Chapitre 10

 Paniquée, Scyllia avait retourné toute sa chambre dans l'espoir de retrouver le coffret qui contenait les deux fragments d'orbe de souvenir qu'elle avait récupéré. Tout était sans dessus-dessous, même le matelas ne se trouvait plus sur le sommier, mais contre un mur. Pourtant, il n'y avait toujours aucune trace du coffret. Pendant ses recherches, Shed lui avait dit de se calmer et restait étonnamment serein malgré la situation.

Assise au milieu de ses affaires, l'adolescente pleurait. Comment avait-elle pu être aussi stupide pour avoir laissé de tels artefacts dans un simple tiroir à double fond ? Qui était le voleur et comment s'y était-il pris pour entrer dans sa chambre sans se faire repérer ? Ce vol était un véritable désastre ! Pour elle, mais aussi pour tous ceux qui se trouveraient auprès de celui qui était à présent en possession de deux fragments. Elle qui avait vu les ravages qu'un seul pouvait faire ne pouvait qu'imaginer la puissance que pouvait obtenir et la corruption dont serait victime une personne qui en manipulerait deux.

Calme-toi, répéta Shed. Pour l'instant, les voleurs n'ont en leur possession qu'une boite scellée et inviolable. N'oublie pas que nous avons déjà demandé à Senca de l'ouvrir et il n'y est pas parvenu. Si un dragon de sa puissance ne peut pas le faire, de simples mortels n'y arriveront pas.

— Mais... Mais... Mais... hoqueta-t-elle.

Arrête de te comporter comme une gamine ! Tu as seize ans et pourtant, tu réagis comme si tu en avais dix. Et encore, la Scyllia de dix ans aurait honte de te voir comme ça.

— La ferme ! hurla-t-elle en bondissant pour se remettre debout.

Eh bien voilà ! Enfin je retrouve mon hôte. Maintenant, à moins que tu n'aies une brillante idée, je te conseille d'arrêter de chouiner et d'aller retrouver Enzo pour lui dire ce qui s'est passé.

Enzo, bien sûr ! Avec Elisabeth, il était le concepteur du coffre. Sans doute avait-il envisagé l'éventualité d'un vol et avait prévu quelque chose contre ça.

Tout en s'accrochant à cet espoir, Scyllia amorça une téléportation pour rejoindre le bureau du directeur, mais alors que les étincelles apparaissaient autour d'elle, elle avait l'impression que quelque chose n'allait pas. Celles-ci étaient beaucoup moins nombreuses que d'habitudes.

Finalement, lorsqu'elle acheva son incantation, les étincelles disparurent en la laissant sur place. Jamais elle n'avait eu à se presser pour lancer un tel sort et elle ne l'avait jamais utilisé dans un tel état émotionnel. Elle ne le maîtrisait sans doute pas autant qu'elle le pensait finalement.

Bon, eh bien il va falloir marcher...

Aussi vite qu'elle le put, Scyllia quitta sa chambre et le bâtiment des dortoirs pour rejoindre le bureau du directeur. Pour être plus à l'aise dans ses mouvements, elle revêtit son armure et redoubla de vitesse.

Dans sa course, elle passa devant des étudiants et des mages qui se retournaient vers elle en se demandant sans doute ce qui lui arrivait. Elle s'en fichait. Ça n'était pas la première fois qu'elle agissait ainsi au sein de l'académie et ça n'était pas la première fois non plus qu'on la regardait de cette manière.

En presque moins de temps qu'il n'aurait fallu pour le dire, Scyllia arriva devant la porte du directeur et manqua presque de tomber en glissant sur le parquet pour s'arrêter. Vu l'urgence de la situation, la prétendante ne frappa même pas à la porte et entra en trombe dans le bureau d'Enzo.

Étonné de la voir arriver ainsi, le directeur, occupé à rédiger quelque chose à son bureau, leva les yeux vers elle et arqua un sourcil.

— Bonjour Scyllia. Ta punition s'est bien passée ? J'espère que dorénavant, toi et Zoé ferez plus attention lorsque vous jouerez avec Brumi et que...

— Le coffre a été volé ! le coupa-t-elle lorsqu'elle eut repris son souffle.

