Chapitre 24
Pieds nus dans une grande plaine d'herbe bleue, Scyllia respirait à pleins poumons l'air frais et pur de la bise qui lui caressait le visage. Elle se sentait étonnamment sereine et la vue de ce paysage, bien que simple, l'emplissait d'un profond sentiment de bien-être. Elle était seule sur cette étendue. Non. Elle sentait deux présences qui se rapprochaient. Deux personnes dont elle n'avait jamais vu l'aura, mais dont elle n'avait pas besoin non plus de se retourner pour savoir qui ils étaient. Leur bienveillance à son égard parlait pour eux.
— Bonjour mon ange, sourit Liam en se postant à sa droite.
— Bonjour papa, bonjour maman.
— Bonjour ma chérie, répondit Ana à sa gauche.
Trois ans. Cela lui avait pris trois ans avant de les voir tous les deux en même temps. Vu où elle se trouvait et ce qui lui était arrivé, la prétendante savait ce qui se passait. Pourtant, cela ne l'affectait pas plus que ça.
— J'ai échoué, dit-elle avec un air détaché.
— Pourquoi dis-tu ça ? Tu as sauvé mon frère et son fils de la folie. Tu n'as pas échoué.
— Mais, même s'ils scellent l'épée sur laquelle le fragment d'orbe avait été serti, il en reste d'autres à travers le monde. Ce n'est qu'une question de temps avant que quelqu'un d'autre n'en trouve un et sème le chaos autour de lui.
Devant cette réponse, ses parents s'assirent dans l'herbe et l'invitèrent à les rejoindre. Sans hésiter, elle se posa entre eux et attendit un geste de leur part. Sa mère la prit alors dans ses bras et commença à la bercer doucement en l'embrassant sur le front, comme elle le faisait lorsqu'elle était petite.
— Pour les fragments, je suis sûre que tout finira par s'arranger, la réconforta Ana.
Scyllia resta quelque temps dans les bras de sa mère, puis se défit de son emprise pour se pencher sur son père qui l'étreignit de la même manière.
— Je suis désolé que tu aies dû endurer toutes ces épreuves et ces souffrances. Je m'excuse de ne pas avoir pu être là pour te protéger.
L'adolescente se blottit un peu plus contre lui.
— Je ne reverrais peut-être plus mes amis, mais au moins, je pourrais rester avec vous pour toujours.
— Pas d'inquiétude, tu reverras tes amis et nous serons toujours à tes côtés.
— Et pour mon titre de prétendante ? Ma mort me l'a fait perdre ?
— Non, la mort n'empêche pas l'ascension d'une prétendante. Mais, cela n'a pas d'importance, vu que tu n'es pas morte.
Surprise, Scyllia releva les yeux vers son père et lui jeta un regard empli d'incompréhension.
— Mais, je suis sur le plan des dieux, je reconnais cet endroit ! Et vous êtes là vous aussi.
Pour toute réponse, Ana posa délicatement sa main sur le ventre de sa fille.
— Que ressens-tu ici ?
— J'ai mal, admit-elle.
— Les morts ne souffrent pas des blessures physiques.
— Alors je ne suis pas morte ? Mais qu'est-ce que je fais ici ?
— Non ma chérie, tu n'es pas morte. La question à se poser n'est pas de savoir ce que tu fais là, mais ce que nous faisons là.
— Ça n'est pas le plan des dieux, devina Scyllia.
Ses deux parents lui sourirent de plus belle et l'invitèrent à continuer sa supposition.
— Je suis en train de rêver et vous êtes venus me voir, comme papa l'avait fait lorsque j'étais malade.
— Tes parents peuvent être très persuasifs lorsqu'ils s'y mettent, même auprès des dieux.
Scyllia se retourna et vit, debout derrière elle, Sina.
— Par chance, le dieu des rêves est un très bon ami et me permet de faire passer exceptionnellement des âmes dans les songes des mortels.
