Chapitre 13

Pendant ce que Scyllia avait l'impression d'être des heures, la prétendante découvrit le quotidien de ce Shed et de Lief. D'après ce que le démon en elle lui avait dit, il pensait que cette personne à qui il avait emprunté ce nom était un de ses amis. Cela était difficile à croire vu qu'ils étaient diamétralement opposés.

En soi, leur vie ressemblait à celle de mortels engagés dans un corps militaire. En tant que général, l'archange passait le plus clair de son temps dans son bureau à coordonner les hommes et femmes qui étaient sous ses ordres. Quant à Lief, son travail consistait à s'entraîner et à patrouiller pour contrecarrer une invasion éventuelle de démons.

Pour le reste, les deux anges amoureux étaient plutôt libres. Il n'y avait pas de règles telles que des dortoirs hommes ou femmes et ils avaient leur propre maison proche de la caserne. Leur relation ne semblait d'ailleurs pas déranger les autres soldats comme cela pouvait être le cas chez les humains.

Malgré leur position de gradés, ils avaient gardé un mode de vie très simple, à l'abri du besoin, mais sans pour autant tomber dans le luxe ostentatoire. Était-ce parce qu'elle était enceinte ou bien quelque chose qui avait toujours été, en tous cas, Shed était aux petits soins avec Lief. Certains aspects de leur vie lui rappelaient même ses propres parents lorsqu'ils étaient encore en vie.

Une nouvelle journée radieuse s'annonçait pour eux. Lief n'avait qu'un entraînement d'une matinée à effectuer et Shed avait déjà planifié les prochaines rondes que ses soldats devaient accomplir. Depuis la fenêtre de son bureau, l'archange regardait l'entraînement qui se déroulait dans la cour.

Sa femme se débrouillait merveilleusement bien, mais il ne pouvait s'empêcher de sursauter à chaque fois qu'une lame passait un peu trop près d'elle. Scyllia sentait qu'elle était loin d'être une novice et qu'elle avait perdu le compte du nombre d'entraînements similaires qu'elle avait accomplis. Malgré tout, elle comprenait son inquiétude sur le fait qu'il ne lui arrive rien.

Fort heureusement pour lui et pour son cœur, les différents affrontements de la matinée s'étaient tous soldés par une victoire de Lief qui avait envoyé mordre la poussière chaque adversaire sans recevoir un seul coup.

Dès qu'il vit qu'elle sortait du terrain, Shed s'empressa, tel un gamin, de sortir de son bureau pour aller la rejoindre. Lorsqu'il la retrouva, Lief était seule dans une grande pièce et était en train de retirer son armure. Aussi discrètement qu'il le pouvait, Shed s'approcha d'elle dans l'espoir de la surprendre.

— Au lieu de m'épier pendant que je m'entraîne, tu n'as pas du travail ? questionna-t-elle bien avant qu'il n'ait réussi à s'approcher.

Malgré cette tentative ratée, l'archange se rendit tout de même jusqu'à elle et la prit dans ses bras alors qu'elle était toujours dos à lui.

— Comment bien accomplir mon travail lorsque celle qui occupe toutes mes pensées se trouve à un battement d'aile de moi ? répondit-il en l'embrassant dans le cou.

— Ça ne te dérangeait pourtant pas avant. Aurais-tu peur que je me blesse alors que je porte ton enfant ?

— Notre enfant, rectifia-t-il. Et oui, je m'inquiète pour vous deux. Je n'ai pas le droit ?

— Il ne nous arrivera rien, tenta-t-elle de le rassurer. Je le protège et je suis moi-même protégée par mon armure. Les blessures graves aux entraînements sont rarissimes et celles au ventre le sont encore plus.

— Et si une faille s'ouvrait pendant une de tes patrouilles ?

— Alors je ferai en sorte de tenir bon jusqu'à ce que le général tout puissant vole à mon secours, rit Lief en se tournant pour embrasser l'archange.

Cette fois-ci, leur relation rappelait à Scyllia celle de Ruby et Ivan. Si, lors de la guerre contre Istram, Ruby avait avoué à Ivan qu'elle était enceinte, il aurait, tout comme Shed, fait en sorte de la préserver à tout prix alors qu'elle, de même que pour Lief, voulait continuer à se rendre utile.