De surprise, Enzo lâcha sa plume sur ses écrits, répandant un peu d'encre sur la feuille. Scyllia, elle, malgré ce qui se passait, ne put s'empêcher de penser qu'elle avait dû courir bien plus vite qu'elle ne l'aurait cru. Avec Shed en elle, les fois où elle manquait de souffle était plus que rare.

— Répète ? demanda l'archimage qui n'en croyait visiblement pas ses oreilles.

— Le coffret qui contient les deux fragments a été volé. Quelqu'un a retourné ma chambre et l'a emporté !

— Ferme la porte, dit-il en se levant pour se diriger vers l'une de ses bibliothèques.

Se rappelant que l'existence du coffre et de ce qu'il contenait devait rester secret, Scyllia referma la porte derrière elle pour éviter que leur conversation ne tombe dans des oreilles indiscrètes. Pendant ce temps, Enzo avait trouvé ce qu'il cherchait et déroula un parchemin sur son bureau.

— Quelque chose d'autre a été volé ? questionna-t-il en lui faisant signe d'approcher.

En venant jusqu'à lui, la prétendante remarqua que le parchemin était en réalité une carte détaillée de la capitale

— Je ne sais pas. Ma chambre a été totalement retournée.

— Ta porte était fermée à clé ?

— Oui. C'est pour ça que j'ai d'abord cru que c'était un coup de Zoé vu qu'elle a un double.

— Tu as toujours ton pendentif ?

Pour toute réponse, Scyllia dégagea le bijou de sous sa tunique et lui montra.

— Il ne me quitte jamais, affirma-t-elle.

— Bien. Même si tu es la seule à pouvoir l'utiliser comme clé pour ouvrir le coffre, savoir qu'il n'a pas été volé est rassurant. Voyons à présent où se cache notre petit voleur.

— Vous pouvez le retrouver ? demanda l'adolescente, l'espoir retrouvé.

— Oui. Au départ, je voulais faire en sorte que l'on puisse l'invoquer en cas de vol, mais après plusieurs tests, Elisabeth et moi avons convenus qu'un tel sort pouvait trop facilement être contré et utilisé par ceux qui voudraient le prendre. Plutôt que de l'enchanter de cette manière, nous avons préféré faire en sorte qu'il puisse être pisté. C'est totalement indétectable et comme Elisabeth et moi sommes les seuls à savoir qu'il y a un tel enchantement dessus, je suis certain qu'ils ne l'ont pas utilisé pour trouver le coffre.

— Vu l'état de ma chambre, je suis aussi certaine qu'ils ne l'on pas utilisé, répondit-elle, son calme partiellement retrouvé.

— Le sort n'est pas précis au point de montrer précisément où il se trouve, contredit-il. Cependant, il est assez puissant pour que nous, nous retrouvions le voleur.

À ces mots, Enzo se saisit de la plume qu'il utilisait pour écrire et essuya la pointe sur le rebord de l'encrier pour la nettoyer, puis la plongea à l'intérieur pour ne recouvrir d'encre que l'extrémité. Il tendit ensuite son bras pour que la plume se retrouve au-dessus de la carte, pointe vers le bas. Une petite goutte d'encre perla et menaça de tomber sur le parchemin.

— Azo finra séméra eliofis domé intérilius coma sinroméfi calé, incanta l'archimage.

La goutte d'encre se détacha de la pointe et tomba sur la carte, mais au lieu de s'écraser dessus, celle-ci rebondit et resta bien ronde, puis roula sans laisser de traces jusqu'à tomber du bureau et s'étaler au sol.

— Qu'est-ce que ça veut dire ? questionna Scyllia en ne comprenant pas ce qui venait de se passer.

— Ça veut dire que le coffre ne se trouve déjà plus dans la capitale. La goutte doit normalement s'arrêter à l'endroit où il se trouve, mais elle s'est dirigée vers le sud et a dépassé les limites de la ville. Réessayons avec quelque chose de plus grand.

Avec une nouvelle carte, cette fois-ci de la région autour de la capitale, Enzo réitéra l'opération et obtint le même résultat. Ne se laissant pas décourager, il recommença avec une carte du royaume et vit la bille d'encre s'écraser de nouveau au sol.

