Chapitre 21

 — Shed, appela Scyllia, haletante.

Je suis là, répondit-il.

— Mais plus pour longtemps, rit Ouros.

Relevant la tête, Scyllia fixa celui dont elle avait suivi la vie depuis la chute des dieux originaux. Si elle avait prévu que lui enfoncer son poing dans la figure serait la première chose qu'elle ferait en revenant à elle, la prétendante dut revoir ses plans et reprendre son souffle avant de tenter quoi que ce soit.

De toute façon, si elle reprenait l'histoire dans l'ordre, ça n'était pas pour elle qu'elle devait poser des questions, mais pour Shed.

J'ai attendu une éternité pour avoir ces réponses, je peux encore attendre un peu. Ce qu'il t'as fait et ce qu'il compte faire de toi est plus urgent pour le moment.

— Voyez-vous ça, le puissant Shed fait passer les autres avant lui. Aurais-tu retrouvé un peu de ton humilité avec ton passé ?

— Je ne suis pas Illiandra ! clama Scyllia en essayant de se relever. Et jamais je ne t'épouserai.

Tenant de nouveau sur ses jambes, la prétendante avait la tête qui tournait et l'équilibre précaire. Une étrange sensation de chaleur irradiait et se diffusait dans tout son corps, comme les premiers symptômes d'une maladie. Ce devait être un effet secondaire du retour à la réalité. Malgré tout, elle tenait bon et continuait à défier Ouros du regard.

— Tu crois ? Alors dis-moi. Quelle simple prétendante serait capable de manier l'un des artefacts divins ? Mieux, quelle simple prétendante pourrait l'arracher des mains de la déesse actuelle et lui faire retrouver sa forme originelle ? Quelle prétendante peut, avec un simple sursaut de puissance, parler couramment la langue des dieux comme s'il s'agissait de sa langue natale ? Et dis-moi, as-tu résolu le mystère qui te hante depuis que tu es entrée à l'académie ? As-tu découvert pourquoi tu n'es pas capable de te soigner toi-même ?

Si elle avait balayé de son esprit les premières questions en se disant que cela n'était dû qu'au contexte et à la situation, la dernière l'avait cependant interpelée. Elle s'était effectivement souvent demandée pourquoi elle en était incapable. Pourquoi elle pouvait lancer des sorts bleus, mais pas des blancs sur elle-même ? Pourquoi ceux des autres fonctionnaient alors qu'ils étaient bien moins puissants que les siens ?

— Tu veux savoir n'est-ce pas ? Seule la magie divine peut soigner un dieu. Lorsque les autres lancent des sorts sur toi, c'est la partie mortelle de ton âme qui le ressent et accepte cette guérison. Mais lorsque tu te lances toi-même un sort de soin, c'est ta partie divine qui reconnaît ton énergie et qui est dans l'incompréhension la plus totale. Elle se demande alors pourquoi utiliser une magie mortelle inutile ? À cause de ça, le sort est rejeté, donc tu ne peux pas te soigner. Mais dans peu de temps, cela n'aura plus d'importance, tu seras redevenue Illiandra et tu pourras de nouveau te soigner.

— Je ne suis pas elle, je ne l'ai jamais été et je ne le serai jamais ! insista la prétendante.

— Ha oui ? Alors comment expliques-tu ce qui s'est passé avec le messager ?

L'oiseau qu'elle avait croisé dans les montagnes du sud ? Certes, il portait le nom de la déesse et il lui obéissait, mais ce devait être le cas pour toutes les déesses ou prétendante à la vie.

— Cet oiseau n'est pas rare, il est unique, expliqua le dieu de la mort. Il est le familier d'Illiandra et, en tant que tel, il n'obéit qu'à elle et à personne d'autre. Sina serait incapable de le contrôler, mais toi, tu n'as qu'à penser pour qu'il s'exécute. Ceci est une preuve irréfutable que tu es...

