Chapitre 11
Le combat terminé, Scyllia redescendit pour rejoindre le capitaine et le féliciter. Son duel avait été à la fois passionnant et instructif, autant sur les réelles capacités de son tuteur que sur celles de la personne qui détenait ce pour quoi elle était là. Récupérer le fragment n'allait pas être aisé. Mais la prétendante n'avait pas la tête à ça pour le moment. Ce qui l'impressionnait le plus était de loin la maîtrise d'Alphonse. Il était fort, très fort même. Et ça n'était même pas son arme de prédilection. À présent, l'adolescente était curieuse de le voir en action avec un marteau de guerre et avait hâte d'assister à ses cours.
— Ton oncle est un sacré duelliste, dit le directeur lorsqu'il la vit approcher.
— Et toi un sacré tricheur.
— Toute votre famille est aussi forte ?
— Dans leur domaine, oui, devança Alphonse. Mon frère est mage. Il s'est spécialisé en alchimie pour créer des potions et aider les gens. Pour résumer, il est la tête et je suis les muscles.
Habile. En disant cela, Scyllia comprit qu'il parlait de son vrai père et qu'elle devait s'accorder avec cette version. Il avait d'ailleurs choisi la meilleure pour elle. Scyllia n'aimait pas mentir sur ses parents et aurait eu l'impression de les trahir si elle avait dû en inventer d'autres.
— Ne vous dénigrez pas ainsi. On ne devient pas haut commandant en étant un tas de muscle sans cervelle. Que diriez-vous à présent de rencontrer les autres enseignants ? Je suis sûr qu'ils ont beaucoup de choses à vous demander sur le combat que nous venons de faire.
— Il me semble que j'ai une personne à remercier pour cette épée alors je vous suis, répondit le capitaine.
— Quant à toi Scyllia, les autres élèves ne devraient pas tarder à arriver, ça ne te dérange pas d'attendre ici ?
— Non, pas du tout. Mais avant, pourrais-je vous poser une question ?
— Je t'écoute.
— Votre épée... Outre votre maîtrise de cette arme, j'ai l'impression que sa puissance vient de ce cristal, je me trompe ?
— Bonne observation. Cette gemme m'a été offerte par le roi il y a un an lors d'une cérémonie donnée en mon honneur pour me nommer protecteur du royaume. Je te raconterai plus tard comment j'ai obtenu ce titre, même si, avec ce qu'a accomplie ton oncle, plus rien ne doit te surprendre.
— Pour les histoires d'Alphonse je ne sais pas, mais il va en falloir une vraiment impressionnante pour rivaliser avec ce que nous nous avons accomplie.
Ce qu'ils avaient accompli ? Pour gagner le titre de protecteur du royaume, il devait avoir fait quelque chose d'extraordinaire. En quoi ses propres actions pouvaient rivaliser avec ça ou avec les histoires sur la guerre contre les ogres que lui avait contées le capitaine ?
— Tu veux que je te les liste par ordre alphabétique ou chronologique ?
Chronologique, pensa-t-elle pour rigoler.
— Très bien. Pour commencer, tu as réussi à survivre une semaine sur le plan démoniaque. Ensuite, tu t'es infiltrée dans le palais d'Ouros, chose normalement impossible. Après, tu es une des rares personnes à avoir eu accès à la source des dragons après avoir réussi toutes les épreuves. Tu as repoussé une expédition de la fédération d'Istram et ressuscité plusieurs personnes, chose normalement impossible à part si l'on est dieu de la vie. Enfin, tu as absorbé la source et passé les deux dernières années à contrôler cette puissance. Donc oui, il va falloir que son histoire soit particulièrement épique pour m'impressionner.
Présenté ainsi, il est vrai qu'elle avait fait beaucoup de choses impressionnantes, mais, au final, la plupart de ses actions n'étaient motivées que par sa propre survie et non pour venir en aide aux autres.
— Scyllia ? Tout va bien ? demanda Archibald.
— Hun ? Ho, excusez-moi, j'étais perdue dans mes pensées à imaginer ce que vous aviez pu faire pour mériter ce titre. J'ai hâte de l'entendre.
— Comme je l'ai dit, je te le raconterai plus tard. Sur ce, je te souhaite une nouvelle fois la bienvenue dans notre académie et espère que tu passeras une bonne rentrée.