— Merci. C'est grâce à vous que je peux revoir, encore aujourd'hui, mes parents.
— J'aimerai t'offrir plus d'occasions comme celle-ci, mais les autres habitants du plan finiraient par demander eux aussi leur passe pour voir leur famille et cela deviendrait ingérable. C'est aussi pour cela qu'il ne faut pas que ces rêves durent trop longtemps. Pour ne pas éveiller les soupçons. Cela me peine donc d'être celle qui annonce qu'il est temps de partir.
— Vous m'avez déjà offert tant, il serait mal vu de ne pas vous remercier. Ai-je le temps de dire au-revoir ?
— Bien sûr.
Scyllia et ses parents se levèrent et s'étreignirent une nouvelle fois. Le visage recouvert de tendres baisers, l'adolescente embrassa une dernière fois ses parents et leur souhaita un bon retour chez eux. Sina embrassa, elle aussi, sa prétendante, puis disparut aux côtés d'Ana et de Liam sous les aux-revoirs de leur fille.
Petit à petit, le ciel et la plaine à l'herbe bleue disparurent dans l'obscurité et Scyllia se sentit être extirpée de ce monde.
Sortant de son rêve, elle battit faiblement des paupières et observa aux alentours. Bien que sa vue était encore floue, elle reconnut, auprès d'elle, Maximilien.
— Scyllia ? murmura-t-il.
— Bonjour Max, répondit-elle faiblement.
— J'ai eu si peur pour toi, s'exclama son cousin en se jetant à son cou.
— Merci de t'être inquiété, mais j'ai mal.
— Je sais, tout est de ma faute. Jamais je ne pourrais me pardonner de t'avoir fait ça !
— Non, Max... Tu m'appuies sur le ventre, ça me fait mal.
Gêné, il se retira tout de suite et s'excusa auprès d'elle.
— Tu vas bien ? finit-elle par demander en voyant qu'il n'osait plus dire quoi que se soit.
— À part quelques coupures et le coup à la tête que tu m'as donné, je n'avais rien de grave. Toi par contre, tu reviens de loin. Père m'a expliqué qu'il avait outrepassé la loi sur la téléportation au vu de l'urgence et nous a envoyé au temple de Sina.
— Ton père connaît la téléportation ?
— Apparemment. Je ne connais pas vraiment l'étendue de ses pouvoirs, mais j'ai entendu dire que les inquisiteurs connaissaient ce genre de sort, mais qu'ils n'étaient pas aussi libre dans le choix des destinations qu'avec une téléportation de mage.
— Et nous y sommes encore ?
— Où ?
— Au temple.
— Oui, dans la partie réservée aux soins.
— J'en ai marre. Pourquoi est-ce qu'il faut toujours que je me retrouve dans un lit d'infirmerie à chaque fois que je fais quelque chose ? se plaignit-elle.
— Tu es restée inconsciente pendant cinq jours, expliqua-t-il.
— Ça ne sera pas cette fois-ci que je battrais mon record, ironisa-t-elle.
— Mon père ne se trouve pas loin, tu veux que j'aille le prévenir ?
— Je veux bien, s'il te plaît.
Maximilien se leva de son siège et allait pour quitter la chambre lorsque Scyllia l'interpella.
— Ne t'en veux pas pour ce qui est arrivé, rien est de ta faute, tu n'étais pas toi-même.
— Comment peux-tu en être aussi sûre ? demanda-t-il sur le pas de la porte, le regard vissé sur le sol.
— J'ai la faculté de voir l'âme des gens. Faire consciemment le choix de commettre de mauvaises choses assombri l'âme, mais la tienne est rayonnante. Ce que tu m'as fait n'était pas de ta faute, alors je n'ai rien à te pardonner. Si tu veux vraiment devenir protecteur du royaume, ce poids sur ton cœur t'empêchera d'avancer. Il faut que tu te pardonnes toi-même.
— Je vais essayer, souffla-t-il avant de disparaître derrière la porte.