— Je comprend ta peine, la coupa-t-il. Mais cela n'excuse en rien ce que tu as fait subir à tant de personnes ! Tout ça pour que tu échoues. Je ne suis pas Illiandra ! Ta vision s'arrêtait à la source des dragons et, comme tu l'a vu, je ne suis pas devenue elle. Tu as échoué !

— Si ce maudit dragon cupide ne t'avait pas pris le pendentif, elle serait revenue depuis longtemps, grinça-t-il entre ses dents.

Oui, elle s'en souvenait ! Lors de la dernière épreuve de l'île, elle s'était retrouvée dans la grotte du dragon d'or qui lui avait demandé de céder un objet de valeur pour pouvoir passer. À contrecœur, elle lui avait donné son pendentif. Finalement, cela lui avait sans doute sauvé la vie. Mais à présent, elle savait pourquoi Ouros était allé chercher le pendentif dans la tanière du dragon pour le lui ramener.

— Mais ne t'en fais pas, sourit le dieu de la mort en caressant la joue de Scyllia. J'ai pris mes précautions, c'est pour cela que je t'ai donné la mission de réunir les fragments de l'orbe de souvenir, et ce avant même de te guider jusqu'à la source des dragons. Cela aura juste été un peu plus long que prévu.

— Ouvre les yeux ! Même Lucius qui a assisté sans broncher à la mort des autres dieux trouve que tu es allé trop loin ! Il a raison, cette lubie de vouloir la faire revenir à tout prix t'a changé. J'ai vu quel dieu tu étais auparavant, je t'ai vu reformer le panthéon et guider les nouveaux dieux. Tu disais respecter les anges, mais tu n'as pas hésité à déclencher une invasion pour la faire revenir, au prix de nombreuses vies. Tu n'es plus ce dieu pour qui j'avais de la sympathie et, même si je devenais Illiandra, je sais qu'elle ne te reconnaîtrait plus. Elle rejetterait celui que tu es devenu !

— C'est faux !

Alors qu'elle tentait de raisonner le dieu de la mort, Scyllia se sentit de plus en plus mal. Elle avait chaud et des gouttes de sueur commençaient à perler sur son front. Tenir une telle conversation qui demandait de l'énergie pour défendre ses idées n'allait pas non plus pour arranger les choses. De plus, quelque chose lui disait que cet état n'était peut-être pas dû à son retour à la réalité.

Je suis d'accord avec toi. Moi-même, je ne me sens pas très bien, avoua Shed.

— Ça commence, jubila Ouros.

— Quoi ?

— Le retour de ma bien-aimée. Elle commence déjà à consumer la partie mortelle de ton âme pour recréer la sienne ! Et pour couronner le tout, cela va aussi tuer celui qui me l'a enlevée.

— Qu'est-ce que tu veux dire par là ?

— Shed, aussi puissant soit-il, est coincé dans ton corps, mais il ne résistera jamais à une âme divine. Elle va irradier et le détruire !

Il a raison, annonça le démon dans un grognement de douleur. Jamais je n'avais ressenti ça depuis que je suis en toi. Je risque de ne pas survivre à l'opération.

— Et tu auras enfin ce que tu voudras, une occasion de rejoindre ta chère et tendre Lief.

Pas question ! Pas à ce prix là !

— Encore une fois, tu m'étonnes Shed. Serais-tu redevenu l'ange que tu étais autrefois ?

J'ai passé presque dix ans à être le témoin de toutes ces niaiseries entre Scyllia et Alex et il n'est pas question que je parte en sachant que j'ai subi tout ça pour rien !

Il avait beau dire cela, Scyllia se sentait de plus en plus mal. Après tout, il est vrai que se laisser aller permettrait à deux personnes de retrouver celles qu'ils aimaient. Shed serait de nouveau avec Lief et Ouros aux côtés d'Illiandra.

