Chapitre 22
Aussi vite que la monture du grand inquisiteur le permettait, Scyllia et Archibald se dirigèrent vers la porte sud de la ville. Vu la distance qui séparait la prison de cette entrée, l'adolescente s'était tout de suite posée une question. Comment avait-il fait pour sortir de la ville aussi rapidement ? Elle était pourtant certaine qu'il ne connaissait aucun sort de téléportation ni de célérité.
— Peut-être a-t-il obtenu un pouvoir de ce genre grâce au fragment. Mais si c'est le cas, pourquoi a-t-il pris le risque de se faire voir par les gardes de la porte ?
L'adolescente fit part de cette préoccupation à son oncle qui, lui non plus, ne savait pas quoi penser de cela. D'un autre côté, il n'avait visiblement pas les idées claires. Rien d'étonnant au vu de toutes les révélations qu'il avait endurées cette dernière heure, couplées à la disparition de son fils.
Après une chevauchée à travers les rues qui leur parut interminable, tout deux arrivèrent enfin en vue de la porte Sud. Les gardes, en voyant arriver le grand inquisiteur, se postèrent sur le côté, au garde-à-vous pour le recevoir.
— Grand inquisiteur, salua l'un d'eux.
— Repos, ordonna-t-il en s'arrêtant devant eux.
Scyllia se posa à côté de lui et observa la réaction des gardes. Eux ne semblaient pas inquiétés par sa présence. Après tout, si le message de la disparition de Maximilien était arrivé jusqu'à eux, ils devaient aussi savoir qu'elle n'était plus recherchée. D'ailleurs, cette pensée souleva une nouvelle question.
— Comment avez-vous fait pour savoir aussi tôt que nous cherchions Max ? demanda-t-elle après un rapide salut de la tête.
— Ceux que vous avez envoyés pour répandre ce message se sont dit qu'il était plus avisé de prévenir les portes avant les autres postes pour éviter qu'il ne parte de la ville. Malheureusement, comme vous devez déjà le savoir, un garçon correspondant à son signalement est passé ici peu de temps avant.
— Avait-il quelque chose de particulier avec lui ? Une monture ? Une arme ?
— Il était à pied, mais portait bel et bien une épée dans son dos.
— À quoi ressemblait cette épée ?
— Je ne sais pas, elle était rangée dans un fourreau, mais si je me souviens bien, sa garde était dorée et incrustée de pierres précieuses.
— C'est bien lui. Par où est-il parti ? s'empressa de demander Archibald.
— Il a pris la route de l'ouest.
— Il n'y avait rien d'autre de particulier ? s'étonna Scyllia. Un comportement étrange ou quelque chose qui n'allait pas chez lui ?
— Hmm.. Non, il semblait serein et est passé comme si de rien était. C'est d'ailleurs pour cela que nous n'avons pas cherché à lui demander quoi que ce soit. Il donnait l'impression que sa présence ici était tout à fait normale, même pour un enfant de son âge.
— Merci pour ces informations. Si par hasard vous le voyez passer une nouvelle fois, n'essayez pas de l'arrêter, mais envoyez quelqu'un chez moi pour prévenir l'ancien grand inquisiteur, il saura quoi faire.
À ces mots, le grand inquisiteur talonna sa monture et partit au galop sur la route indiquée. La prétendante, surprise par ce geste spontané, prit quelques secondes pour se rendre compte qu'elle aussi devait partir. En un instant, elle fit apparaître ses ailes de brumes et salua les gardes qui reculèrent d'un pas. Même s'ils l'avaient vu arriver avec, être témoin de l'apparition de cette fumée surnaturelle qui prenait la forme d'ailes les avaient surpris. Après tout, le grand inquisiteur avait bien précisé dans son avis de recherche que respirer ce brouillard pouvait être mortel, alors il était normal qu'ils se méfient encore un peu.
