Chapitre 5

 Durant toute la matinée, Scyllia et ses amis restèrent dans la petite maison de bois à discuter plus amplement de tout ce qu'ils avaient fait depuis qu'ils s'étaient séparés. Avec le recueil qu'ils avaient commencé à écrire, suivre leurs différentes péripéties était bien plus facile. La plupart du temps, ils parlaient d'animaux dont le nom ne disait rien à Scyllia et Alex, mais ils n'avaient qu'à le chercher dans ce bestiaire pour le voir et bien comprendre de quoi ils parlaient.

En fin de matinée, Brumi sortit de la chambre. Arborant de nouveau sa petite taille, il daigna enfin saluer les visiteurs et se frotta à leurs jambes avant de sauter sur les genoux d'Alex et de s'y allonger. Visiblement, la colère d'avoir rencontré un membre de l'espèce qui avait tué ses parents était redescendue.

Lorsque vint l'heure du repas, Zoé alla déballer le ravitaillement qu'avait amené Kanti. Il y avait de la viande, des légumes et des fruits, mais ceux-ci étaient crus et non préparés. Pourtant, cela ne sembla pas déranger la furie qui se saisit d'un couteau et se mit à éplucher puis découper avec rapidité une carotte.

— On dirait que tu as fait ça toute ta vie, s'étonna la prétendante.

— Quand je retourne chez mes parents, j'aime bien aider ma mère à la cuisine. Elle-même adore ça et aurait bien ouvert une auberge si elle avait eu assez d'argent.

— Et ici, le coin cuisine est ton domaine exclusif ou nous pouvons venir t'aider ? demanda Alex.

— Je ne suis pas contre un petit coup de main, rit-elle. On va voir si vous êtes aussi doués que Zack.

— Tu sais aussi cuisiner ? questionnèrent les invités.

— Mon père dit toujours que c'est lui qui a séduit ma mère, mais en vérité, il s'est fait piéger par sa bonne cuisine, rit le demi-ange. Comme Zoé, j'aime bien l'aider quand je retourne chez moi. À force, j'ai fini par apprendre quelques bonnes recettes.

— Dans ce cas, j'espère que vous serez indulgents avec nous, commenta Scyllia en riant.

— On va vous ménager avec une recette simple, répondit la pyromancienne, amusée.

Sous le regard attentif de Brumi qui suivait chaque étape de la préparation, l'atelier cuisine se déroula presque sans encombre. Si Scyllia pouvait manier une dague aussi aisément qu'un assassin, elle se débrouillait beaucoup moins bien avec un simple couteau face à un légume. Au moins, elle n'était pas la seule à avoir l'impression de ne pas avancer par rapport aux autres. Une vie passée à l'académie ou dans un manoir où tout lui était servi sans qu'il n'ait rien à faire n'avait clairement pas aidé Alex à devenir un bon cuisinier.

Eh bah ! J'imagine déjà le moment où vous quitterez le manoir d'Elisabeth pour vous installer dans votre propre maison. À tous les coups, on vous retrouvera mort de faim un mois après votre emménagement, s'esclaffa Shed.

Même si elle avait du mal à l'admettre, les faits parlaient d'eux-mêmes. Ils allaient devoir suivre quelques cours de cuisine s'ils ne voulaient pas se retrouver dans l'embarras. Au moins, ils connaissaient quelques personnes dans leur entourage qui pouvaient leur apprendre des recettes simples.

Après une heure de préparation, un doigt légèrement entaillé, quelques jurons et un sort de soin mineur, le repas était enfin prêt. Une fois la table mise, leur plat fut goûté par le plus exigeant des juges, un brumare affamé. Les ronronnements qu'il produisit pendant qu'il engloutissait sa portion signifièrent qu'ils avaient réussi l'épreuve et pouvaient eux aussi manger.

Ce petit rituel inventé par Zoé était certes étonnant, mais tout aussi amusant aux yeux de la prétendante. Maintenant qu'elle y pensait, il n'était pas rare que son amie fasse goûter ses plats au petit animal avant de manger elle-même lorsqu'elle allait au réfectoire de l'académie.

Après ce bon repas, Zack proposa une petite balade digestive en forêt. Encore une fois, la décision ne fut pas prise par un humain, mais par le brumare qui, en comprenant ce que le demi-ange venait de dire, s'était empressé de rejoindre la porte d'entrée.