Seule, Scyllia en profita pour soulever le drap qu'elle avait sur elle et inspecta la blessure. Un bandage serré recouvrait son ventre et cachait la plaie. Elle essaya, tout de suite après, de bouger les pieds et remarqua, même si cela lui était difficile, qu'elle y parvenait. Au moins, cette blessure n'allait pas l'handicaper.
— Si Archibald n'avait pas été là, tu y serais passée.
— Tu n'as pas pris possession de mon corps lorsque je me suis évanouie ?
— À quoi bon ? Faire bouger ton corps avec une épée dans le ventre n'aurait fait qu'aggraver la situation. L'important est que nous ayons arrêté Maximilien et que tu t'en sois sortie indemne, à une ou deux cicatrices près.
— Honnêtement, je ne pensais pas survire après m'être faite empaler.
— Il va falloir que tu t'entraînes plus sérieusement.
— Bien mon général, souffla-t-elle.
— Scyllia, je suis sérieux. Ne t'attends pas à tomber sur des gamins inexpérimentés à chaque fois. Si le porteur avait été un adulte avec autant d'ambitions, tu serais morte sans avoir eut le temps de l'assommer.
La prétendante s'apprêtait à répondre qu'il fallait profiter de cette victoire au lieu de penser à la suite pour l'instant lorsque la porte se rouvrit. Archibald, Maximilien, son grand-père et une femme qu'elle ne connaissait pas entrèrent alors dans la chambre et se placèrent au pied de son lit.
— Bonjour Scyllia. Comment te sens-tu ?
— Trouée, faible, serrée dans ces bandages, mais en vie. Merci de m'avoir emmené ici.
— Lorsque les prêtres ont su qu'ils devaient sauver la prétendante de leur déesse, ils n'ont même pas réfléchi une seconde. Jamais je ne les avais vus aussi motivés.
— Je donnerai une messe en leur honneur, rit-elle. Ils n'ont pas eu trop de mal à retirer l'épée ?
— Je l'ai fait moi-même juste avant de nous téléporter. Ne t'en fais pas, j'ai résisté à son influence et l'ai enfermée dans le manoir.
Scyllia poussa un soupir de soulagement. Au moins, elle était sûre de récupérer le fragment une fois remise sur pied. La femme s'avança alors et effectua une profonde révérence devant Scyllia.
— Prétendante, salua-t-elle. Vous ne me connaissez pas, mais je voulais absolument vous remercier d'avoir ramené et mon fils et mon mari à la fois à la maison et à la raison.
— Vous devez être Rebecca. Je vous en pris, ne soyez pas aussi formelle avec moi. J'ai beau être prétendante, je reste une mortelle comme vous tous.
— En parlant de ça, père m'a expliqué ce titre. Je me demande pourquoi tu ne te soignes pas ?
— Malheureusement, mes propres soins n'ont aucun effet sur moi. J'espère juste que je n'aurais pas à rester trois mois au lit.
— Comme je te l'ai dit, je n'avais jamais vu les prêtres aussi motivés. Ils ont dit que tu aurais besoin de repos, mais que tu pourrais quitter le temple à ton réveil.
Cette révélation surprit grandement Scyllia qui ne pensait pas que les pouvoirs des prêtres de Sina étaient aussi grands. Même elle n'était pas sûre de pouvoir soigner une plaie aussi grave et de faire en sorte que la personne s'en sorte malgré la perte de sang.
— Au final, tout fini bien et les blessures finiront toutes par guérir, annonça le grand-père. Scyllia, que dirais-tu de rester ici, avec nous ? Cela égaillerai un peu le manoir d'avoir un membre de plus et tu ne manquerais absolument de rien.
Face à cette proposition, l'adolescente vit le visage de son cousin s'illuminer d'un large sourire. Cependant...