— Merci directeur.
Le grand inquisiteur et le haut commandant partirent en direction des escaliers au fond de la salle et disparurent à l'étage, laissant Scyllia seule dans le grand hall d'entrée. Lentement, l'adolescente fit le tour des statues de divinités et tenta de se souvenir de tout ce que lui avait appris le père Grégoire sur eux. Lorsqu'elle s'approcha enfin de la représentation du dieu de la mort, la prétendante souffla et le regarda droit dans les yeux.
— Cette situation doit beaucoup t'amuser, dit-elle.
Le premier fragment était tombé entre les mains de la famille de son père. Famille qu'elle ne connaissait pas il y a encore une semaine. Connaissant son don pour la manipulation et les faibles chances que cela arrive naturellement, Scyllia était sûre que tout avait été manigancé par cet horrible personnage.
— Je suis certain qu'il t'observe en ce moment et se demande comment tu vas récupérer le fragment.
— Comment tu t'y serais pris toi ?
— J'aurai rasé la ville et fouillé les ruines pour le récupérer.
— Je ne sais même pas ce qui m'a pris de te poser la question.
Peu après avoir fini son tour des statues, Scyllia entendit la lourde porte d'entrée s'ouvrir. Comme l'avait dit le directeur, elle n'avait pas eu à attendre longtemps avant que les autres élèves n'arrivent.
Une dizaine d'adolescents venaient de la rejoindre à l'intérieur. Si la plupart portaient des habits normaux comme elle, certaines filles étaient vêtues de robes grises et or à manches longues alors que des garçons arboraient des vestes aux mêmes couleurs. Scyllia devina qu'il s'agissait ici de l'uniforme de cette académie. En cela, ça ne changeait pas grand-chose pour la prétendante qui était habituée, depuis deux ans, à porter sa robe d'apprentie mage de l'académie d'Enzo.
En quelques minutes, le hall fut rempli d'élèves de l'école qui parlaient, se chamaillaient et racontaient ce qu'ils avaient fait en attendant la rentrée. Ceux sans uniforme étaient tout de même plus réservés. Comme Scyllia, ce devait être leur première année ici.
Le brouhaha s'atténua cependant au bout d'un quart d'heure et tous se mirent à se déplacer dans la salle. La prétendante ne comprenait pas et elle n'était apparemment pas la seule. Tous ceux avec un uniforme formaient à présent des lignes parfaites, le dos droit, les bras le long du corps et le regard vissé devant eux.
Scyllia se retourna alors et vit, sur l'un des balcons, le directeur accompagné de tous les enseignants.
— Bonjour à tous. Je souhaite la bienvenue aux premières années et, bien évidemment, un bon retour aux autres. J'espère que cette année sera enrichissante pour vous et que vous travaillerez dur avec sérieux et rigueur. Cette année sera un peu spéciale vu qu'en plus d'accueillir une nouvelle élève qui viens tout droit de nos alliés du sud dans le cadre d'un échange entre académies, nous accueillons aussi un nouveau professeur qui a fait le voyage avec elle. Veuillez donc accueillir comme il se doit le haut commandant Alphonse Garl qui sera votre nouveau maître d'armes.
Le capitaine s'avança et salua l'assemblée de la tête, puis pris la parole lorsque le directeur l'en invita.
— Merci grand inquisiteur pour cet accueil. Comme le directeur vous l'a annoncé, je serais, cette année, votre maître d'armes. Je ferai en sorte que vous deveniez tous les valeureux défenseurs d'Atora et vous donnerai les clés pour que vous puissiez défendre tout ce qui est cher à vos yeux. Ne vous attendez pas à ce que ce soit de tout repos, mais n'hésitez pas à venir me faire part de quoi que se soit si quelque chose ne va pas. En tant qu'enseignant, je serais, au même titre que mes collègues, à votre écoute et... Je ne mords que très rarement.
— Merci professeur Garl. Vous pouvez à présent rejoindre les dortoirs pour déposer vos affaires. Les première année, attendez ici que l'on vous affecte à une chambre et que l'on vous y conduise.