— Mais dites-moi, général. Qu'aviez-vous en tête lorsque vous vous êtes dit que c'était une bonne idée de me rejoindre pendant que je me changeais ?

— Ho, rien d'obscène, je vous rassure, rit Shed. Je me suis juste dit qu'après tous ces efforts, un bain suivi d'un massage pourraient faire du bien à vos membres endoloris.

— Intéressant, réfléchit la commandante avec un large sourire. Et pourquoi pas un bain et un massage en même temps ?

Tout comme le moment où ils s'étaient embrassés dans le bureau, Scyllia eut l'impression qu'elle était de trop et qu'elle n'avait pas besoin d'assister à quelque chose d'aussi intime. Ce sentiment était d'autant plus justifié que les deux anges s'embrassaient de plus en plus intensément. La prétendante était certaine que Shed lui aurait fait remarquer que c'était ce qu'il ressentait quand elle était avec Alex, mais là encore, aucune voix dans sa tête ne lui parlait.

Alors que ses craintes se concrétisaient et que Lief commençait à desserrer les sangles de l'armure de Shed, un puissant bruit de cor se fit entendre à l'extérieur. L'ange stoppa immédiatement son geste et s'écarta un peu de son compagnon, un léger sourire trahissant sa déception sur les lèvres.

— Il va falloir remettre nos plans à plus tard, se désola-t-elle.

— En effet. Il ne serait pas bon pour nous de faire attendre un dieu.

Pour le plus grand soulagement de Scyllia qui n'avait aucune envie d'assister à la concrétisation de leurs plans, Lief se détacha de Shed et alla remettre son armure. Patiemment, le général attendit que sa compagne se soit rhabillée, puis sortit avec elle.

Au moment où ils passèrent la porte, un second son de cor retentit. Pour ne pas perdre de temps, les deux anges prirent leur envol. Un instant, Scyllia crut qu'elle ne pourrait pas les suivre, mais s'étonna, en regardant par-dessus son épaule, de voir qu'elle-même était dotée d'une paire d'ailes aux plumes rouges.

Ne cherchant même pas à comprendre la logique là-dedans, Scyllia tenta d'utiliser ces nouveaux membres et se rendit vite compte que le principe était assez similaire avec ses ailes démoniaques. Il y avait quelques petits ajustements à faire, mais dans l'ensemble, elle arrivait tout de même à suivre le couple d'anges qui volait dans la ville et se rendait sur une grande place où nombre d'anges étaient déjà réunis.

De toute cette foule, la prétendante n'aperçut aucun autre archange. Acquérir un tel statut devait être quelque chose d'extraordinaire et réservé à de rares élus. Tout le monde regardait dans la même direction, vers une estrade en pierre qui, pour l'instant, était totalement vide. Les anges continuèrent à affluer jusqu'à ce que le cor retentisse cinq fois.

La place était à présent pleine, si bien que certains avaient dû s'installer sur les toits pour assister à ce qui allait se passer. Vu le visage de nombre d'entre eux, il n'y avait pas matière à s'inquiéter de ce qui allait se passer, mais pas non plus à se réjouir. Ils attendaient, patiemment et tranquillement quelque chose qui devait être banal pour eux.

Lorsque quelqu'un monta enfin sur l'estrade, un silence d'or se répandit immédiatement sur la place. Il y avait tellement peu de bruit que Scyllia était capable, de là où elle se trouvait, d'entendre les bruits de pas que faisait la personne qui se présentait devant eux.

Tout comme Shed, cet homme portait une armure dorée, mais là où celle de l'archange était décorée avec des nuances de rouge, la sienne était parsemée de pierres précieuses qui donnaient plus l'impression qu'il s'agissait d'une armure d'apparat plutôt qu'une réelle protection pour la guerre.

Dépourvu d'ailes, son dos était couvert par une longue cape blanche. Mais la caractéristique qui retint le plus l'attention de la prétendante était sans aucun doute ses yeux à la couleur de l'or. Comme l'avait dit Shed, il s'agissait d'un dieu.