Ils occupèrent donc une bonne partie de leur après-midi à cette balade en forêt, observant les animaux magiques les moins farouches qui avaient fait l'objet des premières recherches de Zack et Zoé. Visiblement, seule la présence des dentrogars dérangeaient Brumi vu qu'il ne se souciait pas des autres animaux ou se contentait de leur sauter dessus pour jouer à les faire fuir. En voyant ce comportement, Scyllia ne put s'empêcher de penser que cela ne devait pas être facile de rester discret et d'observer ce genre de créature avec le petit brumare qui s'amusait ainsi.

En fin d'après-midi, ils rentrèrent dans la petite maison et préparèrent le dîner, puis passèrent la soirée à la lueur de bougies à s'affronter dans des jeux de cartes, comme lorsqu'ils se trouvaient à l'académie. Ce n'est que lorsque les flammes s'éteignirent d'elles-mêmes qu'ils décidèrent d'aller se coucher.

— Nous sommes installés dans la chambre de gauche, vous n'avez qu'à prendre celle de droite, annonça Zoé.

Ha ! Nous y voilà ! s'exclama Shed. Faites en sorte d'être assez discret pour ne pas réveiller vos voisins.

En un instant, les joues de la prétendante devinrent écarlate et son regard chercha une échappatoire. Depuis qu'ils étaient officiellement ensemble, jamais cette situation n'était arrivée. Dans les dortoirs de l'académie, ils étaient toujours restés dans leur chambre et il en était de même lorsqu'ils se trouvaient dans le manoir. En somme, elle n'avait jamais dormi avec Alex.

Qui te parle de dormir ?

— À demain les amoureux ! lança la furie avec un large sourire avant de fermer la porte de sa propre chambre après que Zack y soit entré.

— Si seulement je pouvais en prendre un pour frapper sur l'autre, souffla Scyllia.

— Zack et Zoé ? s'étonna le jeune noble.

— Non, Shed et Zoé.

— Ho, je pense savoir à quoi tu fais allusion.

— C'est... Que... Je... balbutia-t-elle sans vraiment savoir ou se mettre.

— Allons juste nous coucher, répondit-il avec un sourire amusé avant de l'embrasser.

Rassurée qu'il n'ait pas l'esprit aussi mal placé que le démon et la pyromancienne, Scyllia suivit Alex dans la chambre et se changea en même temps que lui, chacun tournant le dos à l'autre. Une fois glissée dans le lit, la prétendante ne bougea pas d'un millimètre, puis, tandis que les secondes s'égrainaient, une pensée lui vint à l'esprit.

Pourquoi restait-elle aussi stoïque ? Pour ne pas donner le dernier mot à Shed ? Pourtant, à entendre ses rires dans sa tête, il avait l'air de bien s'amuser de la situation. Cela ne venait pas non plus de sa timidité, alors quoi ?

Vu qu'elle ne trouvait pas de réponse à cette question, Scyllia se dit qu'il n'y avait aucune raison qu'elle agisse ainsi. Sans dire un mot, elle se rapprocha d'Alex et posa sa tête sur son épaule. Le jeune noble passa alors sa main autour de sa taille et l'embrassa sur le front.

— Bonne nuit, susurra-t-elle.

— Bonne nuit, répondit-il en éteignant de sa main libre la bougie qui se trouvait sur sa table de chevet.

Blottie contre celui qu'elle aimait, Scyllia ne sentit même pas le sommeil l'emporter, rêvant d'une vie idéale qu'elle pouvait avoir avec Alex. Un rêve doux, remplie d'amour et, surtout, sans une quelconque trace de voix dans sa tête qui ne lui appartenait pas.

Lorsque les premières lueurs du jour vinrent caresser son visage, la prétendante ouvrit doucement les yeux. Elle se trouvait exactement dans la même position que lorsqu'elle s'était endormie. Son visage à quelques centimètres du sien, Alex était lui aussi réveillé et la regardait tendrement.

— Bien dormie ? demanda-t-il doucement.

— J'ai fait un très beau rêve, répondit-elle. Et toi ?

— Moi aussi, et tu en faisais partie, avoua-t-il en lui souriant.