Alors que les professeurs sur le balcon se retiraient, les élèves en tenue en firent de même et empruntèrent l'escalier de droite dans un calme militaire. Scyllia avait un mauvais pressentiment quant à cette discipline un peu trop présente, mais peut-être était-ce juste pour faire bonne figure auprès des nouveaux. De l'autre côté du hall, un homme appela ceux qui restaient à faire la queue devant lui pour récupérer la clé de leur chambre.
Immédiatement, Scyllia se plaça dans la file et attendit son tour. Cela lui rappelait sa première journée à l'académie lorsqu'elle devait faire la queue pour savoir dans quelle classe elle se trouvait. L'organisation était cependant moins performante ici car une seule personne s'occupait d'eux contre toute une équipe chez elle.
Lorsque vint enfin son tour, l'homme lui demanda son nom et son prénom.
— N'oublie pas que tu t'appelles Garl. Déjà que tu as failli gaffer devant ton oncle, ce serait dommage de gâcher notre couverture dès le premier jour.
— Scyllia Garl, répondit-elle.
— Voilà ta clé. Chambre deux-cents deux. Va attendre avec les autres le temps que je termine.
— D'accord, merci.
La prétendante se saisit de la clé et attendit que tous les élèves en aient une. Elle suivit ensuite le guide à travers le bâtiment jusqu'à arriver à l'extrémité, là où se trouvait les chambres.
— Vous trouverez dans vos chambres vos uniformes. Déposez vos affaires, enfilez-les et revenez ici dans vingt minutes, expliqua le guide.
Une fois les instructions reçues, tous se dispersèrent et Scyllia chercha tranquillement sa chambre. D'après son expérience, ce devait être une des premières du deuxième étage. Elle gravit donc les escaliers et remarqua son numéro sur une porte qui, étrangement, était déjà ouverte.
— Pas de privilège comme une chambre à toi toute seule ici.
Ça n'avait aucune importance. Au moins, ainsi, elle pourrait faire connaissance avec une autre élève. Lorsqu'elle pénétra à l'intérieur, il y avait en effet quelqu'un, cependant...
— Bonjour, fit le garçon qui rangeait ses affaires dans une commode.
— Heu... Excuse-moi, j'ai dû me tromper de chambre. Je croyais que c'était la deux-cents deux.
— C'est bien celle-ci. Apparemment tu es ma partenaire, enchanté de faire ta connaissance, dit-il en lui tendant la main.
— Partenaire ? répéta la prétendante.
— Oui. Chaque élève se retrouve en binôme avec quelqu'un d'autre et partage sa chambre. Tu ne le savais pas ?
— Non.
— C'est pourtant quelque chose de connu. Tu dois venir d'une ville reculée.
— Je viens de...
Pendant un instant, l'adolescente se sentit totalement stupide. Depuis qu'elle était partie de son village, Scyllia avait toujours appelé le royaume d'où elle venait « son royaume » et il en était de même pour la capitale. Elle avait beau fouillé dans ses souvenirs, la prétendante avait l'impression qu'il en était de même pour tous ceux qu'elle avait croisé.
— Même pas capable de donner le nom de son propre royaume et de sa capitale...
Commentaire très utile et constructif. À présent, s'il pouvait la sortir de ce pétrin, ce serait très aimable de sa part.
— Démerde-toi, rit le démon.
— En fait, j'ai été choisie pour le programme d'échange, se contenta-t-elle de répondre. Je m'appelle Scyllia Garl, enchantée.
— Ha, tu viens du royaume de Tremiss ! Mais attend, Garl, comme le nouveau professeur ?
— C'est mon oncle.
— Ho je vois. Je ne me suis même pas présenté. Maximilien Eliar.
— Eliar ? répéta Scyllia.
— Comme le directeur, oui. Pour tout te dire, c'est mon père.
— Scyllia, laisse-moi te présenter ton cousin !
En entrant dans cette académie, elle s'attendait à rencontrer son oncle, cependant, jamais elle n'aurait cru croiser une autre personne de sa famille et encore moins devoir partager sa chambre avec lui. Mais, après tout, cela semblait logique. Le directeur les avait mis ensemble pour que son fils puisse lui faire des retours sur ce qu'elle faisait et son intégration au sein de cette école. Encore un obstacle qu'elle devrait contourner pour récupérer le fragment d'orbe sans se faire démasquer.
— Cela veut aussi dire que tu ne pourras pas me parler à voix haute, même dans ta chambre. Je t'avais bien dit qu'il fallait que tu perdes cette habitude.