— Il y a de cela une semaine, commença-t-il, sans préambule, d'une voix forte de sorte que tout le monde l'entende. Une faille entre notre monde et celui des démons s'est matérialisée au nord d'ici !

Même si la plupart restaient silencieux et continuaient d'écouter, de rares anges se mirent à parler entre eux à voix basse. Visiblement, les opérations militaires n'étaient pas transmises à la population qui ignorait qu'une telle menace était apparue.

— Cette faille s'est transformée en un portail stable et les démons ont commencé à envahir notre monde.

Cette fois-ci, beaucoup plus de personnes parlèrent, un peu plus fort que précédemment et provoquèrent un léger bourdonnement. En effet, sans connaître la fin de l'histoire, ils pouvaient penser que la menace était toujours d'actualité, réfléchit la prétendante.

— Les démons ont finalement été défaits et le portail détruit. À présent, je voudrais que la personne qui a mené cette opération de fermeture se présente devant moi !

Si sa phrase était tournée comme un souhait, il était clair qu'il s'agissait en vérité d'un ordre. Malgré tout, Shed et Lief ne bougeaient pas. Elle était pourtant responsable de l'équipe qui s'était chargé de retenir la horde de démons et lui avait fermé le portail ! Alors que faisaient-ils ?

— Eh bien, tu ne vas pas le rejoindre ? questionna l'archange avec un large sourire.

— Moi ? Mais c'est toi qui as fait tout le travail ! Ce devrait être à toi d'être récompensé.

— Il n'a pas demandé qui avait fermé le portail ou vaincu le plus de démons, mais qui était en charge de cette opération. Tu as tenu et dirigé tes hommes jusqu'à mon arrivée. Tu as vaillamment combattu et il est normal que le mérite te revienne. J'ai déjà eu mes heures de gloire, maintenant, c'est à toi de briller, sourit Shed.

D'abord hésitante, Lief fixa Shed droit dans les yeux. Trouvant sans doute un regain d'assurance dans le regard bienveillant de son compagnon, l'ange finit par prendre son envol et rejoindre l'estrade. Une fois posée dessus, à seulement un mètre du dieu, Lief s'agenouilla et baissa les yeux en signe de respect et de soumission.

— Relève-toi, ordonna-t-il en se tournant vers elle. Qui es-tu ?

— Mon nom est Lief, maître, répondit-elle en lui obéissant tout en gardant la tête baissée. Commandante de l'escouade qui s'est battue pour repousser l'invasion de démons.

— Qu'as-tu pensé de ce qui s'est passé ?

— Nous avons fait tout notre possible pour contenir la menace. Mes hommes se sont battus avec un grand courage et n'ont pas faibli un seul instant. Et bien que je pleure la perte de deux des nôtres, je ne peux qu'être fière de ce qu'ils ont accompli ce jour-là.

Comme Scyllia le pensait, Lief était le genre de personne qu'elle appréciait tout particulièrement. Elle était de ceux qui n'oubliaient pas les personnes avec qui elle avait travaillé et voulait partager ce moment de gloire avec eux au lieu de s'en attribuer tout le mérite.

— Donc, vous vous êtes battus, avez fini par triompher et c'est en cela que tu es fière des soldats qui étaient sous tes ordres, résuma le dieu.

— Je ne peux nier que le général est intervenu pour mettre fin à cette bataille, mais le temps que nous avons passé à retenir les démons, nous n'avons pas cédé un seul brin d'herbe de terrain à nos ennemis.

— Donc, tu es fière de cette bataille, insista-t-il.

— Pas de la bataille en elle-même. Ce dont je suis fière, c'est de me dire que les démons n'ont pas réussi à atteindre la ville et que leur invasion n'a pas pu prendre racine. Je suis fière d'avoir évité la perte de vies innocentes.

— Je vois, réfléchit l'homme aux yeux d'or. Je comprends ton point de vue... Mais pour moi, il reste quelque chose qui me laisse perplexe...

Si jusque-là, Shed arborait un large sourire, fier de voir sa femme être mise au devant de la scène, cette dernière phrase le lui avait fait perdre. Scyllia, elle, était intriguée. Que pouvait-il avoir à dire à cela ? Elle n'avait fait que dire la vérité. Ils s'étaient vaillamment battus et n'avaient rien cédé du début à la fin.