Bordel Scyllia pour une fois dans ta vie soit un peu égoïste et pense à toi ! Pense à Alex ! Qu'est-ce qui te prend ? Ne me dis pas que l'esprit d'Illiandra est en train de remplacer le tien. Résiste !

Non, elle était toujours elle-même. Elle avait juste été touchée par le passé de Shed et par ce qu'Ouros venait de dire quant à Lief.

Mais tu n'y es pour rien. Ça n'est pas à toi de payer pour nos pots cassés. Ouros et Illiandra ont vécu ensemble heureux pendant de nombreuses années, j'ai vécu avec Lief et j'ai été heureux pendant de nombreuses années. Mais toi, ça n'est pas encore arrivé. Aucun de nous deux n'avons le droit de te priver de ça.

Savoir que Shed était de son côté la rassurait, mais les faits étaient là. Elle était toujours de plus en plus mal. Outre les bouffées de chaleur, la prétendante ressentait un point brûlant au niveau de sa poitrine. Cela n'était pas encore douloureux, mais elle sentait qu'il était de plus en plus chaud.

Le pendentif ! Retire-le vite !

Oui ! Ce devait être ça ! Rapidement, Scyllia tira sur la chaîne à laquelle le bijou était accroché, mais à sa grande surprise, elle ne trouva rien au bout. En faisant disparaître le haut de son armure, elle découvrit alors que la pierre était soudée à sa peau. Les points dessus étaient plus brillants encore qu'ils ne l'avaient jamais été et tourbillonnaient dans l'océan bleu nuit de la pierre.

Malgré tous ses efforts en tirant dessus, elle n'arrivait pas à le retirer. C'était, pour elle, comme si elle tirait sur l'un de ses membres. De plus, la surface parfaitement lisse ne lui offrait aucune bonne prise.

— Ça n'est pas la peine. À présent que les deux fragments d'âmes d'Illiandra sont entrées en résonance, personne n'arrivera à te retirer cette pierre avant que l'opération ne soit terminée.

— C'est ce qu'on va voir !

Dans sa main droite, Scyllia invoqua sa dague et la plaça sous la pierre. La pointe perça sa peau et se logea sous le bijou. En se servant de l'arme comme d'un levier, la prétendante tenta de se retirer la pierre de la poitrine. Elle serra d'abord les dents sous la douleur puis, alors que celle-ci devenait de plus en plus insupportable, se mit à crier pour de bon.

Dans un ultime effort elle força et entendit un tintement métallique avant de retomber à genoux. La pierre se trouvait toujours là, solidement accrochée non seulement à sa peau, mais aussi à ses côtes. Le bruit, lui, venait de sa lame qui s'était brisée sous l'effort.

Scyllia n'en revenait pas. Jamais ses armes n'avaient eu la moindre égratignure, pas la moindre trace, rien et là, elle venait de briser l'une d'elles. Il lui était donc bel et bien impossible de la retirer.

— Qu'est-ce que je te disais. Tu ne m'écoutes jamais. Arrête de lutter contre toi-même et redeviens celle que tu étais autrefois.

— Jamais... haleta-t-elle. Jamais je n'abandonnerai Alex... Et jamais je n'infligerai cette peine à Illiandra.

— Au contraire ! Lorsque tu seras redevenue celle que tu es vraiment, tu seras ravie !

— De voir que l'homme qu'elle aimait est devenu un monstre ? Je ne crois pas, non ! Illiandra était la déesse de la vie, c'est une chose qu'elle chérissait et que tu t'es amusé à bafouer pendant tant d'années. Jamais elle ne te pardonnera. Entre Shed et toi, je sais lequel des deux est le pire des démons, cracha-t-elle.

— Tu veux connaître l'intégralité de mon plan ? Tu veux savoir ce que je comptais faire ?

— Ho, ça, j'en ai déjà une bonne idée, rétorqua-t-elle.

— Je te l'ai dit, tu me prends pour le méchant de la petite histoire que tu t'es inventée, mais te tuer n'a jamais été dans mes plans. Je veux contenter tout le monde !