— Apparemment je... Je dois me changer ici, dit Scyllia gênée pour couper court à ses pensées et revenir à l'instant présent.
— Te tenue se trouve derrière le paravent, expliqua Maximilien en retournant au rangement de ses affaires.
Trop concentrée sur son colocataire, Scyllia n'avait pas fait attention à la chambre elle-même. Concrètement, elle ressemblait à celle qu'elle avait chez elle, mais tout était doublé. Deux lits, deux commodes, deux bureaux et deux chaises auxquels s'ajoutait un paravent pour se changer à l'abri des regards de l'autre. Comme elle s'y attendait, sa tenue était semblable à celle qu'elle avait vu un peu avant. Elle l'enfila en vitesse et s'assit sur son lit en attendant que Maximilien soit prêts.
— Tu ne ranges pas tes affaires ? demanda-t-il.
— À part ce que je portais sur moi, le reste et encore à l'auberge. J'irai les chercher ce soir.
— Ça va être difficile. À part à la fin de la semaine, nous n'avons pas le droit de sortir de l'enceinte de l'école.
— Ha, mince...Mais ça n'est pas grave, mon oncle s'en chargera.
Une fois les affaires de son colocataire rangées, tout deux redescendirent au point de rendez-vous et attendirent le retour de tout le monde. Pendant ce temps, Maximilien et Scyllia firent plus ample connaissance. Ce garçon semblait gentil. Il posait beaucoup de questions sur le capitaine pour connaître ses manières d'enseigner. Cela intrigua la prétendante qui le cuisina un peu jusqu'à ce qu'il lui avoue qu'il manquait d'assurance lors des combats et que le haut commandant lui faisait un petit peu peur.
Cette réaction fit rire l'adolescente, cependant, elle ne put lui promettre quoi que ce soit. Après tout, elle n'avait fait qu'échanger quelques passes d'armes avec lui ces derniers jours, et ce, hors d'un quelconque cadre scolaire. Alphonse était d'une grande amabilité, mais elle ne savait absolument pas comment il se comportait en tant que maître d'armes.
Alors que de plus en plus de monde les rejoignaient, deux personnes se présentèrent devant eux.
— Bien. À présent, nous allons vous conduire aux salles de classe. Voici madame Odale, qui sera en charge de la classe des filles. Quant à moi, monsieur Leyn, je m'occuperai de la classe des garçons.
— Des chambres mixtes mais des classes différentes selon le sexe. J'ai un mauvais pressentiment.
Shed n'était pas le seul à avoir ce ressenti. Restait à voir si ses craintes allaient se concrétiser dans les heures, voir les minutes, qui allaient suivre.
— Mesdemoiselles, veuillez me suivre.
— À tout à l'heure, dit Maximilien.
— À tout à l'heure, répondit l'adolescente.
Docilement et avec toutes les autres filles, Scyllia suivit l'enseignante et traversa de nouveau tout le bâtiment pour se rendre à l'autre extrémité, là où se trouvaient les salles de classe. Cela lui laissa le temps de faire une estimation du nombre de première année, du moins, pour les filles. Environ soixante. Même divisé en deux ou trois classes, cela allait la changer de son groupe de huit.
Arrivée au bout d'un couloir, l'enseignante ouvrit une porte et les fit entrer dans la salle. Scyllia y pénétra, prit la première place qui se présenta à elle et attendit que tout le monde soit installé.
— Bien. Avant de passer aux diverses tâches administratives ennuyeuses, je vais tout de suite vous donner ce que vous attendez sûrement toutes avec impatience. Voici vos emplois du temps. Prenez une feuille et faites passer le reste derrière vous.
L'enseignante confia un petit tas de feuille par rangée et attendit que toutes ses élèves l'aient reçu. Arrivé au tour de Scyllia, celle-ci en prit une et passa le reste derrière, puis regarda plus amplement ce qu'elle allait voir cette année.
— Tu te prends au jeu, attention.
Il est vrai qu'elle était ici en tant que première année, cependant, elle avait déjà passé deux ans entiers à étudier la magie avec un groupe spécial qui avançait bien plus vite. Aucun cours ne devrait donc lui poser de problème.