— Puis-je vous demander ce qui vous trouble ainsi ? questionna Lief.

— Ce qui me trouble ? répéta posément le dieu. Pouvez-vous m'indiquer quel est le but initial de votre mission ?

— Patrouiller dans un secteur donné et refermer les failles pour éviter une invasion des démons, répondit-elle immédiatement.

— Exactement. Et en cela, vous avez échoué. Le fait que le moindre démon ait posé ne serait-ce qu'un pied sur cette terre sacrée est inadmissible !

— Pourtant, je vous jure que...

— Assez ! tonna-t-il, changeant du tout au tout d'intonation pour devenir agressif. Je ne suis pas là pour écouter vos excuse, mais pour punir votre incompétence.

— Mais...

Avant que Lief n'ait eu le temps de s'expliquer, le dieu sortit sa lame du fourreau accroché à sa ceinture et transperça la pauvre ange qui n'avait pas eu le temps de réagir.

— Non ! s'horrifia Scyllia en écarquillant les yeux et en cachant sa bouche avec ses mains.

— Lief ! hurla Shed de tout son être.

En deux battements d'ailes, l'archange rejoignit l'estrade au moment où le dieu retirait son épée du corps de sa femme et que celle-ci s'effondrait à terre. Il arriva juste à temps pour la saisir avant qu'elle ne touche le sol et appuya immédiatement sur la blessure tout en observant le visage de sa bien aimée.

— Non, non, non, non, non, haleta-t-il avec une respiration aussi courte que rapide.

Lorsque Scyllia se posa à son tour sur l'estrade, une larme roula sur sa joue. Shed n'en était peut-être pas conscient, mais sa femme était morte avant même qu'il la rattrape. Le dieu avait toujours sa lame en main et elle n'avait aucune trace de sang. S'il s'agissait d'une relique telle que le gant d'Ouros ou le bâton de Sina, il y avait de fortes chances que le coup l'ait tuée instantanément.

— Général, dit le dieu d'un ton détaché en le toisant du regard. Merci de vous être porté volontaire pour porter la dépouille de cette incapable hors de ma vue.

Alors qu'il serrait le corps sans vie de sa femme contre lui, Shed fut pris de soubresauts. Il pleurait, la tête enfouie dans la nuque de sa femme. Scyllia, elle, fixait avec intensité et rage le meurtrier qui ne faisait même plus attention à ce qu'il avait causé, mais s'était tourné vers son public totalement silencieux et sous le choc.

— Que tout le monde ici prenne acte ! Une telle incompétence dans l'armée du dieu de la guerre, protecteur du monde divin, ne sera pas tolérée. À présent, retournez au travail !

— Alors, nous ne sommes que cela à vos yeux, sanglota faiblement Shed. Des pions sans importance que vous pouvez jeter quand bon semble ?

— Tu es encore là ? s'étonna le dieu. Je t'ai pourtant ordonné de déplacer ce cadavre hors de ma vue.

Lentement et avec révérence, Shed déposa le corps de sa femme et se releva. Sa respiration était plus lente, et ses yeux, bien que sa tête soit baissée, fixaient le dieu en un regard noir.

— Ce cadavre, comme vous l'appelez, avait un nom. Elle s'appelait Lief... Elle était l'amour de ma vie... Elle... Elle portait notre enfant...

— Comment un archange tel que toi, mon serviteur le plus puissant, peut-il s'être amouraché d'une faible soldate comme elle ?

— Elle était l'amour de ma vie, répéta-t-il, son visage se déformant peu à peu sous le coup de la rage alors qu'il relevait la tête. Vous avez tué l'amour de ma vie !

De sa main droite, une intense lumière jaillit et prit rapidement la forme d'une épée qui finit par se matérialiser. Shed tenait fermement la poignée et, vu son regard, elle était destinée à goûter le sang d'un dieu.

— S'en est assez ! tonna le dieu de la guerre. Range cette arme avant que je ne décide de te mettre à mort !

— En effet, s'en est assez. S'en est assez de votre tyrannie. S'en est assez d'être traité comme des esclaves. S'en est assez de se sacrifier pour vous !