— Ça, il fallait y penser avant d'envoyer un démon me posséder et tuer mes parents !

Visiblement agacé, Ouros fit quelques aller-retours devant Scyllia, puis s'accroupit pour se trouver à son niveau et la prit par les épaules avant de plonger son regard dans le sien.

— Une fois qu'Illiandra sera de retour, je compte lui demander de te faire revenir dans un autre corps. Shed retrouvera Lief, Illiandra sera de nouveau à mes côtés et tu pourras vivre une vie parfaitement normale avec Alex. Voilà ce que j'ai prévu ! Tu ne sera morte qu'un petit instant !

Avec cette révélation, Scyllia fut quelque peu déboussolée. Elle voyait dans les yeux d'Ouros quelqu'un de désespéré, mais qui semblait tout de même sincère. Malgré tout, il subsistait quelques points noirs dans ce qu'il venait de dire. Premièrement, pourquoi n'avait-il pas révélé cette partie de son plan avant ? Deuxièmement, pourquoi voulait-il absolument la convaincre si, quelle que soit la décision qu'elle prenait, cela ne changeait rien au résultat ? Essayait-il, au travers d'elle, de montrer à Illiandra qu'il n'était pas le monstre qu'elle dépeignait ? Enfin, une dernière chose n'allait pas et cela provenait de ce qu'il avait dit un peu plus tôt.

— Dis-moi, Ouros, comment comptes-tu ramener à la vie une âme qui aura été consumée ?

— Je vais...

— Tu ne vas rien faire, et Illiandra non plus. Une âme mortelle sans corps peut vivre sur le plan des dieux ou des démons, mais une âme consumée disparaît à jamais. Voilà pourquoi tu as créé cette protection pour la cité des damnés. Voilà pourquoi ce que tu dis est faux. Une déesse m'a un jour dit que même les pouvoirs des dieux avaient leurs limites et je suis certaine que ce que tu me dis est bien au-delà de ce que peut accomplir un dieu, même originel.

— Sina, grogna le dieu de la mort en lâchant la prétendante et en se relevant. Très bien, tu as réussi à trouver le seul mensonge que je ne t'ai jamais dit. Mais ça ne change rien, tu le sens déjà n'est-ce pas ? La conscience d'Illiandra qui s'immisce peu à peu dans ta tête et qui remplace tes propres pensées par les siennes. Bientôt, elles seront toutes remplacées et je retrouverais enfin ma bien-aimée !

Un dément, il ressemblait à un dément, pensa la prétendante. Tous ses gestes et toutes ses paroles le faisaient ressembler aux méchants des fables qu'Ana et Liam lisaient à Scyllia lorsqu'elle était enfant. Pour retrouver l'amour perdu, un objectif pur et louable, une personne passait par les pires atrocités et faisait du mal à un grand nombre de personnes. Dans ces histoires, la personne en question se lançait bien souvent dans la nécromancie, mais ici, c'était d'un dieu dont il s'agissait et cela n'avait rien d'une fable.

Tandis qu'elle regardait Ouros, une pointe de douleur la prit soudainement à la poitrine. Celle-ci était tellement intense qu'elle se plia en deux. Le front appuyé sur le sol froid et les mains serrées au milieu de sa poitrine, Scyllia hurla de douleur. Dans sa tête, Shed aussi souffrait et tentait de contenir ses propres cris. Comme le disait Ouros, l'âme divine était en train de prendre le pas et tuait à la fois Scyllia et Shed.

Soudain, cette douleur cessa et hôte comme démon cessèrent de crier. Haletante, Scyllia se releva sur ses mains, puis leva la tête.

— Ouros, est-ce bien toi ? questionna-t-elle.

— I...Illi ?

— Ouros, souffla-t-elle, un léger sourire se dessinant sur ses lèvres tandis qu'une larme coulait sur sa joue.

