettre la lame sous la gorge et ainsi montrer qu'elle ne rigolait pas.
Cependant, avant qu'il n'ait appuyé sur la gâchette, un cri perçant déchira le ciel. Il ressemblait à celui d'un rapace, mais en bien plus fort. La prétendante ne savait pas de quoi il s'agissait, mais ce cri avait fait baisser l'arme du vendeur qui scrutait à présent le ciel, tout comme le reste des habitants.
— Lève ton bras en l'air, l'avant-bras parallèle au sol.
— Quoi ?
— Fais ce que je te dis et fais-moi confiance !
Devant l'insistance du démon, la prétendante s'exécuta. Un instant plus tard, un grand oiseau aux plumes semblables à des prismes qui renvoyaient la lumière en une infinité de couleurs fit son apparition entre deux toits.
L'oiseau tourna trois fois autour de Scyllia, puis se posa sur son bras levé avant de pousser un autre cri aigu. Tout le monde était stupéfait. Le vendeur et les habitants avaient les yeux exorbités et Scyllia elle-même ne comprenait pas pourquoi il s'était posé ainsi sur elle.
— Je viens de me souvenir où j'ai entendu le nom de cet oiseau. Iliandra est le nom du bâton de la déesse de la vie. Le messager d'Iliandra est donc le messager de la déesse de la vie et tu es sa prétendante.
— C...Comment... balbutia le vendeur.
Voyant l'arme que l'homme avait dans les mains, l'oiseau poussa un nouveau cri et gonfla ses plumes pour paraître imposant. Sûre d'elle, la prétendante caressa l'oiseau et le calma tout en offrant au vendeur un large sourire.
— Je suis la nécromancienne dont vous parlez, mais je suis aussi prétendante à l'incarnation de la vie. En refusant de me vendre ce remède, vous m'empêchez de suivre ma prétention et donc, vous entravez la prochaine déesse de la vie. Alors, voulez-vous vraiment vous attirer les foudres d'une future déesse ?
Face à cette question, l'homme lâcha immédiatement son arme et entra dans sa boutique. Il en ressortit presque aussitôt avec une fiole dans la main. Le messager se jeta alors sur lui et lui arracha le remède des mains avant de s'envoler vers le sud bien plus vite qu'elle n'aurait pu le faire avec ses ailes de brume, aussi grandes soient-elles.
Scyllia ne savait pas pourquoi, mais elle avait une confiance totale envers cet oiseau. Elle savait au fond d'elle qu'il connaissait le chemin et se rendait auprès de la personne malade pour lui remettre le remède. Comme s'il avait lu dans ses pensées et s'était exécuté sans qu'elle n'ait rien eu à dire.
— N'en voulez pas aux habitants d'Istram. Ils n'ont pas voulu cette guerre et ont été forcés d'y participer. Ceux qui ont commis l'irréparable ici ont déjà été punis par les dieux et arpentent la cité des damnés, les autres n'aspirent qu'à une vie paisible, normale et ne cherchent qu'à regagner votre confiance. Laissez-leur une chance de vous prouver qu'ils sont bien plus proches de vous que de ceux qui ont déclenché cette guerre. Sur ce, je vous souhaite une bonne fin de journée, dit-elle en faisant une révérence.
Faisant de nouveau appel à ses ailes de brumes, Scyllia s'envola et suivit le messager d'Iliandra qui n'était déjà plus qu'un point lumineux dans le ciel. Son intuition ne l'avait pas trompée, il allait bien remettre la fiole à ses amis pour qu'ils puissent soigner la personne malade.
— Bon, c'était drôle de voir leur mâchoire se décrocher quand l'oiseau s'est posé sur ton bras, mais je suis quand même déçu... souffla Shed.
— Pourquoi ?
— Bah, j'aimais bien notre plan initiale de ne pas dire que tu étais prétendante et de te faire passer pour une nécromancienne. Tu aurais inspiré la terreur. Là ça manquait un peu de... De bottage de cul.
— Moi ce qui m'étonne, c'est que tu aies su ce que je devais faire avec cet oiseau. Beaucoup d'animaux portent le nom d'une divinité ou de quelque chose en lien avec elles dans le leur et pourtant, ils n'ont aucun lien avec.
— Je ne peux pas l'expliquer, c'est comme si je savais que ça allait arriver. Je sais que le messager apparaît à la déesse de la vie lorsqu'elle a besoin de lui et qu'il se trouve à proximité et pourtant, la première fois que j'ai aperçu cet oiseau, c'était lorsque tu te remémorais le voyage que tu avais fait avec tes parents.
— Il m'était apparu la nuit, puis le lendemain lorsque mes parents feignaient de ne pas me croire quand je disais que j'en avais vu un, se rappela-t-elle. Et si ça n'était pas eux qui l'avaient trouvé ? Et s'il était apparu parce que je voulais absolument qu'ils me croient ? Mais ça n'a pas de sens, je n'étais pas prétendante à l'époque !
— Peut-être qu'il savait que tu le serais un jour. Nous avons souvent imaginé ce que tu serais devenue si je ne t'avais pas possédée et à chaque fois, tu devenais tout de même la prétendante à l'incarnation de la vie.
Gardant cette discussion dans un coin de sa tête, Scyllia continua à voler jusqu'à atteindre le village du côté d'Istram. Lorsqu'elle se posa, Zoé sortit en trombe de la maison et courut vers elle.
— Scyllia ! Tu ne devineras jamais ce qui...
Avant qu'elle n'ait terminé sa phrase, le messager d'Iliandra sortit à son tour et lui passa au-dessus avant d'aller se poser sur l'avant-bras de la prétendante.
— Ha bah si, il y a des chances que tu devines.
— Il a bien apporté le remède ? questionna-t-elle comme si la présence de l'oiseau était tout à fait normale.
— Oui. Alex l'a administré à la personne et la maladie recule déjà.
— Je ne pensais pas que ça serait aussi rapide, s'étonna la prétendante.
— Nous non plus, avoua Zack en sortant à son tour. Mais je pense que cet oiseau y est pour quelque chose.
— Comment ça ?
— Il s'est mis à hurler lorsque Alex a essayé d'administrer le remède directement avec la fiole. Il a volé dans toute la grande pièce puis a ramené une coupelle. Lorsque Alex a versé le remède dedans, l'oiseau a arraché l'une de ses plumes et l'a déposée dans la potion.
— Vous pensez que ça a accéléré le processus ?
— Je pense, oui. La plume a perdu de son éclat et le remède s'est mis à briller comme l'oiseau.
— Laisse-moi l'étudier ! S'il te plaît, s'il te plaît, s'il te plaît ! supplia Zoé en sautant sur place comme une gamine.
— Je n'ai rien contre. Après, tout dépend de lui. Tu acceptes que mon amie en apprenne plus sur toi ?
Pour toute réponse, l'oiseau poussa de nouveau un cri aigu et s'envola. Il fit plusieurs fois le tour du groupe, puis se posa par terre, devant Zoé, et se lissa les plumes.
— Je crois que ça veut dire oui, sourit la prétendante. Moi, je vous laisse, j'ai une patiente à aller voir.
Passant à côté de ses amis euphoriques de pouvoir compléter leur bestiaire avec une créature aussi rare, la prétendante entra dans la maison, puis dans la chambre et ne put s'empêcher de sourire. La mère de l'enfant allait déjà beaucoup mieux et dormait paisiblement. Elle était sauvée.
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