Chapitre 3

 Devant l'arche d'entrée de l'académie, tous les amis de Scyllia s'étaient réunis pour lui dire au revoir. Le jour de son intégration dans la garde de la ville était arrivé et elle ne les reverrait pas avant trois longs mois. La réunion qui avait eu pour but de déterminer une punition adéquate s'était quelque peu éternisée après le verdict afin de régler les derniers détails. Celui qui lui faisait le plus de peine était sans aucun doute le fait qu'elle devrait aller dormir dans une caserne et donc ne pourrait pas retrouver ses amis.

— C'est pas juste ! s'emporta Margaux. Tu as sauvé plein de monde et ils te punissent, ils n'ont pas le droit !

— C'est vrai qu'il est difficile de comprendre une telle décision, ajouta Ronan.

Si le comportement de sa protégée ne l'étonnait pas, elle trouvait cela un peu plus étrange de la part de Ronan.

— Ils ont bien compris que ce qui s'est passé là-bas était profitable à la ville et à de nombreux innocents. Non, ce qu'ils me reprochent, c'est d'avoir laissé Shed libre de ses mouvements. Et puis, en y réfléchissant bien, imaginez ce qui se passerait si tous les citoyens décidaient de rendre justice par eux-mêmes ?

— Peut-être, mais de ce que tu nous as dit, la justice ne faisait rien alors qu'elle savait ce qu'il se passait. En un sens, ça les rend complice de toutes ces atrocités, réfléchit Sin.

— Il est l'heure, intervint l'homme en armure qui avait assisté à la réunion et proposé cette punition.

Sachant qu'elle ne pourrait pas retarder les au-revoir, Scyllia embrassa ces amis et finit en déposant un baiser sur les lèvres d'Alex. Contrairement aux autres, il n'avait pas montré en public son mécontentement et son sentiment d'injustice de la voir partir. Cependant, ils en avaient longuement parlé seul à seul et, bien que d'accord avec l'avis général, il avait compris qu'elle souhaitait purger cette peine et respectait sa décision.

— Ne faites pas trop de bêtises en mon absence. Je n'ai pas envie de venir ici pour vous emmener en prison, leur sourit la prétendante avant de se retourner pour rejoindre l'homme en armure.

— Prête à y aller ?

— Ai-je vraiment le choix ? souffla-t-elle.

Voyant qu'il n'avait pas vraiment besoin de répondre, l'homme ouvrit la porte de la calèche et l'invita à entrer. Après la réunion, l'adolescente n'avait toujours pas réussi à savoir qui était vraiment cet homme et avait demandé à Elisabeth de l'éclairer à ce sujet. La duchesse lui avait répondu qu'il s'agissait de la personne qui était responsable de la plus grande caserne de la capitale. Ainsi, elle comprit qu'en traitant les gardes de lâches, Shed l'avait directement insulté. De là avait dû germer l'idée de lui montrer ce qu'impliquait vraiment le métier de garde.

Dès que la voiture se mit en route, un silence pesant s'installa à l'intérieur. À partir de ce moment, elle faisait officiellement partie de la garde et, de ce fait, se trouvait devant un supérieur hiérarchique. Elle en venait presque à regretter de ne pas s'être retrouvée en prison. Au moins, les chasseurs de mages qui l'avaient emmenée en croyant qu'elle était la meurtrière de la capitale quelques mois plus tôt lui parlaient. Là, elle se trouvait devant un mur. Il daigna malgré tout commencer un début de conversation lorsqu'ils furent à la moitié du trajet.

— Ne crois pas que les trois mois que tu vas passer dans ma caserne et sous mes ordres vont être faciles à vivre. Tu apprendras que le métier de garde n'est pas aussi simple que tu le crois.

Dimitri Menchez, le nom de cet homme d'après Elisabeth, n'avait pas dit ça sous le ton de la menace, mais plus comme mise en bouche pour qu'elle ne soit pas étonnée d'avoir à travailler dur. En un sens, cela la réconfortait quelque peu. S'il décidait de la placer dans des bureaux ou des archives alors qu'elle venait tout juste de sortir de sa punition à la bibliothèque, elle ne l'aurait sans doute pas supporté.

— Puis-je parler librement ? demanda-t-elle.

— Je t'en pris.

— Par rapport à la garde d'Eronne, la capitale d'Atora, pensez-vous que la vôtre est meilleure ou non ?

— Ma fierté de soldat me pousse à dire que nous somme les meilleurs, mais n'étant jamais allé à Eronne, je ne peux rien affirmer. Pourquoi ?