La respiration saccadée et un large sourire se dessinant sur ses propres lèvres, le dieu de la mort observa un instant celle qui lui avait tenu tête un instant auparavant. Malgré tout, il ne bougeait toujours pas.

— Mon amour, que... Que s'est-il passé ?

— Illi !

Cette fois-ci, le dieu de la mort ne resta pas immobile et se précipita vers sa moitié. Avec délicatesse, il l'aida à se relever et la serra dans ses bras. L'étreinte était aussi forte que l'amour qu'il ressentait pour elle. Tendrement, elle posa ses mains sur son torse et le repoussa doucement pour voir son visage.

— Je ne comprend pas... dit-elle, déboussolée.

— Je t'expliquerai-tout, la rassura-t-il.

Doucement, Ouros approcha son visage du sien. Leurs fronts se touchèrent et, dans cette proximité, tout deux se regardèrent droit dans les yeux. L'une était toujours perdue et l'autre voyait cet instant comme le plus beau de sa vie. Lentement, il approcha ses lèvres des siennes et, alors qu'il s'apprêtait à l'embrasser, quelque chose l'interrompit.

Aussi puissant et agile soit-il, il n'avait pas vu arriver le puissant coup de poing au visage qui l'envoya voler à travers la pièce. Les yeux exorbités et se caressant la joue, le dieu de la mort se releva. On pouvait lire dans son regard la profonde incompréhension qu'il éprouvait.

— Pendant les visions, je me suis promis que je t'enfoncerai mon poing dans ta figure. Je dois dire que ça fait du bien !

— Scyllia, grogna Ouros.

Le subterfuge révélé, Shed sortit de son mutisme et éclata de rire. Malgré la douleur que tout deux ressentaient toujours, le voir ainsi valait bien les quelques secondes de silence qu'il s'était imposé pour ne pas révéler qu'il était toujours là.

— Personne n'a le droit de m'embrasser à part Alex !

Pour un dieu qui vit depuis des temps immémoriaux, tu t'es fait avoir si facilement ! Si tu voyais ta tête, c'est à mourir de rire ! Comme quoi Scyllia, tu es peut-être bel et bien une déesse originelle comme lui. Vous êtes aussi crédules l'un que l'autre !

— C'est toujours aussi agréable de servir de dommage collatéral à tes remarques, grimaça la prétendante.

Désolé, mais c'était plus fort que moi.

D'incrédulité, le regard du dieu était passé à un noir profond. Visiblement, ils avaient réussi à le mettre en colère avec cette ruse. Malgré tout, Scyllia voyait qu'il se retenait. Il ne pouvait tout simplement pas riposter car la frapper revenait à frapper Illiandra.

— Alors ? Pas trop déçu ? railla la prétendante.

— Illiandra n'est peut-être pas revenue à cet instant, répondit Ouros en reprenant son calme. Mais la douleur que toi et Shed avez ressentie était belle et bien réelle. La prochaine fois, au lieu de me frapper, tu m'embrasseras sans penser un seul instant à ce petit mortel, car tu auras retrouvé la mémoire.

— Depuis le temps qu'Elazar et Meracus te font des rapports, tu devrais savoir que je n'abandonne pas avant de ne plus pouvoir bouger un seul muscle. Ce qui m'arrive est peut-être inévitable, mais je vais me battre jusqu'au bout. Cela fait bien trop longtemps que j'espère t'affronter et te planter mes dagues dans le cœur.

À ces mots, la prétendante invoqua ses armes favorites et matérialisa ses ailes de brume. Il n'était pas question qu'elle reste sans rien faire pendant qu'une âme divine la tuait de l'intérieur. Elle allait se battre contre non pas un, mais deux dieux. Au moins, en faisant cela, elle n'aurait aucun remord quant au fait de n'avoir rien tenté.

Cet état d'esprit en tête, Scyllia se mit en garde, prête à charger le dieu de la mort avec toute la puissance qu'elle avait en elle.

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