Scyllia n'avait cependant pas le temps de s'expliquer une énième fois et s'envola rejoindre son oncle. Pendant qu'elle planait au-dessus de lui, l'adolescente profita de cette ligne droite pour remettre de l'ordre dans ses idées. Maximilien était bel et bien passé par là et détenait le fragment d'orbe. Le pouvoir qu'il lui octroyait était déjà actif et lui avait au moins augmenté sa puissance et accordé un sort spatial assez puissant pour se déplacer à grande vitesse. Le fait que les gardes n'aient rien tenté alors qu'un enfant plus jeune qu'elle passe les portes de la ville de nuit était aussi très curieux. Peut-être avait-il développé un pouvoir de manipulation du comportement.
Alors qu'ils continuaient sur leur route, un inconvénient de taille ralentit leur progression. À mesure que le chemin s'écartait de la ville, les lumières sur le rempart éclairaient de moins en moins les environs. Couplé à la nuit noire que Scyllia avait particulièrement bien choisie pour passer inaperçu, il devenait de plus en plus difficile de maintenir la cadence.
Si la vision nocturne de Shed réduisait cet effet pour la prétendante, le grand inquisiteur, lui, ralentissait de plus en plus.
— Si on continue comme ça, nous n'arriverons pas à le rattraper, commenta-t-elle.
Archibald acquiesça et sortit son épée de son fourreau. Lorsqu'il la leva au-dessus de sa tête, la lame se mit à luire de plus en plus intensément jusqu'à totalement éclairer les environs. En faisant cela, le directeur eut un léger rictus.
— Quand j'ai affronté le haut-commandant lors de notre première rencontre, il disait que l'épée de protecteur du royaume devait être pratique pour lire le soir, expliqua-t-il. Comme quoi, je n'en ai pas réellement besoin pour m'éclairer.
— Mais c'est que monsieur le grand-inquisiteur essai de faire de l'humour.
Dans cette situation, Scyllia comprenait que son oncle essai de se raccrocher à n'importe quoi pour ne pas perdre la tête. Il semblait pour l'instant garder son sang-froid, mais elle savait que ça n'était qu'un masque.
Le temps passait et l'adolescente s'inquiétait de plus en plus. Ils n'avaient toujours pas retrouvé de trace de son cousin. Vu que le chemin ne s'était pas divisé une seule fois, soit il avait décidé de ne pas le suivre et était parti à travers les plaines, soit sa faculté de déplacement était bien plus puissante qu'elle ne le croyait.
Cela faisait déjà plus d'une heure qu'ils étaient partis et la prétendante commençait à fatiguer. Jamais elle n'était restée en vol aussi longtemps et, même si l'énergie que demandait ce sort n'était rien pour elle, l'effort que cela demandait à son corps de garder les muscles tendus ainsi n'était pas négligeable.
Alors qu'elle était sur le point de s'arrêter pour se reposer, juste quelques minutes, une étrange sensation lui redonna immédiatement des forces et lui fit oublier la fatigue. Dans la forêt par laquelle le chemin s'engouffrait, elle pouvait clairement ressentir une énergie familière. Celle de Maximilien.
— Il est ici, indiqua-t-elle.
— Dans la forêt ? Comment le sais-tu ?
— Je peux sentir son énergie.
— Tu pourrais le localiser ?
Scyllia se concentra pour savoir où il se trouvait exactement, mais ne décela rien. Ou plutôt, elle sentait son énergie envelopper tout le bois. Jamais elle n'avait vu une telle chose auparavant, à part lorsqu'elle avait assisté à un combat d'exposition entre Elisabeth et Enzo. Cette énergie-là, cependant, ne semblait pas agitée comme s'il combattait. Elle était au repos. Démesurément grande, mais au repos.
— Tout ce que je peux dire, c'est que Max est à l'intérieur.
— La forêt est grande, rétorqua Archibald en descendant de sa monture une fois arrivé à l'orée. Je vais m'y enfoncer à pied. Toi, survole les environs et vois si tu peux le repérer plus précisément.
— Si je le trouve, je saurai vous retrouver, mais si c'est vous qui tombez sur lui ? Vous n'aurez aucun moyen pour savoir où je suis.
— En fait, c'est le contraire. Si j'arrive à le retrouver, tu le sauras grâce à l'énergie que je dégagerai. Si tu le trouves la première, je compte sur toi pour le ramener à la raison et, bien sûr, en un seul morceau.