— J'ai été fugitive là-bas pendant une semaine, mon portait y était affiché à chaque coin de rue, avoua-t-elle comme si ça n'était qu'une anecdote. Pourtant, la garde ne m'a pas vraiment inquiétée.

— Je vois. Une criminelle, même au-delà de nos frontières.

— Que voulez-vous, c'est plus fort que moi. Je me retrouve toujours dans des situations où je suis considérée comme une criminelle et j'arrive toujours à m'en sortir.

— Ne crois pas que cela va durer éternellement. Même avec des soutiens aussi puissants que le dieu de la mort, tout crime fini un jour par se payer, trancha le chef de caserne.

La prétendante pensa un instant à se justifier comme quoi toutes les fois où elle avait été recherchée ou incarcérée avait été des erreurs, mais le ton cassant de Dimitri signifiait qu'elle avait sans aucun doute perdu son droit de parler ouvertement.

Tu t'attendais à quoi en révélant ça ? Des félicitations ?

C'est vrai, elle n'aurait jamais dû en parler, c'était totalement stupide de sa part et elle s'en rendait compte à présent. Qu'était-elle aux yeux de cette personne si ce n'est une criminelle avec des relations ? En avouant qu'elle avait été recherchée, elle venait de lui donner en partie raison.

Le reste du trajet se passa donc dans un silence pesant. Lorsque la voiture s'arrêta enfin devant la caserne, Scyllia s'empressa de descendre pour respirer l'air frais. L'atmosphère qui s'était installée à l'intérieur était suffocante et elle ne voulait qu'une chose, oublier cette conversation.

Le chef de la caserne sortit à son tour et lui fit signe de le suivre à l'intérieur. Dans la première salle, la prétendante devina qu'ils accueillaient ici les personnes qui venaient se plaindre de quelque chose. Il y en avait d'ailleurs quelque uns, mais de ce qu'elle entendait des conversations qu'ils avaient avec les gardes, il n'y avait rien de très important, juste de simples querelles de voisinage.

Derrière cette salle, l'adolescente se retrouva dans une grande cours où des personnes s'entraînaient au maniement de diverses armes. Le chef de caserne s'approcha d'une des personnes qui était adossé à un mur et observait les mouvements des soldats.

— Capitaine Ivan ?

— Oui mon commandant ? répondit-il en se mettant au garde-à-vous devant lui.

— Je vous présente votre nouvelle recrue. Occupez-vous-en et ne la ménagez pas. Je veux qu'elle parte en patrouille au plus tôt.

— À vos ordres.

Sans rien ajouter, le commandant laissa Scyllia seule avec l'homme qui ne quitta sa posture que lorsque son supérieur entra dans une autre aile de la caserne encore inconnue à la prétendante.

— Pfiou, souffla-t-il en se détendant. J'ai bien cru que j'allais me prendre une soufflante parce que je ne m'entraînais pas. Alors comme ça, on veut rejoindre la garde ?

Je l'aime bien lui, il a l'air marrant.

C'est vrai qu'elle ne s'attendait pas vraiment à ça. Ce capitaine ne semblait pas ressembler à un militaire à cheval sur la discipline et avait l'air plutôt sympathique, mais il était encore trop tôt pour décider de quoi que ce soit vis-à-vis de lui. Il pouvait très bien jouer le gentil dans un premier temps pour voir si elle en profitait et lui en faire baver si c'était le cas.

— Je m'en remets à vous, finit-elle par dire.

— Tout d'abord, suis-moi. On va te trouver une armure. Il serait dommage qu'il t'arrive quelque chose pendant ta ronde parce que tu n'étais pas bien protégée.

Si vous voulez qu'elle soit en sécurité, laissez-là plutôt mettre la sienne.

C'était malheureusement impossible, pensa Scyllia. Plus qu'une protection, l'armure de garde permettait aux habitants de les reconnaître au premier coup d'œil. Dans la sienne, ils auraient plus l'impression qu'elle était là pour causer des problèmes plutôt qu'aider.

Marchant derrière le capitaine, la prétendante entra dans l'armurerie et attendit, quelque peu perdue. Si elle s'y connaissait un peu pour ce qui était des armes, elle ne pouvait pas en dire autant des armures vu qu'elle n'en avait jamais revêtis d'aussi complètes, la sienne n'étant pas constituée de plaques, mais de cuir assez souple pour se mouvoir comme elle le voulait et tout aussi résistant que le plus dur des métaux.

— Alors, tu ne m'as pas répondu. Qu'est-ce qui t'as poussé à rejoindre la garde ? se répéta-t-il en examinant les différents plastrons pour voir lequel lui irait le mieux. Ne t'en fais pas, ça n'est pas un piège. Tu peux me répondre l'honneur, l'envie de servir, l'argent, la vengeance, le fait d'avoir deux repas chauds par jours...