Elle commençait la semaine avec apprentissage de la magie blanche. Au moins, cela commençait en douceur. Cependant, la suite était des plus étranges. Bien séance ? Théologie ? Tenue du domicile ? Magie utilitaire ? À chaque terme, Shed riait de plus bel.
— Tu t'es engagé dans une merde pas possible, s'esclaffa-t-il.
Peut-être, mais lui aussi allait devoir assister à ses cours.
— Merde... Tu sais, ma proposition de raser la ville tiens toujours.
La ville peut-être pas. Mais l'académie... Elle avait beau retourner la feuille dans tous les sens, aucune matière n'avait l'air attrayante.
— Excusez-moi, appela-t-elle. Y a-t-il des options que l'on peut choisir en plus ?
— Des options ? Répéta l'enseignante, incrédule. Pourquoi faire ? Cet emploi du temps est déjà bien assez fourni comme ça.
— Et les cours d'escrime ? De magie offensive ? De magie théorique ? D'alchimie ?
— Mais enfin, ces matières sont réservées aux garçons, répondit-elle outrée. Une arme n'a rien à faire dans les mains d'une femme et il en est de même pour la magie offensive. Mis à part en arrière grade pour soigner les hommes blessés, une femme n'a rien à faire sur un champ de bataille alors pourquoi apprendriez-vous ce genre de sortilège ? Pour la magie théorique, il y en aura dans le cours de magie utilitaire et, pour ce qui est de l'alchimie, vous apprendrez à cuisiner, bien évidemment.
— Quoi ? explosa Scyllia. Mais c'est n'importe quoi ! Et qu'est-ce que vous entendez par magie utilitaire ?
— Je vous prierais de baisser d'un ton, mademoiselle ! Dès que je vous ai vu entrer, j'ai tout de suite su que vous poseriez des problèmes. Et, pour information, la magie utilitaire vous sera fort utile pour accomplir avec facilité vos taches ménagères.
— C'est bon ? On peut faire péter le bâtiment maintenant ?
— Poser des problèmes ? Et ça vous étonne avec ce que vous proposez ? Je suis venue ici pour apprendre à utiliser la magie, pas pour devenir la parfaite femme au foyer !
— Ça suffit !
— Va-y, libère ta colère ! rit Shed.
— Pour vous, les femmes n'ont pas à utiliser de magie autre que blanche et bleu, continua tout de même Scyllia. Mais le dieu de la magie est une femme si je ne m'abuse. Insinuez-vous qu'elle ne devrait pas utiliser ses pouvoirs ?
— Je n'ai jamais dit ç...
— Brise-là.
— Pour vous, une femme qui se fait agresser n'a pas d'autre recours que d'appeler à l'aide et supplier pour que quelqu'un lui vienne en aide ?
— S...Silence...
— Détruit-là.
— La magie n'est pas qu'une question de puissance militaire et aide dans bien des domaines. En interdisant aux filles deux des trois types de magie autorisé, vous leur fermez la porte à toutes les recherches qu'elles pourraient faire plus tard pour faire avancer cette matière. Est-ce parce que vous pensez que les femmes ne sont pas assez intelligentes pour occuper ces postes ?
À mesure que la prétendante étalait ses arguments, elle sentait qu'elle gagnait des partisantes chez les élèves.
— Vous les habitants de Tremiss êtes tous des barbares, cracha-t-elle.
— Anéantis-là ! jubila le démon.
— Si venir d'un royaume qui avance sur l'égalité entre les hommes et les femmes, au moins dans la magie, veut dire que je suis une barbare alors oui, je suis fière d'être une barbare !
— Assez ! Chez le directeur, tout de suite !
Scyllia ne se fit pas prier, déchira le torchon qui leur servait d'emploi du temps et sortit de la salle, rouge de colère.
— C'était marrant, il va falloir qu'on remette ça. Je suis sûr qu'elle craquera avant nous. Et si elle résiste, moi, je m'y connais un peu en alchimie. Surtout en poisons indétectables, qu'ils soient mortels ou non.
Ça, c'était certain. S'il y avait bien des qualités que lui avaient léguées ses parents, c'était la détermination et un goût prononcé pour combattre les injustices. Cette bonne femme aux idéologies révolues n'allait pas gagner contre elle. Mais pour lors, son coup de sang l'avait mise dans de beaux draps.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top