— Je suis désolé, mais je dois refuser cette invitation. Vous vous en doutiez peut-être, je ne suis pas réellement en première année de magie, mais en troisième. De plus, ma situation de prétendante et de geôlière d'un démon primordial fait que je suis un cursus spécial. C'est aussi là-bas que se trouvent les personnes qui cherchent les fragments pour moi, sans compter les amis qui m'attendent. Voilà pourquoi je ne peux accepter cette proposition. Après, rien ne m'empêche de venir vous voir de temps en temps.
Malgré la déception de Maximilien, les membres de la famille Eliar restèrent un long moment à parler. Scyllia et ses parents étaient le centre des discussions. Elle expliqua une nouvelle fois la vie qu'elle avait menée auprès d'eux, puis celle qu'elle avait auprès d'Elisabeth, d'Enzo et de tous ses amis.
Quelque temps plus tard, les prêtres acceptèrent que Scyllia quitte le temple. La prétendante ne pouvait pas encore rester debout, même en s'appuyant sur quelqu'un, mais tout était apparemment prévu. L'un d'eux amena jusqu'au lit une chaise modifiée pour que la personne assise dessus puisse se déplacer grâce aux roues de chaque côté ainsi que des poignées sur le dossier pour que ceux qui l'accompagnent poussent le fauteuil.
Archibald installa délicatement sa nièce sur le fauteuil rembourré et se plaça derrière pour le pousser. Sous le regard de tous ceux présents dans le temple, ils sortirent avec l'étrange chaise.
L'air frais de l'extérieur faisait du bien à l'adolescente et lui rappelait la bise qui soufflait dans son rêve. Le ciel était rougi par le crépuscule et donnait de merveilleuses couleurs aux rues de la ville.
La prétendante et sa famille rentrèrent au manoir sans utiliser de calèche et en profitèrent pour prendre leur temps et transformer ce trajet de retour en balade. Un sentiment étrange gagna alors Scyllia. Une impression qu'elle n'avait pas eue depuis qu'elle était entrée à l'académie de magie d'Enzo. À cet instant, entourée de sa famille, elle se sentait à sa place. Cela disparut cependant lorsqu'elle entra dans le gigantesque manoir Eliar. Elle préférait définitivement les petites maisons douillettes aux grandes demeures.
Pendant toute la soirée, Maximilien apprit à mieux connaître la vrai Scyllia alors que leur grand-père racontait, pour le plus grand déplaisir d'Archibald, comment étaient leurs pères lorsqu'ils avaient leur âge. Pour finir la soirée, il décrivit comment était la tante de Scyllia et lui promit de faire en sorte qu'elles se rencontrent.
L'adolescente voulait rester encore avec eux dans le salon, mais il fallait bien admettre qu'elle se sentait encore faible et qu'elle avait besoin de repos. Rebecca appela donc l'un des serviteurs et lui demanda de préparer une chambre au rez-de-chaussée pour qu'elle n'ait pas de problème pour se déplacer. Une fois fait, ils se rendirent tous au hall d'entrée pour se dire au-revoir.
Pendant qu'elle étreignait son oncle, un étrange bruit attira son attention au niveau de la porte. Quelque chose grattait le bois et demandait à entrer.
— Vous avez un chien ? demanda-t-elle.
— Non, répondit Maximilien, perplexe.
Le bruit se fit de plus en plus pressant et fort jusqu'à ce que la porte cède et laisse entrer la chose. Une bête gigantesque au pelage entièrement blanc pénétra dans la maison et sauta sur Archibald. L'homme, surpris et désarmé, tomba à la renverse. Les deux pattes sur son torse, la bête grognait près de son visage et montrait ses dents acérées. Le grand inquisiteur ne pouvait rien faire, Rebecca était paniquée et le grand-père et Maximilien cherchaient quelque chose qui pouvait servir d'arme contre cette chose. Scyllia, quant à elle, était plus surprise de la voir ici qu'autre chose.
— Brumi ! Qu'est-ce qu'on t'a répété encore et encore ?! On n'attaque pas les gens comme ça ! réprimanda-t-elle.