— Ça n'est pas vraiment un choix. Disons que je me suis retrouvée mêlée à un massacre d'esclavagiste et que je dois me racheter.

— Des esclavagistes ? Ces pourritures gangrènent le royaume et capturent nos citoyens pour les revendre aux pays qui pratiquent l'esclavage. Tu peux m'en dire plus sur ça ?

— Je me suis retrouvée dans un de leur repaire à Port-Kora et lorsque j'ai vu ce qu'ils faisaient subir à des innocents, j'ai lâché sur eux quelque chose de destructeur dont j'aimerais, si ça ne vous dérange pas, ne pas parler. Au final, les personnes capturées se sont enfuies et les esclavagistes sont morts. Mais certaines personnes n'ont pas apprécié que je libère cette chose et m'ont demandé de faire partie de la garde pendant trois mois pour ça.

— Donc tu as été condamnée pour avoir sauvé des gens et empêché définitivement des personnes mal intentionnés de nuire. À mon sens, tout ce que tu mérites, ce sont des remerciements et une médaille.

Ha ! Même lui le dit ! Je l'aime de plus en plus.

Après quelques instants à fouiller dans le matériel, Ivan sortit un plastron et des jambières qu'il tendit à la nouvelle recrue.

— Ne le prends pas mal, mais d'habitude nous n'acceptons que très peu des personnes aussi petites. Je doute qu'une armure t'aille comme un gant, mais celle-ci devrait faire l'affaire, même si tu vas un peu flotter dedans.

Nullement vexée par la remarque, surtout en sachant qu'elle était encore loin d'avoir terminé sa croissance, Scyllia enfila par-dessus sa veste le plastron en plaque. Celui-ci avait été conçu pour être rapide à mettre et, en deux minutes, la prétendante réussit à sangler le tout grâce aux nombreuses lanières de cuir qui liaient les différents éléments.

Elle en fit de même avec les jambières et regretta de ne pas avoir commencé par celle-ci. Le plastron lui retirait beaucoup de sa souplesse et elle eut de mal à bien les serrer. Le capitaine la regarda se démener comme elle le pouvait d'un air amusé sans rien dire. Il devait certainement savoir que les jambières se mettaient en premier, mais n'avait rien dit. Scyllia finit tout de même par serrer la dernière lanière et enfila les bottes qu'il lui tendait.

— Voilà. Maintenant que tu es équipée, allons dans la cour pour voir de quoi tu es capable, dit-il en enfonçant un casque sur sa tête.

Bien trop grand pour elle, Scyllia le releva pour y voir quelque chose et tenta d'ajuster la mentonnière pour qu'il ne bouge pas trop à chacun de ses pas. Si les gardes normaux avaient fière allure dans une telle armure, elle savait qu'elle avait plus l'air ridicule, comme si la fille d'un garde s'était amusée à porter son uniforme. Il y avait peu de chance que les habitants la prennent au sérieux si elle venait à patrouiller seule dans la ville.

— Les gars ! appela le capitaine en retournant à l'extérieur. L'entraînement est suspendu pour le moment. On a une nouvelle recrue !

— Ne... Ne les dérangez pas pour moi, bafouilla-t-elle, bien plus gênée d'être le centre d'attention de tout le monde plutôt que par le fait de stopper leur entraînement.

— Pas le choix, l'une des dernières recrues a failli planter une flèche dans les fesses de l'un de nous. Depuis, on prend les devants et on arrête l'entraînement pour éviter qu'il y ait des blessés.

— Vous êtes obligés de raconter ça à chaque fois ? se plaignit l'un des soldats. En plus, je vous l'ai dit et répété, mon casque me gênait !

— Arrête avec cette histoire, t'as pas besoin de casque pour être mauvais à l'arc ! rit un autre, suivi par le reste de la compagnie.

— Justement, en parlant d'arc, voyons ce que tu vaux.

Ivan alla chercher l'arme et un carquois avec trois flèches et les tendit à sa nouvelle recrue, puis pointa la cible qui se trouvait en face.

— Vingt-cinq mètres nous séparent de la cible. Vas-y, montre-nous tes talents.

N'ayant jamais touché cette arme de sa vie, Scyllia tenta d'imiter les personnes qu'elle avait vues pratiquer sur le terrain de l'académie. Elle encocha la flèche, tendit la corde et aligna son œil pour viser. La résistance qu'elle sentit la surprit un peu. Elle ne pensait pas qu'il était aussi difficile de maintenir une telle position et dû faire appel à la force de Shed pour ne pas trembler.