— Comptez sur moi.
Sur cette promesse, la prétendante prit de l'altitude et vit la lumière qui émanait de l'épée du grand inquisiteur disparaître entre les arbres. Comme il l'avait indiqué, la forêt était grande et s'étendait jusqu'à l'horizon. Problème, l'énergie de Maximilien en faisait de même. De plus, elle n'était pas plus concentrée en un point, mais parfaitement homogène. Elle ressentait cependant parfaitement l'énergie de chaque être vivant assez gros pour être perceptible. Celle du grand inquisiteur était de loin la plus reconnaissable et il lui serait aisé de le trouver s'il tombait sur son fils en premier.
— C'est étrange. Lorsque tu es partie de l'auberge pour rejoindre le manoir, il est presque évident que tu as croisé sa route sans le savoir. Et même si ça n'avait pas été le cas, tu aurais dû sentir une telle énergie depuis le manoir lorsqu'il a attaqué la prison. Je ne comprends pas pourquoi il s'arrête maintenant et ce qui le pousse à étendre autant son pouvoir.
Il s'était peut-être arrêté pour la nuit. Pourtant, il ne semblait pas épuisé par son voyage. Peut-être avait-il un problème pour contrôler la puissance du fragment. Si tel était le cas, le temps était d'autant plus compté.
— Si tu pars défaitiste comme ça, tu n'arriveras à rien.
Contrairement à ce que Shed pensait, elle n'était pas défaitiste, mais envisageait toutes les éventualités pour trouver rapidement une solution. Elle se rendit cependant compte qu'elle avait tout le temps pour y réfléchir. Déjà trente minutes étaient passées et il n'y avait toujours aucune trace de son ami. Le grand inquisiteur n'avait pas fait de signe et son énergie était constante. Quant à la prétendante, les courbatures commençaient à se faire sentir et il lui était de plus en plus difficile de garder le rythme.
Cela ne serait pas arrivé si elle avait pu s'entraîner, ne serait-ce qu'un peu, avec les garçons à l'académie. Ces mois à ne rien faire l'avaient clairement ramollie. Une fois de retour chez elle, il lui faudrait reprendre sérieusement les cours de maniement des dagues avec ses instructeurs pour palier à ce problème.
— Pose-toi. De toute manière, tu ne vois presque pas le sol avec toutes ces branches.
Trouvant cet argument valable, la prétendante redescendit sur la terre ferme et scruta les alentours. La forêt était dense et il lui serait difficile d'avancer. De plus, la partie où elle avait atterri était presque totalement plongée dans l'obscurité, à la limite de l'acceptable pour sa nyctalopie.
— Je ne pense pas qu'il soit là. S'il y était passé, la végétation porterait des traces. Là, aucune branche n'est brisé, aucun brin d'herbe n'a été piétiné.
— J'ai une autre idée, s'exclama-t-elle.
Combattant la fatigue, l'adolescente reprit les airs une nouvelle fois et se concentra, non pas sur l'énergie de Maximilien, mais sur toutes celles de la forêt. Elle savait que les animaux avaient un sens pour détecter les éventuelles menaces et qu'il fallait un certain don ou des années de pratique pour qu'ils ne s'enfuient pas à l'approche d'un humain. Elle analysa ainsi les mouvements des bêtes et chercha un comportement inhabituel.
La plupart ne bougeaient pas et devaient sans doute dormir à cette heure tardive. D'autres se déplaçaient lentement, nullement inquiétés par quoi que ce soit. Ce devait être des animaux nocturnes. Non. Ce qui l'intéressait ici était ceux en fuite. Cette forêt regorgeant de vie allait lui servir de détecteur d'anomalie.
Après quelques instants à scruter le moindre signe de vie, Scyllia en trouva enfin une. L'espoir au cœur, elle allait pour se rendre sur les lieux lorsque Shed la stoppa.
— Ça n'est pas lui. Fait un peu plus attention à l'énergie qui se trouve à côté. Si tu vas là-bas, la seule personne que tu retrouveras sera Archibald... D'ailleurs,
Mince. Elle était tellement focalisée sur les énergies des animaux qu'elle avait inconsciemment occulté celle de son oncle. Au moins, cela prouvait que sa technique pouvait marcher.