Le brumare se tourna vers la fille en fauteuil roulant et poussa un léger couinement.
— Aller, viens faire un câlin ma boule de poil adorée.
Brumi, heureux de ne pas se faire punir plus que ça, s'élança et bondit droit sur Scyllia. Tous regardèrent la scène, terrifiés et croyant qu'il allait l'écraser. Cependant, avant l'impact, le corps du fauve géant rétrécit jusqu'à atteindre la taille d'un chat. Il se posa ensuite en douceur sur ses jambes et se mit à ronronner à la première caresse.
— Tu connais cet animal ? demanda son oncle en se relevant et en se caressant l'arrière du crâne qui avait tapé le sol.
— Bien sûr, c'est un brumare que nous avons recueilli à l'académie. Il est très joueur et parfaitement inoffensif, mais il lui arrive de faire des bêtises.
— Donc il est à toi ? demanda à son tour son cousin.
— Non, en fait il est à...
Avant que Scyllia ne puisse terminer sa phrase, une personne entièrement enveloppée de flammes déboula dans le manoir et se mit à produire du feu tout autour d'elle.
— Que personne ne bouge ! Rendez-nous Scyllia et nous ne vous ferons aucun mal !
— Bonsoir Zoé, se contenta de répondre la prétendante. C'est gentil de passer me voir.
Dès qu'elle repéra son amie avec son familier sur les genoux, la pyromancienne s'éteignit et la pointa du doigt. L'incompréhension se lisait dans ses yeux.
— Scyllia ? Tu vas bien ?
— Oui. Et toi ? Il te reste un peu de feu au niveau de l'épaule.
Lorsqu'elle s'en rendit compte, la furie paniqua et étouffa énergiquement le feu avec sa main. Deux autres personnes entrèrent alors, épée dégainée posée sur l'épaule.
— Alors ? Elle est en danger ? demanda Camille d'un air décontracté en passant à gauche de Zoé.
— Non, répondit-elle, les épaules baissées et le dos voûté en signe de déception.
— On t'avait bien dit qu'il ne fallait pas s'en faire, dit Ronan en passant à sa droite.
— Mais qu'est-ce que vous faites là ? s'étonna la prétendante.
— Tu ne croyais tout de même pas que nous allions rester les bras croisés alors que tu étais peut-être en danger dans un pays inconnu. On est tous venu te sauver ! s'exclama Zoé.
— D'ailleurs il faut que j'envoie le signal aux autres. Les jumeaux sont en train de préparer un sort pour raser cet endroit et ils le lanceront si on ne donne pas de nouvelle.
À ces mots, Ronan sortit du manoir et lança un projectile lumineux en l'air.
— Scyllia ? Peux-tu me dire qui sont ses personnes ?
— Il vaut mieux attendre que tout le monde soit réuni pour faire les présentations... Et désolé pour la porte.
Un à un, les camarades de Scyllia entrèrent dans le manoir. Une fois tous réunis, elle les présenta à sa famille et donna leur spécificité. Elle omit seulement le caractère spécial de Sin et dit seulement que Sina était sa marraine. Tous étaient choqués de voir autant de personnes affiliés directement aux dieux dans leur propre maison. La prétendante passa ensuite à sa famille et expliqua à ses amis que tout était rentré dans l'ordre et qu'il n'y avait plus aucun ennemi ici.
Elle qui voulait aller se coucher rapidement dû se résigner à veiller encore un long moment, mais les revoir lui faisait bien plus de bien que tous les remèdes qu'un alchimiste aurait pu lui concocter. Elle avait passé beaucoup de temps à parler, mais une question lui brûlait les lèvres depuis leur apparition.
— Comment va Margaux ? demanda-t-elle, une pointe d'inquiétude dans la voix.
— Elle va très bien, la rassura Alex. Dès qu'elle est arrivée, Alphonse a expliqué la situation et elle a été prise en charge.