— J'ai un très mauvais pressentiment... annonça-t-il le plus sérieusement du monde en prenant, cette fois-ci, un parchemin sur lequel figurait non seulement Tremiss, mais aussi les royaumes et pays qui l'entouraient.

Contrairement aux autres essais, l'encre resta sur la carte et se stabilisa sur un endroit qui devait être une ville importante vu que et son nom figuraient sur une carte aussi grande.

— Le voleur a quitté le royaume ? demanda l'adolescente.

— Oui, répondit le directeur, le regard inquiet vissé sur la goutte d'encre.

Avant qu'il ne révèle quoi que ce soit d'autre, un cercle lumineux apparut aux pieds d'Enzo. Scyllia reconnut immédiatement que certaines des runes qui commençaient à se tracer d'elles-mêmes faisaient référence à une téléportation, mais le plus étrange était sans aucun doute le signe au centre du cercle. Il n'était pas magique, mais représentait les armoiries de la maison Sarkin, la famille royale.

— Je n'aime pas ça, grogna le directeur.

— Qu'est-ce qui se passe ?

— J'ai donné au roi la possibilité de m'invoquer si quelque chose de grave arrivait. Jusqu'ici il ne l'a jamais utilisé, ce qui veut dire qu'il se trame quelque chose. Monte sur la rune pour me suivre, j'ai le sentiment que ce qu'il va nous dire est lié à ton vol.

Sans hésiter, Scyllia se colla à Enzo et attendit avec lui que le tracé au sol soit terminé pour être téléporté. Un flash l'aveugla et, lorsqu'elle put enfin ouvrir les yeux, le bureau du directeur avait laissé sa place à une salle dont la décoration murale et les meubles faisaient penser à une salle de réunion du palais.

Autour d'une table, le roi et sa femme ainsi que ses conseillers et plusieurs hauts-gradés de l'armée regardaient la téléportation s'achever. Enfin, une dernière personne se trouvait à cette table, mais Scyllia n'arrivait pas à remettre un nom sur son visage, même si elle était certaine de le connaître.

Lucas semblait étonné de voir que Scyllia avait été invoquée avec Enzo, mais il n'en dit rien. Céline, elle, peinait à cacher une certaine crainte que la prétendante arrivait à lire dans ses yeux. À la gauche de l'adolescente, une lumière l'éblouit et forma peu à peu la silhouette d'une femme. Tout comme Enzo, Elisabeth venait d'être invoquée par le roi.

— Que ce passe-t-il ? demanda la duchesse sans aucune introduction.

— Répète ce que tu as dit, ordonna Lucas à celui dont Scyllia n'arrivait pas à remettre un nom sur son visage.

— Un aéronef de la fédération d'Istram est en route pour la capitale avec, à son bord, l'une de leur dernière invention.

Ça y est, Scyllia se souvenait où elle avait vu cet homme. Il était membre du réseau d'espionnage du royaume et elle l'avait aperçu à de très rares occasions pendant ses entraînements avec eux à l'académie.

— Encore quelque chose qui risque de nous exploser à la figure, souffla Enzo.

— C'est le cas de le dire. Il s'agit d'une bombe d'arcane concentré.

Devant cette révélation, les deux archimages écarquillèrent les yeux, horrifiés.

— Et il faut s'attendre à quoi ? questionna l'un des gradés de l'armée. Ils visent le palais ?

— La cathédrale ? proposa un autre.Vu qu'ils ont renié les dieux, ça ne serait pas étonnant.

— Vous ne semblez pas comprendre la gravité de la situation, intervint Enzo. Je suis capable de raser le palais ou la cathédrale. Une bombe arcanique concentrée, elle, peut transformer la ville et ses alentours en un cratère fumant.

— Ils veulent la guerre ? Pourquoi ? s'étonna un conseiller.

— Il n'y aura pas de guerre s'ils arrivent jusqu'ici, assura Elisabeth. Mais pourquoi maintenant, et pourquoi si soudainement ?

Laisse-moi parler, c'est important, demanda calmement Shed.

Sans demander ni attendre la moindre permission de la part de qui que ce soit, Scyllia invoqua l'orbe de communication devant elle. Intrigués, ceux qui savaient à quoi servait cette sphère flottante couleur sang regardèrent la prétendante et attendirent d'entendre le démon.