— D'ailleurs, je sais que ça n'est pas le moment de faire cette remarque, mais pourquoi, lorsque tu t'es introduite dans le manoir, tu n'as pas utilisé cette technique pour t'assurer qu'il n'y avait personne dans la chambre par laquelle tu es entrée ? Si ça n'avait pas été ton grand-père, ça nous aurait encore mis dans une merde pas possible.
Maintenant qu'il avait fait cette remarque, il est vrai qu'elle n'avait pas pensé à faire cette vérification sur le coup. Heureusement, cette rencontre l'avait bien plus aidé que si elle l'avait esquivé, mais elle se promit de s'en rappeler si d'avenir elle devait recommencer une opération similaire.
Malgré la déception de ne pas encore l'avoir retrouvé, le fait que Shed lui ait fait remarquer qu'elle ne faisait plus attention à son oncle était une très bonne chose. Son énergie avait sensiblement changé et il ne bougeait plus du tout.
— Il a dû le trouver.
Aussi vite qu'elle le pouvait, la prétendante se précipita vers le grand inquisiteur. Il s'était enfoncé dans la forêt, mais restait tout de même relativement proche de la lisière. Si Maximilien était auprès de lui, pourquoi son énergie s'étendait sur toute la forêt et non sur les plaines ?
Pour ne surprendre personne, l'adolescente préféra se poser un peu à l'écart et rejoignit Archibald à pied. Il était collé au tronc d'un chêne et observait une clairière devant lui. Lorsqu'il l'entendit, il se retourna immédiatement et poussa un soupire de soulagement.
— Vous l'avez retrouvé ? chuchota-t-elle.
— Il se trouve au milieu de cette éclaircie, répondit-il avec le même volume sonore.
— Dans ce cas, allons-y.
— Attend. S'il te plaît, laisse-moi y aller seul. Tout ceci est de ma faute, il faut au moins que j'essaie de le réparer par moi-même.
— D'accord. Je serai derrière s'il se passe quelque chose. Faites bien attention à vous. À cause du fragment, il est possible qu'il ne soit pas lui-même.
— Je ne laisserai pas mon fils se faire corrompre comme je l'ai été.
— Bonne chance.
Après un léger sourire qui traduisait sa gratitude, Archibald quitta sa cachette et s'avança dans la clairière d'un pas assuré alors que la prétendante prenait sa place derrière l'arbre.
— Je savais que vous alliez finir par me retrouver, clama Maximilien. Après tout, je suis parti avec votre si précieuse épée.
— Je ne suis pas venu récupérer une arme. Je suis venu retrouver mon fils.
Le directeur porta ses mains à la boucle de sa ceinture et la défit. Il retira alors le fourreau qui y était attaché et laissa tomber son arme à ses pieds, tout en continuant d'avancer.
— J'aurai très bien pu vous pardonner pour tout ce que vous avez fait, pour tout ce que vous êtes devenus.
— Maximilien, je t'en pris, pose cette épée et discutons calmement.
— J'aurai aussi pu m'enfuir et faire en sorte que vous ne me retrouviez jamais....
— Cette arme est maudite, elle altère le comportement de son porteur. J'en ai fait les frais et j'ai fait souffrir ceux qui m'entouraient.
— La seule chose que je voulais accomplir avant de partir était de m'assurer que mon amie serait en sécurité...
— Ça part mal. Il ne l'écoute pas.
— Je comprends pourquoi tu as attaqué la prison.
— Mais elle n'était déjà plus là.
— C'est vrai, elle...
— Parce que vous l'avez exécuté ! Vous avez tué Scyllia !
Son visage était déformé par la rage et des larmes coulaient le long de ses joues. L'adolescente voulait intervenir pour lui montrer qu'il s'était trompé, mais le grand inquisiteur persistait à lui faire des signes discrets pour qu'elle ne se montre pas tout de suite.
— Écoute-moi, je t'en pris. Scyllia n'est pas...
— Je t'interdis de prononcer son nom ! hurla-t-il.