Scyllia allait pour l'embrasser lorsque la porte de leur chambre s'ouvrit brusquement. Sur le pas, Zoé arborait un visage triomphant, comme si elle les avait pris sur le fait. Ils n'avaient cependant rien à se reprocher et restèrent dans la même position, collés l'un à l'autre tout en attendant d'entendre ce qu'elle avait à dire.

— Allez les amoureux, on se lève ! Aujourd'hui, nous partons pour le sud du royaume !

— On arrive, laisse-nous nous habiller et on vous rejoint, répondit Alex.

— Vous habiller hein ? Dois-je comprendre que vous avez poursuivi la soirée d'hier de votre côté ? questionna-t-elle avec un regard appuyé.

— Changer nos habits de nuit par ceux de jour, rectifia Scyllia. Maintenant dehors !

Pour appuyer son ordre, la prétendante se pencha de son côté du lit et ramassa l'une de ses chaussures qu'elle lança à travers la chambre. Celle-ci s'écrasa contre la porte que Zoé avait refermé derrière elle pour se protéger du projectile. Malgré tout, Scyllia entendait toujours son amie, hilare dans la pièce attenante.

— Heureusement que tout le monde est séparé, commenta Alex en ramassant ses affaires. Sinon, connaissant Zoé, une fausse rumeur se serait répandue comme une trainée de poudre.

— Ne la sous-estime pas. Après ce voyage, elle devra repasser par le sanctuaire et croisera sans doute ta sœur et Sin. Je ne serais même pas étonnée si elle arrivait à répandre cette rumeur jusqu'aux oreilles de Ronan et Camille.

— Alors dépêchons-nous de nous habiller avant qu'elle n'ait le temps de dire quoi que ce soit à Zack.

Parce que tu crois que eux n'ont rien fait ? Ça fait deux mois qu'ils sont seuls ici. Et il en est de même pour Ronan et Camille ainsi que Lise et Sin. Encore une fois, vous avez un temps de retard.

De nouveau dos à dos, Scyllia et Alex s'habillèrent en vitesse et sortirent de la chambre. Assis à table, Zoé et Zack prenaient leur petit-déjeuner. La prétendante et le jeune noble prirent place à leur tour et se servirent dans les viennoiseries apportées par Kanti.

— Il ne s'est rien passé, prévint Scyllia en voyant le regard appuyé et le sourire qu'avait Zoé.

— Je ne vois pas du tout de quoi tu parles, répondit-elle, amusée.

Tout en espérant qu'elle agisse comme ça avec tout le monde, Scyllia prit son petit-déjeuner, puis s'en alla dans la dernière pièce de la maison qui servait de salle de bain. Après avoir fait une toilette rapide, la prétendante retourna dans la pièce principale et attendit ses amis qui allèrent se laver après elle.

— Tout le monde est prêt ? questionna Zack en sortant de la salle de bain.

— Prête, annonça Zoé en sortant les affaires qu'elle avait préparées avec le demi-ange.

— Alors allons-y, décida Alex.

Tous réunis autour de Zack, celui-ci amorça une téléportation qui les engloba tous. Si tout le monde était capable de réaliser une telle chose assez aisément, il devait être celui qui était le plus à même de le réussir avec précision. Scyllia pouvait très bien l'égaler, mais l'élément perturbateur que représentait Shed la plaçait au même niveau que les autres.

Après avoir été éblouis par la lumière de la téléportation, le groupe se retrouva dans un endroit familier. Presque désert à cette période de l'année, le hall principal de l'académie ne comptait que quelques mages qui restaient pour avancer dans leurs propres expériences.

— Nous ne devions pas aller dans le sud du royaume ? s'étonna Alex.

— Si, mais je ne connais pas les coordonnées, il me faut une carte, répondit le demi-ange.

Et pour trouver une telle carte, le mieux était de demander à la duchesse. Scyllia savait qu'Enzo avait dans sa bibliothèque ce qu'ils cherchaient. La nouvelle directrice devait donc avoir gardé un tel objet.

Frappant à sa porte, la réponse ne se fit pas attendre et les invita à entrer. Toujours assise à son bureau, la duchesse continuait inlassablement à remplir et signer des papiers. Malgré tout, l'énorme pile qui se trouvait à côté d'elle au début de la pause pédagogique était à présent réduite à quelques feuilles. Elle avait bientôt fini ce calvaire administratif.

— Bonjour les enfants, salua-t-elle. Je ne m'attendais pas à vous voir ici. Il y a un problème ?