— La fédération d'Istram vous attaque parce qu'elle en a à présent le pouvoir, déclara Shed. Ils savent pour les fragments d'orbe et viennent de dérober les deux que nous avions rassemblé.

— Les fragments ont été volés ? s'exclama Elisabeth. Comment sais-tu qu'il s'agit d'eux ?

— Mais quelle est cette voix ? Et de quoi parle-t-il ? questionna un conseiller.

— C'est vrai que le sort de pistage nous a indiqué que la personne qui a volé le coffre se trouve à Eloran, la capitale de la fédération. Le voleur a dû utiliser une technique de téléportation à longue distance après avoir trouvé le coffre.

— Mais ils ne peuvent pas l'ouvrir sans Scyllia ! contredit Elisabeth. Et la chronologie ne colle pas, cette attaque est bien trop rapide.

— Sauf s'ils ont déjà en leur possession un ou plusieurs fragments, argumenta Shed. Combien de mages faut-il pour créer une bombe arcanique concentré ?

— En théorie, plusieurs milliers, avança le directeur. La difficulté ne réside pas dans la quantité d'énergie à apporter, mais dans le fait de faire en sorte qu'elle reste stable et ne s'échappe pas du réceptacle. Une mauvaise manipulation et elle explose directement, c'est pour ça que nous n'en avons jamais créé.

— Et avec un ou plusieurs fragments ? continua Shed.

— Je dirai entre cent et cinq-cents mages selon le nombre de fragments qu'ils ont, affirma Enzo après un moment de réflexion.

— Quelqu'un va nous expliquer ce que sont ces fragments dont vous parlez ? s'impatienta un conseiller.

— Ce sont des artefacts que le dieu Ouros a gorgé de pouvoirs et qui confère une grande puissance à son détenteur, résuma la duchesse.

— Vous en aviez en votre possession et vous les avez cachés aux yeux du royaume ? s'indigna l'un des gradés de l'armée. Si ces fragments sont aussi puissants que vous le dites, pourquoi ne pas les avoir utilisé pour que nous puissions nous défendre ?

— Parce qu'ils ont un effet néfaste sur ceux qui les utilisent ! expliqua Scyllia. Plus une personne a de l'ambition et plus le fragment lui accordera du pouvoir, mais cela aura pour effet de rendre la personne aussi néfaste pour le monde que si elle avait une âme noire. Croyez-moi, les fragments ne doivent pas être utilisés !

— Qui a fait venir cette gamine ? s'emporta le militaire. Faites-là sortir, ça n'est pas un endroit pour les enfants ici, mais une réunion de crise.

— Écoute-moi bien petite merde, intervint Shed. Je suis passablement énervé aujourd'hui alors je vais être bref. Reparle mal encore une seule fois de mon hôte et je te fais bouffer tes médailles les unes après les autres... Et pas par le trou que tu penses !

— J'étais au courant pour ces artefacts et c'est moi qui ai demandé à ce que leur existence reste un secret, affirma le roi pour calmer le militaire avant qu'il ne réponde à Shed. Le fait est que s'il y a des chances qu'ils utilisent les mêmes artefacts pour créer de telles armes, Scyllia a parfaitement sa place autour de cette table. Mais pour le moment, concentrons-nous sur le plus urgent. Que pouvons-nous faire pour éviter que la capitale et tous ses habitants soient réduits en cendres ?

En entendant ces mots, Scyllia remarqua que la reine, silencieuse jusque-là, était parcourue par un frisson d'effroi. Le pauvre couple était passé en quelques heures de la merveilleuse nouvelle qu'ils allaient avoir un enfant au fait qu'ils risquaient tous de mourir dans peu de temps.

— Tu n'as pas besoin de rester si tu n'en as pas envie, lui dit Lucas en lui caressant la main. Va te reposer et ne t'en fais pas, nous nous occupons de tout.

Après un regard inquiet en direction de son mari qui, lui, arborait un visage qui se voulait être rassurant, la reine s'excusa et se leva pour quitter la pièce. Scyllia avait l'irrésistible envie de la suivre pour s'assurer qu'elle aille bien, mais ce qui se jouait dans cette salle était de première importance. Si elle pouvait faire quoi que ce soit pour empêcher le désastre, elle se devait d'être là pour proposer des solutions.