Dès qu'elle se sentit prête, elle lâcha la corde et observa la trajectoire de la flèche qui tomba mollement par terre, deux mètres avant la cible.

— Il va falloir tendre un peu plus la corde si tu veux avoir une chance de toucher.

Prenant une deuxième flèche, Scyllia réitéra l'opération en suivant le conseil du capitaine. Cette fois-ci, le projectile partit à vive allure, mais passa à plus d'un mètre de la cible pour aller se loger dans une poutre en bois.

— Eh bah ! Je ne pensais pas ça possible, mais je crois qu'on a trouvé pire que toi à l'arc ! railla le soldat qui s'était moqué de son compagnon d'armes.

Le troisième essai ne fut guère plus fructueux et alla rejoindre la seconde flèche dans la poutre. Tous les soldats rirent de son incompétence à manier cette arme et demandèrent, avec un ton exagéré, de ne pas faire partie de son équipe lors des patrouilles.

Piquée à son orgueil, Scyllia invoqua successivement et avec une rapidité inhumaine trois de ses dagues qu'elle lança les unes à la suite des autres. Les trois lames allèrent directement se planter en plein centre de la cible, faisant taire instantanément même les plus moqueurs.

— Notre nouvelle recrue a de la ressource ! s'exclama celui qui s'était moqué.

— Peut-être, mais les armes de jet ne font pas partie de notre arsenal. Je suis désolé, mais tu ne vas pas pouvoir les utiliser. Sais-tu manier d'autres armes ?

— Je ne suis pas mauvaise avec des dagues et j'ai quelques notions d'escrime, répondit-elle.

— Dagues exclues aussi. Ici, nous sommes plutôt du genre à arrêter ceux qui les utilisent. Quant à l'épée, tu peux être plus précise ? Quel genre d'épée ?

Ne sachant pas vraiment comment décrire la lame qu'elle utilisait habituellement, Scyllia invoqua son épée et la tendit au capitaine. Étonné par cette faculté, Ivan se saisit de l'arme et après l'avoir longuement observée, fit quelques moulinets avec.

— Je n'ai jamais vu une telle arme, avoua-t-il. Enfin, ce que je peux dire, c'est que c'est une épée bâtarde. Tu as appris à t'en servir avec une ou deux mains ?

— Les deux, même si j'ai un peu plus pratiqué le maniement à deux mains. Ceux qui m'ont appris à m'en servir m'ont dit et répété qu'il valait toujours mieux guider l'épée avec ses deux mains pour avoir plus de force et frapper plus précisément.

— Au moins, tu as des bases. Voyons s'ils t'ont bien enseignés. Jérôme sera ton adversaire.

Le soldat nommé s'avança. Par rapport à Scyllia, celui-ci était une véritable armoire à glace et son armure, contrairement à elle, lui allait à merveille. La prétendante commençait à penser sincèrement que les autres ne s'étaient pas arrêtés pour des questions de sécurité, mais plutôt, au vu de leur regard et du sourire qu'ils tentaient de dissimuler, pour assister au bizutage.

On le défonce ? proposa Shed.

Non. Humilier quelqu'un n'allait pas l'aider à s'intégrer. Cependant, montrer qu'elle pouvait lui résister malgré son apparence fine et peu musclée lui permettrait sans doute de gagner leur respect. Surtout que dans un combat sans magie, sans ses armes de prédilection ni celles faites spécialement pour elle par Shed, elle n'était même pas certaine d'aussi bien s'en tirer et d'avoir un net avantage comme le démon le laissait penser.

Ivan tendit une épée d'entraînement à Scyllia et s'écarta comme les autres pour former un grand cercle autour des deux combattants.

— N'y vas pas trop fort. Il ne faudrait pas que tu casses notre nouvelle recrue dès le premier jour ! rit l'un des soldats.

— Honneur aux dames, l'invita son adversaire.

Après lui avoir offert un large sourire, la prétendante se mit en garde, puis chargea à grande vitesse sur Jérôme. Dès qu'elle fut à portée, elle tenta une attaque circulaire sur sa gauche tout aussi rapide qu'elle et fut interceptée de justesse par la lame de son adversaire. Quelques sifflements d'admiration lui parvinrent tandis qu'elle ramenait son épée à elle pour attaquer par en haut.

Pour le moment, le soldat ne tentait pas d'attaquer et paraît les attaques avec une dextérité qu'elle n'aurait pas soupçonné vu sa corpulence. Cela allait parfaitement à Scyllia qui, depuis que son frère avait semé la terreur en ville, s'était focalisée sur le maniement des dagues et avait quelque peu délaissé celui de l'épée.