Avec une expression de rage qui déformait son visage, Maximilien dégaina l'épée volée, qui se mit à luire d'une intense lumière bleutée, et taillada l'air devant lui. Il n'était clairement pas à portée pour donner un coup, cependant, son père retint un cri de douleur et posa un genou à terre. Se tenant l'épaule, son bras gauche pendait le long de son flan et du sang s'écoulait le long de ses doigts.
Malgré tout, il arrêta un court instant de presser sa blessure et tendit sa main vers Scyllia pour qu'elle n'intervienne pas.
— À qui faites-vous signe père ? À l'armée que vous avez amenée avec vous pour récupérer cette épée ?
— Jamais je n'engagerais d'armée contre toi. Je ne veux pas te blesser, s'il te plaît, écoute-moi. Si j'avais l'occasion de remonter dans le temps, jamais je n'aurais accepté cette arme.
— Au moins, nous sommes d'accord sur ça, rétorqua Maximilien en s'approchant de son père à genou. Vous ne la méritez pas, tout comme vous ne méritez pas votre titre. Le protecteur du royaume ne s'en prendrait jamais à quelqu'un qui défend une innocente sur le point d'être injustement condamnée. Il ne profiterait pas non plus de son statut pour imposer sa vision des choses.
— Mon fils, avoir cette arme en main t'embrouille l'esprit.
— Jamais je n'ai eu les idées aussi clair. Adieu père.
Arrivé à son niveau, le cousin de Scyllia leva son épée devant lui et l'abattit sur son père. La lame lumineuse ne goûta cependant pas à son sang et fut interceptée par celle, noire, que Scyllia tenait en main.
— Ça suffit Max, ne fais pas ça, lui dit-elle d'une voix douce.
— Sc... Scyllia ? bafouilla-t-il avant de reprendre contenance. Non. Laisse-moi faire. Il doit mourir !
— Non, je ne te laisserai pas faire. J'ai, malgré moi, le sang de mes propres parents sur les mains. Je sais donc que tu t'apprêtes à faire la plus grosse erreur de ta vie.
Maximilien recula de quelques pas, perdu, puis reprit une expression de rage.
— Tu n'es pas Scyllia ! l'accusa-t-il. Tu n'es qu'une personne qui se fait passer pour elle et tu vas payer pour ça.
— Mais qu'est-ce que tu racontes ? C'est moi !
— Menteuse ! Elle m'a parlé de ses parents et ils sont toujours en vie !
— Je t'ai décrit comment ils étaient avec moi, et tout ce que je t'ai dit sur eux est vrai, sauf qu'ils ne sont plus de ce monde.
— Je ne laisserai personne bafouer sa mémoire ainsi ! cria-t-il en la chargeant.
L'adolescente ne pouvait pas risquer de s'écarter. Si elle le faisait, son oncle prendrait l'attaque et en mourrait. Elle bloqua donc l'assaut avec sa propre lame et sentit la puissance mise dans le coup. Un instant, elle avait l'impression que Shed ne lui prêtait plus sa force, mais il n'en était rien. Ça n'était pas elle qui faiblissait, mais Maximilien qui avait une force égale à la sienne. Pour la première fois depuis très longtemps, ses bras tremblaient sous l'effort.
— Essai de le raisonner, dis-lui quelque chose dont seuls vous deux êtes au courant.
— Après avoir soigné Margaux... commença-t-elle en tentant de le repousser. Après avoir soigné Margaux, elle ne voulait pas rester se reposer dans mon lit parce qu'elle avait peur de tacher mes draps de son sang.
Surpris, Maximilien dégagea sa lame et recula de quelques pas.
— Scyllia, c'est vraiment toi ?
— Oui, c'est moi, lui sourit-elle.
Son expression avait totalement changé. Toute trace de rage avait disparu de son visage et il arborait à présent un large sourire rassuré. Scyllia était désolé pour Archibald, mais finalement, il lui avait été impossible de ramener son fils à la raison sans son aide. Au moins, à présent qu'il savait qu'elle était toujours en vie, il ne restait plus qu'à finir de le raisonner comme elle l'avait fait avec son père. Les choses allaient enfin pouvoir s'arranger.
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