— Alors ? Des idées ?

— Déjà, combien de temps nous reste-t-il ? demanda un conseiller.

— Quelques heures, affirma l'espion. L'aéronef devrait arriver au-dessus de la ville dans la matinée de demain.

— Seulement quelques heures ?

— C'est déjà un miracle que leur plan ait été intercepté, fit Elisabeth. Connaissant la fédération, ce genre de plan devait être gardé secret. Estimons-nous déjà chanceux d'avoir ces quelques heures pour nous préparer.

— D'ailleurs, pourquoi envoyer un tel engin alors qu'ils auraient pu la téléporter au-dessus de la ville ? questionna un militaire.

— L'heure n'est pas de savoir ce qu'ils auraient pu faire, mais de contrer ce qu'ils sont sur le point de faire, rétorqua Enzo. Mais pour répondre à cette question, je pense qu'ils n'ont pas réussi à totalement la stabiliser. Une téléportation aurait été trop risquée pour eux.

— Pourquoi ne pas détruire l'aéronef à coup de baliste, catapulte et canon ? proposa celui qui avait demandé ce que Scyllia faisait ici.

— Si nous l'abattons ainsi, la bombe explosera lors de la chute du vaisseau, répondit le directeur. La portée de ces armes est trop faible pour l'atteindre avant que la ville n'entre dans le rayon de l'explosion.

— Quant aux sorts, ces machines sont recouvertes de runes et de sortilèges qui les protègent. En détruire un par la magie est extrêmement difficile. Et même si nous avons bien assez de mages pour en venir à bout, le problème de la portée reste le même. Il en est de même pour tous les artefacts que nous avons en notre possession. Aucun n'a une portée suffisante pour le détruire avant qu'il ne soit trop tard.

— Et les dieux ? questionna un conseiller. Eux les ont peut-être reniés, mais pas nous !

— Il se peut qu'ils interviennent en notre faveur, mais comme nous n'en savons rien, nous n'allons pas attendre leur intervention sans avoir la certitude qu'elle arrivera, décida le roi. D'autres idées ?

— Moi je peux le faire, assura Shed. Scyllia me laisse son corps, je vais à la rencontre du vaisseau et je le détruis en plein vol.

— Mais pour qui vous prenez-vous ? questionna le militaire que le démon avait menacé.

— Pour un démon primordial qui peut te rayer de ce plan par un simple clignement d'œil. Et toi, tu me prends pour qui ? répondit-il.

— Cessez ces gamineries ! ordonna le roi en tapant du point sur la table. Pour le plan de Shed, c'est non. Dans ton corps de démon, tu pourrais peut-être résister à cette bombe, mais Scyllia est humaine et y succomberait à coup sûr. Je n'enverrai pas une enfant à la mort dans une mission suicide. De plus, envoyer des personnes pour intercepter leur vaisseau est trop hasardeux. Nous ne connaissons pas son trajet précis et il y a de forte chances que les personnes envoyées ratent son passage. Avez-vous d'autres solutions à proposer ?

Face à cette question, un silence pesant s'installa dans la salle. Personne n'avait d'autres idées pour le moment, même si le temps était compté.

— Bon, pour le moment, voyons si nous pouvons nous défendre efficacement. Protocole Ana. Mobilisez l'armée pour aller chercher toutes les personnes qui habitent à l'extérieur de la ville. Ramenez-les à l'intérieur des remparts. Je ne veux voir personne autour de la capitale dans un rayon d'une lieue. Archimages, assurez-vous que les balises et le générateur soient opérationnels. Revenez me faire un rapport lorsque ce sera fait. Exécution !

Une fois que le roi eut terminé, les militaires se levèrent et le saluèrent avant de sortir de la pièce. Scyllia ne comprenait pas vraiment ce qui venait de se passer. Quel était ce protocole qui portait le nom de sa mère ? Pourquoi demander de rapatrier des habitants à l'intérieur de la ville alors que celle-ci était en danger ? Alors que la prétendante révoquait l'orbe de communication de Shed, Elisabeth lui fit signe de la suivre. Sans doute en apprendrait-elle plus en allant avec elle. Elle décida donc d'emboîter le pas de la duchesse et de sortir juste après elle, suivie elle-même par Enzo.

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