— Arrêtez-le ! ordonna sèchement le dieu en se tournant vers l'assemblée qui n'avait pas bougé malgré l'ordre de dispersion.

— Le premier qui approche devra s'estimer heureux si on retrouve ne serait-ce qu'une plume de lui ! hurla l'archange.

Pendant un court instant, le temps sembla se figer. Personne sur la place ne bougeait et le dieu continuait de fixer Shed en restant parfaitement immobile. Lorsque enfin le général prit son arme de ses deux mains, quatre anges se précipitèrent sur lui, épées dégainées.

Sans même leur accorder un regard, Shed fit jaillir de son corps des éclairs, un par assaillant, qui les atteignirent avant même qu'ils ne se rendent compte de l'attaque. Comme il leur avait promis, le choc et la puissance fut telle qu'il les avait désintégrés, ne laissant même pas une plume comme trace de leur passage en ce monde.

— Tu oses défier ton maître ? cracha le dieu en pointant son arme sur lui.

— Je n'ai pas l'intention de vous défier. Tout ce que je veux... C'est me venger, grogna l'archange. Tout ce que je veux... C'est votre tête.

À ces mots, Shed se jeta sur le dieu de la guerre. Pour un œil non entraîné, il aurait été impossible de suivre ses mouvements, mais Scyllia était habituée à tout voir à grande vitesse vu qu'elle-même basait ses attaques sur la rapidité.

Le premier coup du général fut horizontal, juste au-dessus des épaules de son adversaire. Ses intentions étaient claires, il voulait le décapiter. Grâce à sa propre arme, le dieu réussit à parer le coup, mais la grimace qu'il fit et ses bras tremblants avec les muscles contractés montraient qu'il avait eu du mal à absorber la puissance de ce premier coup.

N'attendant pas une seule seconde, Shed donna un second assaut, oblique et partant du bas cette fois-ci. La position de son ennemi était la bonne pour parer ce genre d'attaque, mais la précision de l'archange, elle, était parfaite. Le général arriva à passer sa lame sous celle du dieu et à remonter jusqu'à frôler et dépasser la garde de l'épée de son adversaire. Arrivé là, il remonta brusquement son arme et frappa le dieu au niveau de ses mains.

Ce geste lui fit lever les bras et lâcher sa relique qui, sous le coup, fut projetée en l'air sur plusieurs mètres avant de redescendre. Tandis que le dieu de la guerre amorçait un mouvement de recul et surveillait l'arme que le général tenait en main, Shed lâcha la poignée de son épée de la main droite et la leva au ciel.

Lorsque l'artefact divin retomba, l'archange s'en saisit et, avant que le meurtrier de sa femme ne s'éloigne, l'empala avec l'arme qui avait servi à lui causer tant de malheurs. La lueur dorée dans les yeux du dieu s'éteignit immédiatement et, de nouveau, le temps sembla s'arrêter. Les anges spectateurs étaient stupéfaits, comme assommés par ce qu'ils venaient d'assister. Un ange venait de vaincre un dieu spécialisé dans la guerre en seulement deux attaques.

Avec son pied posé sur le torse du dieu, Shed repoussa son corps et dégagea l'épée. Cependant, avant même qu'il n'ait commencé à s'effondrer, le général tourna sur lui-même et se servit de cet élan pour trancher la tête de celui qu'il haïssait tant.

D'innombrables filins d'énergie dorée se mirent alors à s'échapper du corps du dieu et recouvrirent entièrement l'archange. La puissance qu'il rassemblait ainsi était telle qu'il en devenait difficile de le regarder. Au bout d'une dizaine de secondes, le phénomène disparut et Shed se tourna vers ses congénères.

— Nous ne serons plus jamais leur pion, dit-il avec rage sans pour autant élever la voix. Nous avons brisé nos chaînes, mais nous ne sommes pas les seuls à être sous leur joug. Il est temps qu'ils payent. Il est temps que prenne fin... L'ère des dieux.

À ces mots, l'archange rengaina l'artefact divin à sa ceinture et, dans un silence religieux de ses semblables, ramassa le corps de l'amour de sa vie avant de prendre son envol et de disparaître.

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