— Bonjour, saluèrent ses anciens élèves.

— Non, il n'y a aucun problème, assura Zoé. Nous voulions juste vous emprunter une carte de coordonnée pour nous rendre dans le sud. Il y a une espèce rare qui y vit et nous aurions aimé l'étudier avec Zack.

— Laissez-moi deviner. Vous êtes à la recherche d'un messager d'Iliandra, supposa Elisabth.

— Oui ! Nous savons que ses plumes changent de couleur et agissent comme des prismes avec la lumière, mais nous n'avons rien trouvé d'autre à son sujet. Il n'a que cette particularité ?

— Moi j'ai entendu dire qu'il portait chance, répondit Scyllia. En tout cas, de jour comme de nuit, il est très beau et j'aimerais bien en revoir un.

— Tu en as déjà vu un ? s'étonna Elisabeth. Tu as beaucoup de chance alors. Certaines personnes passent leur vie dans les montagnes à sa recherche et n'en voient jamais. Si je peux vous donner un conseil, évitez de vous attarder dessus si vous n'en voyez pas. Vous pourrez très bien partir à sa recherche plus tard, mais focalisez-vous d'abord sur vos recherches pour votre diplôme.

— Compris ! s'exclama Zoé.

Après avoir donné ses conseils, la directrice se leva de son siège et se rendit jusqu'à l'une des nombreuses étagères. Sans même avoir cherché, la duchesse sortit un grand parchemin qu'elle tendit à ses élèves.

— Ça fait longtemps que je n'étais pas revenue ici, avoua Zoé. Ça a l'air... Plus rangé.

— Enzo avait sa propre définition du rangement. Si personne n'arrivait à s'y retrouver dans son bazar, ça n'était pas son cas. Personnellement, j'ai fait en sorte que ce qui se trouve ici soit facile d'accès au cas où quelqu'un aurait besoin de ce genre de document et que je ne sois pas présente.

— Et pour ce qui est des documents plus sensibles ? questionna Scyllia.

— Ils sont dans le second bureau, celui de la bibliothèque où je peux choisir qui y a accès. Aller, amusez-vous bien là-bas et ne faites pas trop de bêtises.

— Pas plus que d'habitude ! lui assura Zoé.

— C'est bien ce qui m'inquiète, grimaça la duchesse.

Après avoir déplié la carte et cherché les coordonnées qu'il devait atteindre pour se rendre dans le sud du royaume, Zack invita ses amis à le rejoindre et lança de nouveau sa téléportation. Cette fois-ci, lorsque le voile de lumière tomba, ils ne se trouvaient plus dans un endroit familier, mais aux abords d'une petite ville. Derrière celle-ci, s'étendait une chaîne de montagnes et il semblait qu'elle avait été construite pile entre deux d'entre elles.

Cette ville était la dernière du royaume avant d'entrer sur le territoire de la fédération d'Istram. Scyllia pouvait d'ailleurs apercevoir au loin un passage qui menait à cet autre pays et qui ne demandait pas d'escalader l'une des nombreuses montagnes qui formaient la frontière.

— J'ai tellement hâte d'étudier cet oiseau ! s'exclama la furie en avançant joyeusement vers la petite ville.

Zoé ? Étudier ? Voilà deux termes qui ne vont pas du tout ensemble.

— Du calme, on est même pas sûr de l'apercevoir, tempéra le demi-ange.

Vu ce qu'Elisabeth venait de leur dire, il y avait même très peu de chance qu'ils y arrivent, mais Scyllia sentait que son amie était bien plus impatiente de se balader que de réellement étudier. En somme, cette histoire de recherche d'un messager d'Iliandra ne devait être qu'un prétexte pour prendre un peu de vacances.

Tandis qu'ils arpentaient la ville à la recherche d'une auberge où ils pourraient poser leurs affaires, un événement pour le moins étonnant attira leur attention. Sur le pas de la porte d'une échoppe, un homme venait de jeter violemment un enfant par terre.

— Dégage ! hurla-t-il, furieux.

— Mais j'ai de quoi payer, tenta de se défendre l'enfant.

— J'en ai rien à faire, je ne veux pas de ton argent sale ! Maintenant dégage avant que je sorte l'arbalète !

Et ça recommence. Pourquoi faut-il toujours qu'on se retrouve mêlé à ce genre de chose ? Et ne me dis pas qu'on ne va pas s'en mêler, tu bous déjà de l'intérieur.