— Elle est trop mignonne ! s'exclama la furie. Et je ne suis pas la seule à penser ça. Je crois que tu es sur le point de te faire prendre ta place de préférée auprès du directeur. Il n'arrête pas d'être aux petits soins avec elle et Alphonse doit même l'éjecter de l'infirmerie pour qu'elle puisse se reposer.
— C'est vrai qu'elle paraît gentille, compléta lise avec un sourire. Elle n'arrêtait pas de parler de toi et t'appelait toujours grande sœur.
— Si elle va bien, alors je suis soulagée. Mais attends... Tu as dit grande sœur ?
— Oui. Je crois qu'elle t'a plus appelée comme ça que par ton prénom.
— Pourquoi pas, c'est un surnom qui me plaît. Je pense que je m'y ferais. Mais pour vous, cela m'étonne que dame Elisabeth ne vous ai pas accompagné.
— Elle n'est pas au courant, répondit simplement Sin.
— Vous êtes partis sans son autorisation ?
— Ça n'a pas été facile de lui échapper. Quand elle a su que tu pouvais être en danger, elle s'est mise à nous surveiller à chaque instant. Elle nous disait qu'il ne fallait pas s'en faire et qu'elle avait envoyé l'instructeur William pour te venir en aide, expliqua Zack.
— Ça explique pourquoi je n'ai vu personne. L'instructrice Marie m'a un jour expliqué que c'était l'homme avec le pire sens de l'orientation au monde. À l'heure qu'il est, il doit être en plein milieu de la fédération d'Istram.
Personne ne put se retenir de rire en entendant cette explication, ce qui détendit tout de suite l'atmosphère. Suite à une question de Zoé, la prétendante conta comment elle s'était retrouvée en fauteuil roulant et insista bien sur le fait que les porteurs de fragments n'étaient pas maître de leurs actes pour que ses amis n'en veuillent pas aux membres de sa famille. Cela retarda cependant les plans de sa classe qui avaient prévu de la ramener au plus tôt.
— Je pense que son état ne posera pas de problème, intervint Archibald.
Devant l'air interrogateur de tous, le grand inquisiteur exposa ce qu'il comptait faire.
— Depuis que j'ai été libéré de l'emprise de l'épée, je cherche le meilleur moyen de faire évoluer l'académie d'Eronne. Pour cela, j'avais pensé rendre une petite visite à votre directeur pour qu'il me parle plus en détail de ses méthodes.
— Je ne pense pas qu'imiter notre directeur soit une très bonne idée, rit Lise. Il a une manière disons... Très à lui de gérer l'établissement. Cependant, vous pourriez très bien vous inspirer de l'académie en elle-même.
— Très bien, dans ce cas, j'irai déléguer mon poste de directeur le temps de cette visite et vous ramènerais chez vous avec moi. Bien sûr, je compte aussi amener Maximilien avec moi, finit-il par ajouter. Je pense que ce voyage pourrait lui apprendre beaucoup de choses.
Si le père voulait faire plaisir à son fils, il ne pouvait pas toucher plus juste. On pouvait voir sur son visage qu'il était ravi de venir.
— S'il y a de la place, j'aimerais venir aussi et découvrir l'endroit où a étudié mon fils, ajouta le grand-père. Rebecca, vous connaissez toutes les personnes influentes de ce royaume. Cela vous dirait-il de rencontrer celles de nos chers voisins du sud ?
— Ce sera avec plaisir, sourit la mère de Maximilien.
— Alors c'est décidé, nous partirons tous dans deux jours ! D'ici là, je pense qu'il serait judicieux de demander aux serviteurs de préparer quelques chambres supplémentaires pour nos invités. Vous devez être exténués par votre voyage.
Poliment, excepté pour Zoé qui sauta de joie, les amis de Scyllia acceptèrent l'invitation. Au terme de cette journée, tout était rentré dans l'ordre et la prétendante se retrouvait entourée de presque tous ceux auxquels elle tenait. Elle serait bientôt de retour chez elle et le voyage promettait d'être animé.
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