— Tu as de bonnes attaques, constata son adversaire...

Tu parles. Si vous lui aviez laissé ses armes, tu serais déjà mort.

— Mais qu'en est-il de la défense ?

À ces mots, le soldat changea immédiatement de posture et attaqua la prétendante avec un coup en diagonal venant d'en bas. Pour la première fois dans ce combat, l'adolescente recula et céda du terrain là où elle en prenait encore un instant avant. Le colosse enchaîna avec une estocade qu'elle esquiva de peu en se déportant sur le côté. Même avec la force de Shed, elle ne pouvait s'empêcher d'être quelque peu mal à l'aise dans l'armure qu'elle avait.

Jamais elle n'avait porté quelque chose qui la bridait autant dans ses mouvements. Malgré tout, elle ne comptait pas se laisser faire et, après une autre esquive, repartit à l'assaut. Les frappes s'enchaînaient, toutes parées ou esquivées et aucun des deux n'arrivait à imposer son rythme.

Les soldats qui se trouvaient autour avaient commencé à crier pour encourager soit le soldat en lui rappelant qu'il allait être ridicule s'il se faisait battre par la nouvelle, soit Scyllia en lui disant qu'elle se débrouillait bien.

Soudain, un cri retentit, bien plus fort que tous les autres. Tous se murent dans un silence d'or et le combat s'interrompit. Le chef de caserne rompit le cercle et avec un regard dur, embrassa la foule du regard.

— Mais vous vous croyez où là ? Un peu de tenue ! Retournez à l'entraînement, immédiatement !

Si la déception pouvait se lire sur le visage de la plupart d'entre eux, aucun ne broncha et tous se dispersèrent pour retourner à leurs propres occupations. Dimitri, lui, se tourna vers sa nouvelle recrue et lui lança un regard noir.

— À peine arrivée et vous vous faites remarquer ? Vous n'êtes pas à l'académie de magie ici et je ne suis pas non plus cet imbécile qui vous sert de directeur.

Elle avait déjà entendu nombre de personnes traiter Enzo d'imbécile, surtout de la part de la duchesse, mais cela faisait référence aux nombreuses farces où idées étranges du directeur. Ici, cela sonnait vraiment comme une insulte.

— Elle n'a fait que suivre mes ordres, la défendit le capitaine. Je voulais voir de quoi elle était capable et, pour une meilleure intégration dans le groupe, j'ai invité les autres à assister aux tests.

— Sachez qu'elle n'est pas là pour se faire des amis, mais pour purger une peine faute de l'emmener en prison pour ce qu'elle a fait.

Sans rien ajouter et étant certain que le message était passé, le commandant quitta le terrain d'entraînement et retourna dans ses quartiers.

— En prison, et puis quoi encore, souffla Ivan.

— J'y suis déjà allé, avoua-t-elle.

— C'est vrai ?

— Oui, dans l'aile de haute sécurité de la prison pour mage.

Alors qu'il ne semblait pas trouver quoi dire après ça, l'un des soldats vint à lui, les dagues de Scyllia en mains. Elle avait visiblement oublié de les faire disparaître après les avoir plantées dans la cible.

— Capitaine, ces armes, ce sont...

— Celle du meurtrier, compléta-t-il. Mais c'est impossible, les informations qui nous ont été communiquées disent qu'il est mort.

— Et il l'est, répondit la prétendante en faisant disparaître les trois lames. J'ai justement été emprisonnée parce qu'il utilisait des copies de mes dagues pour commettre ses crimes. Mon fr... Enfin, le meurtrier voulait me faire emprisonner, mais pour l'avoir vu de mes propres yeux, je peux vous assurer qu'il ne fait plus partie de ce monde.

— Le meurtrier, ce que tu m'as dit dans l'armurerie... Tu sembles avoir une vie bien trépidante pour quelqu'un de ton âge.

— Croyez-moi, j'aimerais dès fois qu'elle le soit un peu moins.

— J'espère qu'être dans la garde ne t'ennuiera pas trop. Enfin bref, j'ai vu de quoi tu étais capable et je pense que tout le monde ici sera d'accord pour dire qu'on peut faire quelque chose de toi. Allez, suis-moi, je vais te montrer le reste de la caserne.

Contente d'avoir été acceptée, Scyllia emboîta le pas de celui qui était à présent son supérieur et découvrit le reste des bâtiments. Si l'on enlevait la présence du commandant, cette journée s'était plutôt bien passée et ne présageait que du bon pour ces trois prochains mois.

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