— Non mais ça va pas ! intervint Zoé avant que Scyllia ne réagisse.

— Vous êtes qui vous ?

— Des voyageurs qui n'aiment pas que l'on fasse du mal aux enfants, lança froidement Alex qui aida, avec Zack, le petit à se relever.

— Et vous venez d'où comme ça ?

— Pardon ?

— C'est pourtant pas compliqué ! Vous êtes de Trémiss, ou comme ce sale gosse, vous êtes un de ces enfoirés d'Istram ?

Peu à peu, les cris du gérant de l'échoppe attirèrent de plus en plus de monde. La guerre contre la fédération était terminée depuis moins d'un an, et cette petite ville devait être la première qui s'était faite envahir. La rancœur envers ce pays devait être tenace, surtout qu'au début de la guerre, les armées de la fédération ne se pliaient pas aux règles dictées par les dieux.

Ce n'est que lorsque les premières sanctions divines étaient tombées qu'ils avaient arrêté les pillages à outrance, les viols et les meurtres d'innocents. De ce fait, ce village avait dû subir toutes ces horreurs.

— Je vous en prie, supplia l'enfant. Ma mère est gravement malade, elle a besoin de médicaments !

— Qu'elle crève ! Comme tous les Istramiens ! hurla le vendeur avant de fermer violemment la porte de sa boutique.

En pleur au milieu de la rue, l'enfant ne faisait même pas attention à ce qui l'entourait. Les habitants qui assistaient à la scène lui jetaient des regards noirs comme s'il était directement responsable de tout ce qui leur était arrivé. Seuls Scyllia et ses amis ressentaient de la compassion pour lui.

— Bon, on y va ? questionna Zoé.

— Où ? demanda son compagnon.

— Où veux-tu qu'on aille ? Chez lui bien sûr ! Aucun d'entre-nous n'a envie de le laisser au milieu de ces gens qui veulent lui faire du mal et je connais suffisamment Scyllia pour savoir qu'elle a déjà fait son choix.

Ne comprenant pas vraiment pourquoi ils voulaient aller chez lui, l'enfant leur lança un regard interrogateur tout en séchant ses larmes. Pour lui montrer ses intentions, la prétendante illumina ses paumes et soigna les quelques égratignures de l'enfant avant de lui offrir un sourire rassurant.

— Nous allons soigner ta maman, lui promit-elle.

Un semblant de sourire et d'espoir retrouvé, l'enfant emmena le groupe sur le chemin qui serpentait entre deux montagnes. Il leur fallut presque trois heures de marche avant d'arriver de l'autre côté de la chaîne, dans le premier village d'Istram.

Celui-ci semblait bien moins développé que le village de Trémiss. Il comportait beaucoup moins d'habitations et les rues étaient presque désertes. L'enfant les mena jusqu'à l'autre extrémité du village, dans une petite maison un peu à l'écart des autres. À l'intérieur, ils ne trouvèrent que le strict minimum. Elle semblait encore plus petite que celle qu'occupaient Zoé et Zack aux abords de la forêt interdite.

— Par ici, indiqua l'enfant en poussant une porte.

Passant la première, Scyllia découvrit une petite chambre aux volets fermés. Dans le lit, une femme était allongée. Il n'y avait besoin d'aucune compétence en médecine pour voir qu'elle n'allait pas bien. Sa respiration était rapide et courte, son teint était blême et son visage couvert de sueur. Elle n'allait vraiment pas bien.

— Je m'en occupe, rassura Scyllia en voyant le regard inquiet de l'enfant.

La prétendante s'approcha du lit et s'arrêta au moment où sa patiente partit dans une quinte de toux sans pour autant se réveiller. Une fois celle-ci calmée, elle alla à son chevet et porta ses mains au-dessus de la mère de l'enfant. L'une au niveau de la tête, l'autre de la poitrine.

Cependant, avant qu'elle n'ait eu le temps d'allumer ses paumes pour faire un premier examen, une lame vint se loger sous sa gorge. Lentement, elle tourna la tête et vit un homme qui tenait l'arme. Sur son visage, elle ne voyait que de la colère et de la rage.

— Éloigne-toi d'elle, monstre ! lança-t-il en serrant le pommeau de son épée à s'en faire blanchir les phalanges.

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